La misère physiologique et la misère sociale - article ; n°1 ; vol.12, pg 1-24
25 pages
Français

La misère physiologique et la misère sociale - article ; n°1 ; vol.12, pg 1-24

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
25 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1905 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 1-24
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
La misère physiologique et la misère sociale
In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 1-24.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. La misère physiologique et la misère sociale. In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 1-24.
doi : 10.3406/psy.1905.3706
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1905_num_12_1_3706L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME XII
PREMIÈRE PARTIE
MÉMOIRES ORIGINAUX
LA MISÈRE PHYSIOLOGIQUE
ET LA MISÈRE SOCIALE
PRÉLIMINAIRES
Dans ces derniers temps, plusieurs médecins et pédagogues
ont proposé d'introduire dans les établissements d'instruction
publique la pratique d'un carnet sanitaire individuel, sur
lequel seraient portées par le médecin des indications pério
diques relatives à la santé et à la croissance des enfants.
Un certain nombre de ces fiches sanitaires, ou livrets sani
taires, ou carnets scolaires de santé, ont été imaginés et même
imprimés; nous avons eu l'occasion d'en examiner plu
sieurs types. Un des plus récents, et aussi des plus complets,
émane de la Ligue des médecins et des pères de famille; il a
été proposé récemment par Legendre et Mathieu. Il porte le
nom de carnet sanitaire. Nous le décrirons brièvement. Il
contient d'abord une rubrique générale : antécédents person
nels de l'élève. C'est la première page du livret. Les auteurs
ont prévu un certain nombre de maladies, rougeole, coque
luche, oreillons, varicelle, scarlatine. Ils n'ont pas osé imprimer
les noms de maladies très importantes à connaître au point de
vue de la santé individuelle : l'épilepsie, la tuberculose, la
fièvre typhoïde, l'aliénation mentale, la syphilis. Au bas de
l'année psychologique, xii. 1 • MÉMOIRES ORIGINAUX 2
cette première page doivent être indiquées les vaccinations et
revaccinations, avec leur date et leur succès. Tout au bas,
dernière mention : point faible à surveiller d'après les indica
tions de la famille.
Ce sont des renseignements qui doivent être donnés une
fois pour toutes.
Sur les autres pages du livret, on trouve le Bulletin sanitaire
de chaque année. Il est divisé en deux parties, il y a un examen
annuel et un examen semestriel. L'examen annuel, qui doit se
faire dans le premier semestre, est principalement médical;
on a prévu les rubriques suivantes : aspect général, squelette,
poumons, cœur, peau et cuir chevelu, nez et gorge, audition,
vision, dentition. On remarquera que les appareils urinaire,
génital, digestif et nerveux sont passés sous silence. Les
expressions : peau et squelette indiquent bien que dans la
pensée des auteurs du livret c'est un examen médical qui doit
se faire sur le sujet nu.
L'examen semestriel est plutôt anthropologique; c'est un
examen de croissance: il doit être fait « avant le 1er janvier »
et « après Pâques ». Les mensurations portent sur les données
suivantes : poids, taille, périmètre thoracique.
Au bas de la page, des cases attendent les observations sur
les affections survenues au cours de l'année. On indique
expressément : nature, date et durée, gravité, observations.
Le tout doit être suivi de la signature du médecin.
Ces quelques détails montrent bien le but du livret scolaire.
Ce but est de veiller plus étroitement que dans le passé sur l'état
de santé des enfants pendant la période scolaire, afin qu'on
puisse connaître et soigner à temps les maladies commençantes
ou les prédispositions à peine apparentes, les diatheses.
Nous voyons dans ces idées une manifestation intéressante
des tendances médicales de notre époque; le médecin ne se
contente plus de donner ses soins aux malades qui spontané
ment viennent le consulter ; il fait effort pour aller en quelque
sorte au-devant de ceux qui sont malades sans le savoir; et la
médecine cesse d'être une industrie privée pour devenir une
fonction sociale. Il est à espérer que cet esprit nouveau, si
intéressant et si louable, se développera assez largement pour
amener l'atténuation des préoccupations professionnelles qui
restent jusqu'ici bien aecusées chez un grand nombre de
praticiens.
Toute idée nouvelle soulève des difficultés d'application, ET SIMON. — MISÈRE PHYSIOLOGIQUE ET SOCIALE & BINET
car elle est obligée de s'ouvrir une place dans un système clos.
On peut se poser bien des questions au sujet du livret sco
laire.
1° Par qui doit-il être rempli? Est-ce le médeein qui sera
seul chargé de prendre les observations, de faire les examens,
ou bien le médecin peut-il être aidé dans une partie de son tra
vail par d'autres personnes, par exemple les maîtres?
2° L'autorisation des parents doit-elle être demandée?
3° La nécessité du secret médical sera-t-elle sauvegardée?
4° Sur quels points précis doit porter l'examen? A quelles
méthodes doit-on recourir? Quel contrôle emploiera-t-on? A
quelles dates opérera-t-on?N'y en a-t-il pas de meilleures que
d'autres? Ne doit-on pas les fixer en tenant compte de la
période scolaire?
5° Dernière question, la plus importante de toutes. Quelle
peut être l'utilité pratique du livret scolaire?
Nous ne pensons pas qu'on soit en mesure de répondre avec
exactitude à ces divers points d'interrogation. On ne peut y
répondre encore que par des idées a priori. C'est du reste l'ha
bitude, non seulement en France, mais en tout pays. On fait
du bruit autour d'un projet, on agite les grelots de la presse,
on saisit l'opinion, pour agir indirectement sur les pouvoirs
publics. Puis, si on est assez heureux pour mettre en branle
cette inerte machine qu'on appelle l'administration, le 'projet
est exécuté et accompli définitivement sur la plus vaste échelle ;
on gâche des millions de rames de papier, on met en mouve
ment des milliers d'individus. La consigne est de faire grand.
On a bien rarement l'idée de faire un petit essai, un tâtonne
ment sur une échelle réduite, pour amender l'idée a priori et
la rendre meilleure. Il est probable que c'est de, cette manière
que se fera l'histoire du livret scolaire. Peut-être le projet
n'aboutira-l-il à rien, absolument rien; peut-être aura-t-il la
chance d'être admis; dans ce dernier cas, il sera, appliqué,
d'un beau geste large, à la France entière, sans aucun essai
expérimental préalable.
C'est cet essai que nous avons voulu faire, avec les moyens
dont nous disposons.
Nous avons pris une école primaire de Paris, celle auprès de
laquelle un laboratoire-école vient d'être créé par nous. Nous
avons fait comme si le projet de création des livrets de santé
n'était plus un projet, mais fonctionnait régulièrement. Nous
nous sommes nommés en quelque sorte médecins de ladite
I 4 MÉMOIRES ORIGINAUX
école, et nous avons fait méthodiquement l'examen des 245 gar
çons de six à quatorze ans qui la fréquentent. Nous avons répété
le même travail sur les 308 enfants d'une école de filles appar
tenant au même quartier. Le livret médical a été imaginé sur
tout pour l'enseignement secondaire, mais il serait bien plus
utile dans primaire, où tantde familles pauvres
ne peuvent pas se payer un médecin.
Nous allons indiquer succinctement à quelle conclusion nous
avons abouti, au moyen de nos observations sur 600 enfants.
Ce nombre de 600 fait pauvre figure auprès de certaines stati
stiques; mais il nous paraît suffisant pour une première enquête.
Il
LA MESURE DE LA CROISSANCE DES ENFANTS
L'examen sanitaire des enfants comprend, dans tous les
livrets, trois parties qu'il importe de distinguer : la première,
médicale, tenue au secret; la seconde, de nature anthropo
logique, consistant surtout en mensurations du développement
corporel; la troisième concernant la physiologie des organes
des sens. Évidemment, les parties 2 et 3 n'ont pas l'obligation
du secret.
Nous laisserons de côté pour le moment l'examen médical
proprement dit, et l'examen des organes des sens, et nous ne
parlerons que de l'étude de la croissance.
L'étude de la cr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents