Le développement actuel de la psychologie scientifique - article ; n°2 ; vol.89, pg 213-238
27 pages
Français

Le développement actuel de la psychologie scientifique - article ; n°2 ; vol.89, pg 213-238

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
27 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1989 - Volume 89 - Numéro 2 - Pages 213-238
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-F. Le Ny
Le développement actuel de la psychologie scientifique
In: L'année psychologique. 1989 vol. 89, n°2. pp. 213-238.
Citer ce document / Cite this document :
Le Ny J.-F. Le développement actuel de la psychologie scientifique. In: L'année psychologique. 1989 vol. 89, n°2. pp. 213-238.
doi : 10.3406/psy.1989.29335
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1989_num_89_2_29335L'Année Psychologique, 1989, 89, 213-238
Centre Scientifique d'Orsay
CEPCO
Université de Paris- Sud1
LE DÉVELOPPEMENT ACTUEL
DE LA PSYCHOLOGIE SCIENTIFIQUE
par Jean-François Le Ny
Mes collègues ont retracé les événements principaux des cent
années qui nous séparent de la naissance de la psychologie scien
tifique en France, et, à une décennie près, dans le monde.
Je vais maintenant examiner ici la situation pour la période
présente, en remontant d'une quinzaine d'années vers le passé,
et ensuite, chose plus difficile et risquée, en essayant de prolonger
ou de projeter les tendances actuelles vers le futur, au moins dans
sa courte partie prévisible.
Si nous jetons un coup d'œil rétrospectif sur cette période, que
nous pouvons donc faire remonter jusque vers le début des
années 70 ou le milieu des années 60, nous voyons sans trop de
peine que trois phénomènes historiques considérables pour la
psychologie s'y manifestent.
Les deux premiers ne concernent pas directement le domaine
de la science, mais il faut en dire un mot car ils constituent la toile
de fond sur laquelle se déroule le développement scientifique. Il
s'agit de phénomènes qui se déroulent dans la sphère sociale,
générale, professionnelle et universitaire, dans laquelle la psy
chologie se trouve plongée. Je n'en dis quelques mots que pour
mettre les choses en perspective.
1. Bât. 335, 91405 Orsay Cedex. 214 Jean-François Le Ny
Le contexte de la psychologie scientifique
Le premier phénomène marquant c'est ce qu'il n'est pas exagéré
de caractériser comme une explosion de la psychologie en tant que
discipline universitaire et en tant que profession, deux caracté
ristiques qui sont intimement liées.
Cette période est en France celle où l'enseignement de la psy
chologie se sépare de celui de la philosophie. Cette séparation est
certes plus ou moins radicale selon les lieux. Mais un peu partout
se créent des enseignements de psychologie à tendance scienti
fique ou de psychophysiologie, et des laboratoires de recherche.
Le CNRS joue un rôle important dans ce développement.
Corrélativement se développe peu à peu une profession de psy
chologue. La création récente, en 1987, du diplôme d'Etat de
Psychologue marque une étape importante, une cristallisation,
de cette évolution. Aujourd'hui, dans la société française, il existe
un nombre important de personnes dont la profession peut être
directement caractérisée comme celle de « psychologue » ; environ
dix mille en France, sans parler des milliers d'autres dont la déno
mination est différente, mais dont l'activité est apparentée à
celle-là.
Comment peut-on apprécier ce changement ? Est-il la marque
d'une pénétration, dans la société tout entière, des idées de la
psychologie scientifique, au travers de pratiques qui s'y ratta
chent de façon directe ? Il serait imprudent de répondre de façon
affirmative et catégorique à cette question.
Il existe de bonnes raisons de penser que la conjoncture change
depuis un petit nombre d'années, progressivement mais peut-être
profondément. D'une part les besoins sociaux et professionnels ne
sont plus aujourd'hui dominés massivement par les problèmes de
la santé mentale ; ils le sont aussi, et de plus-en plus, d'une part
par les exigences associées au travail, notamment celles qui décou
lent de l'utilisation généralisée des nouvelles technologies, et
d'autre part par les conditions d'efficacité de l'enseignement, chez
l'enfant, chez l'adolescent et maintenant chez l'adulte.
En même temps les motivations et l'arrière-fond culturel dans
lequel les étudiants, et aussi les psychologues en exercice, se trou
vent plongés, évoluent assez rapidement vers une aspiration à ce
qu'on pourrait appeler une teneur en scientificité beaucoup plus
élevée que par le passé.
Les deux phénomènes dont je viens de parler constituent, pour Communication centenaire de la psychologie 215
l'avant-dernière période, la toile de fond du troisième phénomène,
dont je vais parler dans un instant. Ils sont souvent, pour qui
regarde la psychologie de l'extérieur, l'essentiel de ce qui en est
socialement visible, et qui masque dans une large mesure les
aspects scientifiques.
Un changement de paradigme scientifique
Le troisième phénomène, qui survient pour l'essentiel posté
rieurement au milieu des années 60, est, lui, proprement scien
tifique : c'est bien un phénomène de l'histoire du développement
de la recherche. Il consiste, pour reprendre ici assez librement un
terme emprunté à Kuhn (1972), en un changement de paradigme
de
Pour bien le comprendre il faut caractériser les changements
et l'état antérieurs ? Faisons donc un bref retour en arrière sur ce
qu'ont dit mes collègues, et regardons la psychologie scientifique
dans son ossature la plus simple. En un mot, ce qui marque le
tournant survenu à la fin du xixe et au début du xxe siècle, ce qui
fonde l'apparition de la psychologie scientifique, c'est l'émergence
d'une nouvelle classe de faits. C'est l'abandon, progressif et dou
loureux, de l'idée que la psychologie, en tout cas cette psychol
ogie-là, a sa source dans la connaissance de soi.
C'est, en bref, le concept de comportement en tant qu'il
regroupe une classe particulière, nouvelle, très vaste, de faits,
c'est-à-dire d'observables. Toute science se constitue par un va-et-
vient entre les concepts et les observables. Mais les observables
eux-mêmes ont besoin d'être conceptualisés.
Cette émergence s'est produite, au niveau international, assez
lentement. Si on laisse de côté la psychophysique, qui pose un
problème particulier, elle est jalonnée par les grands noms
d'Ebbinghaus en Allemagne — Ebbinghaus plutôt que Wundt — ,
de Pavlov en Russie, de Piéron en France (dès les toutes premières
années du siècle comme Galifret l'a rappelé), et enfin, naturelle
ment, de Watson aux Etats-Unis. Le grand article fondateur de
Watson n'est que de 1913, mais c'est évidemment de loin celui
qui a eu le plus d'influence ; celle-ci est souvent, comme c'est
le cas en France dans l'entre-deux-guerres, philosophique plutôt
que scientifique, et négative plutôt que positive. Il n'empêche
qu'elle façonne dans une large mesure l'état d'esprit dans lequel
se développe la recherche elle-même, c'est-à-dire le paradigme qui
règne jusque vers les années 60. 216 Jean-François Le Ny
Le paradigme antérieur
Durant un demi-siècle la psychologie scientifique a eu ainsi
pour noyau dur la psychologie expérimentale, et celle-ci a pris paradigme théorique l'étude du comportement, plus pré
cisément la mise en relation des faits de comportement avec
leurs conditions externes d'apparition, stimulus et situations.
La psychophysiologie s'est développée sans peine dans le
même cadre. La psychologie de l'enfant, la psychologie différent
ielle, la psychologie sociale, la psychologie du travail, et surtout
la psychologie pathologique ont gardé chacune assez longtemps,
non seulement leurs problématiques mais aussi leurs méthodol
ogies propres.
Le paradigme du comportement, durant ces années, s'est pro
pagé avec lenteur. On peut penser que cela était dû à deux raisons
conjointes : d'une part la résistance usuelle aux idées nouvelles,
d'autre part une indéniable étroitesse qui était liée, parfois ou
souvent, à la mise en œuvre de ce paradigme.
Dans sa version expérimentale, il se présentait pourtant sous
deux formes déjà bien distinctes : l'une traitait le recours au com
portement comme une méthodologie, une démarche, et mettait
celle-ci au service des elaborations théoriques. L'aut

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents