Le développement par la rente dans les petites économies insulaires - article ; n°6 ; vol.44, pg 1169-1199
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Description

Revue économique - Année 1993 - Volume 44 - Numéro 6 - Pages 1169-1199
Le développement par la rente dans les petites économies insulaires
Quel que soit leur statut politique, les petites économies insulaires sont souvent très dépendantes d'une rente extérieure administrative, militaire, ou privée (envois de travailleurs émigrés). Il en résulte des « déséquilibres » souvent stigmatisés : forte dépendance envers « l'aide » extérieure, déficit de la balance commerciale, « hypertrophie » du secteur tertiaire, chômage et/ou émigration.
L'article présente une analyse théorique qui explique ces « déséquilibres » comme une forme du « syndrome hollandais » observé dans les économies de rente énergétique, puis esquisse une théorie de l'échange international de services non marchands, qui permet de rendre compte de l'apparente « spécialisation » des petites économies insulaires dans l'exportation vers de « grands pays » de « services » militaires, géostratégiques, ou géopolitiques non marchands, contre une aide publique qui permet de financer les importations de biens privés.
Rent as a development strategy for smallisland economies
Small island economies (SIE) typically exhibit a high dependance on foreign or metropolitan aid, low export to import ratios, hypertrophy of the public sector and tertiary activities, and a high rate of unemployment and/or emigration.
The article presents a theory of this development pattern, making an analogy with the economies exhibiting the « dutch disease », as a resuit of an energetic or mining rent. Finally, the article sketches a theory of non market international trade, which helps to explain why comparative advantage often lies, for SIEs, in the trading of « aid » (or « rent », financing the SIEs' trade deficit and bureaucracy) in exchange for non market public exports of military, geo-strategic or geo-political non market public services.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Bernard Poirine
Le développement par la rente dans les petites économies
insulaires
In: Revue économique. Volume 44, n°6, 1993. pp. 1169-1199.
Résumé
Le développement par la rente dans les petites économies insulaires
Quel que soit leur statut politique, les petites économies insulaires sont souvent très dépendantes d'une rente extérieure
administrative, militaire, ou privée (envois de travailleurs émigrés). Il en résulte des « déséquilibres » souvent stigmatisés : forte
dépendance envers « l'aide » extérieure, déficit de la balance commerciale, « hypertrophie » du secteur tertiaire, chômage et/ou
émigration.
L'article présente une analyse théorique qui explique ces « déséquilibres » comme une forme du « syndrome hollandais »
observé dans les économies de rente énergétique, puis esquisse une théorie de l'échange international de services non
marchands, qui permet de rendre compte de l'apparente « spécialisation » des petites économies insulaires dans l'exportation
vers de « grands pays » de « services » militaires, géostratégiques, ou géopolitiques non marchands, contre une aide publique
qui permet de financer les importations de biens privés.
Abstract
Rent as a development strategy for smallisland economies
Small island economies (SIE) typically exhibit a high dependance on foreign or metropolitan aid, low export to import ratios,
hypertrophy of the public sector and tertiary activities, and a high rate of unemployment and/or emigration.
The article presents a theory of this development pattern, making an analogy with the economies exhibiting the « dutch disease
», as a resuit of an energetic or mining rent. Finally, the article sketches a theory of non market international trade, which helps to
explain why comparative advantage often lies, for SIEs, in the trading of « aid » (or « rent », financing the SIEs' trade deficit and
bureaucracy) in exchange for non market public exports of military, geo-strategic or geo-political non market public services.
Citer ce document / Cite this document :
Poirine Bernard. Le développement par la rente dans les petites économies insulaires. In: Revue économique. Volume 44, n°6,
1993. pp. 1169-1199.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1993_num_44_6_409502Le développement par la rente
dans les petites économies insulaires
Bernard Poirine
Quel que soit leur statut politique, les petites économies insulaires sont sou
vent très dépendantes d'une rente extérieure administrative, militaire, ou privée
(envois de travailleurs émigrés). Il en résulte des « déséquilibres » souvent
stigmatisés : forte dépendance envers « l'aide » extérieure, déficit de la balance
commerciale, « hypertrophie » du secteur tertiaire, chômage et/ou émigration.
L'article présente une analyse théorique qui explique ces « déséquilibres »
comme une forme du « syndrome hollandais » observé dans les économies de
rente énergétique, puis esquisse une théorie de l'échange international de services
non marchands, qui permet de rendre compte de l'apparente « spécialisation »
des petites économies insulaires dans l'exportation vers de « grands pays » de
« services » militaires, géostratégiques, ou géopolitiques non marchands, contre
une aide publique qui permet de financer les importations de biens privés.
On appellera ici petites économies insulaires les îles de moins d'un million
d'habitants (le plus souvent beaucoup moins). Ces économies, dépendantes
politiquement comme les DOM-TOM ou bien indépendantes avec parfois quel
ques limites de souveraineté comme pour certaines îles dans l'orbite économi
que de la Nouvelle-Zélande ou des États-Unis, sont « téléguidées », dans le sens
où leur économie est « intégrée à distance » à l'économie « tutelaire » qui les
prend en charge. Cette forme de développement « impulsé du dehors » par une
« rente administrative » présente de grandes similitudes avec celle qui est obser
vée dans des économies de « rente pétrolière » (ou « phosphatière » pour certai
nes îles-États du Pacifique comme Nauru ou Kiribati), notamment du point de
vue de l'existence du « syndrome hollandais » (dutch disease) impliquant
1'« éviction » d'activités d'exportation ou concurrentes d'importations, mais
aussi avec celle d'une économie régionale de type « ville de garnison », « ville
de retraités » ou « banlieue dortoir », intégrée à un ensemble économique de
niveau industriel développé.
Dans ce cadre théorique, un modèle de développement, jusqu'ici considéré
comme « dépendant » et donc fondamentalement « pervers », peut au contraire
se justifier comme répondant à une spécialisation internationale particulière,
conforme à la logique de l'avantage comparatif, et donc viable à long terme
dans le cadre d'une étroite association à une économie métropolitaine ou domin
ante, et compatible avec différents degrés possibles de souveraineté pour
l'économie insulaire « associée ».
Cette étude aborde la théorie et la pratique des petites économies insulaires
dépendantes dont la croissance est impulsée de l'extérieur par une rente publi-
1169
Revue économique — N° 6, novembre 1993, p. 1169-1200. Revue économique
que (militaire et/ou civile) et/ou par les ressources tirées des envois de tra
vailleurs émigrés.
Seront abordés successivement :
1. La formalisation théorique d'une économie de rente insulaire et ses consé
quences pour la politique économique ;
2. L'illustration du modèle dans quelques cas particuliers : les DOM-TOM
insulaires des Antilles, du Pacifique et de l'océan Indien, d'une part, les petites
îles indépendantes du Pacifique, d'autre part ;
3. Le développement par la rente : sa viabilité et sa logique dans le cadre de
l'échange international marchand et non marchand.
L'ECONOMIE MIRAGE-ARABE : UNE THEORIE
DE L'ÉCONOMIE DE RENTE INSULAIRE
Une petite économie insulaire dépendante répond au modèle de développe
ment MIRAGE si elle est caractérisée par :
— une forte émigration et l'importance des envois de travailleurs émigrés
pour l'alimentation de la demande interne (MI comme Migration, R comme
Remittances, ou remises de travailleurs émigrés à leur famille) ;
— une forte composante d'aide publique extérieure pour le financement des
dépenses publiques : aide au développement, coopération, aide budgétaire, ou
transferts publics dans le cas d'économies non indépendantes (c'est le A de
MIRAGE : AID) ;
— une forte composante de dépenses publiques dans la demande finale,
notamment par l'embauche d'une nombreuse bureaucratie administrative (c'est
le GE de MIRAGE : Government Expenditure) .
Dans une variante de ce modèle, l'abondance de la rente et le
haut niveau des salaires publics et privés du secteur protégé rendent inutile l'émi
gration vers l'économie tutélaire : celle-ci disparaît, ou plutôt elle est remplacée
par une migration interne vers le secteur public « surpayé », même par rapport à la
norme métropolitaine : c'est le cas de la plupart des DOM-TOM . Ce modèle de
1. Ce modèle a d'abord été exposé sous le nom MIRAB (avec un B comme bureauc
ratie) par Bertram et Waters [1985]. Harold Brookfield a, par la suite, suggéré à ces
auteurs de remplacer le B de « Bureaucracy » par le GE de « Government Expenditure »,
le terme de MIRAGE lui semblant plus parlant pour évoquer ce type d'économie.
2. En Polynésie française, un tel mouvement de migration interne vers le secteur « militaire
enclavé » a été particulièrement voyant, puisque les agriculteurs et les pêcheurs des archipels se
sont précipités en grand nombre à partir de 1962 vers les sites atomiques en construction des
Tuamotu, puis vers la base arrière du CEP àTahiti, attirés par des salaires très élevés pour l'épo
que, ce qui a stoppé net un mouvemen

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