La réforme agraire et les difficultés de l agriculture collective au Mexique - article ; n°15 ; vol.4, pg 407-417
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Description

Tiers-Monde - Année 1963 - Volume 4 - Numéro 15 - Pages 407-417
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Jean Sirol
La réforme agraire et les difficultés de l'agriculture collective au
Mexique
In: Tiers-Monde. 1963, tome 4 n°15. pp. 407-417.
Citer ce document / Cite this document :
Sirol Jean. La réforme agraire et les difficultés de l'agriculture collective au Mexique. In: Tiers-Monde. 1963, tome 4 n°15. pp.
407-417.
doi : 10.3406/tiers.1963.1346
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1963_num_4_15_1346LA RÉFORME AGRAIRE
ET LES DIFFICULTÉS
DE L'AGRICULTURE COLLECTIVISÉE
AU MEXIQUE
par Jean Sirol (i)
Le Mexique vient de commémorer avec un grand éclat, le 47e annivers
aire de la promulgation par Carranza, le 6 janvier 191 5, de la première
loi agraire révolutionnaire devenue en 191 7 l'article 27 de la Constitution.
Il s'agissait de rien moins que de mettre fin au système féodal des haciendas
et de répartir entre les cultivateurs les terres sous forme âyejidosy soit en
usage collectif soit en usage individuel, tout en conservant parallèlement
la propriété privée, mais en la limitant.
Sans doute, Morelos et Hidalgo, dès 18 10, au moment de l'ind
épendance, puis la Constitution de 1856 avaient-ils déjà essayé de lutter
contre l'accaparement des terres, mais sans succès, puisqu'à la veille de
la Révolution, la quasi-totalité des superficies cultivables était dans les
mains de 834 grands propriétaires fonciers, dont certains possédaient des
domaines de 50, 80, 100 000 ha et plus. Aussi bien, la grande Révolution
de 1910 renversant la dictature de Porfirio Diaz fut-elle agraire dans son
origine. Un de ses chefs les plus représentatifs Emiliano Zapata, dont
les troupes marchaient au cri de « Terre et Liberté », opéra de sa
propre autorité une redistribution des terres dans l'État de Morelos.
Le plan d'Ayala, le 28 novembre 191 1, affirmait le droit des cultivateurs
sur les latifundia. C'est à ce monopole de la possession du sol que la Révo-
(1) Professeur agrégé des Facultés de Droit. Actuellement professeur à l'Université
autonome de Mexico.
407 JEAN SIROL
lution allait d'abord s'attaquer en « restituant la terre à ses légitimes
détenteurs, l'État en étant le propriétaire ».
Tous les gouvernements qui ont succédé à Carranza n'ont cessé
d'affirmer leur volonté inébranlable de suivre le chemin tracé par les
révolutionnaires de 1910 et la Constitution de 1917. La foi ardente du
peuple mexicain dans les principes posés par la Révolution ayant acquis
la force d'un véritable credo \ n'aurait guère permis qu'ils s'en écartassent
et on peut affirmer que si, à la différence de toutes les autres Républiques
sud-américaines, le Mexique a connu une extraordinaire stabilité sociale
et politique, raison de son progrès économique, c'est d'abord grâce à sa
révolution agraire, qui a fait du cultivateur un homme libre alors qu'il
était un serf sous le régime ancien des haciendas.
Une question vient néanmoins à l'esprit. Si 47 ans après la loi du
6 janvier 191 5, on déclare toujours qu'il faut réaliser la révolution agraire ;
si le général Cardenas, la revue Politica et bien d'autres publications peu
vent déclarer : « Le Mexique est encore aujourd'hui un pays de latifundia » ;
si un des plus grands journaux de la capitale sympathisant à la cause de
la Révolution écrit dans une édition spéciale pour l'anniversaire de la
réforme agraire : « Éducation limitée ou nulle, alimentation, vêtements
et habitations misérables sont encore dans de nombreuses parties du pays
les indices négatifs qu'il faut absolument faire disparaître », ne peut-on pas
parler tout au moins d'un demi-échec ? Et le président Calles n'avait-il pas
raison de déclarer en 1930 : « La réforme agraire est en faillite. »
Au Mexique, comme en U.R.S.S. ou en Chine, la terre n'offrirait-elle
pas une résistance exceptionnelle aux meilleures intentions des réfo
rmateurs sociaux ? C'est ce que nous nous proposons de voir en étudiant
d'abord la structure de l'agriculture mexicaine et ses résultats, puis la
crise actuelle.
STRUCTURE DE b' AGRICULTURE MEXICAINE
a) Secteur privé. — La propriété privée est formellement garantie
par l'article 27 de la Constitution, et le Code agraire du 22 mars 1934.
Quoique selon les États, il existe des différences, la loi la limite dans les
conditions suivantes :
— 100 ha pour les terres irrigables ;
— 200 ha les non irrigables ;
408 LA RÉFORME AGRAIRE AU MEXIQUE
— 300 ha pour la culture de : banane, cacao, café, sucre, caoutchouc,
vigne, etc. ;
— 400 ha pour les pâturages d'été de première qualité ;
— 800 ha les de montagne.
Mais on peut également obtenir le droit de posséder de 50 a 100 ha
par membre supplémentaire de la famille, et dans les régions de grand
élevage, les États tolèrent des propriétés privées de 40, 50 000 ha et par
fois davantage. Sur cette base juridique, comment se répartissent en fait
les terres ?
Si nous les considérons d'abord sans distinction de leur mode de
culture : irriguées ou « de temporal », c'est-à-dire arrosées seulement par
les pluies, ou leur emploi : terres de culure, pâturages ou forêts, le dernier
recensement officiel, qui date de 1950, donnait les chiffres suivants :
sur 53 millions d'hectares, qui représentent à peu près la moitié de la
superficie totale des terres évaluées à 106, 1 661 propriétaires possèdent
des domaines d'une étendue supérieure à 10 000 ha et 551 des domaines
de plus de 5 о ооо ha.
Les grandes propriétés de plus de 10 000 ha représentent 61 % de la
superficie totale dans l'État de Chihuahua ; 67 % dans l'État de Coahuila ;
71 % dans l'État de Campêche et 97 % dans l'État de Quintana Roo.
La propriété privée s'étendait sur 11 millions d'hectares de terres
cultivables, dont 7 millions des meilleures appartenaient seulement
à 5 % de propriétaires.
b) Secteur collectif. — II existe 20 000 ejidos (1) d'une superficie totale
de 39 millions d'hectares comprenant, 9 millions d'hectares de forêts,
3 millions d'hectares de terres incultes, 9 de terres cultivables
et un million seulement de terres irriguées. Cinq cent mille ejidatarios
ont en jouissance des domaines de moins de 1 ha ; deux cent mille
disposent de domaines de 1 à 5 ha ; mais deux millions à 'ejidatarios seul
ement ont des titres et les terres correspondantes, tandis que trois millions
de travailleurs agricoles vivent sans aucun titre sur aucune terre.
Même en acceptant une marge d'erreurs dans ces statistiques, elles
font apparaître ce que tous les journaux mexicains et les observateurs
étrangers ont maintes fois déclaré : « La réforme agraire est sous bien des
aspects, un échec. » Depuis son arrivée au pouvoir en 1958, le président
Lopez Mateos a fait un effort intelligent et considérable pour réaliser la
(1) En 1963, :es istimatiora officieuses donnent le chiffre de 24000 ejidos.
409 JEAN SIROL
révolution agraire et mettre fin aux abus de toutes sortes qui se produisent
dans les campagnes. Il n'existe malheureusement à ce jour aucune stati
stique officielle permettant de mesurer le chemin parcouru. On peut
estimer néanmoins que ont été répartis plus de 10 millions d'hectares,
attribués un chiffre élevé de titres de propriétés aux petits cultivateurs
et morcelés un très grand nombre de grands domaines dont l'existence
était contraire à la loi.
Quels sont les résultats de l'agriculture mexicaine ? C'est ce que nous
allons voir maintenant.
D'une façon générale, on peut dire que Yejido produit mal. Les rende
ments moyens sont faibles (i). Les récoltes obtenues dans les propriétés
privées sur des terres bien exploitées et irriguées dissimulent des pro
ductions souvent insuffisantes. « On peut estimer, dit un spécialiste des
questions agricoles, que sur une surface à peu près égale, Yejido produit
à peine la moitié de ce que donne la propriété privée. » « Dans certaines
régions, le rendement n'est guère supérieur à ce qu'il était il y a 50 ans.
Les salariés agricoles sont trop souvent exploit&#

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