La signification d éléments sonores ambigus - article ; n°2 ; vol.54, pg 367-376
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Description

L'année psychologique - Année 1954 - Volume 54 - Numéro 2 - Pages 367-376
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 14
Langue Français

Extrait

F Bresson
La signification d'éléments sonores ambigus
In: L'année psychologique. 1954 vol. 54, n°2. pp. 367-376.
Citer ce document / Cite this document :
Bresson F. La signification d'éléments sonores ambigus. In: L'année psychologique. 1954 vol. 54, n°2. pp. 367-376.
doi : 10.3406/psy.1954.8734
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1954_num_54_2_8734Centre d'Études radiophoniques de la R. T. F.
Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée (Sorbonne)
LA SIGNIFICATION D'ÉLÉMENTS SONORES AMBIGUS1
par François Bresson
Les études sur les tests projectifs visuels, sur la reproduction
des formes visuelles ou celles sur le témoignage ont montré
comment opérait, dès la perception des structures ambiguës,
la suggestion conceptuelle. Nous avons entrepris un travail ana
logue dans le domaine sonore en présentant aux sujets
une séquence de bruits entendus hors de tout contexte visuel
qui puisse concourir à leur identification. L'intérêt des éléments
sonores c'est que leur structuration implique une orientation
temporelle puisqu'ils sont présentés en succession, et par consé
quent la signification doit se déterminer progressivement, l'am
biguïté de la situation, indépendamment de la valeur contrai
gnante intrinsèque des stimuli, devant être réduite par l'effet
de la « compréhension » des stimuli précédents. Il doit donc y
avoir un gradient de contrainte qui réduit progressivement la
liberté de choix des significations et constitue un effet de contexte
analogue à ce que l'on peut observer dans le domaine verbal,
et qui justifie une exploration de la structuration des éléments
sonores ambigus, les conclusions obtenues dans le domaine visuel
ne leur étant pas d'emblée transposables. En outre, le domaine
sonore est assez nettement divisé en une région de la parole où
les stimuli sonores sont d'abord des signes, une région musicale
où l'organisation des stimuli et leur régularité structurale intro
duisent aussi une valeur significative, et un domaine des bruits
qui sont rarement utilisés comme signes et même comme signaux.
L'ambiguïté sonore serait donc un phénomène plus général que
1. Ce travail a fait l'objet d'une conférence du C. E. R. en 1951. Il a été
réalisé avec le concours de G. Oléron et A. Kirschen. 368 MÉMOIRES ORIGINAUX
l'ambiguïté visuelle et s'expliquerait par la prédominance des
régulations visuelles dans la vie courante (les synesthésies
associent plus fréquemment un élément visuel à un élément
sonore que le contraire : il y a une « audition colorée » et point de
« couleur musicale »). Enfin si cette ambiguïté est ainsi fondament
ale elle doit avoir des effets affectifs qui sont plus généraux que
ceux que l'on peut attendre de l'ambiguïté visuelle.
TECHNIQUE
1) Pour éprouver ces hypothèses nous avons composé une
séquence de 18 éléments (cf. tableau p. 371), d'une durée de
une minute trente-sept secondes. Cette séquence, enregistrée sur
bande magnétique, était présentée collectivement. Après l'audition
on demandait aux sujets de raconter par écrit « ce qui se passait »,
de retracer la scène dont ils venaient d'écouter les éléments
sonores. On demandait ensuite d'indiquer la durée de la séquence,
l'impression affective générale (triste ou gaie, agréable ou désa
gréable), de faire la liste des éléments qui composaient cette
séquence. Une discussion collective suivait où les sujets expo
saient et critiquaient leurs interprétations. Nous nous référerons
parla suite à cette expérience comme groupe « sans titre » : S. T.
2) Dans une seconde expérience tout se passait de façon
identique si ce n'est qu'on indiquait au préalable le titre de la
séquence. Quatre titres, extraits des interprétations proposées
par les sujets de l'expérience précédente, étaient ainsi proposés
à 4 groupes. Ce sont : « Atelier le matin », « Départ d'un navire »,
« Hôtel », « Gare ». Nous distinguerons ces 4 groupes par le titre
qui leur était proposé, et l'ensemble des sujets de cette seconde
expérience comme A. T. (avec titre).
3) Afin de vérifier notre hypothèse du développement des
significations des bruits et de leur valeur objective par leur util
isation comme indices régulateurs dans la vie quotidienne, nous
avons présenté cette séquence dans les mêmes conditions à un
groupe d'aveugles de naissance, avec le titre « Hôtel » pour une
partie des sujets, sans titre pour les autres.
SUJETS
Les sujets des expériences 1 et 2 étaient des étudiants de première
année de Psychologie à la Sorbonne et des élèves de première année de
l'Institut de Psychologie. F. BRESSON. — ELEMENTS SONORES AMBIGUS 369
1. Sans titre 16 hommes 24 femmes Total 40
13 — 36 — — 49 2. Avec
1 — Atelier le matin .... 14 —
^ Départ du navire . . . 11 —
5 — Hôtel 5 —
3 — Gare 6 —
3. Les sujets aveugles faisaient partie de la Chorale de l'Institution des
jeunes de Saint-Mandé.
Sans titre 6 hommes
Hôtel 10 —
Ces sujets écrivirent directement en Braille leurs réponses. Ce groupe
est moins homogène que les précédents : 5 adultes et 11 adolescents,
pour la plupart de culture primaire. La technique de réponses écrites
que nous avons dû utiliser défavorisait nettement ces sujets dont les
résultats ne sont ainsi pas directement comparables à ceux des expé
riences précédentes.
RÉSULTATS ET DISCUSSION
I. — Les réponses des sujets furent d'abord analysées en
fonction du caractère plus ou moins structuré des récits : nous
avons ainsi distingué : a) Les récits qui comprenaient une action,
une histoire coordonnée ; b) Les notations générales, notations
d'atmosphère, sans organisation des éléments rapportés ; c) Les
absences totales d'interprétation (« Pas de signification », « je
n'arrive pas à structurer ce matériel sonore », etc.).
Les résultats pour les expériences 1 et 2 sont les suivants :
Structure
Groupes Organisation Notation Incompréhension dynamique générale
Atelier 15 (100 %) 0 0
Navire 1 0 14 ( 93 %)
Hôtel 1 0 9 ( 90 %)
1 0 Gare 8 ( 88 %)
14 (35 %) S. T 15 ( 37,5 %) 11(27,5%)
II y a une différence très significative entre les réponses
des sujets A. T. et celles des autres sujets. La presque totalité
des premiers (A. T.) parvient à construire une histoire corre
spondant à la séquence de bruits, tandis qu'un tiers seulement
des autres y parvient. Trois facteurs interviennent ici :
a) La consigne impliquait l'existence d'une signification.
Même les sujets qui ne fournissent pas d'interprétation dans le 370 MÉMOIRES ORIGINAUX
groupe S. T. demandent ensuite « ce que c'était », et les sujets
ration nalisent leur échec en disant par exemple que le sens n'était
pas évident dans une séquence aussi brève. Il y a donc une att
itude induite par la consigne qui entraîne la recherche d'un sens
et suppose la cohérence des éléments.
b) La possibilité de l'induction par le titre implique l'ambi
guïté de la séquence. Cette ambiguïté tient: l°àla brièveté delà
séquence ; 2° à la nature même des éléments ; 3° à l'attitude
non analytique des sujets. Ces facteurs apparaissent si l'on consi
dère les résultats de l'expérience 3 sur les aveugles. Pour ces
sujets la séquence était ambiguë parce que trop brève mais la
détermination de la signification des éléments était plus précise
et leur attitude par là même était plus analytique. Le titre a moins
d'effet inducteur ; leurs réponses sont du type : « Bien en accord
avec le titre », « Titre approprié », pour les aveugles A. T. ; mais
les sujets aveugles qui n'ont pas reçu de titre localisent tous la
scène dans une pièce, porte ou fenêtre ouverte : leur accord
montre que pour eux le titre n'était accepté que parce qu

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