Séminaire de linguistique. Séance du 14 janvier 2011. Eleni Valma : Le comment du pourquoi Bien que notre esprit établisse constamment des liens entre différents faits afin d’expliquer le monde qui nous entoure, ces liens qualifiés de causaux sont indéniablement difficiles à saisir et à conceptualiser. La complexité de la causalité réside dans la nature même de cette notion faisant appel à la temporalité [Shibatani & Pardeshi, 2001 ; Heller, 2008], l’hypothèse, le but, la conséquence ; elle se sert également de notions épistémiques, pragmatiques et philosophiques, comme l’explication, l’argumentation et le raisonnement. L’observation de données linguistiques liées à l’expression causale dans les langues naturelles nous amène à écarter certaines propositions de « causalités bipolaires » (cf. entre autres, Torck, 1995 ; Nazarenko, 2000) et plus généralement à abandonner la dichotomie entre monde objectif et monde subjectif (cf. entre autres, Koutoupi-Kitis, 1995 ; 2006), distinction trompeuse faisant souvent appel à la notion de vérité. Or, il est bien connu que l’expression linguistique de la cause doit être indépendante de l’adéquation au réel [Gross, 2009]. Après avoir adopté la distinction entre causalité, causativité et transitivité sémantique [Desclés & Guentchéva, 1997] − extrêmement pertinente dans le cas de l’analyse des verbes causaux [Garcia, 1998] − nous proposerons une étude sémantique à visée typologique de l’impact de l’origine du ...
Bien que notre esprit établisse constamment des liens entre différents faits afin d’expliquer le monde qui nous entoure, ces liens qualifiés de causaux sont indéniablement difficiles à saisir et à conceptualiser. La complexité de la causalité réside dans la nature même de cette notion faisant appel à la temporalité [Shibatani & Pardeshi, 2001 ; Heller, 2008], l’hypothèse, le but, la conséquence ; elle se sert également de notions épistémiques, pragmatiques et philosophiques, comme l’explication, l’argumentation et le raisonnement.
L’observation de données linguistiques liées à l’expression causale dans les langues naturelles nous amène à écarter certaines propositions de « causalités bipolaires » (cf. entre autres, Torck, 1995 ; Nazarenko, 2000) et plus généralement à abandonner la dichotomie entre monde objectif et monde subjectif (cf. entre autres, Koutoupi-Kitis, 1995 ; 2006), distinction trompeuse faisant souvent appel à la notion de vérité. Or, il est bien connu que l’expression linguistique de la cause doit être indépendante de l’adéquation au réel [Gross, 2009].
Après avoir adopté la distinction entre causalité, causativité et transitivité sémantique [Desclés & Guentchéva, 1997]− extrêmement pertinente dans le cas de l’analyse des verbes causaux [Garcia, 1998]− proposerons une étude sémantique à visée typologique de nous l’impact de l’origine du connecteur causal sur les différents types de cause qu’il introduit, en prenant en considération les chaînes de grammaticalisation proposées par Traugott (1995) et Heune & Kuteva (2002). Ces causes étant fortement modalisée [Jackiewicz, 1998], nous serons amenés à travailler sur le lien entre l’expression causale et la prise en charge énonciative [Pander Maat & Degrand, 2001]. Nos propos seront illustrés par des exemples tirés essentiellement du grec moderne, suivis d’une étude contrastive entre le français et le grec moderne [Valma, 2004 & 2006].