Le domaine psychologique - article ; n°1 ; vol.19, pg 1-26
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Description

L'année psychologique - Année 1912 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 1-26
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1912
Nombre de lectures 16
Langue Français
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Extrait

Henri Piéron
I. Le domaine psychologique
In: L'année psychologique. 1912 vol. 19. pp. 1-26.
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Piéron Henri. I. Le domaine psychologique. In: L'année psychologique. 1912 vol. 19. pp. 1-26.
doi : 10.3406/psy.1912.3872
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1912_num_19_1_3872L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME XIX
MÉMOIRES ORIGINAUX
I
LE DOMAINE PSYCHOLOGIQUE
Par Henri Piéron
La tâche essentielle de l'Année Psychologique doit être
évidemment de contribuer aux progrès de la psychologie,
autant par la publication de travaux que par la mise au
courant, chaque année, des principales recherches effectuées
dans le domaine psychologique.
Or ce est très vaste, et il n'est pas sans intérêt de le
parcourir rapidement d'un œil explorateur, depuis la frontière
incertaine qui le sépare des domaines scientifiques dont il
s'est récemment dégagé, tout en gardant d'étroites relations
avec eux, jusqu'aux limites plus contestées encore qui indivi
dualisent le domaine de la sociologie, cette dernière venue dans
la hiérarchie des sciences.
I
ANATOMO-PHYSIOLOGIE DU SYSTÈME NERVEUX
ET PSYCHOLOGIE
L'effort de la plupart des sciences est en quelque sorte
destructeur de ces sciences mêmes : il vise en effet à ramener
l'année psychologique, xix. 1 2 MÉMOIRES ORIGINAUX
les phénomèness complexes — exigeant des méthodes
spéciales — à des phénomènes plus simples pour lesquels
peuvent convenir des méthodes plus générales : l'étude physio
logique tend à ne plus emprunter que les méthodes physico
chimiques, comme l'étude psychologique à ne plus se servir
que des méthodes physiologiques, en attendant mieux; on est,
il est vrai, très loin de réussir complètement dans cette première
réduction, mais la nature même de l'effort exige une connais
sance très précise des recherches anatomo-physiologiques
concernant les fonctions nerveuses.
Les problèmes de localisation fonctionnelle qui se posent
aujourd'hui avec une singulière acuité sont d'une réelle
importance pour la psychologie : il n'est pas sans consé
quences pour la conception d'un mécanisme mental que de
savoir qu'il exige ou qu'il n'exige point la participation de
diverses zones cérébrales, en particulier quand certaines des
zones impliquées jouent également un rôle dans le jeu d'autres
fonctions.
En particulier la question du siège du langage, s'intrique
étroitement dans le problème du mécanisme verbal.
Et la cyto- ou la myélo-architectonie, en précisant les zones
cérébrales homogènes, restées ignorées quand on se bornait à
l'examen morphologique des circonvolutions, permettent
d'espérer de sérieux progrès de ce côté par la collaboration du
psychologue et de l'histologiste.
D'autre part, nous cherchons à nous représenter les phéno
mènes fondamentaux dont dépendent tels ou tels aspects de
l'attention ou de la mémoire; or, pour cela, on ne saurait trop
suivre les réels progrès qui précisent notre connaissance,
encore si vague, du fonctionnement des cellules nerveuses. Et
il sera d'une haute importance pour la conception de l'atten
tion, par exemple, que de comprendre le mécanisme physiolo
gique de l'excitation et de l'inhibition d'origine nerveuse, ce
qu'on peut espérer maintenant, grâce aux importantes
recherches de L. Lapicque et de ses élèves.
Est-il besoin de rappeler que la question de la nature des
émotions relève des méthodes physiologiques seules, et que
c'est l'interprétation physiologique qui rendra compte des effets
si généraux et si graves des états affectifs intenses.
La psychologie, si elle doit se différencier, parce qu'elle
exige des méthodes propres, de la physiologie proprement
dite, ne peut oublier qu'elle repose sur celle-ci et y plonge PIÉRON. — LE DOMAINE PSYCHOLOGIQUE 3 H.
profondément ses racines : une séparation radicale ne tarderait
pas à la faire se flétrir.
Si les méthodes sont différentes, les phénomènes étudiés sont
fondamentalement les mêmes, et la dualité des méthodes n'est
que le témoignage d'une grave imperfection de nos connais
sances actuelles.
II
LA PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE
Les liens étroits de la psychologie et de la physiologie appa
raissent en pleine lumière dans toute une série de recherches
que l'on rapporte à la « physiologique » entendue
dans un sens étroit.
Il s'agit d'études effectuées par des méthodes proprement
physiologiques, renseignant, non sur les phénomènes psychi
ques eux-mêmes, qui ne peuvent être connus par ces méthodes,
mais sur leurs effets ou leurs concomitants généraux.
Ainsi l'effort d'attention, le travail intellectuel, l'émotion, la
fatigue — phénomènes mentaux — entraînent, ou s'en accom
pagnent, des modifications circulatoires, respiratoires, ther
miques, électriques, musculaires, etc., qui méritent d'être
étudiées.
Il y a eu là une voie largement explorée au début, car, a la
différence d'une autre science qui prétend surtout s'affirmer
par opposition, la sociologie, la psychologie s'est affirmée
surtout par rapprochement, et est devenue scientifique en
cherchant à être physiologique.
Malheureusement, les recherches initiales n'eurent pas toute
la fécondité qu'on espérait d'elles et il y eut quelque découra
gement; il faut dire qu'elles étaient un peu étroites, et surtout
que, touchant à la psychologie et à la physiologie, elles
n'étaient ni assez psychologiques, ni assez physiologiques.
Elles ne se préoccupaient pas suffisamment de la nature précise
des phénomènes mentaux impliqués, ni du jeu exact des méca
nismes organiques examinés.
On provoquait, par exemple, un état d'attention assez vague;
et, d'autre part, on examinait les caractères d'un tracé respi
ratoire ou circulatoire pour eux-mêmes et en quelque sorte dans
l'absolu : le dicrotisme du pouls était un personnage fort
important et l'on discuta fort pour savoir si l'attention 4 MÉMOIRES ORIGINAUX
l'augmentait ou le diminuait, sans se demander ce que c'était
ni à quoi il était dû.
Encore maintenant, les élèves de Wundt se livrent à des
calculs nombreux et compliqués sur des amplitudes, des
hauteurs, des formes de pulsations ou d'oscillations respira
toires, comme si les dessins d'un graphique n'étaient pas une
traduction — et souvent une trahison — des phénomènes
physiologiques, mais constituaient ces phénomènes eux-mêmes.
En somme, bien qu'on travaille encore dans cette voie, il
semble que les variations des battements du cœur ou des
mouvements des muscles thoraciques et du diaphragme ne
permettent pas de différencier les caractères des phénomènes
mentaux. Ce sont en grande partie les études de Binetqui ont
montré que les répercussions de ces phénomènes mentaux
étaient toujours assez semblables, quels qu'ils fussent.
Du côté des variations vaso-motrices, il semble qu'on puisse
obtenir un clavier à plusieurs touches, et les intéressantes
recherches que poursuit inlassablement Patrizi ont donné à cet
égard des résultats plus encourageants.
On peut d'ailleurs rappeler que l'existence d'une douleur,
dont toutes les réactions motrices peuvent être inhibées — sauf
toutefois la dilatation pupillaire, — est très nettement révélable
par la vaso-constriction de la main.
Les émotions se traduisent également par des variations du
calibre artériolaire ; mais elles ont, à ce qu'il semble, une con
séquence spécifique, précieuse à ce titre, et dont le mécanisme
reste encore totalement ignoré, connue sous le nom de réaction
psycho-galvanique : l'intensité d'un courant, traversant une
région quelconque de l'organisme, augmente d'une façon pas
sagère quand il se produit une émotion.
De la psycho-physiologie au sens strict relèvent encore des
études très importantes au point de vue doctrinal, mais singu
lièrement difficiles à poursuivre au point de vu

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