- Le problème du Génie - article ; n°1 ; vol.50, pg 83-96
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Description

L'année psychologique - Année 1949 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 83-96
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 4
Langue Français

Extrait

G. Revesz
VII. - Le problème du Génie
In: L'année psychologique. 1949 vol. 50. pp. 83-96.
Citer ce document / Cite this document :
Revesz G. VII. - Le problème du Génie. In: L'année psychologique. 1949 vol. 50. pp. 83-96.
doi : 10.3406/psy.1949.8427
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1949_hos_50_1_8427VII
LE PROBLÈME DU GÉNIE
par G. Révész
Université d'Amsterdam.
Lorsqu'on étudie la littérature la plus récente se rapportant
au génie, et traitant de l'aptitude créatrice, on s'aperçoit qu'en
ces derniers temps, aucune étude scientifique digne d'être citée
n'a été publiée sur ce problème. L'attention des chercheurs a
été retenue presque exclusivement par le travail de création.
On s'est donné pour tâche, d'une part, l'examen des facteurs
internes et externes de l'activité productrice, d'autre part la
description, ou plutôt la reconstitution du processus créateur
dans sa forme générale. A ces recherches ont pris part des savants
de disciplines les plus variées, tels Poincaré, Meillet, Dickson,
Wallas, Souriau, Polya et surtout Selz et Hadamard.
La raison de la concentration sur le processus de travail est
la suivante : on pensait, ce faisant, pouvoir établir par la même
occasion des différences entre les gens doués, et en particulier
atteindre à un éclaircissement du caractère du travail des gens
supérieurement doués, des génies. Cependant, en approfondissant
la question du processus créateur, on s'aperçut que l'acte créateur
ne présente pas des particularités qui seraient l'apanage exclusif
d'un groupe particulier d'hommes productifs. Ainsi, du point de
vue processus de travail, il n'existe pas de différences entre les
divers groupes et types de personnes douées dans le sens de
création. Par suite de cette découverte scientifique, le problème
du génie sembla avoir perdu sa signification particulière.
De même une autre tentative, visant à séparer l'homme de
génie, en tant que personnalité spirituelle, du reste des hommes
doués dans un sen:; de création, se solda par un échec. Ici aussi, 84 PROBLÈMES GÉNÉRAUX ET MÉTHODOLOGIE
il s'avéra qu'il n'existe pas de propriétés psychiques et spiri
tuelles susceptibles d'être relevées seulement chez les plus grands
talents. Toutes les qualités personnelles caractérisant l'homme
qui crée, telles que : invention, intuition, originalité, intensité
de travail, dévouement, se manifestent à des degrés divers,
chez tous les hommes capables de produire.
Comme, en se basant sur ces résultats, on ne peut établir
une différence spécifique au sein des gens doués dans le sens
de production, on fut amené à ne différencier les hommes de
génie des autres que d'une façon graduelle. Cette conception
quantitative, ce « plus ou moins », s'accordait bien d'ailleurs
avec le principe du développement historique de l'évolution et
de la transformation continues. De plus, cette perspective
quantitative fut encore favorisée par une autre circonstance :
elle se trouvait être en pleine contradiction avec la conception
théologique et romantique du génie, d'après laquelle le génie
serait un « don de Dieu », ou une deuxième divinité, ou l'inte
rmédiaire entre Dieu et l'homme, ou encore quelque chose de
démoniaque, de mystique.
Ainsi, l'existence d'un mode de travail particulier, d'une
structure particulière de la personnalité, propres exclusivement
aux hommes de génie, sembla alors être une hypothèse, n'ayant
dans l'expérience scientifique aucune base valable. Le problème
du génie fut donc considéré comme un pseudo-problème, qui ne
méritait pas une attention spéciale. La place théorique du génial
se trouva tout simplement transposée dans la science générale
de l'aptitude.
Il faut avouer d'ailleurs que la seule interprétation permise
par les résultats de l'analyse du processus créateur et de la
personnalité, fut de placer le génie à l'échelon extrême de l'apti
tude. L'homme de génie devait ainsi posséder en lui, à un degré
particulièrement élevé, et dans des proportions particulièrement
favorables, les principaux facteurs statiques et dynamiques de
la productivité.
Toutes les réflexions, tous les arguments, sans compter les
résultats fournis par les courants de la psychologie expérimentale
et statistique dont je suis, moi-même, un des représentants, ne
purent me convaincre de la validité de l'interprétation graduelle.
Mes expériences personnelles dans tous les domaines de l'art
m'ont amené à la conviction suivante : il existe un certain
nombre d'artistes qui se distinguent de tous les autres hommes
doués, non pas d'une façon graduelle, mais d'une façon essentielle, BÉVÉSZ. LE PROBLÈME DU GENIE 85 G.
spécifique. Ces personnalités artistiques atteignent à une grandeur
qui surpasse celle de tous les hommes supérieurement doués.
Michel-Ange, Léonard de Vinci et Rembrandt, Shakespeare,
Molière et Gœthe, J.-S. Bach, Rameau et Mozart, pour ne citer
que quelques noms, forment un groupe particulier, un groupe
qui se situe loin au-dessus d'autres maîtres, en soi éminents et
riches en influence dans le développement des arts. Il en va de
même cum grano salis d'inventeurs, de savants et de personn
alités de la vie sociale.
Mes expériences personnelles semblaient être contraires aux
résultats fournis par la recherche scientifique. Mais une voix
intérieure m'a donné courage. Je présumais que le problème du
génie, par suite de l'insuffisance des deux points de vue utilisés,
était entré dans une impasse. Cette supposition m'amena à
rechercher si, l'étude du problème du génie, tous les points
de vue possibles avaient été employés. Je me demandai s'il
n'était pas possible qu'un point de vue ait été entièrement négligé,
point de vue dont l'application serait à même d'ouvrir des
perspectives nouvelles. Il s'avéra que ma supposition avait été
exacte.
En principe le génie peut se révéler de trois façons : par la
personnalité de celui qui crée, par le processus créateur, et enfin
par la réalisation, par l'œuvre. Les deux premiers points de vue
ne fournissent, comme nous l'avons vu, aucun point de repère
pour la recherche du génie. Qu'en est-il du troisième? A première
vue déjà il semble être le point de départ le plus approprié,
sinon même le seul exact. Car personne ne pourra contester
que la grandeur du talent ne peut être jugée que sur la base
des réalisations objectives. Sur ce qui se passe dans l'âme et
dans l'esprit d'un homme pendant le processus créateur, nous
ne savons que très peu de chose. Sur sa constitution spirituelle,
nous ne savons pas grand-chose non plus. A cela s'ajoute que ignorons absolument tout de la plupart des artistes et
savants du temps passé, faute de données historiques. Par
contre, nous avons à notre disposition la création elle-même.
Et ainsi atteignons au cœur du problème du « génie » et
du « génial ».
A présent se pose la question décisive pour le problème tout
entier : quelles sont les œuvres, créations et actions, qui, à
juste titre, peuvent être taxées de « géniales »? En d'autres
termes : existe-t-il des critères spécifiques tels qu'en se basant 86 PROBLÈMES GÉNÉRAUX ET METHODOLOGIE
sur eux, on puisse prétendre que certaines créations sont des
réalisations supérieures? Si nous parvenions à démontrer l'exi
stence de propriétés apparaissant exclusivement et sans exception
dans les œuvres les plus eminentes d'un certain domaine, alors
il serait hors de doute qu'il s'agit là de créations qui se laissent
•différencier des autres, elles-mêmes œuvres de valeur, d'une
façon spécifique et non graduelle. On ne pourra décider s'il s'agit
ici d'un groupe fondamentalement différent qu'après avoir
examin

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