La mise en valeur du Nord, manifestation de l impérialisme dans l espace chilien - article ; n°61 ; vol.16, pg 183-217
36 pages
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La mise en valeur du Nord, manifestation de l'impérialisme dans l'espace chilien - article ; n°61 ; vol.16, pg 183-217

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Description

Tiers-Monde - Année 1975 - Volume 16 - Numéro 61 - Pages 183-217
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hélène Lamicq
La mise en valeur du Nord, manifestation de l'impérialisme dans
l'espace chilien
In: Tiers-Monde. 1975, tome 16 n°61. pp. 183-217.
Citer ce document / Cite this document :
Lamicq Hélène. La mise en valeur du Nord, manifestation de l'impérialisme dans l'espace chilien. In: Tiers-Monde. 1975, tome
16 n°61. pp. 183-217.
doi : 10.3406/tiers.1975.2538
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1975_num_16_61_2538LA MISE EN VALEUR DU NORD
MANIFESTATION DE L'IMPÉRIALISME
DANS L'ESPACE CHILIEN
par Hélène Lamicq*
INTRODUCTION
Le Nord Chili offre un exemple très net du rôle d'une domination écono
mique étrangère sur l'organisation de la vie économique et sociale d'une région.
Désert très peu peuplé avant l'exploitation minière, le « Norte Grande » connut,
par suite des richesses de son sous-sol, la mainmise précoce des capitaux
anglais à l'époque des nitrates et celle, plus tardive, des Etats-Unis, au moment
de l'essor des mines de cuivre. Au milieu du xxe siècle, cette emprise étrangère
domine totalement l'économie régionale, qui dépend ainsi directement du
tertiaire de commandement des grandes métropoles impérialistes. La recherche
d'une autre forme d'intégration de cette zone à l'espace national, au moment
de l'Unité populaire, renforça au contraire ses liens avec le secteur tertiaire de
Santiago.
Le caractère dominé de l'économie régionale se traduit aussi au niveau de
l'organisation interne de l'espace du Norte Grande. Les agglomérations minièr
es dérivent des anciens camps miniers du xixe siècle; l'encadrement de la vie
économique et sociale, lorsqu'il n'est pas directement fourni par les grandes
compagnies minières étrangères, est assuré par les entreprises tertiaires des
ports, points forts de l'espace dans un système qui repose sur la production et
l'exportation des matières premières et l'importation de produits fabriqués et
de denrées alimentaires; le réseau de transports traduit également cette orien
tation générale de l'économie.
L'ensemble de ces problèmes fait l'objet d'une thèse actuellement en cours
de rédaction. Il n'était pas question d'en présenter tous les aspects dans ce bref
* Chargée de cours à l'Université Paris VII et à l'I.E.D.E.S.
183 HÉLÈNE LAMICQ
article. Il ne s'agit, ici, que de résumer les phases de la mise en valeur du Norte
Grande, c'est-à-dire de la mainmise de l'impérialisme sur l'économie régionale.
Cette évolution reste, en effet, l'élément de base, la clé de l'explication du rôle
actuel des activités tertiaires dans l'organisation de l'espace de ces deux
provinces.
Le Chili avant l'indépendance (i)
Sujette depuis le xve siècle, l'économie chilienne a toujours été organisée
en fonction des besoins extérieurs. En situation coloniale, ses échanges directs
avec la métropole restèrent limités, le Chili ne recelant que peu de richesses
minières convoitées par les Espagnols : l'or et l'argent. Mais il dut répondre
aux besoins en blé et en tissus des concentrations de population constituées
autour des mines boliviennes et, par la suite, devint le principal fournisseur
de céréales de la vice-royauté de Lima.
Cette organisation économique, essentiellement agricole, contrastait singu
lièrement avec l'intense activité minière des autres territoires coloniaux tels
que le Pérou, la Bolivie ou le Mexique. Ce type d'exploitation coloniale, original,
associé à une situation d'isolement relatif du pays par rapport à la métropole,
entraîna la formation d'un groupe social puissant réunissant propriétaires
terriens et commerçants qui dominait sur le territoire chilien, mais qui restait
toutefois soumis aux négociants étrangers. La situation géographique de la
colonie, la plus éloignée de la métropole espagnole, séparée de la vice-royauté
de Lima dont elle dépendait par un vaste désert, favorisa une certaine liberté
d'action de ce groupe, toujours très lié aux intérêts colonialistes, et lui permit
d'acquérir, dès avant l'indépendance, une relative autonomie sur le territoire
chilien; celui-ci fut alors dirigé par ce que certains appellent une «bourgeoisie
nationale », qui n'était qu'un groupe de dirigeants locaux, soumis à des règles
de jeu fixées en Europe.
Toutefois, ce processus de mise en valeur du territoire ne concernait que
le centre du Chili, la Vallée centrale, où les conditions naturelles permettaient
l'agriculture, et trouvait sa limite septentrionale dans le Norte Chico. Le déve
loppement des activités agricoles et marchandes y restait donc étroitement
localisé, et c'est dans ce cadre que se développait l'essentiel de la vie écono
mique et sociale du pays.
Peu d'activités se situaient alors dans les provinces qui constituent mainte
nant le Norte Grande, d'ailleurs faiblement peuplées et non chiliennes. Une
agriculture non commercialisée faisait vivre les groupes des oasis du piémont
andin et de l'altiplano, tandis que des voies de passage, héritées de la tradition
(i) Les localisations peuvent être repérées sur la carte située p. 212.
184 LE NORD CHILI
indienne, reliaient celui-ci au littoral Pacifique. La mise en valeur du Nord
restait donc extrêmement limitée, le milieu naturel désertique étant tout à fait
défavorable au type d'organisation économique qui avait été assignée au Chili
depuis le débu t de la période coloniale.
I. — Les conditions de la mise en valeur du Nord
AU XIXe SIÈCLE JUSQU'A LA GUERRE DU PACIFIQUE
Région « vide » mais non totalement dépourvue d'hommes, cet actuel
Nord Chili renferme des richesses minières dont l'intérêt va croître au cours
du xixe siècle, du fait de la conjugaison de deux types de facteurs. D'une part,
les pays européens intensifient et diversifient leur recherche de matières pre
mières dans le monde; ils tentent de s'assurer le contrôle des gisements pour
approvisionner leurs industries qui exigent des quantités de plus en plus import
antes et une variété de plus en plus grande de produits primaires. D'autre
part, deux groupes de forces sont susceptibles de s'intéresser à l'exploitation
de certaines de ces richesses naturelles, très recherchées sur le marché inter
national. Des investisseurs « locaux », péruviens et chiliens, sont très tôt attirés
par cette nouvelle source de revenus et s'engagent dans l'exploitation minière
du désert et dans la commercialisation de ces matières premières, ajoutant
ces activités au négoce qu'ils pratiquaient traditionnellement. Les capitaux
étrangers à la région s'intéressent aussi vite à cette zone désertique jusqu'alors
délaissée, ou plus exactement considérée jusqu'au xvine siècle inclus comme
d'importance secondaire, malgré l'installation d'un nombre croissant d'exploi
tations minières. Des capitaux anglais, puis nord-américains s'investissent
de plus en plus dans les actuelles provinces de Tarapacá d'abord, d'Ànto-
gafasta ensuite, qui devinrent chiliennes au terme de la guerre du Pacifique.
i) Les bases de la relative accumulation de la bourgeoisie chilienne
L'économie du Chili indépendant se trouvait, du fait des conditions
politiques et économiques en vigueur à la veille de l'indépendance, organisée
d'une façon relativement moins déséquilibrée que celle des autres colonies
latino-américaines : l'exploitation systématique en avait été, dans une certaine
mesure, moins mutilante, et avait permis une faible, mais réelle, accumulation
de capital. L'aristocratie foncière et les négociants, solidement implantés,
purent alors consolider leurs positions au cours du xixe siècle, élargissant de
façon notable les bases de leur puissance économique. Pour cela, ils jouèrent
à la fois sur les ressources qu'offraient le Chili et les régions limitrophes et
sur les avantages que présentait la situation du pays sur les routes maritimes.
185 HÉLÈNE LAMICQ
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