La titulature des princes russes du Xe au début du XIIe siècle et les relations extérieures de la Russie kiévienne - article ; n°1 ; vol.55, pg 139-150
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La titulature des princes russes du Xe au début du XIIe siècle et les relations extérieures de la Russie kiévienne - article ; n°1 ; vol.55, pg 139-150

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Description

Revue des études slaves - Année 1983 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 139-150
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Vladimir Vodoff
La titulature des princes russes du Xe au début du XIIe siècle et
les relations extérieures de la Russie kiévienne
In: Revue des études slaves, Tome 55, fascicule 1, 1983. Communications de la délégation française au IXe
Congrès international des slavistes (Kiev, 7-14 septembre 1983). pp. 139-150.
Citer ce document / Cite this document :
Vladimir Vodoff. La titulature des princes russes du Xe au début du XIIe siècle et les relations extérieures de la Russie
kiévienne. In: Revue des études slaves, Tome 55, fascicule 1, 1983. Communications de la délégation française au IXe
Congrès international des slavistes (Kiev, 7-14 septembre 1983). pp. 139-150.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1983_num_55_1_5311LA TITULATURE DES PRINCES RUSSES
DU Xe AU DEBUT DU XIIe SIÈCLE
ET LES RELATIONS EXTERIEURES DE LA RUSSIE KIEVIENNE*
PAR
WLADIMIR VODOFF
La titulature des princes russes de l'époque kiévienne ne se laisse pas cerner ais
ément. A l'issue d'une étude des sources diplomatiques et sigillographiques, qui
devraient plus que toutes les autres nous éclairer sur ce point, S. M. Kaštanov a parlé
d'une « indifférence » (bezrazličiej des princes russes vis-à-vis de leur titre1 . Cette
remarque vaut également pour d'autres sources. Dans les textes des deux rédactions
de la Russkaja pravda, les princes qui ont promulgué certaines des dispositions
contenues dans ces coutumiers ne portent aucun titre et ne sont nommés que par
leur nom2 . Il en va souvent de même dans la Povesť vremennyx let (plus loin :
PVĽ) : les princes russes, à la différence des princes étrangers,y sont désignés le plus
souvent par leur seul prénom3, surtout s'il s'agit du prince régnant de Kiev; par
exemple, Jaroslav le Sage n'est qualifié de knjazi que dans sa notice nécrologique
(« Представися великыи князь русьскыи Ярославъ ») et dans un texte auto
nome, le récit sur le début du monastère des Grottes, alors que ce titre est donné à
son fils Vladimir, à deux de ses oncles, Jaropolk et Oleg, et que celui de knjagyni
est attribué à sa femme4. Dans un texte que l'on a qualifié de « premier miroir du
* Les citations empruntées à des textes conservés dans des manuscrits, souvent tardifs,
sont données en graphie cyrillique modernisée ; en revanche, les inscriptions contemporaines reproduites dans leur graphie originale.
1. S. M. Kaštanov, « Интитуляция русских княжеских актов X-XIVbb. (Опыт пер
вичной классификации) », Вспомогательные исторические дисциплины, VIII, 1976, р. 80-
81 ; pour les sceaux, l'auteur se réfère à l'ouvrage bien connu de V. L. Janin, Актовые печати
Древней Руси, 1. 1, Печати X - начала XIII в., M., 1970.
2. Cf. § 18 de la rédaction brève et § 53 de la rédaction longue, Памятники русского
права, t. 1, éd. par A. A. Zimin, M., 1952, p. 79, 113.
3. Cf. A. S. L'vov, Лексика Повести временных лет, M., 1975, p. 197-208. L'auteur
a également formulé d'intéressantes remarques sur l'emploi de différents verbes signifiant
« régner ». Toutefois sa thèse sur une interpolation tardive (XIIe siècle) du mot knjazï paraît
hasardeuse.
4. Cf. Повесть временных лет, éd. par V. P. Adrianova-Peretc, t. I, M. - L., 1950 (infra:
PVL), p. 108, 104, 103. Le récit sur la fondation du monastère des Grottes, dont une version
plus longue est conservée dans le Paterikon de Kiev (cf. infra, p. 148, n. 67), provient probable
ment de la rédaction initiale de la chronique de ce même monastère, due peut-être à la plume
Rev. Etud. slaves, Paris, LV/l,1983,p. 139-150. W. VODOFF 140
prince d'origine purement russe », l'Instruction de Vladimir Monomaque, le titre de
knjazï n'est attribué qu'aux chefs coumans...1
Il n'entre pas dans notre propos d'examiner à fond les raisons, ni de cette « indif
férence pour les titres » , ni de habitude de mentionner les princes russes par leur
seul prénom. Elle s'explique peut-être par l'importance que la tradition politique
russe attachait à l'hérédité et qu'expriment, entre autres, les propos que l'auteur de
la PVL attribue à Oleg en 882 à l'adresse d'Askold et Dir : « Vous deux, vous n'êtes
pas princes, ni de sang princier, moi je suis de sang princier » (« Вы етеста князя ни
рода княжа, но азъ есмь роду княжа »)2. Cette importance accordée à l'hérédité
a également fait négliger aux princes russes d'autres signes extérieurs du pouvoir,
comme par exemple, après l'introduction du christianisme grec, le couronnement et
l'onction 3.
En tout cas, l'absence d'un titre unique dont l'usage se serait imposé apparaît
parfaitement dans la pluralité des titres attestés dans différentes sources knjazï
(kunjazï) ou bien son équivalent grec apx^v accompagné ou non de l'épi thète veli-
kyi (velikii) I џеуаѕ ou du déterminant rusïskyi (ruskii) / 'РозоСая, kaganu, cësarï
ou cari, samodrïzïcï ou samovlastïcï. Nous avons eu l'occasion de montrer ailleurs
l'usage limité qu'avaient les derniers de ces termes4. Nous aimerions ici nous arrêter
sur les autres titres, employés plus systématiquement 5, en essayant de voir dans
quelle mesure leur usage se rattache aux rapports politiques mais aussi culturels de
la Rus' de Kiev avec les pays environnants du Xe au début du XIIe siècle.
Il est indéniable que le plus répandu de tous ces titres, knjazï (nous emploierons
dans l'exposé cette graphie, la plus fréquente dans les sources), remonte à une
époque suffisamment reculée pour appartenir au fond lexical commun des peuples
slaves qui l'ont emprunté au germanique kun-ing-az {*kunegù ) *kunezï en slave
commun), qui est lui-même un dérivé en -ing du radical кип, que l'on retrouve dans
le gothique kuni « race, famille », forme nominale dérivée elle-même de la racine
gen- « naître », et qui appartient au même groupe que le latin gens ou le grec yévoç.
« Le 'roi' est dénommé en vertu de sa naissance comme 'celui de la lignée', celui
qui la représente, qui en est le chef... Dans cette conception, le roi est considéré
comme le représentant des membres de sa tribu » (É. Benveniste6).
de Nestor le Chroniqueur (cf. infra, p. 147, n. 6) et composée à la fin du XIe ou au début du
XIIe siècle, cf. A. A. Saxmatov, « Киево-Печерский патерик и Печерская летопись », Изве
стия отделения русского языка и словесности Имп. Академии наук, II, 1897, 3 , р. 825.
1- On relève cinq occurrences, cf. PVL, p. 160-162. L'expression « first purely Russian
Prince 's Mirror » est de G. P. Fedotov, The Russian religiom mind, New York, 1960, p. 244.
2. Cf. PVL, p. 20, voir également W. K. Hanak, « Some conflicting aspects of Byzantine
and Varangian political and religious thought in early Kievan Rus », Byzantinoslavica, XXXVII,
1976, p. 49.
3. Cf. Andrzej Poppe, « le Prince et l'Église en Russie de Kiev depuis la fin du Xe siècle et
jusqu'au début du XIIe siècle », Acta Poloniae Historica, XX, 1969, p. 112, réimpr. dans le
recueil de l'auteur, The rise of Christian Russia, London, Variorum Reprints, 1982, n* IX.
4. Cf. W. Vodoff, « Remarques sur la valeur du terme 'tsar ' appliqué aux princes russes
avant le milieu du XVe siècle », Oxford Slavonic papers, N. S., XI, 1 978 , p. 1-41 .
5. Notre étude ne peut avoir qu'un caractère provisoire, en attendant la parution du tra
vail très attendu de notre éminent collègue polonais Andrzej Poppe sur les titres des souverains
russes du Xe au XIIIe siècle, annoncée par l'auteur lui-même dans son article « On the title of
grand prince in the Taie of Ihor's campaign », Harvard Ukrainian studies, III /IV, 1979-1980,
[Mélanges O. Pritsak], p. 684.
6. Emile Benveniste, le Vocabulaire des institutions européennes, t. II, Pouvoir, droit, rel
igion, Paris, 1969, p. 85. Sur l'expansion du terme kunezî au détriment de lexèmes d'origine
slave, cf. M. B. Sverdlov, « Общественный строй Славян в VI - начале VII века », Совет
ское славяноведение, 1911 , 3, р. 52. TITULATURE DES PRINCES RUSSES 141
C'est probablement une valeur proche de celle-ci qu'avait le terme knjazï chez les
Slaves orientaux avant la formation de l'État russe. П désignait ceux que l'on
appelle, dans l'historiographie, «

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