La sociolinguistique actuelle : implications psychologiques, idéologiques, épistémologiques - notecritique ; n°1 ; vol.79, pg 253-278
27 pages
Français

La sociolinguistique actuelle : implications psychologiques, idéologiques, épistémologiques - notecritique ; n°1 ; vol.79, pg 253-278

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
27 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1979 - Volume 79 - Numéro 1 - Pages 253-278
Le projet de cet article est triple :
— mettre en évidence le fait que la sociolinguistique actuelle considère que le langage est le reflet « d'autre chose ». En effet, tantôt le langage apparaît comme le reflet de l'appartenance sociale du locuteur, tantôt comme le reflet de ses caractéristiques physiques et psychologiques, tantôt comme le reflet des apprentissages auxquels il a été soumis dans les différents lieux de socialisation qu'il a traversés, etc. ;
— montrer que cette problématique du reflet rend impossible une approche qui fasse du langage autre chose qu'un agent sans consistance propre ;
— esquisser une approche dans laquelle le langage, ayant statut d'objet, peut être considéré à la fois comme un agent véhiculant des marques reflets et un enjeu réglant directement ses rapports entre un locuteur et un objet d'attitude, ici le langage. — esquisser une approche dans laquelle le langage, ayant statut d'objet, peut être considéré à la fois comme un agent véhiculant des marques reflets et un enjeu réglant directement ses rapports entre un locuteur et un objet d'attitude, ici le langage.
The present paper had three main purposes. The first was to discuss the current trend in sociolinguistics to consider language as the reflection of « something else ». Language is considered either as reflecting the speaker's social class, as reflecting the speaker's physical and psychological characteristics, or as reflecting learning in relation to the speaker's family, school, etc. The second purpose was to emphasize that the result of the current approach is to consider language as an agent without opacity. And thirdly, we outline an approach in which language, considered as an object, can be analyzed both as an agent conveying social speech-markers and as a « stake » that directly regulates the relationships between a speaker and an attitudinal object (language).
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Ghiglione
J.-L Beauvois
A. Dorna
La sociolinguistique actuelle : implications psychologiques,
idéologiques, épistémologiques
In: L'année psychologique. 1979 vol. 79, n°1. pp. 253-278.
Résumé
Le projet de cet article est triple :
— mettre en évidence le fait que la sociolinguistique actuelle considère que le langage est le reflet « d'autre chose ». En effet,
tantôt le langage apparaît comme le reflet de l'appartenance sociale du locuteur, tantôt comme le reflet de ses caractéristiques
physiques et psychologiques, tantôt comme le reflet des apprentissages auxquels il a été soumis dans les différents lieux de
socialisation qu'il a traversés, etc. ;
— montrer que cette problématique du reflet rend impossible une approche qui fasse du langage autre chose qu'un agent sans
consistance propre ;
— esquisser une approche dans laquelle le langage, ayant statut d'objet, peut être considéré à la fois comme un agent
véhiculant des marques reflets et un enjeu réglant directement ses rapports entre un locuteur et un objet d'attitude, ici le langage.
— esquisser une approche dans laquelle le langage, ayant statut d'objet, peut être considéré à la fois comme un agent
véhiculant des marques reflets et un enjeu réglant directement ses rapports entre un locuteur et un objet d'attitude, ici le langage.
Abstract
The present paper had three main purposes. The first was to discuss the current trend in sociolinguistics to consider language as
the reflection of « something else ». Language is considered either as reflecting the speaker's social class, as reflecting the
speaker's physical and psychological characteristics, or as reflecting learning in relation to the speaker's family, school, etc. The
second purpose was to emphasize that the result of the current approach is to consider language as an agent without opacity.
And thirdly, we outline an approach in which language, considered as an object, can be analyzed both as an agent conveying
social speech-markers and as a « stake » that directly regulates the relationships between a speaker and an attitudinal object
(language).
Citer ce document / Cite this document :
Ghiglione R., Beauvois J.-L, Dorna A. La sociolinguistique actuelle : implications psychologiques, idéologiques,
épistémologiques. In: L'année psychologique. 1979 vol. 79, n°1. pp. 253-278.
doi : 10.3406/psy.1979.1362
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1979_num_79_1_1362L'Année Psychologique, 1979, TO, 253-278
LA SOCIOLINGUISTIQUE ACTUELLE :
IMPLICATIONS PSYCHOLOGIQUES,
IDÉOLOGIQUES, ÉPISTÉMOLOGIQUES
R. Ghiglione, J.-L. Beauvois, A. Dorna
Equipe de recherche « Etude des acquisitions chez l'homme »
associée au CNRS
SUMMARY
The present paper had three main purposes. The first was to discuss the
current trend in sociolinguistics to consider language as the reflection of
« something else ». Language is considered either as reflecting the speaker's
social class, as reflecting the speaker's physical and psychological charact
eristics, or as learning in relation to the speaker's family,
school, etc. The second purpose was to emphasize that the result of the
current approach is to consider language as an agent without opacity. And
thirdly, we outline an approach in which language, considered as an object,
can be analyzed both as an agent conveying social speech-markers and as a
« stake » that directly regulates the relationships between a speaker and an
attitudinal object (language).
Notre propos n'est pas de réaliser une revue de question concer
nant les écrits sociolinguistiques, mais plutôt de tenter une approche
raisonnée de ce champ de recherches. Nous entendons par là que nous
essaierons de montrer comment celui-ci se structure et quelles sont les
questions épistémologiques, théoriques et méthodologiques que sus
citent les travaux analvsés.
1. INTRODUCTION
1.1. SOCIOLOGIE DU LANGAGE OU SOCIOLINGUISTIQUE?
Une des premières questions qui apparaît lorsqu'on aborde ce
domaine est d'ordre terminologique, du moins apparemment. En effet,
suivant les auteurs, on écrira que les travaux présentés relèvent de 254 R. Ghiglione, J.-L. Beauvois et A. 'Dor ha
la sociolinguistique ou de la sociologie du langage. L'utilisation de
l'un ou l'autre de ces termes relèverait selon Boutet, Fiala et Simonin-
Grumbach (1976) d'un choix théorique. Selon ces auteurs, qui inti
tulent leur article : « Sociolinguistique ou sociologie du langage ? »,
le choix du vocable sociolinguistique renverrait à une séparation de
deux domaines : celui de la formation sociale où sont proférés les énoncés
et celui de la linguistique où sont analysés ces mêmes énoncés. Quant
au choix du terme « sociologie du langage » il est à rapprocher d'une
option selon laquelle « ... il ne s'agit plus de séparer-rapprocher deux
domaines, mais bien de voir comment le langage est constitutif — • à
la fois enjeu et agent — d'une formation sociale » (Boutet et al., 1976).
En fait, si l'on ne prend pas en compte le débat idéologique qui sous-
tend de telles affirmations, force est de constater que les différences qui
existent entre les définitions de la sociologie du langage et celles de la
sociolinguistique sont bien minces. On n'en veut pour preuve que les
définitions fournies par deux auteurs connus dans ce domaine. Pour
le premier (Fishman, 1972), la sociologie du langage se définit comme
l'étude des interactions entre deux aspects du comportement humain :
l'utilisation du langage et l'organisation sociale du comportement.
Pour le second (Hymes, 1972), la sociolinguistique est une théorie des
usages et des usagers de la langue. Il ne semble pas, et une analyse
plus approfondie des écrits de ces auteurs — ■ dont ce n'est pas ici la
place — le confirmerait, que les différences entre « utilisation de la
langue » et « usages » d'une part, et entre « organisation sociale du
comportement » et « usagers » d'autre part soient considérables. Tout
au plus peut-on s'attendre à ce que la notion d' « sociale
du » soit plus large que celle proposée par Hymes (« usagers
de la langue »), ce qui peut conduire la sociologie du langage à déborder
le champ propre d'une sociolinguistique. Mais rien, au niveau de ces
définitions, ne donne à penser que les mêmes problèmes seront traités
différemment. Ainsi, plutôt que de se perdre en vaines querelles1 sur
les différences réelles ou supposées des approches classées sous telle
ou telle dénomination, nous semble-t il plus utile d'insister sur ce qui
fondamentalement les rapproche : le fait que l'on traite de l'usage de
la langue. Cette centration a pour conséquence immédiate et impor
tante l'adjonction d'un nouveau concept aux notions linguistiques de
compétence et de performance traditionnellement utilisées : celui de communicative. Ce nouveau concept aura à son tour
comme conséquence d'étendre la notion de compétence qui dépendra,
dans ce contexte, à la fois de la connaissance et de l'usage. Fishman (1972)
dira que les membres natifs d'une communauté « acquièrent lentement
une compétence communicative sociolinguistique avec une utilisation
1. D'autant plus vaines que Fishman lui-même parle de « comportements
sociolinguistiques ». La sociolinguistique actuelle 255
du langage appropriée » et Hymes (1972) soutiendra qu' « un enfant
apprend à maîtriser la langue sous deux angles : celui de la grammati-
calité et celui de l'adéquation à une situation ». Le concept de compét
ence communicative ne conduit donc pas à rejeter les concepts mis à
jour par la linguistique, mais à les faire coexister avec d'autres notions
dont l'origine est à rechercher dans l'usage de la langue. A travers la
notion de compétence communicative apparaît, nous semble-t-il, ce
qui fait l'unité théorique profonde du champ sociolinguistique2, à
savoir le fait que la réflexion se situe toujours par rapport à une langue
utilisée par un sujet socialement déterminé et placé dans une situation
sociale donnée3.
Cette unité théorique ne doit cependant pas masquer la grande
diversité des travaux entrepris dans le domaine sociolinguistique, qu'on s'efforcera d'ordonner selon quelques grands axes de
réflexion.
1.2. LES DIFFÉRENTS TYPES DE TRAVAUX SOCIOLINGUISTIQUES
Les travaux sociolinguistiques

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents