La valeur adaptative des comportements aléatoires - article ; n°2 ; vol.79, pg 505-525
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Description

L'année psychologique - Année 1979 - Volume 79 - Numéro 2 - Pages 505-525
Summary
A general hypothesis which attaches a biological adaptive value to random animal behaviour is proposed. Randomness is not considered here as an interfering factor disturbing a deterministic process but as an essential behavioural feature which, as such, must have been conserved by evolution. This hypothesis is illustrated by surveying such displacement behaviours as dispersion, exploration, cinesis, and homing. A special case is set out in which a given number of locations are each supposee to sustain one prey (the random process thus becomes a predator process). It is shown that the efficiency of random walk is extensively increased if the preys are allowed to change their locations even at a very low rate.
The function which has been assignee to randomness in some classical psychological theories (trial-and-error learning, operant conditioning, stochastic models) is discussed. In other respects, the function of pseudo-random processes in some human techniques is emphasized.
Résumé
II est fait l'hypothèse du caractère biologiquement adaptatif de la composante aléatoire de certains comportements animaux. L'aspect aléatoire n'est plus ici considéré comme résultant de Vinterférence de facteurs parasites avec un processus déterministe, mais comme une propriété essentielle du comportement ayant été conservée en tant que telle par l'évolution. Celte hypothèse est illustrée par l'examen de quelques comportements de déplacement comme la dispersion, l'exploration, les cinèses, et le retour au nid. Un modèle mathématique simple, simulant un prédateur à la recherche d'un nombre déterminé de proies, montre que l'efficacité d'une recherche aléatoire est considérable, en particulier lorsque les proies présentent un certain taux (même très faible) de mobilité.
L'importance des processus pseudo-aléatoires dans quelques techniques humaines est également soulignée. Mais on relève par ailleurs la prudence avec laquelle le rôle du hasard est évoqué dans quelques théories psychologiques classiques (apprentissage par essais et erreurs, conditionnement opérant, modèles stochastiques).
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Bovet
La valeur adaptative des comportements aléatoires
In: L'année psychologique. 1979 vol. 79, n°2. pp. 505-525.
Abstract
Summary
A general hypothesis which attaches a biological adaptive value to random animal behaviour is proposed. Randomness is not
considered here as an interfering factor disturbing a deterministic process but as an essential behavioural feature which, as such,
must have been conserved by evolution. This hypothesis is illustrated by surveying such displacement behaviours as dispersion,
exploration, cinesis, and homing. A special case is set out in which a given number of locations are each supposee to sustain one
prey (the random process thus becomes a predator process). It is shown that the efficiency of random walk is extensively
increased if the preys are allowed to change their locations even at a very low rate.
The function which has been assignee to randomness in some classical psychological theories (trial-and-error learning, operant
conditioning, stochastic models) is discussed. In other respects, the function of pseudo-random processes in some human
techniques is emphasized.
Résumé
II est fait l'hypothèse du caractère biologiquement adaptatif de la composante aléatoire de certains comportements animaux.
L'aspect aléatoire n'est plus ici considéré comme résultant de Vinterférence de facteurs parasites avec un processus
déterministe, mais comme une propriété essentielle du comportement ayant été conservée en tant que telle par l'évolution. Celte
hypothèse est illustrée par l'examen de quelques comportements de déplacement comme la dispersion, l'exploration, les
cinèses, et le retour au nid. Un modèle mathématique simple, simulant un prédateur à la recherche d'un nombre déterminé de
proies, montre que l'efficacité d'une recherche aléatoire est considérable, en particulier lorsque les proies présentent un certain
taux (même très faible) de mobilité.
L'importance des processus pseudo-aléatoires dans quelques techniques humaines est également soulignée. Mais on relève par
ailleurs la prudence avec laquelle le rôle du hasard est évoqué dans quelques théories psychologiques classiques
(apprentissage par essais et erreurs, conditionnement opérant, modèles stochastiques).
Citer ce document / Cite this document :
Bovet Pierre. La valeur adaptative des comportements aléatoires. In: L'année psychologique. 1979 vol. 79, n°2. pp. 505-525.
doi : 10.3406/psy.1979.28284
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1979_num_79_2_28284L'Année Psychologique, 1979, 79, 505-523
NOTE THÉORIQUE
LA VALEUR ADAPTATIVE
DES COMPORTEMENTS ALÉATOIRES
par Pierre Bovet
Laboratoire de Psychologie expérimentale1
Equipe de Recherche associée au CNRS
Université des Sciences sociales de Grenoble
SUMMARY
A general hypothesis which attaches a biological adaptive value to
random animal behaviour is proposed. Randomness is not considered here
as an interfering factor disturbing a deterministic process but as an essential
behavioural feature which, as such, must have been conserved by evolution.
This hypothesis is illustrated by surveying such displacement behaviours
as dispersion, exploration, cinesis, and homing. A special case is set
out in which a given number of locations are each supposed to sustain
one prey (the random process thus becomes a predator process). It is
shown that the efficiency of random walk is extensively increased if the
preys are allowed to change their locations even at a very low rate.
The function which has been assigned to randomness in some classical
psychological theories (trial-and-error learning, opérant conditioning,
stochastic models) is discussed. In other respects, the function of pseudo
random processes in some human techniques is emphasized.
l'idée de hasard en biologie
L'importance copernicienne de la théorie biologique de l'évolution
n'est plus à souligner. Etayée aujourd'hui par les prodigieuses décou
vertes de la biochimie dans le domaine de la génétique, sa cohérence est
telle que son influence est omniprésente dans la pensée contemporaine.
A tel point que l'on voit même dénoncer par certains l'impérialisme des
concepts de la biologie moderne (Achard, Chauvenet, Lage, Lentin,
Nève et Vignaud, 1977). Quelle consécration !
1. Adresse de l'auteur : Laboratoire de Psychologie expérimentale,
29, avenue Robert-Schumann, 13621 Aix-en-Provence. •
P. Bovel 506
Depuis la publication de l'ouvrage de Monod (1970), chacun sait
que le hasard occupe une place centrale dans la théorie de l'évolution.
On sait moins cependant que cette place n'a été acquise que difficilement.
On notera en particulier que le rôle fondamental du hasard n'est pas
mentionné dans l'œuvre du père de la théorie de l'évolution, Darwin
(cf. Rufïié, 1976, p. 48). Ce n'est que progressivement que le rôle du
hasard s'impose aux successeurs de Darwin : Weisman, dont le nom
est attaché à la non-transmissibilité des caractères acquis, et de Vries
— l'un des auteurs de la redécouverte des lois de Mendel — qui souligne
le caractère arbitraire des variations du génotype (cf. Jacob, 1970,
p. 241).
Le hasard n'apparaît donc pas à première vue comme un des éléments
constitutifs essentiels de l'évolutionnisme : plus importantes semblent
être les idées de variations des êtres vivants et d'élimination des êtres
les moins adaptés au profit des plus adaptés à l'environnement. Il faut
se demander alors en quoi consiste la spécificité du recours au hasard
comme source de la variation des êtres vivants2. Epistémologiquement,
c'est une libération : cela permet d'abandonner la recherche stérile de
l'enchaînement qui, de l'adaptation phénotypique, devrait conduire à la
modification du génotype. Scientifiquement, c'est plus encore que cela.
C'est la condition nécessaire et suffisante de la prise en considération
d'un ensemble de variations d'un tout autre ordre que celui auquel est
susceptible de conduire un mécanisme adaptatif : l'ensemble des varia
tions formellement imaginables et non plus seulement téléonomiquement
réalistes3. On gagne de la sorte ni plus ni moins que toute la puissance
de la science du hasard — le calcul des probabilités — comme le montrent
admirablement les lois de Mendel à la valeur universelle.
LE PARADOXE DU RECOURS AU HASARD
DANS L'EXPLICATION SCIENTIFIQUE
S'en remettre au hasard pur comme principe créatif du monde
vivant n'est pas une inclination naturelle de la pensée humaine. « Cette
notion est, de toutes celles de toutes les sciences, la plus destructive de
tout anthropocentrisme, la plus inacceptable intuitivement pour les
êtres intensément téléonomiques que nous sommes » (Monod, op. cit.,
p. 148).
2. Nous ne distinguerons pas dans ce rapide survol de la théorie de l'évo
lution les différents niveaux d'irruption du hasard : mutations, fécondation*
choix: du partenaire...
3. Sur ce point, c'est un sujet d'étonnement pour nous que de voir
reprocher aux biologistes leur vision téléonomique du monde vivant
(cf. Achard et coll., op. cit.), alors que, précisément, ils bouleversent cette
vision. Valeur adaptative des comportements aléatoires 507
En physique également, où la théorie quantique a complètement
renouvelé les mécanismes explicatifs invoqués par cette science, tout
le monde n'est pas d'accord sur le statut ultime du hasard découvert
dans la matière. « On a avancé que nos incertitudes présentes existent
parce que les systèmes atomiques peuvent avoir une sous-structure
cachée, que nous ne pouvons observer avec nos moyens actuels et à
cause de laquelle le système fonctionne d'une manière apparemment
erratique » (Frish, 1975, p. 15).
Ainsi, confier au hasard un rôle déterminant dans l'explication
scientifique apparaît dans les secteurs fondamentaux de la recherche
comme une démarche fructueuse mais paradoxale. Le paradoxe pro
vient de ce que la science prend comme objet d'étude des faits dont elle
cherche à s'assurer de la reproductibilité. C'est-à-dire des faits qui,
tout à l'opposé des événements aléatoires, présentent une régularité
maximale dans leur apparition. En d'autres termes, la démarche scien
tifique recherche les déterminismes de la nature et non pas ses aléas.
Il faut donc opére

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