Le créole en régression comme langue maternelle
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Description

Le créole reste la langue la plus parlée à La Réunion puisqu'elle est pratiquée dans les deux tiers des familles. Cependant elle cède peu à peu du terrain devant le français : ainsi une femme sur cinq, à qui ses parents parlaient créole, ne le parle plus avec ses enfants. La pratique habituelle du français entre mère et enfant est de plus en plus fréquente à mesure que le niveau d'étude des mères augmente. Elle passe ainsi de 9 % chez les femmes n'ayant fréquenté que l'école primaire à 88 % chez les bachelières. Les femmes qui ont fréquenté le lycée sans obtenir le bac se répartissent par moitié entre la pratique du créole et celle du français. L'accès croissant des femmes au marché du travail est également un facteur d'abandon du créole. Une majorité des femmes qui travaillent parlent encore créole avec leurs enfants, mais elles parlent déjà deux fois plus souvent le français que les femmes inactives. Les séjours à l'extérieur de l'île et les mariages mixtes sont aussi de facteurs poussant à une moindre transmission du créole. La pratique du créole augmente à mesure que l'on descend l'échelle sociale. De 12 % quand la mère exerce une profession d'encadrement à 84 % chez les ouvrières. Les employées, qui représentent plus de la moitié des femmes actives, sont à la croisée des chemins puisqu'un peu plus de la moitié d'entre elles (58 %) parlent créole avec leurs enfants. Le phénomène de diglossie reste ainsi très présent à La Réunion et pose le problème de l'enseignement du créole à l'école.

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Langue Français

Extrait

so cié té
Cul ture
Le créole en ré gres sion
La grande ma jo ri té des mè res réu nion nai ses par lent en core
créole à leurs en fants. Ce pen dant une sur cinq, élevée dans cette
langue, ne l’emploie pas de ma nière ha bi tuelle avec ses en fants.
La pra tique du fran çais au cours des étu des et dans l’exer cice
d’une pro fes sion in cite for te ment à l’aban don du créole. Il en est
de même des sé jours en de hors de l’île et des ma ria ges mix tes.
Le créole est sur tout pra tiqué par les ca té go ries so cia les les plus
dé fa vo ri sées.
La source
ons ti tué au fil du temps dans un
L’en quête fa mille uti lisée ici per met do maine clos où se trou vaient ras -
de dres ser un bi lan de la pra tique des C sem blées des po pu la tions im mi -
lan gues à La Réu nion. Réa lisée en grées for mées de grou pes eth ni ques et
1997 par l’Insee avec le concours de lin guis ti ques dif fé rents, le créole est for -
l’Ined, elle couvre l’en semble de La -te ment an cré dans l’iden ti té réu nion
Réu nion. L’échan til lon com prend
naise. Sa trans mis sion comme langue4 400 fem mes âgées de 15 à 64 ans.
ma ter nelle se dé grade ce pen dant de puisles trois quarts d’entre el les ont moins
de 45 ans, un peu plus de la moi tié vit une gé né ra tion.
en couple et a au moins un en fant. Les
A la ques tion “dans quelle langue vosques tions sur les lan gues par lées se
-pa rents vous par laient-ils ha bi tuel le ré fé rent à des pra ti ques et non à une
connais sance sub jec tive. Elles nous ment ?” 84 % des fem mes in ter ro gées
ren sei gnent no tam ment sur la pra tique ré pon dent “le créole” lors de l’en quête
des lan gues avec les dif fé rents sur la fa mille menée en 1997. Leur de -
mem bres de la fa mille (conjoint, mande-t-on en suite “en quelle langue La pra tique du créole comme
pa rents, en fants) mais aus si dans le -langue ma ter nelle di minue for te par lez-vous ha bi tuel le ment à vos en -
mi lieu pro fes sion nel. ment avec l’élé va tion du ni veaufants”, la pro por tion tombe à 69 %. Ain -
d’étude de la mère.
si une femme sur cinq à qui l’on par lait
le créole dans l’en fance dé clare ne plus
Lexique le par ler or di nai re ment à ses pro pres en -
sur la généralisation du fran çais. Troisfants. Même si la langue ma ter nelle des
-fac teurs ex pli ca tifs sem blent pré pon dé Langue ma ter nelle : elle est dé finie -en fants réu nion nais reste en grande ma
par l’UNESCO comme étant la langue rants : l’élé va tion du ni veau d’étude,jo ri té le créole, la di mi nu tion de sa pra -
qu’une per sonne ac quiert au cours de l’ac cès crois sant des fem mes au mar chétique de puis une gé né ra tion en dit long
ses pre miè res an nées et qui de vient du tra vail et le fait d’avoir sé jour né en
son ins tru ment na tu rel de pensée et mé tro pole.
d’ex pres sion. C’est fi na le ment la
langue uti lisée par la com mu nau té -L’école était au tre fois ré servée à une mi eth nique à la quelle elle ap par tient.
no ri té com posée de ca té go ries so cia les
Di glossie : si tua tion lin guis tique d’une éle vées. Quand elle est de venue obli ga -
com mu nau té où sont en usage deux toire elle a per mis une large dif fu sion du
(ou plus de deux) langues de sta tut fran çais, in dé pen dam ment du ni veau so -
so cial iné gal et fonc tion nel le ment cial des in di vi dus. Le fran çais s’est ain si com plé men tai res.
im po sé à des gé né ra tions qui au -
jourd’hui ont des en fants d’âge sco laire.
Par mi les fem mes in ter ro gées, un peu
plus d’un tiers est allé jus qu’au lycée
alors que seu le ment 2 % de la gé né ra tion
de leurs mè res ont pour sui vi leurs étu des
Les fem mes par lent moins sou - jus ques là. La pra tique ha bi tuelle du
vent créole avec leurs en fants fran çais entre mère et en fant croît au fur
qu’avec leurs pa rents. La pra - et à me sure que le ni veau d’étude destique de lan gues au tres que le
mè res aug mente. Il passe ain si de 9 %créole et le fran çais est ex cep -
tion nelle et se li mite aux rap - chez les fem mes n’ayant fré quen té que
ports avec la gé né ra tion pré cé - -l’école pri maire à 88 % chez les ba che
dente. liè res. Les fem mes qui ont ac cé dé au
8so cié té
comme langue ma ter nelle
lycée sans ob te nir le bac se ré par tis sent Lo kosé kréolpar moi tié entre la pra tique de la langue
créole et celle du fran çais. La pli par dé man man ré nio nèze i kose
en kor kréol ek zot zen fan. Mé in dé
En de hors de l’élé va tion du ni veau man man que la gran di dan ce
d’étude, l’ac cès crois sant des fem mes au lan tou raze kréol la, zor di zour, el i
mar ché du tra vail est éga le ment un fac - kose kose pas tro kréol ek son ban
teur d’aban don du créole. Comme le mar maill. Nana pli siair ré son a sa.
Da bor in, a lé cole toute lo bann’los son sou ligne Robert Chau den son, “le créole
lé en fran cé ; en suite dan’ out-est sou vent ex clu des do mai nes de pres
tra vail’ou ex prime a ou plis en fran cétige tel que le sys tème édu ca tif ou l’ad -
ke en kréol. La pa tou sa, in foi ke oumi nis tra tion”. Ain si, dans plus de la
la quitte la Ré nion ou koné pa kan sa
moi tié des cas, le fran çais s’im pose en ou sa trouve out ti kosé kréol, et avek
mi lieu pro fes sion nel. Par l’as pect in dis - sa nana ma ryaze mé lan zé. Alor kis sa i
pen sable de la maî trise du fran çais dans kose en kor kréol dan tou sa la ? E bin,La langue ma ter nelle do mi nante
lo moun ke la pa tro avan cé, ni réus sile tra vail, les fem mes ac quiè rent une est le créole pour les en fants des
dans la vie, cè ces moun la, lo ptipra tique de cette langue qui les in cite à ca té go ries so cia les dé fa vo ri sées et
le fran çais en haut de l’échelle ma lé ré qui débrouiye a li ek son kréolla trans mettre. Les fem mes qui tra vail -
sociale. car li gaingne pa fé otre men.-lent sont en core ma jo ri tai res à trans
Marie-Ange CALIF mettre le créole à leurs en fants, ce pen -
(Régisseur et comptable à la Directiondant el les leur par lent deux fois plus fem mes nées à La Réu nion, seu le ment
régionale de l’INSEE).sou vent fran çais que les fem mes inac ti - 45 % de cel les qui ont sé jour né en de -
ves. hors de notre île par lent créole à leurs
en fants, contre 82 % pour cel les qui ne
sont ja mais par ties. Il faut no ter ce pen -Mi gra tions et cou ples D’où vient le créole
dant que seu le ment 12 % des fem mes in -mix tes fa vo ri sent le fran çais réu nion nais ?ter ro gées ont ef fec tué une mi gra tion. Ce
Vec teur de com mu ni ca tion entre lesphé no mène reste donc as sez m ar gi nalLa mi gra tion est éga le ment un fac teur maî tres et les es cla ves, le créole restemême si son im pact dans le choix deex pli ca tif de la moindre trans mis sion du es sen tiel le ment fran çais même sipar ler ou non fran çais est très net.créole. Un sé jour de plus de six mois en quel ques mots pro vien nent no tam ment
de Ma da gas car ou de l’Inde. C’estde hors de La Réu nion, le plus sou vent Dans cer tai nes fa mil les, ces dif fé rents
sur tout au ni veau de la syntaxe et desen mé tro pole, in fluence lar ge ment les élé ments peu vent se com bi ner. D’au tres tour nu res de lan gage que l’écart s’estRéu nion nai ses dans leur choix de par ler fac teurs peu vent aus si s’y ajou ter. La peu à peu creu sé, fa ci li té par unle fran çais. Moins d’un tiers des fem mes prise en compte du lieu de nais sance des double éloi gne ment : ce lui de la
qui ont quit té l’île, puis sont re ve nues, -mem bres du couple per met ain si d’éta mé tro pole et ce lui de chaque ré gion de
par lent créole à leurs en fants ; alors que blir le rôle des deux pa rents dans le pro - l’île par rap port à ses voi si

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