La nature et la formation des métaux selon Agricola et ses contemporains - article ; n°3 ; vol.27, pg 211-222
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Revue d'histoire des sciences - Année 1974 - Volume 27 - Numéro 3 - Pages 211-222
RÉSUMÉ. — Comment les idées d'Agricola sur la nature des métaux et leur origine réagissent-elles contre les théories plus anciennes, et comment furent-elles accueillies par ses contemporains ? Aux six métaux traditionnels d'Aristote, Agricola ajoute mercure, antimoine et bismuth, et il modifie en conséquence la définition du métal. De même, il transforme la théorie aristotélicienne de la double exhalaison d'après ses observations des gites métallifères et présente les métaux comme des sucs congelés, faits d'eau et de terre. Il rejette les idées alchimiques d'Avicenne, d'Ibn Juljul, d'Albert le Grand et du Bergbüchlein. Ses attaques contre Aristote susciteront de vives réactions, mais sa critique de l'alchimie sera reprise et amplifiée.
SUMMARY. — In his research about the nature of metals and the origin of their ores, Agricola reacts against the earlier writers. He adds quicksilver, antimony and bismuth to the six metals of Aristotle and modifies the distinctive properties of the metallic bodies. He criticizes the Aristotelian theory of the twofold exhalation and explains the metals as frozen juices (succi), compound of earth and water. He also rejects the alchemistical ideas of Avicenna, Ibn Juljul, Albertus Magnus and the Bergbüchlein. His criticism of Aristotle was not universally accepted by his contemporaries, but his attacks against alchemy were successful.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 75
Langue Français

Extrait

M ROBERT HALLEUX
La nature et la formation des métaux selon Agricola et ses
contemporains
In: Revue d'histoire des sciences. 1974, Tome 27 n°3. pp. 211-222.
Résumé
RÉSUMÉ. — Comment les idées d'Agricola sur la nature des métaux et leur origine réagissent-elles contre les théories plus
anciennes, et comment furent-elles accueillies par ses contemporains ? Aux six métaux traditionnels d'Aristote, Agricola ajoute
mercure, antimoine et bismuth, et il modifie en conséquence la définition du métal. De même, il transforme la théorie
aristotélicienne de la double exhalaison d'après ses observations des gites métallifères et présente les métaux comme des sucs
congelés, faits d'eau et de terre. Il rejette les idées alchimiques d'Avicenne, d'Ibn Juljul, d'Albert le Grand et du Bergbüchlein. Ses
attaques contre Aristote susciteront de vives réactions, mais sa critique de l'alchimie sera reprise et amplifiée.
Abstract
SUMMARY. — In his research about the nature of metals and the origin of their ores, Agricola reacts against the earlier writers.
He adds quicksilver, antimony and bismuth to the six metals of Aristotle and modifies the distinctive properties of the metallic
bodies. He criticizes the Aristotelian theory of the twofold exhalation and explains the metals as frozen juices (succi), compound
of earth and water. He also rejects the alchemistical ideas of Avicenna, Ibn Juljul, Albertus Magnus and the Bergbüchlein. His
criticism of Aristotle was not universally accepted by his contemporaries, but his attacks against alchemy were successful.
Citer ce document / Cite this document :
HALLEUX ROBERT. La nature et la formation des métaux selon Agricola et ses contemporains. In: Revue d'histoire des
sciences. 1974, Tome 27 n°3. pp. 211-222.
doi : 10.3406/rhs.1974.1086
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1974_num_27_3_1086REV. HIST. SCI.
1974- xxvn/3
La nature et la formation des métaux
selon Agricola et ses contemporains
RÉSUMÉ. — Comment les idées d'Agricola sur la nature des métaux et leur
origine réagissent-elles contre les théories plus anciennes, et comment furent-elles
accueillies par ses contemporains ? Aux six métaux traditionnels d'Aristote,
Agricola ajoute mercure, antimoine et bismuth, et il modifie en conséquence la
définition du métal. De même, il transforme la théorie aristotélicienne de la
double exhalaison d'après ses observations des gîtes métallifères et présente
les métaux comme des sucs congelés, faits d'eau et de terre. Il rejette les idées
alchimiques d'Avicenne, d'Ibn Juljul, d'Albert le Grand et du Bergbù'chlein.
Ses attaques contre Aristote susciteront de vives réactions, mais sa critique de
l'alchimie sera reprise et amplifiée.
SUMMAR Y. — In his research about the nature of metals and the origin of their
ores, Agricola reacts against the earlier writers. He adds quicksilver, antimony and
bismuth to the six metals of Aristotle and modifies the distinctive properties of the
metallic bodies. He criticizes the Aristotelian theory of the twofold exhalation and
explains the metals as frozen juices (succi), compound of earth and water. He also
rejects the alchemistical ideas of Avicenna, Ibn Juljul, Albertus Magnus and the
Bergbuchlein. His criticism of Aristotle was not universally accepted by his contemp
oraries, but his attacks against alchemy were successful.
Dans la collection de traités géologiques qu'il publia chez
Froben en 1546 (1), Georg Agricola consacre de longs développe
ments à la nature et à l'origine des substances métalliques. C'était
là un problème ancien, qui avait préoccupé, dans l'Antiquité,
Aristote et ses commentateurs et, au Moyen Age, Avicenne, Albert
le Grand et les alchimistes. Leurs tentatives d'explication conser-
(1) Georgius Agricola, De ortu et causis subterraneorum libri V. De nátura eorum
quae efjluunt ex terra libri IIII. De nátura fossilium libri X. De ueteribus et nouis metallis
libri II. Bermannus, siue de re metallica dialogue. Interpretatio Germanica uocum rei
metallicae, addito Indice foecundissimo, Basel, Froben, 1546. Sur Georg Agricola, on
verra H. Wilsdorf, Georg Agricola und seine Zeil, Berlin, 1956 (t. I des Ausgewàhlte
Werke. Gedenkausgabe des Staatlichen Museums fur Mineralogie und Geologie zu
Dresden) ; H. Wilsdorf, art. « Agricola, » dans Dictionary of Scientific Biography, I,
New York, 1970, p. 77-79. 212 revue d'histoire des sciences
vaient des défenseurs au xvie siècle. Aussi, pour cette question
plus que pour toute autre, l'œuvre d'Agricola s'inscrit dans tout
un réseau de recherches divergentes, que sa célébrité a quelque
peu éclipsées (2).
L'incapacité de la langue latine à rendre certaines notions
constituait un premier obstacle. Ainsi, pour parler du métal,
Agricola emploie metallum, mais il est conscient de son ambiguïté,
car il écrit (3) : « Ce mot signifie plusieurs choses : une espèce de
corps extrait du sol, comme l'or et l'argent ; la mine d'où on
l'extrait et le minerai (uena) (4) dont on le tire. »
En effet, le mot metallum, comme le grec melallon dont il est
issu, désigne dans la plupart des textes anciens la mine, c'est-à-dire
la cavité souterraine d'extraction (5). A partir du Ier siècle de notre
ère, il passe du contenant au contenu, c'est-à-dire aux minerais,
métalliques ou non, et connaît la même polysémie que l'ancien
français mine. C'est seulement à la fin de l'Antiquité qu'il s'applique
plus particulièrement à sept corps, qui sont l'or, l'argent, le cuivre,
le fer, l'étain, le plomb et soit le mercure, soit l'électrum (alliage
naturel d'or et d'argent), soit le verre (6). Le nombre de sept est
dû au parallèle astrologique entre les métaux et les sept astres
visibles, les « planètes » (7). Ce sens nouveau de melallum coexiste
avec les sens anciens, ce qui explique notamment la confusion
constante entre le métal et ses minerais (8).
Agricola donne des metalla une définition précise (9) : « Un
métal est un corps extrait du sol, liquide ou liquéfiable par la cha
leur du feu. Quand il se refroidit, il revient à sa dureté et à sa forme
antérieures. En cela, il diffère des pierres fusibles, car celles-ci, une
fois refroidies, ne reviennent pas à leur forme antérieure. Il y a six
(2) Cf. B. Gille, Les traités de métallurgie du xvie au xvnie siècle, dans Techniques
et Civilisations, 4 (1955), p. 181-187.
(3) De ueteribus et nouis metallis, p. 387.
(4) Le mot uena désigne le minerai, par exemple dans Bermannus, p. 436 : uenam,
quemadmodum intelligo, materiam dicis ex qua metalla excoquantur.
(5) Thesaurus Linguae Latinae, VIII (1966), col. 870-875, s. v. metallum. Pour les
sens au Moyen Age, voir F. Blatt, Novum glossarium mediae latinitaiis, Copenhague,
1961, fasc. L-M, col. 443-444.
(6) Isidore de Seville, Origines, XVI, 17. Cf. Raban Maur, De universo. XVII,
11, col. 475 A, éd. Migne.
(7) J. R. Partington, The origins of the planetary symbols for the metals, dans
Ambix, 1 (1937-1938), p. 61-64 ; A History of Chemistry, I, 1, London, 1970, p. 297-304.
(8) Voir, par exemple, De ortu et causis, p. 81.
(9) De nátura fossilium, p. 186, cf. p. 330. HALLEUX. NATURE, FORMATION DES MÉTAUX SELON AGRICOLA 213 R.
métaux traditionnels : l'or, l'argent, le cuivre, le fer, le plomb
blanc (étain) et le plomb noir (plomb). En réalité, il y en a davant
age, car le mercure est un métal, quoi qu'en disent les alchimistes,
ainsi que le plomb cendré que les Allemands appellent bismuth (10),
et il en reste certainement encore beaucoup d'autres à découvrir.
Ainsi, quand on grille la stibine (sulfure d'antimoine), on obtient un
métal particulier, et non du plomb comme l'ont dit les auteurs » (1 1).
L'originalité de cette définition apparaît nettement si on la
compare avec celle d'Aristote, pour qui les métaux étaient des
corps extraits des mines, fusibles ou malléables (12), soit au total
six substances, l'or, l'argent, le cuivre, le fer, l'étain et le plomb.
La caractérisation comme fusibles ou était due au fait
que les Anciens ne parvenaient pas à liquéfier le fer, qu'ils obte
naient au procédé direct. Quant au mercure, Aristote le considérait
comme un corps rebelle à toute classification (13).
Agricola complète donc la liste traditionnelle par trois corps :
le mercure, qui, dans certaines listes astrologiques, était un métal,
l'antimoine, q

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