La mobilité des groupes paléolithiques - article ; n°3 ; vol.11, pg 219-260
44 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La mobilité des groupes paléolithiques - article ; n°3 ; vol.11, pg 219-260

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
44 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1999 - Volume 11 - Numéro 3 - Pages 219-260
Palaeolithic mobility patterns. Summary. — It is through the study of raw material transfers that the question of man's dealings with space is addressed here for the Middle and Upper Palaeolithic of western and central Europe. The comparison of the distributions of observed distances shows significant differences between the two periods : transfers exceeding 100 km are very rare in the Middle Palaeolithic (7 occurrences only between 200 and 300 km), but become much more frequent in the Upper Palaeolithic, some of them involving distances of 320 to 450 km (22 occurrences) and even 700 km (one occurrence). The analysis of the causes underlying the distributions points to an overall increase in the scale of group mobility within the economic territory, combined with a development of social networks. However, beyond those differences, some continuity is made manifest in the perpetuation of the relationship between greater scale of transfers and increasing continentality. Explained in terms of adaptations to environmental specificities pertaining to variations in productivity, this relationship suggests that population density may have been lower in eastern central Europe than in western Europe.
Résumé. — C'est par le biais de la circulation des matériaux qu'est traité ici le thème de la relation à l'espace des groupes du Paléolithique moyen et supérieur d'Europe occidentale et centrale. La comparaison des distributions établies fait apparaître des différences majeures dans les distances observées pour ces deux périodes: les trajets supérieurs à 100 km, exceptionnels au Paléolithique moyen (7 cas entre 200 et 300 km), sont courants au Paléolithique supérieur, certains dépassant les 300 km (22 cas entre 320 et 450 km, un cas à 700 km). L'analyse des causes génératrices de ces distributions suggère à la fois une plus grande ampleur de la mobilité propre des groupes du Paléolithique supérieur et un développement des réseaux relationnels. Cependant, au delà de ces différences une certaine continuité se manifeste à travers la perpétuation de la relation entre longueur croissante des circulations et gradient longitudinal de continentalité. Traduisant l'existence de stratégies adaptatives à long terme, sans doute liées aux variations de la biomasse animale, cette relation invite à envisager une densité populationnelle plus faible dans l'est de l'Europe centrale qu'en Europe de l'ouest.
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Jehanne Féblot-Augustins
La mobilité des groupes paléolithiques
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 11 fascicule 3-4, 1999. pp.
219-260.
Citer ce document / Cite this document :
Féblot-Augustins Jehanne. La mobilité des groupes paléolithiques. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de
Paris, Nouvelle Série, tome 11 fascicule 3-4, 1999. pp. 219-260.
doi : 10.3406/bmsap.1999.2551
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1999_num_11_3_2551Abstract
Palaeolithic mobility patterns. Summary. — It is through the study of raw material transfers that the
question of man's dealings with space is addressed here for the Middle and Upper Palaeolithic of
western and central Europe. The comparison of the distributions of observed distances shows
significant differences between the two periods : transfers exceeding 100 km are very rare in the Middle
Palaeolithic (7 occurrences only between 200 and 300 km), but become much more frequent in the
Upper Palaeolithic, some of them involving distances of 320 to 450 km (22 occurrences) and even 700
km (one occurrence). The analysis of the causes underlying the distributions points to an overall
increase in the scale of group mobility within the economic territory, combined with a development of
social networks. However, beyond those differences, some continuity is made manifest in the
perpetuation of the relationship between greater scale of transfers and increasing continentality.
Explained in terms of adaptations to environmental specificities pertaining to variations in productivity,
this relationship suggests that population density may have been lower in eastern central Europe than in
western Europe.
Résumé
Résumé. — C'est par le biais de la circulation des matériaux qu'est traité ici le thème de la relation à
l'espace des groupes du Paléolithique moyen et supérieur d'Europe occidentale et centrale. La
comparaison des distributions établies fait apparaître des différences majeures dans les distances
observées pour ces deux périodes: les trajets supérieurs à 100 km, exceptionnels au Paléolithique
moyen (7 cas entre 200 et 300 km), sont courants au Paléolithique supérieur, certains dépassant les
300 km (22 cas entre 320 et 450 km, un cas à 700 km). L'analyse des causes génératrices de ces
distributions suggère à la fois une plus grande ampleur de la mobilité propre des groupes du
Paléolithique supérieur et un développement des réseaux relationnels. Cependant, au delà de ces
différences une certaine continuité se manifeste à travers la perpétuation de la relation entre longueur
croissante des circulations et gradient longitudinal de continentalité. Traduisant l'existence de stratégies
adaptatives à long terme, sans doute liées aux variations de la biomasse animale, cette relation invite à
envisager une densité populationnelle plus faible dans l'est de l'Europe centrale qu'en Europe de
l'ouest.Bull, et Mém. de la Société d'Anthropologie de Pans, n.s. 1. 11, 1999, 3-4, p. 219-260.
LA MOBILITÉ DES
GROUPES PALÉOLITHIQUES
Jehanne Féblot- Augustins *• **
Résumé. — C'est par le biais de la circulation des matériaux qu'est traité ici le thème de la
relation à l'espace des groupes du Paléolithique moyen et supérieur d'Europe occidentale et centrale.
La comparaison des distributions établies fait apparaître des différences majeures dans les distances
observées pour ces deux périodes: les trajets supérieurs à 100 km, exceptionnels au Paléolithique
moyen (7 cas entre 200 et 300 km), sont courants au Paléolithique supérieur, certains dépassant les
300 km (22 cas entre 320 et 450 km, un cas à 700 km). L'analyse des causes génératrices de ces
distributions suggère à la fois une plus grande ampleur de la mobilité propre des groupes du
Paléolithique supérieur et un développement des réseaux relationnels. Cependant, au delà de ces
différences une certaine continuité se manifeste à travers la perpétuation de la relation entre longueur
croissante des circulations et gradient longitudinal de continentalité. Traduisant l'existence de
stratégies adaptatives à long terme, sans doute liées aux variations de la biomasse animale, cette
relation invite à envisager une densité populationnelle plus faible dans l'est de l'Europe centrale
qu'en Europe de l'ouest.
Mots clés : mobilité paléolithique, Europe, matières premières, territoire de subsistance, réseaux
relationnels, démographie.
PALAEOLITHIC MOBILITY PATTERNS
Summary. — It is through the study of raw material transfers that the question of man's dealings
with space is addressed here for the Middle and Upper Palaeolithic of western and central Europe.
The comparison of the distributions of observed distances shows significant differences between
the two periods : transfers exceeding 100 km are very rare in the Middle Palaeolithic (7 occurrences
only between 200 and 300 km), but become much more frequent in the Upper Palaeolithic, some of
them involving distances of 320 to 450 km (22 occurrences) and even 700 km (one occurrence).
The analysis of the causes underlying the distributions points to an overall increase in the scale of
group mobility within the economic territory, combined with a development of social networks.
However, beyond those differences, some continuity is made manifest in the perpetuation of the
relationship between greater scale of transfers and increasing continentality. Explained in terms of
*. Préhistoire et Technologie, Maison de l'Archéologie et de l'Ethnologie, 21 allée de l'Université, 92023
Nanterre Cedex.
**. Le présent article résume une communication présentée lors du Séminaire «Archéologie Paléolithique et
Inferences Démographiques», Collège de France, organisé par J.-P. Bocquet-Appel et Cl. Masset en avril 1995. 220 JEHANNEFÉBLOT-AUGUSTINS
adaptations to environmental specificities pertaining to variations in productivity, this relationship
suggests that population density may have been lower in eastern central Europe than in western
Europe.
Key words: Palaeolithic mobility, Europe, raw material transfers, economic territory, social
networks, demography
INTRODUCTION
Différentes approches sont utilisées en archéologie pour reconstituer la taille des
territoires exploités par les chasseurs-collecteurs et en inférer des densités de population
(Hassan, 198 1). Parmi les plus courantes, l'approche écologique, initialement développée
par Birdsell (1953) postule une relation étroite entre écosystème, biomasse animale et
effectif démographique (Hayden, 1972 ; Kelly, 1983 ; Keeley, 1988 ; Delpech, 1995). Cette
approche renvoie au concept de carrying capacity selon lequel la taille d'un groupe humain
résulte du rapport entre ressources disponibles et ressources nécessaires à la subsistance.
Il s'agit alors essentiellement de définir des paramètres considérés comme pertinents
(température effective, latitude et continentalité notamment) pour estimer la biomasse
disponible dans tel ou tel type d'environnement. Rentrent également en ligne de compte
dans une perspective dynamique d'interaction entre population et environnement les
stratégies mises en oeuvre par les groupes pour optimser l'exploitation des ressources
(Winterhalder étal 1988 ; Mithen, 1990). D'autres approches se fondent sur les variations
de densité des sites ; à l'échelle de l'Europe, ces variations — paraissant largement
tributaires des contraintes climatiques — signalent tout au long du Paléolithique des
fluctuations importantes de populations (Tuffreau, 1995 ; Demars, 1996 ; Bocquet-Appel
et Demars, à paraître).
C'est par le biais de la circulation des matériaux qu'est traité ici le thème de la relation
à l'espace des groupes paléolithiques, cette approche permettant de réintroduire la notion
de distance qui fait défaut dans les modèles populationnels existants. Travailler sur la
circulation des matériaux est en effet un moyen privilégié pour aborder les notions de
territoire et de mobilité puisque les matières premières lithiques sont — avec les coquillages
ayant servi à la parure — les uniques documents dont la provenance géographique est
localisable. À elles seules, les distances de circulation et l'inscription des trajets dans
l'espace peuvent renseigner à un premier degré d'observation sur l'ampleur des déplace
ments, leur configuration, le caractère récurrent

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents