La moissonneuse antique : son emploi en Gaule romaine - article ; n°6 ; vol.15, pg 1099-1114
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1960 - Volume 15 - Numéro 6 - Pages 1099-1114
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 91
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J. Kolendo
La moissonneuse antique : son emploi en Gaule romaine
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 6, 1960. pp. 1099-1114.
Citer ce document / Cite this document :
Kolendo J. La moissonneuse antique : son emploi en Gaule romaine. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e
année, N. 6, 1960. pp. 1099-1114.
doi : 10.3406/ahess.1960.420687
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1960_num_15_6_420687TRA VA UX EN СО URS
TECHNIQUES RURALES
La moissonneuse antique
en Gaule romaine
La civilisation matérielle de l'Empire Romain ne présentait pas une
véritable homogénéité : malgré de fortes tendances à l'unification (dues
peut-être moins à l'ingérence des Romains qu'à la facilité des contacts
entre les différentes parties de l'Empire), certains éléments de civilisa
tion matérielle locale se maintenaient dans les provinces et s'y dévelop
paient même parfois, alors qu'en même temps, dans la plupart des do
maines, la vie assimilait très rapidement les nouveaux usages apportés
par Rome. Ces éléments régionaux devaient leur pérennité à de nombreux
facteurs ; ils étaient, en effet, adaptés aux conditions locales tant géo
graphiques que sociales et économiques, et leurs traditions remontaient à
la période qui avait précédé la conquête de ces provinces par Rome.
Ce contraste est particulièrement apparent dans l'examen de la mois
sonneuse gauloise qui, grâce à de récentes découvertes archéologiques,
a retenu l'attention des chercheurs l. Jusqu'à présent, nous la connais
sions grâce à la notice suivante de Pline l'Ancien 2. « Dans les latifundia
des Gaules, d'énormes caissons garnis de dents sont poussés sur deux
roues à travers les moissons par un bœuf attelé en sens contraire ; les
épis arrachés tombent dans le caisson ». Palladius 3 nous en a cependant
donné une description beaucoup plus détaillée. « La partie des Gaules
qui est assez en plaine recourt pour moissonner à la méthode expéditive
que voici et qui, tout en épargnant la main-d'œuvre, dépouille l'étendue
de toute une moisson à l'aide d'un seul bœuf. Ainsi, on construit un véhi
cule qui est porté par deux petites roues. La surface carrée de celui-ci
est munie de planches dont l'inclinaison vers l'extérieur donne plus de
1. Tous les problèmes se rattachant à la moissonneuse gauloise sont examinés dans
l'excellent livre de M. Renard, Technique et agriculture en pays trévire et rémois,
t Collection Latoraus », vol. XXXVIII, Bruxelles, 1959, qui indique la littérature se
rapportant à ce sujet.
2. Pline, Nat Hist, XVIII, 30/72, paragraphe 296.
3. Palladius, Opus agriculturae, VII, 2, 2-4 ; traduction de M. Renard, op. cit.,
p. 8.
1099 ANNALES
largeur à la partie supérieure. Sur le devant de ce chariot, la hauteur des
planches est moindre. A cet endroit, des dents nombreuses et écartées
sont disposées en ligne à la hauteur des épis et elles sont recourbées vers
leur partie supérieure. A l'arrière de ce même véhicule, sont adaptées
deux flèches très courtes, semblables aux brancards des litières. On y
attelle à un joug et avec des courroies un bœuf dont la tête est tournée
du côté du véhicule : il faut assurément un animal paisible pour qu'il ne
dépasse pas l'allure de celui qui le pousse. Quand le bœuf se met à pous
ser le véhicule à travers les moissons, tous les épis, saisis par les dents,
s'entassent dans le chariot, la paille étant arrachée et restant en arrière,
tandis que le bouvier, derrière l'attelage, élève ou abaisse parfois la
machine. Et ainsi, moyennant un petit nombre d'allées et venues, en
l'espace de quelques heures, toute la moisson est achevée. Cette méthode
est utile pour les endroits en plaine ou unis et ceux où l'on ne tient pas
la paille nécessaire ».
Le fonctionnement de cette moissonneuse reposait sur un principe
complètement différent de celui des machines modernes puisqu'il consis
tait à arracher les épis au lieu de couper le blé. Cette moissonneuse se
composait de deux parties essentielles : d'un caisson en bois monté sur
roues et d'une rangée de dents de métal fixées à sa partie avant. Ces
dents, rappelant un grand peigne, arrachaient les épis qui s'entassaient
ensuite dans le caisson.
La description que Palladius nous en a laissée, a été confirmée en
principe par les sources iconographiques. En 1958, on a découvert dans
le sud de la Belgique, à Montauban-Buzenol, la représentation d'une
moissonneuse sur un bas-relief qui faisait partie d'un grand monument
funéraire 1. Cette découverte a permis de retrouver le même motif dans un
identique schéma iconographique sur l'un des tableaux illustrant les
activités propres à chaque mois de l'année qui décorent la Porte de
Mars à Reims 2. Enfin, un troisième document figuré, dont malheureu
sement n'est conservé qu'un fragment, a été identifié sur le bas-relief
d'un monument funéraire à Arlon 3. La constatation, généralement
admise 4, selon laquelle ce dernier bas-relief complète celui de Buzenol,
n'est pas exacte. Ces deux bas-reliefs permettent uniquement de recons
tituer l'aspect de la moissonneuse (à Buzenol nous voyons la partie avant
de la moissonneuse et, à Arlon, sa partie arrière), mais non de reconstituer
un modèle commun à tous deux. Ces bas-reliefs représentent, en effet,
1. J. Mertens, « Sculptures romaines de Buzenol », Le Pays Gaumois, 1958, p. 31.
2. Nous ne disposons que du dessin de Bence publié dans A. de Laboede, Les
monuments de la France, Paris, 1816, pi. CXIII, bien que l'original n'ait pas été endom
magé depuis l'exécution de ce dessin. Cf. H. Stern, Le calendrier de 354. Etude sur
son texte et sur ses illustrations, Paris 1953, p. 208.
3. E. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule
romaine, n° 4036.
4. J. Mertens, op. cit., p. 32, a essayé de reconstituer cette représentation.
1100 LA MOISSONNEUSE ANTIQUE
deux scènes complètement différentes, ne répondant pas à la même
phase du travail de la moissonneuse. A Arlon, elle est en mouvement, ce
que l'artiste s'est efforcé d'indiquer en exagérant même l'effort de l'homme
qui marche et en même temps appuie sur les brancards. Le bas-relief de
Buzenol, par contre, représente le moment d'arrêt de la moissonneuse,
pendant lequel l'homme dégage les épis coincés entre les dents qui gar
nissent l'avant du coffre ou, peut-être, décharge les épis. Or, il ne pourr
ait le faire si la moissonneuse était en mouvement et il n'est guère vrai
semblable que ces deux scènes différentes aient servi de modèle à une
seule représentation, les artistes s'étant visiblement efforcés de présenter
la moissonneuse d'une manière aussi réaliste que possible.
Ces bas-reliefs jettent une lumière nouvelle sur les représentations
de scènes de travail, très nombreuses dans les arts plastiques gaulois,
surtout dans les régions rhénanes, et constituent un argument important
en faveur de leur grande originalité 4 Les artistes assimilaient certains
schémas iconographiques en renouant avec les arts plastiques hellénis
tiques qui parvenaient sur les bords du Rhin soit par l'Italie et la Gaule
méridionale, soit même par le bassin du Danube, mais ils ne se bornaient
pas à copier ces modèles et les enrichissaient dans certains cas de nou
veaux motifs iconographiques. La représentation de la moissonneuse
que toutes les sources rattachent à la Gaule, peut justement témoigner
de l'invention créatrice des sculpteurs gaulois qui, dans ce cas, ont puisé
leur motif dans la réalité concrète.
La moissonneuse n'est pas le seul motif original de l'art de la Gaule
romaine. Sur d'autres bas-reliefs nous pouvons distinguer des scènes qui,
très probablement, n'ont pas été copiées de cahiers de modèles parce
qu'elles ont trait à des thèmes spécifiquement gaulois. Ainsi, par exemple,
dans les scènes de labourage, les bœufs ont un joug de cornes 2 qui, selon
Columelle 3, n'était e

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