La peur est-elle un bon moyen pour modifier les attitudes et les comportements ? - article ; n°1 ; vol.77, pg 225-238
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Description

L'année psychologique - Année 1977 - Volume 77 - Numéro 1 - Pages 225-238
Résumé
La peur est-elle un moyen efficace de persuasion ? Depuis les premières recherches de Janis en 1953, les recherches ont montré l'importance de quatre catégories de variables : les caractéristiques du message lui-même, les relations des sujets avec le domaine concerné, les traits psychologiques des sujets, notamment l'anxiété et l'estime de soi, et les critères choisis pour évaluer l'efficacité du message. Aucune recherche ne prend en considération, comme variable expérimentale, la peur réellement créée. Différents modèles ont été proposés pour faire la synthèse des résultats.
Summary
Is fear arousal an effective means of persuasion ? Since Janis first work in 1953, evidence from psychological research has shown the importance of four sets of variables : characteristics of the message itself, interest of the audience for the message, psychological characteristics of the subjects, specially their level of anxiety and self-esteem, and criteria chosen to eva-luate the efflciency of the message. No research seeks to control fear which is really aroused. Different models have been proposed as a synthesis of the results.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

C. Lévy-Leboyer
G. Moser
La peur est-elle un bon moyen pour modifier les attitudes et les
comportements ?
In: L'année psychologique. 1977 vol. 77, n°1. pp. 225-238.
Résumé
La peur est-elle un moyen efficace de persuasion ? Depuis les premières recherches de Janis en 1953, les recherches ont
montré l'importance de quatre catégories de variables : les caractéristiques du message lui-même, les relations des sujets avec
le domaine concerné, les traits psychologiques des sujets, notamment l'anxiété et l'estime de soi, et les critères choisis pour
évaluer l'efficacité du message. Aucune recherche ne prend en considération, comme variable expérimentale, la peur réellement
créée. Différents modèles ont été proposés pour faire la synthèse des résultats.
Abstract
Summary
Is fear arousal an effective means of persuasion ? Since Janis first work in 1953, evidence from psychological research has
shown the importance of four sets of variables : characteristics of the message itself, interest of the audience for the message,
psychological characteristics of the subjects, specially their level of anxiety and self-esteem, and criteria chosen to eva-luate the
efflciency of the message. No research seeks to control fear which is really aroused. Different models have been proposed as a
synthesis of the results.
Citer ce document / Cite this document :
Lévy-Leboyer C., Moser G. La peur est-elle un bon moyen pour modifier les attitudes et les comportements ?. In: L'année
psychologique. 1977 vol. 77, n°1. pp. 225-238.
doi : 10.3406/psy.1977.30436
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1977_num_77_1_30436Année psijchol.
1977, 77, 225-238
LA PEUR EST-ELLE UN BON MOYEN
POUR MODIFIER LES ATTITUDES
ET LES COMPORTEMENTS?
Bilan de recherches (1953-1976)
par G. Levy-Leboyer et G. Moser1
Laboratoire de Psychologie des Organisations2
Institut de Psychologie, Université René-Descartes
SUMMARY
Is fear arousal an effective means of persuasion ? Since Janis first
work in 1953, evidence from psychological research has shown the impor
tance of four sets of variables : characteristics of the message itself, interest of
the audience for the message, characteristics of the subjects,
specially their level of anxiety and self-esteem, and criteria chosen to eva
luate the efficiency of the message. No research seeks to control fear which is
really aroused. Different models have been proposed as a synthesis of the
results.
Quels moyens sont efficaces pour influencer les attitudes et faire
changer les comportements ? C'est là une question qui est de plus en plus
fréquemment posée aux psychologues : il leur est demandé de désigner
les arguments qui portent, de choisir les médias, les faits qui persuadent
et la meilleure manière de les présenter. Ces problèmes ne doivent pas
être confondus avec ceux que pose la publicité commerciale. Dans ce
dernier cas il s'agit de vendre un produit ou de créer un besoin. le
premier, celui qui nous intéresse ici, le but est désintéressé puisqu'on
cherche à faire adopter par les individus de « bonnes » pratiques destinées
à préserver leur santé et à les protéger. C'est ainsi que des organismes
publics, ou des associations sans but lucratif, entreprennent des actions
1. Ce bilan bibliographique a été réalisé dans le cadre d'un contrat de
recherches avec le Haut Comité d'Etudes et d'Informations sur l'alcoolisme
(Convention DGRST n° 75 7 07 24).
2. 28, rue Serpente, 75006 Paris.
A. PSYCHOL. 77 8 226 REVUES CRITIQUES
concernant les dangers de l'alcool ou du tabac, l'utilisation des ceintures
de sécurité dans les voitures, l'hygiène alimentaire, la prophylaxie du
cancer, la vaccination contre les maladies épidémiques et, plus récem
ment, la limitation des naissances et les économies d'énergie.
Ce type d'intervention soulève évidemment — comme toute psychol
ogie appliquée — des problèmes de deux ordres — déontologique et
technique. Seul l'aspect technique sera considéré ici. Mais cela n'implique
pas qu'on sous-estime l'importance des aspects déontologiques. Aucune
intervention destinée à modifier des opinions, des attitudes ou des
conduites individuelles ne devrait être entreprise sans que le psycho
logue ait eu la possibilité de juger personnellement la cause qu'il va contri
buer à défendre et d'évaluer librement la légitimité de l'action dans
laquelle il s'engage. Cet impératif moral est facile à énoncer, mais ses
difficultés d'application méritent une étude indépendante. Ceci, tout
particulièrement, dans le cas de la peur utilisée comme moyen de per
suasion ; car le problème moral est double : non seulement la finalité de
l'action, mais la légitimité des moyens utilisés, qui risquent de perturber
l'équilibre individuel.
Comment inciter les individus à se protéger ? Il semble logique de les
informer ; c'est-à-dire de leur montrer les conséquences des conduites
fautives — celles qu'on cherche à modifier. De là à faire peur (« Si vous ne
faites pas ce que je vous conseille, voilà ce qui va vous arriver »), il n'y a
qu'un pas, vite franchi. De fait, la peur a longtemps été considérée,
a priori, comme un principe éducatif efficace. Mais les découvertes de la
psychologie sociale, et plus encore les remises en cause fondées sur les
idées neuves apportées par la psychanalyse ont ébranlé cette notion et
ont conduit à chercher d'autres moyens pour modifier les attitudes et les
comportements.
Il y a cinquante ans, un argument qui effraye beaucoup aurait été
adopté sans autre examen parce qu'on le jugeait plus « fort » et plus
convaincant. Aujourd'hui, les organisateurs des campagnes d'informa
tion hésitent et demandent aux psychologues si la peur est un bon argu
ment qui va effectivement frapper l'imagination, détourner des pratiques
nocives et faire adopter des conduites désirables. Ou si, au contraire, les
personnes à qui on fait peur vont se protéger en ignorant l'information
qui leur est donnée, en l'oubliant rapidement ou encore en refusant de se
sentir concernées par les conseils donnés. Pouvons-nous répondre à leurs
questions ?
Cela serait facile si les résultats expérimentaux publiés étaient assez
homogènes pour justifier une doctrine cohérente et conseiller des stra
tégies adéquates. Malheureusement, le bilan n'est pas aussi clair qu'on le
souhaiterait. Les manuels de psychologie sociale traitent souvent cette
question en mettant l'accent sur les premières expériences réalisées
dans ce domaine, notamment sur celle de Janis et Feshbach (1953). Ces
auteurs ont préparé trois conférences contenant chacune la même infor- C. LEVY-LEBOYER ET G. MOSER 227
mation sur les causes de la carie dentaire et les mêmes recommandations
sur l'hygiène dentaire. Les trois conférences ne se distinguent que par la
quantité de données traumatisantes qu'elles contiennent. La première
souligne les conséquences douloureuses de la carie dentaire et des malad
ies des gencives ; la seconde décrit ces mêmes dangers en termes plus
modérés ; la troisième se contente d'une information très neutre. Les
diapositives qui illustrent ces trois conférences sont également conçues
pour faire plus ou moins peur. Dans le premier cas, on présente aux spec
tateurs des photographies réalistes d'infections dentaires. Dans le second
cas, les exemples choisis sont moins impressionnants. Enfin, dans le
troisième, les images sont aussi neutres que possible. Les questionnaires
pré et postexpérimentaux ont montré que l'effet voulu était atteint et
que la peur ressentie était différente dans les trois cas. Pourtant, les
résultats obtenus ont été contraires à ce qu'attendaient les expériment
ateurs : une semaine après, ce sont les sujets du groupe soumis à la confé
rence la moins effrayante qui affirment, le plus souvent, avoir changé
leur comportement (36 %) alors que dans le groupe qui a assisté à la
conférence destinée à faire peur on ne change de comportement que
dans 8 % des cas.
En apportant ces documents inattendus, Janis et son équipe de
chercheurs ont ouvert un débat sur la peur comme moyen de persuasion.
Les recherches dans ce domaine ont été particulièrement nombreuses

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