Le phénomène de « conformité supérieure de soi ».Expériences exploratoires - article ; n°2 ; vol.73, pg 565-585
22 pages
Français

Le phénomène de « conformité supérieure de soi ».Expériences exploratoires - article ; n°2 ; vol.73, pg 565-585

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
22 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1973 - Volume 73 - Numéro 2 - Pages 565-585
Résumé
Par « conformité supérieure de soi », on entend ici le phénomène, observé dans plusieurs expériences, selon lequel les individus ont généralement tendance, lorsqu'ils se comparent à autrui, à se présenter comme « plus dans les normes » de la situation que ne le seraient leurs pairs.
Dans les trois premières des quatre expériences présentées dans cet article, on cherche surtout à vérifier que le phénomène de conformité supérieure de soi se manifeste tout autant chez des sujets appartenant, par leur âge et leur statut socio-économique, à des populations sensiblement différentes.
Les résultats obtenus dans ces trois premières expériences confirmant celte hypothèse, la quatrième expérience dont nous rendons compte ici a pour but de montrer que ces résultats ne sont entachés d'aucun artefact méthodologique.
Summary
The phenomenon by which an individual tends in general, in a social comparison process, to present himself as « more in the norms » of the situation than his peers, is here named : « Superior Conformity of Self. »
In this paper, we try to demonstrate by means of four experiments, that Superior Conformity of Self is not an artifact, but is, on the contrary, a manifestation of a psychosocial phenomenon which seems to be widely distributed among people.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 75
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.P Godol
Le phénomène de « conformité supérieure de soi ».Expériences
exploratoires
In: L'année psychologique. 1973 vol. 73, n°2. pp. 565-585.
Résumé
Par « conformité supérieure de soi », on entend ici le phénomène, observé dans plusieurs expériences, selon lequel les individus
ont généralement tendance, lorsqu'ils se comparent à autrui, à se présenter comme « plus dans les normes » de la situation que
ne le seraient leurs pairs.
Dans les trois premières des quatre expériences présentées dans cet article, on cherche surtout à vérifier que le phénomène de
conformité supérieure de soi se manifeste tout autant chez des sujets appartenant, par leur âge et leur statut socio-économique,
à des populations sensiblement différentes.
Les résultats obtenus dans ces trois premières expériences confirmant celte hypothèse, la quatrième expérience dont nous
rendons compte ici a pour but de montrer que ces résultats ne sont entachés d'aucun artefact méthodologique.
Abstract
Summary
The phenomenon by which an individual tends in general, in a social comparison process, to present himself as « more in the
norms » of the situation than his peers, is here named : « Superior Conformity of Self. »
In this paper, we try to demonstrate by means of four experiments, that Superior Conformity of Self is not an artifact, but is, on the
contrary, a manifestation of a psychosocial phenomenon which seems to be widely distributed among people.
Citer ce document / Cite this document :
Godol J.P. Le phénomène de « conformité supérieure de soi ».Expériences exploratoires. In: L'année psychologique. 1973 vol.
73, n°2. pp. 565-585.
doi : 10.3406/psy.1973.28005
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1973_num_73_2_28005Année psychol.
1973, 73, 565-585
Laboratoire de Psychologie sociale
Université de Provence, Centre d'Aix
LE PHÉNOMÈNE
DE « CONFORMITÉ SUPÉRIEURE DE SOI »
EXPÉRIENCES EXPLORATOIRES
par Jean-Paul Codol1
SUMMARY
The phenomenon by which an individual tends in general, in a social
comparison process, to present himself as « more in the norms » of the
situation than his peers, is here named : « Superior Conformity of Self. »
In this paper, we try to demonstrate by means of four experiments,
that Superior Conformity of Self is not an artifact, but is, on the contrary,
a manifestation of a psychosocial phenomenon which seems to be widely
distributed among people.
Soit un ensemble d'individus impliqués dans une situation
sociale quelconque. Lorsqu'on demande à chacun d'entre eux
de comparer ses propres caractéristiques à celles des autres
personnes participant à cette situation, on constate qu'il existe
chez la plupart une tendance à se présenter comme étant soi-
même plus conforme aux normes de la situation (telle que ces
normes sont perçues par chacun) que ne le sont les autres parti
cipants. Sous le nom de « phénomène de la conformité supérieure
de soi », voilà la façon dont nous avons récemment interprété et
décrit un certain nombre de données observées dans plusieurs
expériences (cf. Godol, 1971).
Selon l'hypothèse explicative que nous avons alors proposée
pour rendre compte de ces observations, un double processus
serait à l'origine du phénomène :
— désireux de donner à autrui une image favorable de soi-même,
chaque sujet aurait tendance à se présenter à autrui comme
1. Chargé de Recherche au C.N.R.S. 566 MÉMOIRES ORIGINAUX
en conformité avec les normes de la situation sociale dans
laquelle il est impliqué ;
— dans le même temps cependant, la serait perçue
par chaque sujet comme le lieu du danger possible de la perte
de sa propre identité.
Tiraillé entre le désir de plaire (qui conduit à un certain
conformisme social) et la volonté de préserver son moi (qui
conduit à une certaine originalité ou différenciation sociale),
la seule façon pour l'individu de résoudre cette contradiction
serait de se déclarer différent d'autrui dans le respect de la
conformité aux normes de la situation.
Cette différenciation ne pourrait alors être obtenue que par
la constitution d'une image de soi selon laquelle chacun se perçoit
comme en plus grande conformité que les autres aux normes de
la situation en question. Quoique plausible, une telle hypothèse
peut cependant paraître, dans l'état actuel des recherches, pour
le moins prématurée. En effet, les résultats qui nous ont conduit
à la formulation de l'hypothèse de la conformité supérieure de
soi provenaient d'expériences très disparates qui n'étaient en
aucune façon spécifiquement construites pour en rendre compte.
Aussi, en dépit de nos présomptions très fortes quant à la réalité
effective du phénomène ainsi décrit, on ne pouvait considérer
que comme très hasardeuse toute conclusion formelle sur ce point.
C'est pourquoi, avant même d'examiner en détail le phéno
mène supposé, et de nous interroger sur ses sources possibles et
ses implications probables, devenait-il d'abord impératif pour
nous de nous assurer, par un travail en extension, de son existence
réelle, indépendamment des conditions particulières dans le
squelles nous l'avions précédemment observé.
C'est dans cette optique qu'un programme de recherches
exploratoires a été élaboré et réalisé. On se propose dans cet
article d'introduire à ce programme en rendant compte de quel
ques-unes des premières expériences entreprises.
GÉNÉRALITÉS
DE L'HYPOTHÈSE DE CONFORMITÉ SUPÉRIEURE DE SOI
I. — L'hypothèse de conformité supérieure repose sur une
idée initiale très simple : la façon dont les individus se comparent j.-p. coDOL 567
les uns aux autres est fonction des normes sociales auxquelles
se réfèrent ces individus.
Cependant, l'idée de norme est devenue si familière dans la
littérature psychosociologique que la plupart des auteurs n'en
précisent pas le sens quand ils en parlent. Or, comme beaucoup
d'abstractions qui tombent dans le vocabulaire commun, ce
concept désigne des phénomènes complexes dans lesquels on
peut sans doute reconnaître de nombreux processus et un très
grand nombre de caractéristiques distinctes. En dépit du volume
important des textes relatifs à la nature et aux fonctions des
normes, on n'a pas encore, semble-t-il, les idées bien claires à
ce sujet.
Deux des connotations les plus courantes du mot semblent
cependant unanimement acceptées : la norme peut exprimer :
— soit un état de fait habituel (ordinaire, régulier ou conforme à
la majorité des cas) dans un complexe social (groupe, société)
ou dans une situation donnés.
En ce sens, les normes peuvent être différentes d'un
groupe (ou d'une situation) à l'autre, et sont ainsi spécifiques
des groupes (ou des situations) auxquels elles se rapportent.
— soit l'état idéal de ce qui devrait être. But ou modèle, selon les
cas, la norme est ici socialement valorisée dans le cadre
global d'une culture donnée.
Tout ce qui est culturellement valorisé peut, dans cette
perspective, être considéré comme relevant de normes génér
ales, comme l'expression de ce qui est perçu comme désirable.
Aux normes qu'on appelle ici générales sont attachés, dans la
littérature psychosociologique, tous les problèmes relatifs aux
valeurs culturelles, aux attitudes, aux jugements de valeur, etc.
Aux normes spécifiques sont rattachées les études concernant
la formation des normes de groupes, le conformisme dans les
groupes, etc.
Dans l'idée de norme sont contenues, sans aucun doute, bien d'autres
dimensions. Une étude des connotations du mot « norme » dans notre
langue, telles qu'elles apparaissent à la lecture des dictionnaires comme
à l'examen des travaux psychosociologiques qui lui ont été consacrés,
nous a d'ailleurs permis, dans un récent travail, de dégager quelques-unes
de ces dimensions. On doit cependant remarquer qu'ayant fait alors
juger par des sujets — pour les besoins d'une autre recherche — le

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents