La théorie thomiste de la propriété (suite et fin) - article ; n°7 ; vol.2, pg 286-301
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Revue néo-scolastique - Année 1895 - Volume 2 - Numéro 7 - Pages 286-301
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Publié le 01 janvier 1895
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Langue Français
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Simon Deploige
La théorie thomiste de la propriété (suite et fin)
In: Revue néo-scolastique. 2° année, N°7, 1895. pp. 286-301.
Citer ce document / Cite this document :
Deploige Simon. La théorie thomiste de la propriété (suite et fin). In: Revue néo-scolastique. 2° année, N°7, 1895. pp. 286-301.
doi : 10.3406/phlou.1895.1430
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1895_num_2_7_1430XIII.
La théorie thomiste de la propriété.
(Suite et fin *)
II serait intéressant d'apprécier l'actuelle organisation de la
propriété à la lumière des principes thomistes et de discuter
les principales mesures aujourd'hui préconisées pour l'amélio
ration de notre régime économique.
Nous devrions pour cela étudier le fonctionnement des lois
qui président à la répartition des richesses ; noter leurs effets
sur la productivité du travail, sur la monopolisation ou la
diffusion de la propriété ; juger de leur conformité ou de leur
désaccord avec la justice ; analyser leur influence sur l'ordre
social et la paix publique. Il nous faudrait ensuite passer en
revue les systèmes mis en avant pour modifier notre régime
légal; soit qu'ils se bornent à réclamer des mesures législa
tives sur le contrat de travail ; soit qu'ils aient l'ambition
d'arrêter l'expropriation des travailleurs autonomes, artisans
des métiers et paysans propriétaires, ou môme de rendre la
propriété des instruments de production aux travailleurs que
l'évolution industrielle a réduits à la condition de salariés. Il
resterait enfin à rechercher quelle organisation réaliserait le
mieux, dans le domaine agricole et dans le domaine industriel,
les avantages attribués par saint Thomas au principe de la
propriété privée.
Mais pareille recherche sortirait du cadre de la présente
étude. Nous réservant d'y revenir plus tard, nous achèverons
simplement l'exposé des idées de saint Thomas.
Jusqu'à présent, nous avons étudié, la solution donnée à la
*) Voir les n«s de janvier et d'avril 1895. THÉORIE THOMISTE DE LA PROPRIETE. 287 LA
partie économique du problème : L'appropriation particulière
des biens créés s'impose comme une nécessité d'ordre social.
La nature humaine est ainsi faite que l'exploitation des biens
doit être le fait de l'initiative privée.
Mais, à côté de la production, il y a la consommation.
Circa rem exteriorem duo competunt homini : quorum, unum
est potestas procurandi et dispensandi, alïud vero est usus.
S'il est nécessaire d'attribuer aux particuliers et non à la
collectivité le droit de cultiver et de faire valoir les biens,
faut-il en dire autant de la jouissance dont les biens sont sus
ceptibles ? Existe-t-il, ici aussi, un droit exclusif d'appro
priation ? Les propriétaires peuvent-ils priver leur prochain
des avantages de leurs biens ?
C'est le côté moral du problème de la propriété. C'est la
question de savoir si ceux qui se trouvent investis d'un droit
de propriété (potestas procurandi et dispensandi) ont des
devoirs à remplir, corrélatifs à leur droit.
La réponse de saint Thomas est affirmative. Le propriétaire,
dit-il, doit user de sa propriété de manière à la rendre utile
à tous et à les faire participer facilement à ses avantages.
Aliud vero quod competit homini circa res exterior es est usus
ipsarum. Et quantum ad hoc non débet homo hater e res exte-
riores ut proprias, sed ut communes ; ut scilicet de facili
aliquis eas communicet in necessitate aliorum.
Aristote avait déjà noté cette fonction sociale de la pro
priété. Il avait condamné le communisme de Platon, démontré
la nécessité de l'appropriation privée, mais en ajoutant que la
vertu des citoyens devait s'attacher à rendre commun l'usage
des biens ]).
!) " A la communauté des biens, dit Aristote, je préfère de beaucoup le sys
tème actuel... Alors la propriété devient commune en quelque sorte, tout en
restant particulière... La vertu des citoyens réglera l'emploi des propriétés
selon le proverbe : " Entre amis tout est commun. „ Aujourd'hui même on
retrouve dans quelques cités des traces de ce système qui prouvent bien
qu'il n'est pas impossible... les citoyens, tout en y possédant personnellement,
abandonnent à leurs amis ou leur empruntent l'usage commun de certains DEPLOIGE. . S.
Dans l'article de la Somme Théologique où saint Thomas
traite ex professo le problème de la propriété (Ila IP q. 66. a. 2.)
il se borne à la formule générale que nous venons de transcrire.
Il faut chercher ailleurs les développements de sa pensée sur
la nature et les applications du devoir qui incombe au pro
priétaire l).
Dans la question consacrée à l'aumône, il est dit que le
riche égoïste pèche contre la vertu de charité. L'amour dû au
prochain commande la compatissance effective et impose,
entre autres, l'obligation de donner de son superflu à celui qui
manque du nécessaire. Ad dilectionem proximi pertinet ut
proximo non solum velimus bonum, sed etiam operemur . Ad
hoc aidem quod velimus et operemur bonum alicujus, requi-
ritur quod ejus nécessitait subveniamus ; quod fit per eleemo-
synarum largitionem ; et ideo eleemosynarum largitio est in
prœcepto 2).
objets... Il est donc évidemment préférable que la propriété soit particulière
et que l'usage seul la rende commune. Amener les esprits à ce point de bien
veillance regarde spécialement le législateur,,. (Aristote, La Politique, livre II
chap. II, § 4 et 5, traduction de Barthélémy Saint-Hilaire.) Voici le commen-'
taire de saint Thomas sur ce passage : " Erunt possessiones divisae, sed
propter virtutem civium, qui erunt in invicem libérales et benefici, erunt
communes secundum usum, si eut dicitur in proverbio quod ea quse sunt
amicorum sunt communia. El ne cui videatur impossible, subjungit quod in
quibusdam civitatibus bene dispositis est hoc statutum quod qusedam sint
ipso facto communia quantum ad usum, qusedam autem fiant communia per
voluntatem ab ipsis dominis, dum scilicet unusquisque habens propriam pos-
sessionem, qusedam de bonis suis facit provenire in utilitatem suorum
amicorum et quibusdam de suis utuntur amici sui per seipsos, tamquam
rebus communibus... quomodo autem usus rerum propriarum possit fieri
communis, hoc pertinet ad providentiam boni legislatoris „.
!) Outre les passages que nous allons citer, voir Summa theologica, Ia IIa'
q. 105, art, 2, où saint Thomas apprécie le régime économique du peuple de
Dieu. —
II» q. 32, art. 5. 8) S. Th., II»,
Saint Thomas ajoute que l'aumône est de précepte dans deux cas : " Eleemo
synarum largitio est in prœcepto.. sed secundum quod recta ratio requirit,
secundum quam... ex parte quidem dantis considerandum est ut id quod est
in eleemosynas erogandum, sit ei superfluum. Et ideo superfluum non solum
respeetu sui ipsius, sed etiam respectvi aliorum quorum cura sibi incumbit. LA THÉORIE THOMISTE DE LA PROPRIÉTÉ.
L'amour immodéré des richesses constitue d'autre part
le péché d'avarice. Avaritia definitur immoderatus amor
hdbendi l). Et l'avarice est opposée à la vertu de libéralité
qui libère l'âme de l'attachement aux biens terrestres et
amène le riche à faire de sa fortune un bon usage, à la
dépenser volontiers lorsque la raison le demande. Ad liber alem
pertinet emissivum esse. Cum aliquis a se emittit quodammodo
illud a sua custodia et dominio libérât, et animum suum ab ejus
affectu libenim esse ostendit. . . Eœ hoc quod homo non est
amativus pecuniœ, sequitur quod de facili utatur ea et ad
seipsum, et ad utilitatem aliorum et ad honorem Dei 2).
Ailleurs encore nous remarquons que le riche usant de sa
fortune pour sa jouissance exclusive, va à l'encontre du plan
providentiel 3). Dieu, en créant les biens terrestres, les a mis
à la disposition de l'humanité, afin que tous y trouvent le
moyen de subvenir aux besoins essentiels de leur nature.
Secundum naturalem ordinem ex divina providenlia institutum,
res inferiores sunt ordinatœ ad hoc quod eœ his subveniatur
hominum necessitati. S'il est licite, s'il est nécessaire même
pour avoir une production abondante, ordonnée, pacifique,
qu

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