La perception visuelle chez les débiles mentaux - article ; n°1 ; vol.68, pg 209-230
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Description

L'année psychologique - Année 1968 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 209-230
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Stambak
Marie-Germaine Pêcheux
La perception visuelle chez les débiles mentaux
In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°1. pp. 209-230.
Citer ce document / Cite this document :
Stambak M., Pêcheux Marie-Germaine. La perception visuelle chez les débiles mentaux. In: L'année psychologique. 1968 vol.
68, n°1. pp. 209-230.
doi : 10.3406/psy.1968.27605
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1968_num_68_1_27605'
LA PERCEPTION VISUELLE
CHEZ LES DÉBILES MENTAUX
par M. Stambak et M. G. Pêcheux
Service de Neuropsychologie pathologique de VEnfant
(Hôpital Henri-Rousselle )
On sait combien est complexe le problème du rôle de l'intelligence
dans la perception. Si aucune activité intellectuelle ne paraît entrer en
ligne de compte dans les perceptions primaires1, résultats d'une seule
centration du regard, à l'opposé les capacités du sujet percevant à
établir des relations interviennent indubitablement lors d'une tâche
visuo-motrice où le sujet doit reconstruire la figure perçue. Dès lors,
l'étude des débiles, définis globalement comme ayant une efficience
intellectuelle faible — un Q.I. inférieur à 75 — peut permettre de
mieux évaluer le rôle des facteurs intellectuels dans les différentes
tâches perceptives. Mais la définition même du groupe pathologique
appelle deux remarques :
1. L'ensemble des études sur l'évolution génétique des perceptions
s'accorde pour situer vers 10-11 ans le plafond des acquisitions en ce
domaine. Or les débiles ont précisément un âge mental au maximum
égal à 10-11 ans. Étudier le poids des facteurs intellectuels dans la
perception chez les débiles reviendra alors à envisager le rôle du niveau
de développement, exprimé par l'âge mental. De plus, l'écart entre
âge mental et âge réel, caractéristique de la débilité, peut mener, dans
le domaine de la perception comme dans les autres domaines, à des
structures spécifiques où le niveau de développement intellectuel, la
maturation somatique, la quantité et la qualité des apprentissages
jouent des rôles particuliers. C'est dire qu'une étude des activités
perceptives chez le débile ne peut pas se situer hors d'une perspective
essentiellement génétique.
2. Dans la mesure où les processus sensoriels et l'intégration cor
ticale sont fondamentaux dans les perceptions, l'étiologie de la défi
cience paraît avoir une importance particulière dans l'interprétation
des performances des débiles aux activités perceptives. Cette difïéren-
1. Nous nous référons ici à la terminologie de Piaget, à partir des défi
nitions données dans Logique et équilibre {Études d épistémologie génétique,
t. II, 1957).
A. PSYCHOL. 68 14 REVUES CRITIQUES 210
ciation du groupe des débiles, en fonction de la présence et du type d'une
atteinte organique, permettra de mieux évaluer le poids des facteurs
physiologiques dans les activités perceptives.
De nombreux travaux, en quasi-totalité anglo-saxons, ont envisagé
ce problème de la perception visuelle chez les débiles mentaux. Au
premier abord, il paraît difficile d'en faire une synthèse : les principes
de sélection du groupe expérimental varient d'une étude à l'autre, les
situations expérimentales, les tâches à accomplir sont très différentes.
La multiplicité des recherches qui se groupent sous cette rubrique
souligne l'ambiguïté de ce terme de « perception ». Cette notion pourra
être éclairée en passant en revue les différentes activités qui ont été
utilisées pour étudier les processus perceptifs chez les débiles. Notons
simplement que nous avons exclu de cette revue les travaux où les
activités perceptives n'étaient que le moyen d'étudier d'autres processus
cognitifs (mémoire à long terme, apprentissage, formation de concepts),
et où il est extrêmement difficile d'apprécier le poids des facteurs
perceptifs.
Nous envisagerons d'abord les travaux dans lesquels la méthode
pathologique éclaire le problème de la perception et dont les résultats
peuvent s'intégrer à une théorie psychologique générale. Nous verrons
ensuite quels éléments apporte à la connaissance des processus patho
logiques la différenciation des débiles selon l'étiologie de la déficience
et les troubles associés.
I. — LA SPÉCIFICITÉ DES PROCESSUS PERCEPTIFS
DANS LA DÉBILITÉ MENTALE
Nous tenterons d'exposer les résultats obtenus sur des débiles en
allant des tâches les plus simples aux tâches les plus complexes faisant
intervenir l'intelligence et la motricité, mais il est évident que cette
ordination est extrêmement difficile et sujette à caution.
A) Fréquence critique de fusion, mouvement « <p »
ET EFFETS CONSÉCUTIFS FIGURAUX
On sait que dans son interprétation théorique des lois de la Gestalt,
Koehler accorde un rôle capital au champ cérébral, isomorphe au
champ physique et au champ perceptif. Quand la fixation du stimulus
se prolonge, l'activité électrique des cellules excitées provoque leur
polarisation : Koehler introduit alors le concept de saturation, qui rend
compte de l'évolution temporelle des perceptions. Les figures perçues
par différents sujets à partir d'un stimulus donné ne seront pas iden
tiques si l'état de l'organisme des sujets — et en particulier la vitesse
de polarisation des cellules cérébrales — est différent. L'étude des
sujets présentant un déficit cérébral présente alors un grand intérêt.
Le modèle de Koehler avait été élaboré principalement à partir STAMBAK ET M. G. PÊCHBUX 211 M.
d'études portant sur l'évolution temporelle des illusions optico-géomé-
triques et sur les effets consécutifs flguraux, et appliqué aux figures
réversibles. C'est ce type d'épreuves que Spitz (1963) et ses collabo
rateurs reprennent pour mettre en évidence les caractéristiques de
l'activité cérébrale spécifique aux débiles mentaux.
Sur de telles prémices, on aurait pu penser que la différenciation
des débiles en fonction de l'étiologie aurait ici une importance parti
culière. Dès le début de son œuvre, Spitz souligne le caractère artificiel
d'une telle différenciation, posant que toute faiblesse de l'efficience
intellectuelle, exprimée par un Q.I. inférieur à 70, est due à un déficit
cérébral, lésionnel ou fonctionnel, et que les catégories étiologiques sont
à faire par l'analyse de ce déficit organique toujours présent dans les
cas de débilité. Les sujets des études de Spitz sont donc sélectionnés
uniquement sur la base du Q.I.
Les premières recherches qui portent sur les effets consécutifs de
spirale (S.V.A.) ne vérifient pas l'hypothèse d'un déficit perceptif chez
les débiles mentaux.
Une recherche de Spitz et Lipman (1959) porte sur 32 sujets débiles,
sans différenciation étiologique, les Q.I. variant de l'imbécillité à la
débilité légère. Le temps d'imprégnation varie de 2 à 20 secondes, et
on relève le nombre d'essais où l'effet consécutif est signalé. Les auteurs
arrivent à deux résultats :
— neuf sujets expérimentaux qui n'ont jamais reporté de S.V.A.
ont un Q.I. moyen de 49, les autres sujets ayant un Q.I. moyen
de 60 ;
— les sujets masculins normaux et les filles débiles signalent plus
souvent la perception de S.V.A. que les normales et les garçons
débiles. Aucune explication n'est malheureusement proposée à
cette surprenante découverte statistique.
Spivack et Lévine (1959, 1961) comparent deux groupes de sujets,
les uns présentant une atteinte organique et les autres n'en présentant
pas, les deux groupes comprenant des débiles et des non débiles. Étu
diant la présence de S.V.A. et la durée de cet effet en fonction de la
durée d'imprégnation et de la vision binoculaire ou monoculaire, les
auteurs concluent que le Q.I. ne joue pas sur les performances à ce
type de tâche.

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