La résolution des conflits : le rôle de la Fédération de Russie - article ; n°1 ; vol.25, pg 5-32
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1994 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 5-32
Coping with conflict : the role of the Russian Federation.
The revolutionary changes of recent years that resulted in the end of the cold war, the collapse of the Soviet empire in East-Central Europe and, finally, in the very dissolution of the Soviet state have had a major impact on the role of the Russian Federation, as the major successor state to the USSR, in coping with regional conflict. Against growing domestic opposition, the current Russian leadership of President El'tsin and Foreign Minister Kozyrev has emphasized a general foreign policy of cooperation with the West as an essential element of joining the « civilized » community of nations and supporting domestic democratization and marketization.
This overall policy has resulted, officially at least, in efforts by the Russian government to emphasize negotiations and cooperation in dealing with the conflicts that have broken out in the « near abroad » - the non-Russian successor states of the former USSR. Elsewhere, in former Yugoslavia and the developing world for example, the Russian Federation has tended to play a modest direct role in regional conflict management, but a role that has generally been supportive of Western policy initiatives.
The future policy of Russia in coping with regional conflict will depend, to a substantial degree, on the outcome of the domestic power struggles in Russia. Even the liberal democratic elements represented by the present government have often found it difficult to deal with its new neighbors on the basis of sovereign equality. This is especially true because the emerging view of Russian national interests tends to conflict with the interests of the new states on Russia's borders. A more nationalist leadership in Moscow would likely be much more assertive - even aggressive - in dealing with regional conflicts in the « near abroad » and less cooperative with the West in responding to regional conflicts elsewhere in the world.
Les changements révolutionnaires de ces dernières années, qui ont abouti à la fin de la guerre froide, à l'effondrement de l'empire soviétique en Europe centrale et orientale et, enfin, à la désintégration de TÉtat soviétique, ont eu d'énormes répercussions sur la Fédération de Russie, principal État successeur de l'U.R.S.S., et son approche des conflits régionaux. Sur fond d'opposition interne croissante, le président Eltsine et le ministre des Affaires étrangères, M. Kozyrev, ont axé leur doctrine de politique étrangère sur la coopération avec l'Occident, comme moyen essentiel d'entrer dans la communauté des nations « civilisées » et de faciliter la démocratisation et la transition vers le marché en Russie.
Cette ligne politique a, du moins officiellement, poussé le gouvernement russe à privilégier la négociation et la coopération pour tenter de résoudre les conflits ayant éclaté dans le « proche étranger » (les États non russes ayant succédé aux anciennes républiques soviétiques). Ailleurs, par exemple en ex- Yougoslavie et dans le monde en développement, la Fédération de Russie a joué un rôle plus modeste dans la résolution des conflits locaux et, en règle générale, a soutenu les initiatives occidentales.
L'attitude future de la Russie à l'égard des conflits dépendra pour une large part de l'issue de la lutte interne pour le pouvoir qui y sévit. Même les éléments libéraux et démocratiques, formant le gouvernement actuel, ont souvent du mal à traiter leurs nouveaux voisins en égaux, en États souverains à part entière. Et cela d'autant plus que la conception de l'intérêt national russe, qui est en train de se forger, tend à se heurter aux intérêts des nouveaux pays bordant la Russie. Si une équipe gouvernementale plus nationaliste accédait au pouvoir à Moscou, elle serait certainement plus affirmée, voire aggressive, dans son approche des conflits régionaux survenant au « proche étranger » et moins coopérative avec l'Occident quant aux conflits éclatant dans d'autres régions du monde.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Roger E. Kanet
Madeleine Tchimichkian
La résolution des conflits : le rôle de la Fédération de Russie
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 25, 1994, N°1. pp. 5-32.
Citer ce document / Cite this document :
Kanet Roger E., Tchimichkian Madeleine. La résolution des conflits : le rôle de la Fédération de Russie. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 25, 1994, N°1. pp. 5-32.
doi : 10.3406/receo.1994.2648
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1994_num_25_1_2648Abstract
Coping with conflict : the role of the Russian Federation.
The revolutionary changes of recent years that resulted in the end of the cold war, the collapse of the
Soviet empire in East-Central Europe and, finally, in the very dissolution of the Soviet state have had a
major impact on the role of the Russian Federation, as the major successor state to the USSR, in
coping with regional conflict. Against growing domestic opposition, the current Russian leadership of
President El'tsin and Foreign Minister Kozyrev has emphasized a general foreign policy of cooperation
with the West as an essential element of joining the « civilized » community of nations and supporting
domestic democratization and marketization.
This overall policy has resulted, officially at least, in efforts by the Russian government to emphasize
negotiations and cooperation in dealing with the conflicts that have broken out in the « near abroad » -
the non-Russian successor states of the former USSR. Elsewhere, in former Yugoslavia and the
developing world for example, the Russian Federation has tended to play a modest direct role in
regional conflict management, but a role that has generally been supportive of Western policy initiatives.
The future policy of Russia in coping with regional conflict will depend, to a substantial degree, on the
outcome of the domestic power struggles in Russia. Even the liberal democratic elements represented
by the present government have often found it difficult to deal with its new neighbors on the basis of
sovereign equality. This is especially true because the emerging view of Russian national interests
tends to conflict with the interests of the new states on Russia's borders. A more nationalist leadership
in Moscow would likely be much more assertive - even aggressive - in dealing with regional conflicts in
the « near abroad » and less cooperative with the West in responding to regional conflicts elsewhere in
the world.
Résumé
Les changements révolutionnaires de ces dernières années, qui ont abouti à la fin de la guerre froide, à
l'effondrement de l'empire soviétique en Europe centrale et orientale et, enfin, à la désintégration de
TÉtat soviétique, ont eu d'énormes répercussions sur la Fédération de Russie, principal État
successeur de l'U.R.S.S., et son approche des conflits régionaux. Sur fond d'opposition interne
croissante, le président Eltsine et le ministre des Affaires étrangères, M. Kozyrev, ont axé leur doctrine
de politique étrangère sur la coopération avec l'Occident, comme moyen essentiel d'entrer dans la
communauté des nations « civilisées » et de faciliter la démocratisation et la transition vers le marché
en Russie.
Cette ligne politique a, du moins officiellement, poussé le gouvernement russe à privilégier la
négociation et la coopération pour tenter de résoudre les conflits ayant éclaté dans le « proche étranger
» (les États non russes ayant succédé aux anciennes républiques soviétiques). Ailleurs, par exemple en
ex- Yougoslavie et dans le monde en développement, la Fédération de Russie a joué un rôle plus
modeste dans la résolution des conflits locaux et, en règle générale, a soutenu les initiatives
occidentales.
L'attitude future de la Russie à l'égard des conflits dépendra pour une large part de l'issue de la lutte
interne pour le pouvoir qui y sévit. Même les éléments libéraux et démocratiques, formant le
gouvernement actuel, ont souvent du mal à traiter leurs nouveaux voisins en égaux, en États
souverains à part entière. Et cela d'autant plus que la conception de l'intérêt national russe, qui est en
train de se forger, tend à se heurter aux intérêts des nouveaux pays bordant la Russie. Si une équipe
gouvernementale plus nationaliste accédait au pouvoir à Moscou, elle serait certainement plus affirmée,
voire aggressive, dans son approche des conflits régionaux survenant au « proche étranger » et moins
coopérative avec l'Occident quant aux conflits éclatant dans d'autres régions du monde.Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1994, 1 (mars)
pp. 5-32 - Roger E. KANET
La résolution des conflits :
le rôle de la Fédération de Russie
Roger E. KANET*
Introduction
Les changements révolutionnaires de ces dernières années, qui ont abouti à
la fin de la guerre froide, à l'éclatement de l'empire soviétique en Europe cen
trale et orientale et, enfin, à la désintégration de l'État soviétique, ont eu
d'énormes répercussions sur la Fédération de Russie, principal État successeur
de l'U.R.S.S., et sur son approche des conflits régionaux. Alors que durant la
quasi-totalité de la période d'après-guerre, les dirigeants soviétiques ont, le
plus souvent, vu dans les conflits régionaux l'occasion de renforcer leur posi
tion dans la compétition planétaire avec l'Occident capitaliste, les nouvelles
autorités de la Russie ont adopté une approche très différente. Souhaitant
désormais accéder au statut de puissance mondiale « normale », la Russie et
ses dirigeants ont généralement accordé leur soutien aux États-Unis et aux
autres États occidentaux, agissant de concert avec eux pour tenter de contenir
les conflits régionaux. Cependant, à l'intérieur de la Russie, des voix s'élèvent
avec force pour dénoncer cette politique de conciliation, considérée comme
une forme d'asservissement envers l'Occident, contraire aux intérêts russes. En
outre, comme on le verra plus loin, l'attitude de la Fédération russe à l'égard
* Directeur, International Programs and Studies, University of Illinois at Urbana-
Champaign. Cet article sera ultérieurement inclus dans un ouvrage intitulé Coping with
Conflict After the Cold War, Edward A. Kolodziej and Roger E. Kanet (eds.). Une pré
cédente version en a été présentée lors d'un symposium consacré au même sujet et orga
nisé à l'University of Illinois en octobre 1992. L'auteur souhaite adresser ses
remerciements aux participants de ce symposium dont les commentaires lui ont été fort
utiles pour réviser son texte. Il tient également à remercier les organismes qui, par leur
financement, ont permis à l'ensemble du projet de se réaliser. Le symposium et le projet
de publication ont été sponsorisés conjointement par The U.S. Institute of Peace, The
Midwest Consortium for International Security Studies, le College of Liberal Arts and
Sciences, le Program of Arms Control, Disarmament, and International Security et l'I
nternational Programs and Studies, qui dépendent tous de l'University of Illinois at
Urbana-Champaign. Roger E. Kanet
des conflits régionaux diffère en fonction du lieu où le conflit éclate : dans l'e
space ex-soviétique, ailleurs en Europe ou dans le monde en développement.
La Russie a clairement manifesté sa volonté d'intervenir unilatéralement dans
le premier des cas, si cette intervention était jugée nécessaire à la défense de
ses intérêts. Mais, comme on l'expliquera ultérieurement, l'intervention de la
Russie sur le territoire de l'ex-U.R.S.S. est plus susceptible d'attiser les conflits
que d'aider à les résoudre pacifiquement. Ailleurs en Europe et dans le tiers-
monde, où les intérêts russes sont moins directement en cause, l'engagement de
Moscou restera certainement plus discret et donc plus propice à la recherche
d'une solution. En ce qui concerne les conflits déchirant l'ex- Yougoslavie, le
gouvernement russe, soumis à de fortes pressions internes, a évolué d'un sou
tien quasi inconditionnel à la politique occidentale vers une attitude plus
« neutre » envers les divers protagonistes, c'est-à-dire plus attentive à la Serbie.
Globalement, cependant, ses actions ont été en harmonie avec celles des Occi
dentaux. Dans le tiers-monde, la Russie n'a pas

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