La représentation de la littérature française du Moyen Age dans l historiographie romantique - article ; n°1 ; vol.47, pg 193-213
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1995 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 193-213
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michael Glencross
La représentation de la littérature française du Moyen Age dans
l'historiographie romantique
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1995, N°47. pp. 193-213.
Citer ce document / Cite this document :
Glencross Michael. La représentation de la littérature française du Moyen Age dans l'historiographie romantique. In: Cahiers de
l'Association internationale des études francaises, 1995, N°47. pp. 193-213.
doi : 10.3406/caief.1995.1872
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1995_num_47_1_1872LA REPRÉSENTATION
DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
DU MOYEN AGE DANS
L'HISTORIOGRAPHIE ROMANTIQUE
Communication de M. Michael GLENCROSS
(University College of Ripon and York St John)
au XLVIe Congrès de l'Association, le 20 juillet 1994
La réhabilitation du Moyen Age figure parmi les dé
finitions classiques, si l'on peut dire, du romantisme
français. Or, il peut sembler à première vue paradoxal
d'associer un mouvement épris de liberté en littérature
comme en politique avec la nostalgie d'une période de
l'histoire imprégnée de traditions et d'autorité, marquant
l'apogée du pouvoir de l'Église et de la royauté. Cette
appropriation de l'époque médiévale n'est pas cependant,
loin s'en faut, l'apanage des libéraux. A l'origine, elle
est plutôt le propre des partisans du trône et de l'autel.
Le Moyen Age sert en effet de révélateur de l'évolution
idéologique du romantisme qui fait de ce mouvement
réactionnaire et aristocratique du début de la Restau
ration un des courants d'idées de la révolution de 1830.
Du côté libéral, ce retour des esprits vers le passé mé
diéval s'amorce en premier chez les historiens romanti
ques français, notamment Thierry et Barante, qui s'ins
pirent directement du succès des romans historiques de 194 MICHAEL GLENCROSS
Scott pour faire une nouvelle histoire fondée sur le
récit pittoresque empreint de couleur locale. Vers la fin
des années 1820, un historien comme Guizot se tournera
vers les institutions sociales et politiques du Moyen
Age pour y trouver l'identité et la continuité de la civi
lisation européenne et plus particulièrement française.
Ces thèmes essentiels de l'historiographie romantique
que sont la recherche des origines de la nation, le conflit
des races et la lutte des classes se nourrissent abondam
ment de l'étude du Moyen Age français (1).
Les relations entre le discours de l'histoire et le dis
cours de la littérature constituent en effet un sujet com
plexe et passionnant, surtout au début du XIXe siècle
(2). Du temps du classicisme, l'historiographie relevait
des belles-lettres et le discours historiographique devait
respecter les règles de la forme et du style qui incom
baient aux œuvres littéraires, quelle que soit la matière
à étudier. La pratique de l'historiographie se transforme
pendant les années 1820 avec les succès de l'école nar
rative de Barante et de Thierry. Toutefois, on peut
(1) Pour des études d'ensemble sur l'historiographie romantique, voir B.
Réizov, L'Historiographie romantique française, Moscou, Éditions en langues
étrangères, [1963], J. Walch, Les Maîtres de l'histoire 1815-1850, Ge
nève / Pans, Slatkine, 1986 et C. Crossley, French Historians and Romantic
ism, Londres, Routledge, 1993. Voir aussi deux essais brillants de Marcel
Gauchet, «Les Lettres sur l'Histoire de France d'Augustin Thierry», in Les
Lieux de mémoire, II. La Nation**, p 247-316, éd P Nora, Pans, Gallimard,
1986, ainsi que l'introduction de son recueil Philosophie des sciences histo
riques, Lille, Presses Universitaires, 1988
(2) Sur ce thème en général, voir R. Barthes, « Le discours de l'histoire »,
Poétique, n° 49 (1982), p 13-21. Sur l'application de l'analyse du récit à
l'historiographie romantique, on peut aussi consulter les études suivantes:
S. Bann, «A cycle in historical discourse», dans son livre The Clothing of
Clio. A Study of the Representation of History in Nineteenth- Century
Britain and France, Cambridge, University Press, 1986, et A. Rigney, The
Rhetoric of Historical Representation, Cambridge, University Press, 1990.
Sur les rapports entre l'historiographie et la littérature à l'époque romantique,
voir divers articles de Lionel Gossman recueillis dans son Between History
and Literature, Cambridge, Mass. / Londres, Harvard University Press,
1990. LITTÉRATURE MÉDIÉVALE DANS L'HISTOIRE ROMANTIQUE 195
soutenir que le discours historiographique reste tributaire
des formes du littéraire.
Cependant, si l'écriture de l'histoire subit les effets
de la mode romantique, la critique littéraire, pour sa
part, s'allie dès le début du siècle à l'histoire. C'est ainsi
qu'en 1807 reprennent les travaux de Y Histoire littéraire
de la France interrompue par la Révolution et que paraît
vers la fin de l'Empire un ensemble de travaux tels que
YHistoire littéraire d'Italie de Ginguené, Idéologue en
qui un critique moderne voit le fondateur de la critique
littéraire historique (3). Cette nouvelle approche du fait insiste sur les rapports entre la littérature et la
société et se résume dans la phrase célèbre qui, n'en
déplaise à son inventeur l'anti-romantique Bonald, de
viendra le cri de ralliement de la nouvelle école : la
littérature est l'expression de la société. L'histoire investit
donc le discours de la critique littéraire et le champ
d'études de l'historien de la littérature s'élargit pour
traiter la production d'époques autrefois négligées, à
commencer par celle du Moyen Age.
Le sujet qui m'intéresse donc ici est le lieu de rencont
re de deux pratiques a priori distinctes, celle de l'hi
storien et celle du critique littéraire, vues à travers ce
qu'on pourrait appeler une étude de cas, la représenta
tion de la littérature médiévale de la France. Par cette
étude j'espère démontrer ce que l'historiographie de l'
époque dite romantique doit à certaines tendances du
romantisme en général, et comment le romantisme lui-
même est sujet à l'évolution sinon aux contradictions.
Devant la diversité et la multiplicité de la production
historiographique de l'époque qui nous intéresse, le pro
blème est d'opérer un choix qui, sans tomber dans l'ar-
(3) Voir M. Régaldo, «Un Breton méconnu: Ginguené, fondateur de l'his
toire littéraire», in Missions et démarches de la critique Mélanges offerts
au Professeur J.A. Vter, Pans, Khncksieck, 1973, p. 77-90. 196 MICHAEL GLENCROSS
bitraire, traduise à la fois ses divergences et ses conver
gences. Pour les besoins de cette étude partielle et ponct
uelle j'ai retenu l'œuvre de trois historiens qui ont été
négligés dans la plupart des études récentes : Sismondi
(1773-1842), Fauriel (1772-1844), et Marchangy (1782-
1826) (4). Il s'agit donc d'étudier trois écrivains qui, de
l'avis de leurs contemporains, avaient joué un rôle im
portant dans l'étude et dans la représentation du Moyen
Age. Les deux premiers appartiennent au courant in
tellectuel et littéraire de la génération libérale d'avant
1830, alors que Marchangy représente la tendance royal
iste du début de la Restauration. Dans leurs lectures
respectives de la littérature médiévale nous assistons à
la création d'une certaine idée du Moyen Age, qui tra
duit bien sûr les convictions et les incertitudes du début
du XIXe siècle.
* *
Issus de milieux assez différents, l'un né dans une
famille d'artisans de Saint-Etienne, l'autre Genevois et
fils de pasteur, Fauriel et Sismondi sont contemporains
à un an près et ont été marqués par les mêmes événe
ments historiques. Ils partagent aussi les valeurs
(4) Dans les études modernes sur l'historiographie romantique seul Réizov
consacre un chapitre à Sismondi (op. cit. p. 45-82) et quelques pages à
Marchangy (p 696-702) L'œuvre de Sismondi a fait l'objet des deux collo
ques suivants . Am del colloquio internazwnale sul Sismondi, Rome, Acca-
demia Nazionale dei Lincei, 1973 (voir surtout l'ex

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