Le May des orfèvres  - article ; n°1 ; vol.105, pg 75-90
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Description

Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1994 - Volume 105 - Numéro 1 - Pages 75-90
Der Pariser May der Goldschmiede Ein Beitrag zur Geschichte der Entstehung des ästhetischen Gefühls Seit einigen Jahren ist es gemeinsames Anliegen der Kunstgeschichte und der Geschichte der Kunstkritik, den fortschreitenden Urteilswandel über das zu thematisieren, was wir heute als Kunstwerke bezeichnen. Im ausgesprochen gut dokumentierten Fall des « May » der Pariser Goldschmiede im siebzehnten und achtzehnten Jahrhundert ist dieser Wandel nicht einzig eine blofêe Frage der Geschmacksentwicklung ; sie verweist in Wahrheit auf ein sehr viel komplexeres Bedingungsgefüge, das zu gleicher Zeit mit dem Auftauchen des kunstlerischen Feldes, der Autonomisierung des ästhetischen Urteils und mit der Transformation des religiösen Gefühls in Verbindung steht. Das Zusammentragen der ganzen Palette der über den May gefällten Urteile und die Korrelation der-selben mit der sozialen Stellung der Akteure liefert offenkundig eine brauchbare Handhabe zur Beobachtung des Statuswechsels des Kunstwerks in dieser entscheidenden Zeitspanne zu Ende des siebzehnten Jahrhunderts und wohl auch zum besseren Verständnis dessen, was sich hinter dem Auftreten des modernen Künstlers verbirgt.
formation is not only a matter of evolving taste, it in fact entails much more complex stakes which have to do with the emergence of the artistic field, the autonomisation of esthetic judgment and the mutations of the religious sentiment. By reconstructing the whole range of judgments pronounced on the May and comparing these with the actors' social positions, it is possible to shed some light on the change in the status of the work of art at this crucial time of the late-17th century and, perhaps, to understand what is behind appearance of the modern artist.
Le May des orfèvres Contribution à l'histoire de la genèse du sentiment esthétique C'est depuis quelques années l'un des lieux communs de l'histoire de l'art et de l'histoire de la critique d'art que d'évoquer la transformation progressive des jugements sur ce que nous appelons aujourd'hui «œuvres d'art». Dans le cas si bien documenté du May des orfèvres parisiens aux XVIIe-XVIIIie siècles, cette transformation n'est pas seulement affaire d'évolution du « goût » ; elle renvoie en fait à des enjeux plus complexes, qui tiennent à la fois à l'émergence du champ artistique, à Pautonomisation du jugement esthétique et aux mutations du sentiment religieux. En reconstituant l'éventail complet des jugements portés sur le May et en rapportant ceux-ci aux positions sociales des acteurs, on se donne les moyens d'éclairer le changement de statut de l'œuvre d'art dans ce moment crucial de la fin du XVIIe siècle et, peut-être, de comprendre ce que recouvre l'apparition de l'artiste moderne.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Olivier Christin
Le May des orfèvres
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 105, décembre 1994. pp. 75-90.
Citer ce document / Cite this document :
Christin Olivier. Le May des orfèvres . In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 105, décembre 1994. pp. 75-90.
doi : 10.3406/arss.1994.3128
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1994_num_105_1_3128Zusammenfassung
Der Pariser May der Goldschmiede
Ein Beitrag zur Geschichte der Entstehung des ästhetischen Gefühls
Seit einigen Jahren ist es gemeinsames Anliegen der Kunstgeschichte und der Geschichte der
Kunstkritik, den fortschreitenden Urteilswandel über das zu thematisieren, was wir heute als
Kunstwerke bezeichnen. Im ausgesprochen gut dokumentierten Fall des « May » der Pariser
Goldschmiede im siebzehnten und achtzehnten Jahrhundert ist dieser Wandel nicht einzig eine blofêe
Frage der Geschmacksentwicklung ; sie verweist in Wahrheit auf ein sehr viel komplexeres
Bedingungsgefüge, das zu gleicher Zeit mit dem Auftauchen des kunstlerischen Feldes, der
Autonomisierung des ästhetischen Urteils und mit der Transformation des religiösen Gefühls in
Verbindung steht. Das Zusammentragen der ganzen Palette der über den May gefällten Urteile und die
Korrelation der-selben mit der sozialen Stellung der Akteure liefert offenkundig eine brauchbare
Handhabe zur Beobachtung des Statuswechsels des Kunstwerks in dieser entscheidenden Zeitspanne
zu Ende des siebzehnten Jahrhunderts und wohl auch zum besseren Verständnis dessen, was sich
hinter dem Auftreten des modernen Künstlers verbirgt.
Abstract
formation is not only a matter of evolving "taste", it in fact entails much more complex stakes which have
to do with the emergence of the artistic field, the autonomisation of esthetic judgment and the mutations
of the religious sentiment. By reconstructing the whole range of judgments pronounced on
the May and comparing these with the actors' social positions, it is possible to shed some light on the
change in the status of the work of art at this crucial time of the late-17th century and, perhaps, to
understand what is behind appearance of the modern artist.
Résumé
Le May des orfèvres
Contribution à l'histoire de la genèse du sentiment esthétique
C'est depuis quelques années l'un des lieux communs de l'histoire de l'art et de l'histoire de la critique
d'art que d'évoquer la transformation progressive des jugements sur ce que nous appelons aujourd'hui
«œuvres d'art». Dans le cas si bien documenté du May des orfèvres parisiens aux XVIIe-XVIIIie siècles,
cette transformation n'est pas seulement affaire d'évolution du « goût » ; elle renvoie en fait à des
enjeux plus complexes, qui tiennent à la fois à l'émergence du champ artistique, à Pautonomisation du
jugement esthétique et aux mutations du sentiment religieux. En reconstituant l'éventail complet des
jugements portés sur le May et en rapportant ceux-ci aux positions sociales des acteurs, on se donne
les moyens d'éclairer le changement de statut de l'œuvre d'art dans ce moment crucial de la fin du
XVIIe siècle et, peut-être, de comprendre ce que recouvre l'apparition de l'artiste moderne.-.
.
Christin Olivier
LE MAY DES ORFEVRES
Contribution à l'histoire de la genèse du sentiment esthétique
1 songea tout de bon à ne s'occuper de sa pein l'ampleur de ces transformations, puisqu'il restreignait
ainsi son enquête au cercle très étroit - les marchands ture que pour son salut et [. .] résolut de ne plus
faire de tableaux que de dévotion [...]. On ne d'art - de ceux qui avaient intérêt (au sens fort, puisqu'il
voit point de ses dans les Cabinets ; il y en a s'agit de fixer des prix de vente et d'achat) à voir les
dans quelques églises de Paris et il n'est pas difficile en tableaux comme un simple objet de transaction et de
les voyant de juger que leur auteur était plus dévot plaisir ? L'idée de comparer les jugements successifs por
qu'habile peintre. Très habile pourtant, en ce qu'il a su tés sur un même tableau s'imposait comme une option
se servir de son art pour acquérir le Ciel plutôt qu'une méthodologique importante et novatrice, mais res
vaine réputation1. » Sur un mode ironique, que renforce treindre l'enquête aux marchands d'art, n'était-ce pas
la chute, ce jugement que Roger de Piles portait sur le considérer comme déjà acquises l'autonomisation du
peintre Simon François en 1699 met en relation des champ artistique et la transformation des images (liées à
notions complexes couramment utilisées par l'histoire ou une fonction cultuelle ou politique) en œuvres d'art
l'histoire de l'art. En quelques mots clés, il évoque expli (liées à une fonction esthétique), et faire a priori du mar
citement l'émergence du champ artistique et l'autonomi- ché de l'art le moteur et le révélateur de ces mutations ?
sation du discours esthétique qui lui permettent d'oppos En s'appuyant non plus sur la philologie et l'histoire
er «dévotion» à «peinture», «salut» à «réputation» ou de l'érudition, mais sur les concepts de la sociologie
«cabinets» {i.e. amateurs) à «églises» {i.e. commande contemporaine, Nathalie Heinich3 arrive à des positions
ecclésiastique et donateurs) et qui établissent comme opposées à celles de K. Pomian. Décrivant avec préci
allant de soi que l'art doit être jugé en fonction de critères sion le travail accompli par les peintres eux-mêmes au
cours des années d'établissement de l'Académie royale spécifiques.
afin de conquérir un statut et une stature qui les libèrent Avec des perspectives et des ambitions différentes,
quelques travaux se sont précisément donné pour objet des contraintes de l'artisanat et de la boutique, elle en
l'affirmation de la posture esthétique et du peintre voit l'une des conséquences les plus frappantes dans le
moderne et ont ainsi contribué à montrer le caractère his contrôle que les artistes exercent désormais eux-mêmes
torique et historiquement changeant de la définition de sur la production et la réception de leurs œuvres. Au
l'œuvre d'art et de l'artiste. Dans un article de 1979, repub sein de l'Académie, ils définissent, par exemple, la hié-
lié en 1987 2, Krzysztof Pomian s'est attaché à analyser
la transformation des principes de classement et de juge
ment des œuvres d'art, au cours du xviiie siècle surtout. Il 1 - Roger de Piles, Abrégé de la vie des peintres avec des réflexions sur
les ouvrages..., Paris, 1699, p. 502. soulignait notamment l'intérêt nouveau porté alors au
2 - «Marchands, connaisseurs, curieux à Paris au xvme siècle» in Colproblème de l'attribution et la lisibilité accrue des cata lectionneurs, Amateurs et Curieux. Paris, Venise xvf-xvuf siècle, Paris, logues de vente. Mais, en choisissant d'étudier seulement 1987, p. 163-194.
ces catalogues et le type de description qu'ils développ 3 - Du peintre à l'artiste. Artisans et académiciens à l'âge classique,
aient, ne se condamnait-il pas lui-même à sous-estimer Paris, Éd. de Minuit, 1993. :
.
76 Olivier Christin
rarchie des genres et des qualités en fonction de laquelle d'art ou à une histoire des confréries, sans parler de ceux
ils affirment que la peinture doit être jugée. Au principe qui ne veulent connaître que les discours sur la religion
de la transformation du champ artistique, N. Heinich ne ou sur l'art.
place plus, comme K. Pomian, le marché, le collectio
nneur-acheteur ou le marchand, mais l'artiste lui-même,
L'institution du May travaillant à l'élévation de son statut. N. Heinich en
conclut que «c'est la fin du régime du client-roi4 ». En
Au milieu du xve siècle, les orfèvres parisiens voulant désigner ainsi l'avènement de l'artiste moderne
(l'artiste-roi?), elle emploie une formule sans doute membres de la confrérie de sainte Anne et saint Marcel
excessive et surtout peu appropriée à une période qui en l'église Notre-Dame, ou plus exactement deux de ses
se caractérise justement par l'apogée du mécénat royal membres élus pour un an, commencent à faire chaque
1 er mai une offrande à la Vierge un « May verdoyant » de et par l'ampleur de ses conséquences (essor des profits,
attraction des plus grands artistes à la cour et unification branchages et de fleurs tout d

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