Le métier de psychotechnicien : son objet, son organisation, sa morale professionnelle - article ; n°1 ; vol.49, pg 405-422
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Description

L'année psychologique - Année 1948 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 405-422
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1948
Nombre de lectures 142
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maurice Reuchlin
V. Le métier de psychotechnicien : son objet, son organisation,
sa morale professionnelle
In: L'année psychologique. 1948 vol. 49. pp. 405-422.
Citer ce document / Cite this document :
Reuchlin Maurice. V. Le métier de psychotechnicien : son objet, son organisation, sa morale professionnelle. In: L'année
psychologique. 1948 vol. 49. pp. 405-422.
doi : 10.3406/psy.1948.8371
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1948_num_49_1_8371V
LE MÉTIER DE PSYCHOTECHNICIEN
SON OBJET, SON ORGANISATION,
SA MORALE PROFESSIONNELLE
par M. Reuciilin
L'après-guerre a vu s'accroître dans le monde le nombre et
l'importance des applications de la psychologie.
G. K. Bennett, président de la « Psychological corporation »,
n'hésite pas à parler d'une « ère nouvelle » (1) dont il explique
l'avènement par deux raisons : l'intérêt des patrons à l'égard des
éléments humains après l'échec des méthodes arbitraires ou pater
nalistes, et les progrès accomplis par les psychologues, que la guerre
a forcés à sortir de leurs laboratoires. La guerre a également contri
bué à informer le public sur la psychologie.
Cet essor de la psychotechnique ne semble pas cependant être
également vigoureux dans tous les pays. En ce qui concerne le
nôtre en particulier, P. H. Maucorps (2) signale que « la psycho
technique industrielle n'a pas rencontré en France l'accueil qu'elle
méritait et que lui ont réservé les milieux du travail d'autres grandes
puissances économiques ». Pour lui, le retard psychotechnique fran
çais a pour causes (ou pour prétextes) les préjugés traditionnels,
l'incertitude méthodologique, les inquiétudes sociales et les objec
tions financières.
Mais, aux U. S. A. tout au moins, Bennett n'est pas seul à cons
tater un développement de la psychotechnique. On peut trouver,
chez certains auteurs, une enumeration des problèmes qu'elle cherche
maintenant à résoudre dans ce pays. Voici par exemple quel est
le champ de la psychologie des individus en tant que salariés,
pour Taylor et M osier (3) présentant leur revue nouvelle Personnel
psychology : sélection, orientation, apprentissage, motivation, moral,
attitude au travail, problèmes personnels et professionnels, adap
tation des machines à l'homme, contrôle des conditions du travail
en vue de la diminution du nombre des erreurs et des accidents,
de l'effort et de la fatigue, en vue de l'accroissement de la produc-- 406 REVUES DE QUESTIONS
tion et de la satisfaction du travailleur, description, classification
et analyse des postes, détermination des salaires « psychologiquement
acceptables », évaluation des individus, étude du travail en équipe.
Les auteurs signalent que la revue ne s'occupera pas des autres
domaines de la psychologie des individus qui sont : la psychologie
scolaire, l'orientation professionnelle et le « counseling » (le conseil,
la consultation psychologique).
Kornhauser (4) cite en outre : les enquêtes auprès des consom
mateurs, la formation des cadres, l'étude des effets de la réclame.
Toujours aux U. S. À. dans le domaine de la psychotechnique
industrielle (que nous prendrons comme exemple, faute de pouvoir
inventorier également les autres domaines de la psychotechnique)
nous avons trouvé un article écrit par un psychologue, R. Stagner,
qui, d'après la notice de l'éditeur, semble s'être spécialisé dans
l'étude psychologique des conflits industriels (grèves), matière qu'il
a enseignée à Darmouth et pour laquelle il est un collaborateur de
la General Motors (5). Nous analyserons plus loin son travail.
£n Angleterre, Mercer (6) définit ainsi le psychologue industriel :
«•«"Celui qui applique sa connaissance de la structure, du dévelop
pement et des bases de la personnalité à des problèmes professionnels
tels que le choix d'un travail pour un individu, le choix d'un individu
, pour une forme spécifique de travail, l'adaptation de l'individu à
vson milieu de travail, l'adaptation du milieu à l'individu; et l'étude
des facteurs ayant une influence sur le développement, la cohérence
et la direction du groupe de travail. » On voit que sa conception
<est la même que celle des auteurs américains.
Mais son compatriote Frisby, qui dirige l'Institut National de
Psychologie Industrielle de Londres (N. I. I. P.), apporte une
nuance importante (7). Pour lui, la psychologie industrielle, n'est
pas la psychologie appliquée, parce que le comportement des ind
ividus dans un milieu particulier tel que l'industrie a ses lois parti
culières, susceptibles de faire l'objet d'études théoriques aussi bien
<jue pratiques. Sur cette question de principe, Frisby se déclare
d'accord avec Hearnshaw (8). Cette opinion pourrait facilement
ouvrir un débat qui dépasserait largement le cadre de ce travail.
On pourrait, en effet, faire remarquer que l'individu est toujours,
à un moment donné de son existence, inclus dans « un milieu parti
culier » et que des études théoriques portant sur l'homme « en
général » se heurteront à des difficultés majeures dès qu'elles s'écar-
teront un peu des questions strictement physiologiques. On retrou
verait là des opinions émises, depuis un certain temps déjà, par
des auteurs français. G. Politzer écrit par exemple (9) page 84 :
« La psychologie industrielle et d'une façon générale la psycho
technique, ne représentent pas la psychologie appliquée. De' quoi
en effet seraient-elles lès applications? Autant vaudrait dire... que
le retour à la forme vraie d'une recherche scientifique ne peut REUCHLIN. — LE MÉTÏER DE PSYCHOTECHNICIEN "407 M.
être que la partie appliquée de la forme fausse de cette recherche. »
Et H. Wallon (10, p. 8-04-6) : « L'homme que doit étudier la psychol
ogie, c'est l'homme concret, non l'entité formelle que trop souvent
encore elle débite, en facultés ou en activités sans objet défini.
»L'homme en général, dont elle fait son point de départ, où le trouve-
t-elle? » La discussion de ces opinions n'entrant pas dans le cadre
de notre travail, nous reviendrons à l'article de Frisby pour cons
tater que son inventaire des facteurs que doit étudier le psychologue
industriel est à peu près identique à ceux que nous avons déjà cités.
Nous noterons cependant que, parmi les facteurs sociaux influen
çant certains aspects du comportement des Ouvriers du travail, il
cite : l'influence du groupe de travail, de l'organisation du
des organisations professionnelles, des groupes sociaux plus larges.
Nous aurons l'occasion de voir plus loin quelles questions épineuses
soulève l'étude de ces facteurs sociaux, mais il semble bien que cette
étude constitue actuellement un pôle d'intérêt dans les recherches
psychotechniques.
L'élargissement du champ d'action de la psychotechnique a
contribué à mettre en lumière la question de l'organisation du
métier de psychotechnicien : formation, diplômes, salaires.
La contribution anglaise la plus importante au problème de la
formation du psychologue industriel nous est offerte, dans un
symposium sur ce thème, publié dans l'organe du N. I. I. P., Occu
pational Psychology.
Mercer (6) envisage, comme formation théorique, une formation
universitaire comprenant des travaux de laboratoire, ne négligeant
pas l'étude de la personnalité, des tendances, des groupes sociaux
et des individus en tant que membres de ces groupes, et complétée,
après la licence, par un travail d'un an sur un problème particulier,
ce travail pouvant être accompli à temps partiel.
Pour la formation pratique, il préconise l'organisation d'insti
tutions centrales d'entraînement, comparables aux hôpitaux-écoles,
où les futurs psychotechniciens auraient surtout la possibilité de
comprendre le milieu dans lequel ils vont travailler, d'apprendre à
adapter les techniques expérimentales aux conditions concrètes du
travail, à expliquer un travail technique dans une langue accessible,
à être prudent sans décevoir, etc. A côté de cette formation théorique
et pratique en psychologie, l'étudiant devra faire un peu de phil

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