Le dépistage des anomalies de la vision chromatique - article ; n°1 ; vol.40, pg 94-134
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Description

L'année psychologique - Année 1939 - Volume 40 - Numéro 1 - Pages 94-134
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Henri Piéron
V. Le dépistage des anomalies de la vision chromatique
In: L'année psychologique. 1939 vol. 40. pp. 94-134.
Citer ce document / Cite this document :
Piéron Henri. V. Le dépistage des anomalies de la vision chromatique. In: L'année psychologique. 1939 vol. 40. pp. 94-134.
doi : 10.3406/psy.1939.5751
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1939_num_40_1_5751V
LE DÉPISTAGE DES ANOMALIES DE LA VISION CHROMATIQUE
Par H. Piéron
NATURE DES ANOMALIES DE LA VISION DES COULEURS
Trois types généraux d'anomalies caractérisées et un
quatrième type, plus léger, et de délimitation plus douteuse,
peuvent se rencontrer :
1° L achromalopsie totale, ou absence complète de vision
des couleurs, avec maintien exclusif de la discrimination des
brillances lumineuses, et de ce que les peintres appellent les
« valeurs » des surfaces réfléchissantes, des « albedos » suivant
la terminologie physique (avec échelle des gris allant du blanc
au noir, suivant la proportion totale de lumière restituée
par une surface diffusante éclairée, sans tenir compte des
coefficients de réflectivité correspondant aux différentes fr
équences lumineuses). Cette anomalie est rare ; elle est géné
ralement accompagnée d'une mauvaise vision fovéale, d'une
acuité basse, et même de nyctalopie et de nystagmus.
2° La dyschromatopsie caractérisée par une confusion des
rouges et des verts, à laquelle convient le nom général de
daltonisme. Les daltoniens, par suite d'une anomalie oculaire
(dont on connaît quelques cas limités à un œil), ne voient
dans le spectre que deux couleurs, séparées par une bande
grise, couleurs dont l'une est certainement le bleu et dont
l'autre paraît être le jaune (d'après les observations de dalto
niens monoculaires) ; de chaque côté de la bande grise les
radiations spectrales sont différenciées d'après leur luminosité
et d'après la saturation, ou intensité perçue de la couleur, sans
variation de nuance. Ainsi radiations rouges et radiations
vertes paraissent également jaunes et peuvent donc être
confondues, bien que, par une éducation spontanée, ces dys-
chromates, utilisant le langage de tout le monde, emploient PIÉRON. ANOMALIES DE LA VISION CHROMATIQUE 95 H.
les expressions de rouge et de vert1 et s'habituent à les dis
tinguer d'après certains critères inconscients, où, pour les
surfaces, interviennent albedo et saturation, outre des asso
ciations perceptives courantes (le rouge du sang, le vert des
feuilles, etc.), et, pour les lumières, certains caractères, tels
que la perte rapide de vision du rouge hors de la fixation
centrale, par déplacement du regard. Le daltonisme est, en
fait, généralement méconnu.
On sait que, chez; un normal, toutes les nuances des cou
leurs spectrales peuvent être réalisées au moyen de trois
radiations monochromatiques convenablement choisies (un
très grand nombre de combinaisons pouvant se montrer
satisfaisantes), et ce fait est à la base de la théorie, dite
« trichromatique », de la vision des couleurs, théorie émise
par Young et développée par Helmholtz, et qui conduit à
qualifier de « trichromates » les individus normaux, de « dichro-
mates » les daltoniens, et de « monochromates » — très
arbitrairement — les achromatopsiques totaux.
Cette théorie de Young-Helmholtz; attribue la vision nor
male des couleurs à l'intervention de trois systèmes récep
teurs indépendants correspondant à des couleurs dites fo
ndamentales et a dés lors prévu que l'absence ou l'incapacité
fonctionnelle de l'un ou l'autre des trois systèmes entraînerait
un type dichromatique de vision, type protanope, en cas de
perte de la fondamentale rouge, type deutéranope en cas de de la verte, type Iritanope en cas de
perte de la bleue. Le langage théorique s'est
mêlé à la constatation des faits, et le daltonisme s'est ainsi
trouvé divisé en trois types avec des désignations devenues
classiques.
En réalité on ne rencontre réellement que deux types de
daltoniens, les uns correspondant à l'observation princeps
de Dalton, et désignés comme protanopes, les autres corre
spondant à l'observation de Nagel et désignés comme deu-
téranopes. Ces deux types se distinguent en ce que la répar
tition des luminosités spectrales (et en particulier la limite
de visibilité spectrale du côté des grandes longueurs d'onde)
et la position de la bande grise du spectre sont différentes.
1. Mais un daltonien faisant l'équation de Rayleigh, par mélange en
proportions variables de rouge et de vert, signalait, entre le rouge et le
vert reconnus, une transition désignée comme « rouge-verte ». 96 MÉMOIRES ORIGINAUX
Pratiquement certaines confusions sont faites par le prota-
nope type Dalton que ne fera pas le deutéranope type Nagel,
et réciproquement, pour certains rapports de saturation et
d' albedo entre les couleurs qui devraient être distinguées.
Mais, dans les deux cas, les possibilités de confusion existent
également.
Le deutéranope apprécie sensiblement comme le normal
les valeurs, les albedos, des surfaces éclairées, quelle qu'en
soit la couleur, tandis que les égalisations en albedo du prota-
nope sont très différentes de celles du normal (les radiations
rouges étant pratiquement inefficaces).
La fréquence relative des deux formes du daltonisme
(anomalie Gongénitale et'non modifiable) est, chez; les sujets
mâles (les femmes étant presque indemnes), de 1 % de pro
tanopes et de 3 % de deutéranopes caractérisés, soit 4 %
en tout de daltoniens typiques1.
3° L1 anomalie du type Hayleigh. — Certains individus, qui
distinguent le rouge du vert et qui peuvent égaliser un jaune
spectral déterminé à la couleur résultant d'un mélange de
radiations monochromatiques rouges et vertes, ont toutefois
besoin, par rapport aux normaux, d'un excès d'énergie, soit
des radiations rouges, soit des radiations vertes.
Les normaux, classés d'après le rapport des énergies
monochromatiques rouge et verte donnant une égalisation
avec le jaune typique, montrent une certaine variabilité,
qui se répartit suivant la courbe de fréquence classique déter
minée par les lois de probabilité.
Les anomalies se situent en dehors de cette courbe nor
male des fréquences. Et, dans les conceptions théoriques, on
vit, dans ces anomalies, un premier stade de daltonisme,
l'affaiblissement de la valeur du rouge étant attribué à une
diminution fonctionnelle de la capacité de la fondamentale
rouge, à une « protanomalie » ou protanopie incomplète, de la valeur du vert (le plus fréquent) à
une « deutéranomalie » ou deutéranopie incomplète.
Pratiquement, le déséquilibre accentué entre les valences
1. Ce chiffre de 4 % est celui donné par Blum et Schaaf d'après une
expérience prolongée ; il est en accord avec les constatations faites dans
la marine britannique. L'accord est très général aussi en ce qui concerne
le rapport des protanopes aux deutéranopes (en particulier d'après les obser
vations de Miles sur 1.206 étudiants et de Miles et Craig sur 929 hommes,
vendeurs ou étudiants). PIÉRON. ANOMALIES DE LA VISION1 CHROMATIQUE 97 H.
relatives (lumineuse, ou chromatique, ou à la fois lumineuse
et chromatique, point encore en question) affaiblit-il la capac
ité discriminative des couleurs dans la région des moyennes
et grandes longueurs d'onde, et peut-il rendre plus difficile
la reconnaissance de signaux rouges ou verts ? C'est ce qui est
très sérieusement contesté, des anomalies de ce type pouvant
s'accorder avec des sensibilités différentielles sensiblement
normales.
Les relations de l'anomalie de Rayleigh avec le daltonisme
sont d'autre part très obscures et l'expression souvent
employée de daltonisme incomplet pour désigner cette ano
malie n'apparaît pas légitime.
4° L'hypochromatopsie. — Mais il y a un problème relatif
aux anomalies légères qui ne représentent pas un daltonisme
typique, qui ne peuvent être classées nettement dans la
protanopie ou la deutéranopie, et qui ne relèvent pas non plus, <

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