La nuptialité au Togo. Evolution entre 1961 et 1970 - article ; n°2 ; vol.31, pg 379-398

Thérèse Locoh

Description

Population - Année 1976 - Volume 31 - Numéro 2 - Pages 379-398
Locoh Thérèse. La nuptialité au Togo : évolution entre 1961 et 1970. L'analyse des proportions de célibataires observées au recensement togolais de 1970 révèle une nuptialité féminine intense et précoce. A peine 1,5 % des femmes restent célibataires à 50 ans, et l'âge moyen au premier mariage s'établit à 18,2 ans. Les hommes se marient moins (4,4 % de célibataires à 50 ans) et beaucoup plus tard (26,1 ans en moyenne au 1er mariage). Cette différence jointe à une grande mobilité conjugale des femmes (à 50-54 ans, 32 % des femmes ont contracté au moins deux unions), laisse place à une importante polygamie : 46 % des hommes de 50-54 ans ont au moins deux épouses. L'âge moyen au premier mariage et la fréquence du célibat définitif croissent avec le degré d'urbanisation, tant pour les hommes que pour les femmes. En revanche, la polygamie des hommes et la mobilité conjugale des femmes régressent. Avec la croissance urbaine qui marque la décennie précédant le recensement, on aurait donc pu s'attendre à une variation en ce sens de ces différents indices, de l'enquête de 1961 au recensement de 1970. En fait seule la mobilité conjugale des femmes suit cette voie, en diminuant, tandis que la polygamie reste stable et que l'âge moyen au premier mariage diminue pour les deux sexes. Ces contradictions ne sont qu'apparentes.
Locoh Thérèse. Nuptiality in Togo from 1961 to 1970. The proportions of single persons observed at the 1970 census in Togo show that female nuptiality is of an early, intensive type. Scarcely 1,5 % of women are spinsters at age 50, and the mean age at first marriage is 18,2 years. Men marry less than women (4,4 % of bachelors at age 50) and later (mean age at first marriage is 26,1 years). This difference, added to a strong marital mobility for women (at age 50-54 years, 32 % of women have been married at least twice), implies a high rate of polygamy : at age 50-54, 46 % men have at least two wives. For both men and women, an increase in urbanisation generally means a rise in mean age at first marriage and the proportion of single persons at age 50, but a drop in polygamy and female marital mobility. Considering the urban development which characterizes the decade prior to the last census, we could have expected the different indicators to follow this pattern between the 1961 survey and the 1970 census. But in fact only, female marital mobility follows this pattern, it decreases whereas polygamy remains stable and mean age at first marriage decreases for both sexes. These contradictions are only apparent.
Locoh Thérèse. Evolución de la nupcialidad en Togo : 1951-1970. El análisis de la proporción de solteras résultante del censo Togolés de 1970 muestra que la nupcialidad es precoz e intensa. Aproximadamente 1,5 p. 100 de las mujeres permanecen solteras a 50 afios, el promedio de edad al casarse (primer matrimonio) es de 18,2 afios. Los nombres se casan menos (4,4 p. 100 son solteros a 50 aňos) y a edad más avanzada : la edad media al primer matrimonio es de 26,1 айо. Las diferencias descritas, unidas a la gran movilidad conyugal de las mujeres (32 p. 100 de las mujeres de 50 à 54 afios han contraido a lo menos dos matri- monios) favorecen la poligamia : 46 p. 100 de los hombres de 50 à 54 afios tienen por lo menos dos esposas. El promedio de edad al casarse y la frecuencia de soltería definitiva aumenta con el grado de urbanización, tanto en los hombres como en las mujeres. En cambio la poligamia de los hombres y la movilidad conyugal de las mujeres disminuyen. El aumento de urbanización experimentado en el periodo transcurrido entre la encuesta de 1961 y el censo de 1970, permitia suponer que el cambio de los indices de nupcialidad se haria en el sentido esperado. En efecto, sólo la movilidad conyugal de las mujeres sigue la tendencia y disminuye, mientras que la poligamia se mantiene estable y la edad media al primer matrimonio baja en ambos sexos. Estas contradicciones son sólo aparentes.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1976
• Nombre de lectures: 28
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Thérèse Locoh
La nuptialité au Togo. Evolution entre 1961 et 1970
In: Population, 31e année, n°2, 1976 pp. 379-398.
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Locoh Thérèse. La nuptialité au Togo. Evolution entre 1961 et 1970. In: Population, 31e année, n°2, 1976 pp. 379-398.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1976_num_31_2_15982Résumé
Locoh Thérèse. La nuptialité au Togo : évolution entre 1961 et 1970. L'analyse des proportions de
célibataires observées au recensement togolais de 1970 révèle une nuptialité féminine intense et
précoce. A peine 1,5 % des femmes restent célibataires à 50 ans, et l'âge moyen au premier mariage
s'établit à 18,2 ans. Les hommes se marient moins (4,4 % de célibataires à 50 ans) et beaucoup plus
tard (26,1 ans en moyenne au 1er mariage). Cette différence jointe à une grande mobilité conjugale des
femmes (à 50-54 ans, 32 % des femmes ont contracté au moins deux unions), laisse place à une
importante polygamie : 46 % des hommes de 50-54 ans ont au moins deux épouses. L'âge moyen au
premier mariage et la fréquence du célibat définitif croissent avec le degré d'urbanisation, tant pour les
hommes que pour les femmes. En revanche, la polygamie des hommes et la mobilité conjugale des
femmes régressent. Avec la croissance urbaine qui marque la décennie précédant le recensement, on
aurait donc pu s'attendre à une variation en ce sens de ces différents indices, de l'enquête de 1961 au
recensement de 1970. En fait seule la mobilité conjugale des femmes suit cette voie, en diminuant,
tandis que la polygamie reste stable et que l'âge moyen au premier mariage diminue pour les deux
sexes. Ces contradictions ne sont qu'apparentes.
Abstract
Locoh Thérèse. Nuptiality in Togo from 1961 to 1970. The proportions of single persons observed at the
1970 census in Togo show that female nuptiality is of an early, intensive type. Scarcely 1,5 % of women
are spinsters at age 50, and the mean age at first marriage is 18,2 years. Men marry less than
(4,4 % of bachelors at age 50) and later (mean age at first marriage is 26,1 years). This difference,
added to a strong marital mobility for women (at age 50-54 years, 32 % of women have been married at
least twice), implies a high rate of polygamy : at age 50-54, 46 % men have at least two wives. For both
men and women, an increase in urbanisation generally means a rise in mean age at first marriage and
the proportion of single persons at age 50, but a drop in polygamy and female marital mobility.
Considering the urban development which characterizes the decade prior to the last census, we could
have expected the different indicators to follow this pattern between the 1961 survey and the 1970
census. But in fact only, female marital mobility follows this pattern, it decreases whereas polygamy
remains stable and mean age at first marriage decreases for both sexes. These contradictions are only
apparent.
Resumen
Locoh Thérèse. Evolución de la nupcialidad en Togo : 1951-1970. El análisis de la proporción de
solteras résultante del censo Togolés de 1970 muestra que la nupcialidad es precoz e intensa.
Aproximadamente 1,5 p. 100 de las mujeres permanecen solteras a 50 afios, el promedio de edad al
casarse (primer matrimonio) es de 18,2 afios. Los nombres se casan menos (4,4 p. 100 son solteros a
50 aňos) y a edad más avanzada : la edad media al primer matrimonio es de 26,1 айо. Las diferencias
descritas, unidas a la gran movilidad conyugal de las mujeres (32 p. 100 de las mujeres de 50 à 54
afios han contraido a lo menos dos matri- monios) favorecen la poligamia : 46 p. 100 de los hombres de
50 à 54 afios tienen por lo menos dos esposas. El promedio de edad al casarse y la frecuencia de
soltería definitiva aumenta con el grado de urbanización, tanto en los hombres como en las mujeres. En
cambio la poligamia de los hombres y la movilidad conyugal de las mujeres disminuyen. El aumento de
urbanización experimentado en el periodo transcurrido entre la encuesta de 1961 y el censo de 1970,
permitia suponer que el cambio de los indices de nupcialidad se haria en el sentido esperado. En
efecto, sólo la movilidad conyugal de las mujeres sigue la tendencia y disminuye, mientras que la
poligamia se mantiene estable y la edad media al primer matrimonio baja en ambos sexos. Estas
contradicciones son sólo aparentes.LA NUPTIALITE AU TOGO
ÉVOLUTION ENTRE 1961 ET 1970
// n'existe que très peu d'études sur l'évolution démogra
phique en Afrique noire. Cela tient aux lacunes de l'état civil
dans ces pays et aux difficultés de l'observation sur le terrain
qui freinent le bon déroulement des opérations censitaires.
Le Togo est un des premiers pays d'Afrique qui dispose
de plusieurs observations démographiques d'ampleur nationale,
un premier recensement en 1958-1960 et une enquête démo
graphique nationale en 1961 d'une part, un second recen
sement en 1970, suivi également d'une enquête nationale par
sondages en 1971, d'autre part. Il devient donc possible d'ana
lyser l'évolution de la nuptialité togolaise au cours de la
décennie 1960-1970. C'est à quoi s'applique ici Thérèse
Locoh, expert-démographe, professeur à l'Université du Bénin
à Lomé, traçant ainsi la voie à de futures confrontations.
Définitions. Le recensement de 1958-1960 s'est déroulé en deux
phases : à Lomé en 1958, dans le reste du territoire au
cours des années 1959-1960 (1). Les résultats sont donc difficilement
utilisables, compte tenu des ajustements qui seraient nécessaires. L'en
quête nationale de 1971 n'a donné lieu à ce jour à aucune publication.
Reste l'enquête nationale réalisée en 1961 (2) et le recensement de 1970
dont les résultats commencent à paraître (3). En dépit des réserves
théoriques que soulève la comparaison d'une observation par sondages
à une observation exhaustive, nous avons pensé qu'il était possible de
confronter les résultats de ces deux opérations, eu égard à la qualité
de l'enregistrement des données au cours de l'enquête de 1961.
f1) Service de la Statistique. — Recensement Général de la Population du
Togo, 1958, 60, Lomé, 6 volumes.
(2) Service de la — Ministère des Finances, de l'Economie et du
Plan. — Enquête Démographique 1961. Lomé, 1961, 2 vol.
<3> Direction de la Statistique. — du Plan. — Recensement général
de la Population. Mars- Avril 1970. * Vol. I. Méthodologie et Résultats, juin 1974.
* Vol. II. Résultats par circonscription administrative, septembre 1975.
Population, n° 2, 1976 380 LA NUPTIALITÉ AU TOGO
Dans l'enquête de 1961 et au recensement de 1970 l'état matri
monial a été enregistré selon les instructions suivantes :
1. Est célibataire celui qui n'a jamais été marié.
2. Est considéré comme marié un homme (ou une femme) qui a
au moins un conjoint en vie.
Sans nous appesantir sur les définitions des veufs ou divorcés que
nous n'utiliserons pas dans cette brève étude, remarquons que le régime
matrimonial polygamique qui existe au Togo, et l'absence d'enregi
strement des mariages à l'état civil, rendent délicate la définition même
de l'état matrimonial des individus. Quelle que soit la conscience des
agents recenseurs, la qualité du renseignement recueilli dépend de la
seule réponse de l'enquêté, sans confrontation possible avec des docu
ments. Ce qui est vrai pour l'état matrimonial l'est aussi pour l'âge.
Nous ne nous dissimulons pas le handicap qui pèse de ce fait sur l'étude
de la nuptialité, mais nous pensons que l'on ne doit pas pour autant
se priver des indications d'ensemble qu'elle apporte à la connaissance
de la population, les tendances générales étant suffisamment homogènes
pour être prises en considération.
L'âge au premier mariage. Si on admet l'hypothèse de
dance entre nuptialité et mortalité, on
peut assimiler les proportions de célibataires observées à un recensement,
ajustées pour obtenir des proportions de célibataires aux anniversaires,
à la série des célibataires d'une table de nuptialité (1). De cette série
sont déduits les mariages de la table et les indices usuels de la nuptialité.
Les calculs ont été menés pour les hommes et pour les femmes aux
deux dates 1961 et 1970. Le tableau I donne les indices courants : l'âge
moyen au