La république des lettres des temps modernes  - article ; n°1 ; vol.121, pg 92-103
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Description

Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1998 - Volume 121 - Numéro 1 - Pages 92-103
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Victor Karady
La république des lettres des temps modernes
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 121-122, mars 1998. pp. 92-103.
Citer ce document / Cite this document :
Karady Victor. La république des lettres des temps modernes . In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 121-122,
mars 1998. pp. 92-103.
doi : 10.3406/arss.1998.3248
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1998_num_121_1_3248Victor Karady
LA RÉPUBLIQUE DES LETTRES
DES TEMPS MODERNES
L'internationalisation des marchés universitaires occidentaux
avant la Grande Guerre
i le réseau des universités européennes a fonc élève des barrières face à l'afflux d'étudiants étrangers,
tionné dès sa fondation au haut moyen âge d'autant que les pouvoirs publics de certains États inter
comme un marché international par définition disent parfois la fréquentation d'universités étrangères,
ouvert - sans distinctions ethniques, culturelles ou poli ou du moins en restreignent le cercle pour des raisons
tiques - à tous les candidats solvables, ou du moins politiques. De toute façon, les non-nationaux doivent
pourvus des compétences intellectuelles regardées désormais s'obliger à une certaine acculturation, à
comme indispensables aux études (à commencer par la moins que les établissements en question ne sélection
connaissance du latin), ce dispositif unifié a connu deux nent dès l'abord préférentiellement ou exclusivement
les candidats présentant des signes déjà objectivés d'in- grands moments historiques de fragmentation. La
Réforme a introduit une division entre les universités digénat culturel (même langue maternelle ou formation
des pays protestants et celles des pays catholiques certifiée dans la langue des études).
(compte tenu du fait que les régions de la chrétienté Ce rappel historique sommaire fait comprendre
orientale n'ont pas créé d'institutions de ce genre avant pourquoi la base territoriale de recrutement des univers
ités européennes se rétrécit partout depuis le xviiie jusle xviiie siècle v) grâce à des règles plus ou moins sélec
qu'à la seconde moitié du xixe tives quant au recrutement des étudiants et des ensei siècle, en dépit de la
gnants. Puis, à partir du xvme siècle, le réseau s'est pro diversité grandissante des trois grands modèles repré
gressivement fractionné en sous-marchés nationaux par sentés par les réseaux français, allemand et britan
suite d'un triple mouvement de « nationalisation » , nique. Avec quelque 475 étudiants étrangers en 1835
contrôle étatique accru ou étatisation à proprement par (4,2 % seulement du public d'ensemble), les universités
ler (comme pour les facultés qui forment avec les lycées allemandes, alors en plein renouveau, attirent moins,
l'Université napoléonienne) ; substitution progressive en dehors des pays germaniques, que dans les siècles
des langues officielles des États-nations ou des élites précédents, selon les estimations convergentes2. Il est
vrai que les effectifs «nationaux» aussi restent à un localement dominantes au latin ; remplacement des cur
ricula et de l'appareil universitaire auparavant grande niveau modeste, même dans les sociétés les plus
« développées » sous ce rapport où les élites « cultivées » ment unitaires par des organisations académiques
propres d'après les projets de réforme et de développe
ment adoptés par les autorités de tutelle (États, gouver 1 — Les premières universités russes à Saint-Pétersbourg (1724, refonnements provinciaux, Églises). On comprend que les dues en 1819) et à Moscou (1755) suivent le modèle des établissements
vastes migrations estudiantines appartiennent au mode classiques issus de la chrétienté occidentale.
de fonctionnement normal des universités médiévales 2 - Voici en tout cas ce qui se dégage des comptages divers présentés
par un spécialiste de l'histoire des universités à l'époque moderne. Cf. et que ces mouvements se particularisent et se canali H. de Ridders-Simoens, «Mobility», in A History of the University in sent après la Réforme, selon les obédiences confessionn Europe, vol. 2, sous la direction de H. de Ridders-Simoens, Cambridge,
elles. Il va également de soi que la nationalisation Cambridge University Press, 1996, p. 416-448, surtout p. 441-442. ,
:
,
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,
La république des lettres des temps modernes 93
sont plus nombreuses. Vers les années 1880 encore, en 300 étudiants européens sur un ensemble de 26 000
dépit des réformes universitaires qui, à cette époque, dans les universités britanniques7. En second lieu les
tendent à radicalement moderniser les études supé chiffres des étudiants étrangers accusent une croissance
rieures presque partout dans l'Ouest européen (en par
ticulier en France et en Angleterre), l'accès aux filières
3 — F. K. Ringer, Education and Society in Modem Europe, Blooming- post-secondaires ne touche qu'une fraction infime
ton, Londres, Indiana University Press, 1979, p. 152. Cet auteur estime (de l'ordre de 1 %) des classes d'âge concernées 3, soit que les proportions de bacheliers passent de 0,8 % à 1,1 % en France
21 000 étudiants dans l'Empire allemand - la puissance parmi la génération âgée de 17 ans et de 0,7 % à 1,2 % en Allemagne la âgée de 19 ans entre les années 1875-1877 et 1911. académique servant de modèle aux autres de cette Remarquons que, contrairement aux attentes, ces chiffres se comparent époque -, 12 000 en France, quelque 10 000 en Grande- très défavorablement avec les taux de scolarisation supérieure calculés
Bretagne, 8 000 en Russie et 6 000 en Autriche (sans la pour l'époque moderne depuis la Renaissance. Ces taux par classes
d'âge varient en effet, pour l'Empire germanique par exemple, entre un Hongrie) et moins de 3 000 en Suisse. À part ce dernier maximum de 2,8% en 1650 et un minimum de 0,9% en 1800. Cf. M. R. pays (et en faisant abstraction de l'Autriche, empire di Simone, «Admission», in A History of the University in Europe,
op. cit., p. 311. multinational aux mécanismes de sélection universit
4 - Pour cette raison (et pour des raisons d'espace) l'Autriche a été pasaire propres4), les étudiants venant du dehors n'atte
sablement négligée dans la présente étude. En effet les universités de ignent pas, globalement, un dixième des effectifs5. À l'Empire habsbourgeois ont été singulièrement marquées par les effets,
l'Université de Moscou, de loin la plus importante de dès avant la fin du xixe siècle, des propriétés des réseaux « nationaux »
ou régionaux émergents — Autriche alpine et danubienne, Bohême, l'Empire, on ne compte pour toute la seconde moitié Hongrie, Galicie polonaise - et du maintien de la fonction dominante xixe siècle (1851-1914) qu'un total de 407 étudu long des établissements de langue allemande, en particulier des universités
diants étrangers, soit bien moins que dans une petite et grandes écoles techniques viennoises. Si ce marché a connu un
échange interrégional d'étudiants à la vérité sans égal en intensité - en université allemande, comme à Königsberg6. On peut 1880 seulement une minorité de 46% et en 1912 57% des étudiants de évaluer le poids presque négligeable de la demande l'Université de Vienne étaient issus des provinces alpines et danu
biennes —, la circulation des candidats aux études supérieures s'est laétrangère d'études en Russie, lorsqu'on sait que les
rgement limitée à l'Empire bicéphale lui-même. Pour toutes ces queseffectifs de l'Université de Moscou ont oscillé entre tions voir mes travaux suivants « De la métropole académique à
1 500 et 4 000 étudiants de 1865 et 1900 pour dépasser l'université de province. Note sur la place de Vienne dans le marché
international des études supérieures » Revue germanique internatioles 10 000 vers 1914.
nale, 1, 1994, p. 221-242; «Funktionswandel der österreichischen C'est à partir de cette analyse sommaire de l'état du Hochschulen in der Ausbildung der ungarischen Fachintelligenz vor
marché universitaire européen que l'on propose ici une und nach dem Ersten Weltkrieg » in Education and Social Structure in
Central Europe in the 19th and 20th Century, sous la direction de V. s

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