Le non-alignement et la Conférence d Alger (septembre 1973) - article ; n°56 ; vol.14, pg 855-876
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Le non-alignement et la Conférence d'Alger (septembre 1973) - article ; n°56 ; vol.14, pg 855-876

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Tiers-Monde - Année 1973 - Volume 14 - Numéro 56 - Pages 855-876
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 152
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Fischer
Le non-alignement et la Conférence d'Alger (septembre 1973)
In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°56. pp. 855-876.
Citer ce document / Cite this document :
Fischer Georges. Le non-alignement et la Conférence d'Alger (septembre 1973). In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°56. pp. 855-
876.
doi : 10.3406/tiers.1973.1973
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1973_num_14_56_1973CHRONIQUE INTERNATIONALE
LE NON-ALIGNEMENT
ET LA CONFÉRENCE D'ALGER
(septembre 1973)
par Georges Fischer*
La IVe Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement des pays non-
alignés s'est tenue du 5 au 9 septembre 1973. Plusieurs milliers de personnes
ont été à cette occasion les hôtes du gouvernement d'Alger; elles ont pu
constater la remarquable capacité d'organisation, l'efficacité, la compétence,
la qualité et le sérieux du personnel politique et administratif algérien.
Dans cette note rapide je me propose de donner quelques éclaircissements
sur les antécédents puis sur les principales orientations de la Conférence
d'Alger.
A) Les antécédents
On pourrait sans doute commencer par rappeler certaines résolutions
adoptées entre les deux guerres mondiales par l'Indian National Congress (1).
Sans remonter aussi loin, qu'il suffise de se référer à la Conférence des Rela
tions asiatiques, convoquée par le gouvernement de New Delhi cinq mois
avant la proclamation de l'indépendance. Déjà, on cherche à cette occasion
à dégager les éléments d'une politique asiatique, indépendante de l'Occident,
c'est-à-dire des anciens colonisateurs, et orientée vers la solution de problèmes
tels que la libération nationale, les conflits raciaux, le colonialisme et le déve
loppement économique. En 1949, une nouvelle Conférence asienne se réunit
à New Dehli pour examiner la situation créée par l'action menée par les Pays-
Bas en Indonésie.
Avant et après l'indépendance, Nehru ne cesse d'insister sur le non-
alignement. Il entend par là une politique étrangère indépendante de nature à
valoriser les nouveaux Etats et à leur assurer une influence réelle sur l'échiquier
* L'auteur, directeur de recherche au C.N.R.S., a pu assister à la Conférence grâce à
l'aimable invitation du gouvernement algérien. Il tient à remercier ici ses hôtes, de l'accueil
si amical qui lui a été réservé.
(1) С H. Heimsath, S. Mansingh, A Diplomatie History of Modem India, Bombay,
Allied Publishers, 1972, pp. 55 s.
855 TIERS MONDE
international, une politique originale qui a ses objectifs propres, outre celui,
fondamental, d'éviter l'affrontement armé entre les deux blocs, la paix ayant
d'autant plus de chances d'être assurée que la troisième zone ou zone de paix
englobera un plus grand nombre d'Etats (i).
La défection, en 1948, de la Yougoslavie du bloc soviétique, représente
un puissant apport à l'idée du non-alignement. Celle-ci devient le leitmotiv
de la collaboration toujours plus étroite entre New Delhi et Belgrade (2), qui
s'enrichit bientôt grâce à la participation de Nasser.
L'existence de ce premier noyau explique sans doute que l'idée — avancée
par l'Indonésie — d'une Conférence afro-asiatique ne suscite pas un grand
enthousiasme chez Nehru qui, par ailleurs, désirait maintenir le non-aligne
ment dans des cadres aussi vagues et aussi larges que possible. Cependant,
cette Conférence se tient en avril 1955 à Bandoeng. Elle constitue la première
tentative des pays afro-asiatiques d'examiner et de résoudre ensemble leurs
problèmes communs. Vingt-neuf pays y participent, des alignés et des non-
alignés, qui ne purent se mettre d'accord que sur des généralités (sauf certains
points tels que l'interdiction des armes nucléaires). Sur le problème essentiel
du non-alignement les points de vue opposés se manifestèrent. La Conférence
a montré la volonté des nouveaux Etats de jouer un rôle inédit sur la scène
internationale et aussi l'impossibilité où ils se trouvaient d'adopter des attitudes
communes et d'engager des actions concertées (3). En raison du conflit sino-
soviétique, la formule des Conférences afro-asiatiques a dû être abandonnée.
La première Conférence des pays non-alignés se tient à Belgrade du ier au
6 septembre 1961 avec la participation à part entière de 25 pays. Trois Etats
sont représentés par des observateurs (Bolivie, Brésil, Equateur). Parmi les 25
il y a deux pays européens (Chypre et Yougoslavie) et un latino-américain
(Cuba). Remarquons que là aussi Nehru s'était montré très réticent, soucieux
qu'il était d'éviter la formation d'un troisième bloc. Il a essayé d'obtenir
l'ajournement de la Conférence et l'augmentation du nombre des Etats parti
cipants. Au cours de la réunion, il s'est efforcé de concentrer l'attention des
participants sur les grands problèmes de la paix. De l'avis du grand dirigeant
indien, l'impérialisme, le colonialisme étaient des phénomènes en voie de
(1) Presque à la même époque, la Chine parle aussi de zone intermédiaire, et même de
deux zones intermédiaires. Voir notre étude dans Régime interne et politique extérieure dans les
pays d'Asie, Cahiers de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1966, n° 146, p. 67.
(2) Voir par exemple la déclaration commune Tito-Nehru du 6 juillet 1955 (La Document
ation française, Articles et Documents, n° 0231, 12 juillet 1955) : « La politique de complète
indépendance poursuivie par les deux pays, qui est imbue des principes de coexistence paci
fique et active, représente une importante contribution au développement de la coopération
internationale et de l'entente mutuelle entre un nombre toujours plus grand de pays. »
(3) Cf. A. J. Dastur, India et Bandoeng and Belgrade, Foreign Affairs Reports, juillet 1964;
Henderson, International Organisation, novembre 1955 ; Kahin, The Asian-African Conference,
Ithaca, Cornell University Press, 1956.
856 CHRONIQUE INTERNATIONALE
disparition. Les non-alignés se réunissaient après l'échec de la Conférence de
Paris, et de la rencontre Kennedy-Khrouchtchev à Vienne. La crise de Berlin
devenait menaçante. L'U.R.S.S., violant le moratoire de fait, procédait à des
expériences nucléaires dans l'atmosphère (i). Cependant, Soekarno, Sékou
Touré (et leurs thèses rappelaient certaines positions chinoises) estimaient
que la lutte anti-impérialiste était prioritaire, que l'opposition entre les pays
en voie de développement et les pays développés était plus importante que
celle qui existait entre l'Est et l'Ouest, que le principe de la coexistence paci
fique ne devait pas aboutir au maintien du statu quo, si défavorable aux pays
pauvres.
Mais le point de vue de Nehru a largement prévalu. C'est de la paix que se
préoccupe au premier chef la déclaration finale de la Conférence qui envoie
deux missions, respectivement à Washington et à Moscou. Les non-alignés
ne prétendent pas avancer des propositions concrètes; ils insistent sur la
nécessité de la négociation et reconnaissent le rôle primordial des grandes
puissances. Aucune action concertée des non-alignés n'est envisagée pour
l'avenir. Ceux-ci soulignent fortement qu'ils veulent participer au règlement
des problèmes internationaux en suspens, mais qu'Hs ne prétendent pas créer
et ne peuvent pas constituer un nouveau bloc (2).
Ajoutons que les Etats-Unis, qui, depuis quelque temps déjà, avaient
accepté le non-alignement, n'ont guère apprécié certains passages ni certains
silences de la déclaration de Belgrade. Quant à PU.R.S.S., elle se félicitait de la
Conférence et de la politique de non-alignement qui « revêt un caractère nett
ement anti-impérialiste » un « caractère actif » et modifie le rapport des forces
à l'O.N.U. D'après l'analyse soviétique, cette politique reflète les exigences
de la bourgeoisie nationale; plus grande est l'activité des masses populaires
et leur influence sur la bourgeoisie nationale plus la politique de non-enga
gement est conséquente et anti-impérialiste. Cette série d'abstractions, qui

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