Le différenciateur sémantique - article ; n°2 ; vol.68, pg 451-465
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Description

L'année psychologique - Année 1968 - Volume 68 - Numéro 2 - Pages 451-465
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Menahem
Le différenciateur sémantique
In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°2. pp. 451-465.
Citer ce document / Cite this document :
Menahem R. Le différenciateur sémantique. In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°2. pp. 451-465.
doi : 10.3406/psy.1968.27628
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1968_num_68_2_27628NOTES
Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée de la Sorbonne
associé au C.N.R.S.
LE DIFFÉRENCIATEUR SÉMANTIQUE
Le modèle de mesure
par Ruth Menahem
Le différenciateur sémantique est une technique visant à faire appar
aître et comparer certains aspects de la signification d'un « concept »
(mot, son, expression faciale, tableau, etc.).
Le modèle proposé par Osgood et coll. (1957) repose sur une théorie
de la médiation : les liaisons associatives de signe à signifié sont néces
sairement médiatisées par une réaction représentative médiatrice que
nous appellerons « impression sémantique » (Jodelet, in Traité de psychol
ogie expérimentale, fasc. VII). Cette impression sémantique est condi
tionnée à un ensemble de mots stimulus et conditionne à son tour un
ensemble de mots réponses. C'est l'existence d'une telle médiation qui
fonde la possibilité d'une mesure de la similitude des mots, de leur
similitude connotative. (Les termes « dénotatif » et « connotatif » sont
employés par Osgood dans un sens différent de celui des linguistes ;
dans les travaux récents, il remplace généralement « » par
« affectif ».) Ainsi, deux mots dénotativement différents, ayant des
referents différents, comme pomme et péché par exemple, peuvent
évoquer une même impression sémantique, donc avoir des connotations
identiques s'ils ont été associés dans l'expérience antérieure du sujet à
des contextes identiques.
Il faut alors déterminer un répertoire de réponses qui seraient
semblables pour des impressions sémantiques semblables et différentes
pour des impressions sémantiques différentes. Ce répertoire de réponses
devra être pertinent aux impressions provoquées par le stimulus et
donner lieu à une réaction d'une certaine intensité afin de pouvoir
rendre mesurable une éventuelle différence.
L'instrument destiné à mesurer ces significations connotatives, ou 452 NOTES
différenciateur sémantique, consiste en un ensemble de paires d'adjectifs
antonymes désignant des qualités abstraites ou sensibles. Le sujet
dispose d'un certain nombre de réponses (7 en général) disposées sur
une échelle métrique et quantifiées par des adverbes de quantité tels
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r m i
> — ^
— ~
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m.ii ^
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mm
Fig. 1. — Exemple d'échelles
que : extrêmement, très, assez. C'est sur ces échelles qu'on va situer les
impressions sémantiques provoquées par un stimulus ou « concept ».
On obtient ainsi des profils auxquels on peut appliquer différentes
techniques de comparaison.
Le modèle métrologique est celui d'un espace sémantique de type
euclidien, dont chaque échelle est une dimension passant par l'origine.
La signification d'un « concept » sera représentée par un vecteur dont la
longueur à partir de l'origine correspondra à sa richesse en signification, MENAHEM 453 R.
et la direction à sa qualité. La mesure de la distance entre les termi
naisons des vecteurs donnera la de leur plus ou moins grande
similitude.
Peut-on établir un lien entre la signification connotative définie
dans le cadre de la théorie de la médiation et la définition opérationnelle
de la signification comme localisation d'un point dans l'espace sémant
ique ? Cela paraît difficile : on ne peut que postuler l'équivalence
entre les processus médiationnels et les résultats des jugements sur
le D.S., et faire l'hypothèse que ces processus médiationnels sont effe
ctivement composés de n réactions bipolaires, dont l'intensité et la qual
ité correspondent à la longueur de la direction des vecteurs dans l'e
space sémantique.
BON i i i i i i i i MAUVAIS
ACTIF i i i i i i i i PASSIF
LEGER i i i i i i i LOURD
Fig. 2. — Le modèle de la médiation
A) Modèle de la formation des processus symboliques ;
B) L'espace sémantique ;
G) Coordination entre les deux modèles (d'après Osgood, 1962).
Nous n'allons pas aborder ici les problèmes relatifs à la théorie
de la médiation (voir Fodor, 1965, 1966), mais exclusivement ceux
relatifs au modèle métrologique. En particulier, nous essaierons de
montrer dans quelle mesure les postulats sur lesquels repose cette
métrique sont adéquats à la réalité psychologique et comment ces
conditions peuvent être effectivement réalisées dans la pratique. Nous
allons envisager successivement : 1) le mesuré ; 2) le mesurant ; 3) les
techniques de calcul.
I. — Le mesuré
Toute mesure implique l'existence d'un univers d'objets à mesurer,
objets qui varient quant à un ou plusieurs attributs. Le titre du livre
d'Osgood, Suci et Tannenbaum, The measurement of meaning (La
mesure de la signification) est ambigu. En effet, que veut dire « signi
fication » ? On est tenté de dire, avec Lévi-Strauss, « que tous les mots
ont une signification, sauf précisément « signification » ». Dans le cadre
de la théorie d'Osgood, ce que l'on cherche à mesurer, ce sont ces
états médiationnels, essentiellement changeants et éphémères dont on
infère l'existence quand on demande à un sujet de juger un concept
sur une série d'échelles bipolaires. Il est préférable de ne pas parler de
signification mais de se limiter à une définition opérationnelle. S'il est
malaisé de cerner exactement l'objet mesuré — et c'est l'un des points
faibles de cette technique — on ne peut contester que l'on mesure
effectivement quelque chose : les nombreux travaux, dans tous les NOTES 454
domaines (la bibliographie du Centre de Recherches sur les Commun
ications de l'Université d'Illinois ne comporte pas moins de 1 400 titres),
depuis les études de votes, de marché, la psychologie pathologique,
l'esthétique... jusqu'aux concepts de la philosophie d'Empédocle, témoi
gnent, par leurs résultats, que les mesures ainsi obtenues sont valides,
puisqu'elles permettent de prévoir des comportements.
Une bonne validation récente (on trouvera de nombreux autres
exemples de dans Osgood, Suci et Tannenbaum, 1957) nous
paraît être celle de Markel (1966) qui montre qu'il y a facilitation de
l'apprentissage de couples formés d'un adjectif et d'une syllabe sans
signification, lorsque les deux termes sont sélectionnés en fonction de
leur similitude de signification connotative mesurée par le D.S., alors
qu'il y a interférence quand les scores au D.S. sont différents.
En somme, quand on fait juger des concepts, c'est une manière
d'indexer les expériences d'un individu aux referents de ces concepts,
selon une série de dimensions indiquant les qualités générales de ces
expériences. Les jugements au D.S. peuvent prédire le comportement
dans la mesure où celui-ci dépend des processus médiationnels. Pour
Osgood et coll., ces processus sont supposés être équivalents à la signi
fication. Selon le réfèrent attribué à « signification », on peut accepter
ou rejeter cette hypothèse. C'est ce que dit Osgood lui-même (1957,
p. 325) : « It is certain that we are not providing an index of what signs
refer to, and if reference or designation is the sine qua non of meaning,
as some readers will insist, then they will conclude that this book is
badly mistitled »1.
II. — Le mesurant
Les postulats sous-jacents à la métrique utilisée posent des problèmes
tenant soit à l'instrument lui-même, soit à son utilisation. Le modèle
de mesure suppose un espace dont les dimensions sont linéaires, anta
gonistes et symétriques par rapport à l'origine (flg. 1).
Nous allons étudier dans quelle mesure ces conditions sont
recevables.
1) L'égalité des échelons. — Matériellement, les &

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