La perception du mouvement : examen de quelques problèmes - article ; n°1 ; vol.66, pg 231-262
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Description

L'année psychologique - Année 1966 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 231-262
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

H. Bloch
C. Bonnet
La perception du mouvement : examen de quelques problèmes
In: L'année psychologique. 1966 vol. 66, n°1. pp. 231-262.
Citer ce document / Cite this document :
Bloch H., Bonnet C. La perception du mouvement : examen de quelques problèmes. In: L'année psychologique. 1966 vol. 66,
n°1. pp. 231-262.
doi : 10.3406/psy.1966.27888
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1966_num_66_1_27888LA PERCEPTION DU MOUVEMENT :
Examen de quelques problèmes
par H. Bloch et C. Bonnet
Laboratoire de Psychologie expérimentale de la Sorbonne
Comme l'invariance des objets et la stabilité de l'espace, la percep
tion du mouvement apparaît paradoxale à plusieurs titres. Nous nous
bornerons à évoquer ici les perceptions d'un déplacement réel d'un ou
de plusieurs objets dans le champ visuel. Mais, déjà, il faut distinguer
deux modes de perception, selon que le regard fixe le mobile ou explore
librement le champ. Dans le premier cas, l'image du reste fixe
sur la fovéa, tandis que se succèdent différentes images de l'environne
ment : comment se fait-il alors que nous percevions un objet en mouvedans un environnement stable ? Dans le second cas, se succèdent
à la fois des images différentes du mobile et de l'environnement.
Comment, à travers des stimulations discrètes, pouvons-nous alors
percevoir un déplacement continu, n'affectant pas l'objet en soi, sur
un fond stable, et non seulement Vinférer à partir des positions relatives
des éléments du champ ? Quels sont, dans l'un et l'autre cas, les indices
du déplacement ?
A ces trois questions, on ne peut espérer apporter de réponse
unique et satisfaisante. Les deux premières invitent à rechercher les
processus neurophysiologiques en cause, tant au niveau rétinien qu'à
celui des structures centrales. Les recherches de ce type n'ont abouti,
actuellement, qu'à des explications partielles, forgées pour la plupart
autour de la notion d'irradiation, envisagée au niveau de la rétine
(Weber, 1846 ; Motokawa, 1953), ou des aires corticales intéressées
(Hubel et Wiesel, 1959). Mais l'irradiation elle-même reste mal connue,
et les plus récents travaux concluent à une spécificité au niveau des
récepteurs (détecteurs d'angle de mouvement, mis en évidence chez
la grenouille par Maturana, Lettvin, McCulloch et Pitts, 1960), ce qui
oblige à reconsidérer la notion au niveau périphérique.
La dernière question conduit à l'analyse conjointe des situations
et des comportements. Ce sont les recherches entreprises dans cette voie
que nous examinerons ici. Elles sont nombreuses et s'étalent sur plus
d'un demi-siècle. Elles bénéficièrent d'abord de l'impulsion donnée
par la Gestalt à toutes les études de perception, puis furent reprises, 232 REVUES CRITIQUES
beaucoup plus tard (1943), quand se sont posés les problèmes de gui
dage et de détection au radar, dans une perspective où les coordinations
sensori-motrices tiennent une grande place. Dans ces recherches
psychophysiques, les faits glanés sont nombreux et assez connus, mais
nombreuses aussi les difficultés qui subsistent ; c'est sur ces obstacles
que nous insisterons ici ; à définir le mouvement, à recenser
les variables en jeu, à classer les comportements suivant des catégories
précises et, partant, à les expliquer sans faire intervenir les caractères
singuliers d'une situation. Bourdon (1936) signalait qu'une définition
complète du mouvement doit englober les caractéristiques suivantes :
vitesse, amplitude, forme, direction, durée. La connaissance perceptive
intègre-t-elle dans un seul acte ou jugement tous ces déterminants ?
Ont-ils, dans la perception, un poids équivalent ? ou bien la per
ception d'un mouvement est-elle perception d'un aspect privilégié ?
Kennedy (1936) relève onze variables, qu'il nomme primaires, parmi
lesquelles il range aussi bien des facteurs relatifs à la situation que
dépendant du sujet et qui sont classées par Pollock (1953) sous ces
deux rubriques. Ce sont, d'une part, la vitesse du mobile, sa forme et
sa taille, les caractéristiques de sa trajectoire, l'éclairement de la figure
et du fond, leurs couleurs (ou leur contraste) ; d'autre part, la distance
d'observation, l'observation mono- ou binoculaire, périphérique ou
maculaire, la fixation du regard ou sa mobilité, la durée d'observation.
Mais Pollock, comme Kennedy, souligne que l'influence de toutes ces
variables n'a pas été testée dans des conditions comparables et il se
garde de les ordonner. D'autres auteurs font encore intervenir l'expé
rience passée — expression dont le sens n'est pas toujours clairement
défini (Neff, 1936 ; Krolik, 1934) ; le développement génétique — conçu
comme maturation nerveuse (Gesell et coll., 1949) ou acquisitions suc
cessives et intégrantes de nouvelles structures (Wapner et Werner, 1957 ;
Piaget et coll., 1958) ; voire même la personnalité (Johansson et coll.,
1955 ; Duremann et coll., 1955).
A l'épreuve de chacune de ces variables dans une situation expéri
mentale déterminée, s'oppose, semble-t-il, une raison d'économie : le
rôle de certaines — telles la forme et la taille du stimulus, la distance
d'observation la vision mono- ou binoculaire — a été étudié dans les
perceptions d'objet et d'espace et il n'y aurait pas lieu de leur attribuer,
dans le cas où l'objet est mobile, un statut particulier ; certaines autres
paraissent moins interdépendantes et sont privilégiées : ainsi la vitesse
considérée comme la dimension intensive du mouvement, alors qu'il
en existe une autre : l'amplitude, mais qui se définit de manière plus
complexe en fonction non seulement des données spatio-temporelles,
mais encore de la forme du mouvement et de sa vitesse elle-même.
Nous admettrons, dans cette étude, qu'il y a perception du mouve
ment lorsque, à vitesse constante, il y a perception d'un déplacement
estimé soit qualitativement par sa direction ou sa forme, soit quantita
tivement (au sens large) par la discrimination d'un écart spatial par BLOCK KT C. BONNET. LA PERCEPTION DU MOUVEMENT 233 II.
rapport à un point fixe de référence ; nous parlerons de perception de
la vitesse quand le déplacement est évalué, soit qualitativement en
termes de « dépassement », soit quantitativement en termes de durée
ou longueur de la trajectoire. Cette distinction intéresse l'expérimentat
eur ; rien ne permet de penser que le sujet la fait aussi nettement.
Longueur et durée de la trajectoire sont le plus souvent considérées
par rapport à une position fixe du sujet à distance et la vitesse est
indiquée en unités angulaires. Nous nous conformerons à cette tradition.
I. — LES INDICES ÉLÉMENTAIRES
DE LA PERCEPTION DU MOUVEMENT
ET DE LA VITESSE
1) Limites de la perception du mouvement
Comme dans l'étude de toute variable quantitative, nous débuterons
par l'examen des limites de la perception du mouvement. Dans ce
cadre des seuils absolus, nous allons voir interagir deux facteurs :
l'espace parcouru par le mobile et sa vitesse. Exner (1898) établit
qu'à trop petite vitesse nous ne voyons pas s'effectuer un déplacement,
mais nous pouvons Vinférer à partir d'un changement de position dans
l'espace. A trop grande vitesse, il se produit une fusion des images rét
iniennes et nous percevons alors un objet continu et stationnaire1. Entre
ces deux bornes, de nature physiologique, se situent les vitesses où
l'objet est perçu de façon directe comme mobile. Cette classification
en trois niveaux est reprise et justifiée dans les travaux de R. H. Brown
(Brown et Baldwin, 1954 a et b ; Brown, 1955). C'est à Graham
(1951-1963) que revient le mérite d'avoir, pour les seuils inférieurs de
mouvement, distingué deux types : les seuils de déplacement et les
seuils de vitesse.
a) Les seuils de déplacement. — Dans ces mesures on détermine,
à vitesse constante, la plus petite distance (généralement angulaire)
à partir de laquelle on perçoit qu'un mobile s'est déplacé par rapport à
un point fixe (Dubois-Poulsen, 1952).
Ces seuils ont été souvent étudiés jusqu'aux années cinquante, sans
qu'il soit possible de faire ressortir beaucoup de cohérence entre les
r&

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