Le peuplement de la région de Valence aux deux premiers siècles de la domination musulmane - article ; n°1 ; vol.5, pg 103-158
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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1969 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 103-158
56 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 43
Langue Français
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Extrait

Pierre Guichard
Le peuplement de la région de Valence aux deux premiers
siècles de la domination musulmane
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 5, 1969. pp. 103-158.
Citer ce document / Cite this document :
Guichard Pierre. Le peuplement de la région de Valence aux deux premiers siècles de la domination musulmane. In: Mélanges
de la Casa de Velázquez. Tome 5, 1969. pp. 103-158.
doi : 10.3406/casa.1969.994
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1969_num_5_1_994LE PEUPLEMENT DE LA RÉGION DE VALENCE AUX
DEUX PREMIERS SIÈCLES DE LA DOMINATION
MUSULMANE 1
Par Pierre GUICHARD
^Membre de la Section Scientifique
Au lendemain de l'invasion de l'Espagne par les Musulmans, un
certain nombre de conquérants arabes et surtout berbères s'établirent
définitivement dans la Péninsule. Les Berbères, par tradition ou parce
que les Arabes les y contraignirent, s'installèrent surtout dans les zones
montagneuses et dans les «marches» encore mal conquises a. Mais nous
sommes mieux renseignés sur l'établissement des divers clans arabes
appartenant aux deux grands groupes tribaux antagonistes des «Yémén
ites» et des «Kaisites» 3 dans les vallées de l'Êbre, du Guadalquivir et
du Genil, autour de Tolède, ainsi que sur les bas plateaux et les plaines
On trouvera à la fin de l'article un appendice bibliographique indiquant les abré
viations utilisées pour les ouvrages les plus souvent cités ainsi qu'une transcription
des noms propres arabes dont il a paru nécessaire de préciser l'orthographe exacte,
un index des toponymes mentionnés et deux cartes. Dans le cours de l'article et
dans les notes, nous avons utilisé le système de transcription de l'Encyclopédie de
l'Islam allégé des signes adventices.
Sur le peuplement arabo-berbère de l'Espagne musulmane, voir H. E. M., I,
p. 71-89 et Esp. Mus. Xe siècle, p. 18-39. Depuis quelques années plusieurs études
ont insisté sur les aspects, un peu négligés jusqu'ici, du peuplement berbère:
surtout les intéressants travaux de M. Jacinto Bosch Vilâ: Establecimientos de
grupos humanos norte-africanos en la Peninsula ibérica a raiz de la invasion musul-
mana, dans Atti del I congreso internazionale di studi Nord-africani (Cagliari, 1965),
p. 147-161; et, pour des aspects plus régionaux, du même auteur, Albarracin
musulmana (cf. appendice bibliographique), ainsi que Andalucia musulmana,
de Isidro de las Cagigas, Madrid, 1950.
Sur le problème du nombre des Arabes établis en Espagne, voir la récente mise
au point de Cl. Sànchez Albornoz, El Islam de Espana g el Occidente (vol. XII des
Colloques de Spolète, 1965); trad, franc, dans Revue Historique, n° d'avril-juin 1967,
surtout p. 295-300. L'auteur évalue les Arabes établis en Espagne à une tren
taine de milliers. Les Berbères étaient vraisemblablement beaucoup plus nomb
reux. <"- PIERRE GUICHARD 104
maritimes de Beja et de Murcie 1. Le Levant n'aurait pas échappé à
cette occupation par l'élément d'origine orientale des zones les plus favo
rables et de puissantes familles arabes, en nombre relativement considérab
le, se seraient installées autour de Valence, d'Alcira et de Jâtiva. En
somme, les Arabes se seraient réservé «les riches régions de plaines et les
terres irrigables des vegas andalouses et des huertas levantines» * et ces
dernières en particulier, rapidement et profondément arabisées, auraient
constitué pendant toute la durée de l'occupation musulmane «l'un des
foyers d'arabisme les plus actifs de la Péninsule» 3. De cette profonde et
précoce arabisation témoigneraient encore aujourd'hui les multiples noms
de villages en Béni-, Benicasim, Benifayô, Benimantell, etc. qui sont
une des caractéristiques les plus frappantes de la toponymie levantine:
ils rappelleraient les noms des grandes familles de conquérants entre
lesquelles fut répartie la terre 4.
Il n'existe pas d'étude de détail sur l'établissement des tribus arabes en Espagne.
On peut consulter la Djamhara de Ibn Hazm ainsi que la traduction des chapitres
concernant l'Espagne qu'en a donnée Elias Terés (cf. appendice bibliographique,
s. v. Linajes). Les Arabes se divisaient en deux grands groupes tribaux: d'une
part les «Kahtanites» qui se disaient originaires du Yémen (Ansar, Azd, Kuda'a,
Lakhm, Ma'afir, Tudjib, Yahsub, etc.); d'autre part les «Arabes du nord» ou «Mu-
darites» dont la principale tribu est celle de Kais qui donne souvent son nom à tout
le groupe qui comprenait également des Kinana, des Thakif, des Tamin, des Fihr,
des Makhzum, moins nombreux au total que les Yéménites dans la Péninsule.
H. E. M., I, p. 83-84 et 87.
Lévi-Provençal, E. I., I (2), p. 1016, article «Balansiya».
Esp. mus. Xe siècle, p. 27; H. E. M., I, p. 84; Contribution, p. 34-37. Ces topo-
nymes très particuliers mériteraient certainement une étude approfondie. La date
de leur apparition pose un problème préalable: on les fait généralement remonter
à l'époque de la conquête musulmane bien que l'on ne possède pas la preuve
documentaire d'une telle ancienneté. On peut cependant supposer qu'il traduisent
bien l'établissement dans le Levant d'un apport ethnique assez considérable pour
modifier sensiblement la carte du peuplement et pourvu d'une structure sociale
dont le clan familial était la réalité fondamentale. A notre connaissance, le topo-
nyme de ce type le plus sûrement et le plus anciennement attesté dans le Levant
est celui de Benitaher, despoblado de la province d' Alicante que Al-Dabbi réfère
expressément à une famille de la région de Murcie, vers le milieu du Xe/IVe siècle
(Dabbi, n° 154, et Contribution, p. 93). Dès la fin du IXe/IIIe siècle, il est vrai,
Al-Razi (p. 70) indique l'existence près d' Alicante d'une montagne des Banu-1-
Katil, mais ce nom (le Benacantil actuel?) pourrait n'être qu'une corruption
de Penna Lakanti, formé à partir du nom romain de la ville d' Alicante
(Lucentum, Lakant en arabe). Cependant on trouve au XIe siècle chez
Al-'Udhri (p. 20) la forme Bani Ghatîl, nom d'une circonscription adminis
trative dépendant de Valence. On peut rapprocher ces noms du toponyme Beni-
cadell porté par une zone montagneuse aux confins des provinces d' Alicante et de
Valence. On admet généralement qu'il s'agit d'un faux toponyme arabe issu de la
transformation du romance Penna Cadiella (Contribution, p. 87; Menéndez Pidal,
Espana del Cid, I, p. 433), mais, s'il s'agit bien du même nom, étant donné que ces
textes arabes sont antérieurs aux chroniques chrétiennes où se trouve cette der- DE VALENCE (VIIIe - Xe SIÈCLES) 105 PEUPLEMENT
Pour le Levant, précisément, une étude régionale de ce peuplement
arabe a été tentée par le grand arabisant valencien Ribera à partir des
très nombreuses biographies de juristes et d'hommes de lettres qui nous
ont été conservées grâce à la prédilection des Musulmans espagnols pour
ce genre curieux — et que l'on ose à peine qualifier de littéraire — des
recueils biographiques *. Ribera pensait qu'en reconstituant les généalog
ies des principales familles, en étudiant leur répartition géographique,
en recherchant enfin leurs rapports avec la toponymie, il serait possible
d'éclairer quelque peu les premiers temps de la domination musulmane à
Valence et dans sa région. On saurait au moins quelles étaient les lignées
établies là depuis la conquête et comment le territoire avait été distribué
entre les différentes tribus. Dans une série de courts articles consacrés
aux plus notables de ces familles, il s'efforçait de montrer que la plus
grande et la meilleure partie de la plaine avait été attribuée aux tribus
«Yéménites»: Ansar surtout à Liria, dans le val d'Uxô et à Sagonte, Ma-
'afirites à Valence même et à Jâtiva, Kuda'ites à Onda 2. Les Kaisites,
moins favorisés, se seraient contentés des régions montagneuses du
pourtour. Ils n'en étaient pas moins considérés pour cela et la petite
ville d'Alpuente en particulier s'enorgueillissait d'avoir accueilli la très
noble famille des Banu Kasim, appartenant à la tribu de Fihr, descendants
d'

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