Le tatouage : technique et valeur sociale ou magico-religieuse, dans quelques sociétés d Indochine (Laos, Siam, Birmanie et Cambodge) - article ; n°5 ; vol.4, pg 515-534
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Le tatouage : technique et valeur sociale ou magico-religieuse, dans quelques sociétés d'Indochine (Laos, Siam, Birmanie et Cambodge) - article ; n°5 ; vol.4, pg 515-534

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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1953 - Volume 4 - Numéro 5 - Pages 515-534
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marcelle Bouteiller
Le tatouage : technique et valeur sociale ou magico-religieuse,
dans quelques sociétés d'Indochine (Laos, Siam, Birmanie et
Cambodge)
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, X° Série, tome 4 fascicule 5-6, 1953. pp. 515-534.
Citer ce document / Cite this document :
Bouteiller Marcelle. Le tatouage : technique et valeur sociale ou magico-religieuse, dans quelques sociétés d'Indochine (Laos,
Siam, Birmanie et Cambodge). In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, X° Série, tome 4 fascicule 5-6,
1953. pp. 515-534.
doi : 10.3406/bmsap.1953.2618
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1953_num_4_5_2618515
LE TATOUAGE : TECHNIQUE ET VALEUR SOCIALE
OU MAGJCO-REL1Û1EUSE, DANS QUELQUES SO
CIÉTÉS D'INDOCHINE (LAOS, S1AM, BIRMANIE
ET CAMBODGE),
par M"e Marcelle BOUTEILLER
AikiaUnU.au Musée de l'Homme, Chargée de Recherches au CNRS.
(Laboratoire d'Ethnologie Au Musée de V Homme.)
Dans le compte rendu qu'il consacrait, il y a quinze ans, à
l'ouvrage de A. Dembo et J. Imbelloni : « Deformaciones inten-
cionales del cuerpo humano de carácter etnico », M. le Pr H. V.
Vallois soulignait que, sauf en ce qui concerne les déformations
crâniennes, ces sujets « sont généralement laissés de côté ou
considérés comme choses secondaires dans les traités d'anthro
pologie physique comme dans ceux d'ethnologie » (1). La r
emarque vaut aussi quant aux monographies de détail et, si
l'étude des mutilations Corporelles paraît avoir relativement
peu retenu l'attention, cela est dû peut-être, pour une part, à
ce que cette étude a été trop souvent associée à la défense de
thèses étiologiques dont la discussion ne soulève plus la même,
passion qu'à la fin du siècle dernier.
Tylor prétendait reconnaître, dans les déformations volont
aires, un témoignage de l'aberration mentale ; Ranke y voyait
l'effort pour modeler le corps humain à l'image de l'animal to-
témique. On continue de considérer ces pratiques en fonction
de cycles culturels. Si intéressantes soient-elles, ces interpola
tions risquent pourtant de décevoir, et l'analyse des mutilations
corporelles offre un attrait peut-être plus effectif si on la situe
(1) Vallois (H. V.). Compte rendu de : Dembo (A.), Imbelloni^J.). Deformacio-
nes intencionales del cuerpo humano de caráeter etnico (Lee déformations volont
aires du corps humain de caractère ethnique), Buenos-Ayres, J. Anesi, 1938 :
V Anthropologie, 1939, pp. 407-408, p. 407.
BULL. ВТ MÉM. МОСТЕ ANTHHOP. OB PAB1S, T. 4, 10* >ВЯ», 1953. 34 516 société d'anthropologie de paris
dans un cadre délibérément restreint et relativement homogène.
On peut essayer de déterminer alors les raisons d'ordre socio
logique qui rendent compte du maintien de telle coutume ou
expliquent l'abandon de telle autre.
C'est sous cet angle que j'envisagerai la mutilation tégumen-
taire que constitue le tatouage et telle que sa pratique demeure
encore observable chez certaines populations du Laos, de Bir
manie, du Siam et du Cambodge. La faveur relative dont, à
l'intérieur de cette aire et pour les individus de sexe masculin,
le tatouage a continué à jouir, atteste la permanence d'un cer
tain idéal social et de certains concepts magiques. En fait, si,
à l'origine, ces deux ordres de représentations idéologiques sem
blent issus de sources distinctes et reflètent, à quelque degré,
l'appartenance ethnique, ils ont fusionné, par la suite, en des
associations complexes. Dans la présente étude, j'essaierai donc,
après avoir défini la technique du tatouage, de dégager les va
leurs sociales et magiques qui le justifient, cet examen amenant
d'ailleurs à opposer à la régression récente de la pratique áu
sein de sociétés où jadis il constituait « une gloire », son emprunt
récent par des sociétés voisines « acculturées ».
I. — La technique du tatouage.
Si l'analyse des mutilations volontaires est, en général, assez
négligée, nous devons reconnaître qu'en Indochine, le tatouage
a fait l'objet de travaux anthropologiques récents, dus en .par
ticulier à M. le Pr Huard, aux Dre Bigot, Veyre, Nguyên Xuân
Nguyen (1). Celui-ci s'est attaché aux tatouages laotiens, dont
l'interprétation sociologique a été examinée aussi par M. Paul
Lévy (2). Du même point de vue sociologique, M. André Souyris-
Rolland devait faire état du tatouage en analysant les procédés
d'immunisation magique cambodgiens. A la fin du siècle dernier
et au début du nôtre, la pratique avait été étudiée au Laos
Occidental par Cari Bock, en Birmanie par Sir Georges Scott (3).
(1) Huard (P.) et Bigot (A.) Lee caractéristiques anthropo-biologiques des Indo
chinois. Trav. Insî. anatomique Ecole sup. de Médecine de V Indochine (sec. anthrop.),
t. IV, Hanoi, 1938, pp. 101-102. — Huard et Nguyên XuAn Nguyên. A propos des
tatouages. Bull. Trav. Inst. indochinois, étude de VHomme, 1942, fasc. 1, pp. 4-14. —
Veyre (P.). Du tatouage chez les Annamites. Inst. indoch., étude de VHomme, С R.
des séances pour 1938, pp. 97-115.
(2) Nguyên XuAn Nguyên (Dr). Contribution à l 'étude des tatouages au Laos.
Bull. Trav. Inst. indoch., étude de VHomme, 1941, pp. 99-111. — Lévy (P.). Les ta-
tougaes laotiens. Ibid., pp. 113-118.
(3) Souyris-Rolland (A.). Les pirates au Cambodge. Bull. Soc. études indochi
noises, nouv. sér., t. XXV, n° 4, 1950, pp. 427-437. — Id. Les procédés magiques
d'immunisation chez les Cambodgiens. Ibid., t. XXVI, n° 2, 1951, pp. 175-187. — BOUTEILLER. — • LE TATOUAGE 517 MARCELLE
Telles sont les principales sources qui permettent de constater
une certaine diversité dans la répartition corporelle, la couleur
et le décor du tatouage.
1° Aspects du — Dans une première catégorie de cas,
il se limite à certains motifs, plus ou moins discontinus (rouges
chez les Cambodgiens, par exemple), et figurant, en général, à
la partie supérieure du corps (poitrine, dos, avant-bras le plus
souvent, mais aussi épaules, bras, nuque), et voire même sur
les membres inférieurs (face externe de la cuisse). Les thèmes
ornementaux apparaissent, en majeure part, d'inspiration
bouddhique et brahmajiique (Bouddha, pignons de pagode,
Krout ou Garouda, Mom, rakshasa, etc.). On y relève également
des diagrammes de sorcellerie et des inscriptions : répétition de
la syllabe от, mot khuong, qui signifie invulnérable, kho et vo
sanscrits évoquant la même vertu d'immunisation, invoca
tions en langue pâli implorant les divinités de protéger le por
teur contre les blessures d'armes blanches. ou d'armes à feu, les
coups, les attaques des fauves ou des serpents. On observe enfin
l'association de fleurs et d'oiseaux, symbole solaire familier à
l'Inde, et d'autres images dont l'archaïsme peut prêter à dis
cussion (1). Lorsqu'il s'agit d'un tatouage dorsal ou de poitrine,
il y a répartition symétrique, ou tout au moins harmonieuse, des
ornements par rapport à P.axe du corps humain.
Chez d'autres individus (Laotiens, par exemple, et dans ce
cas avec une teinte dominante bleu-noir caractéristique), le ta
touage couvre les faces externes et internes des cuisses et des
genoux, formant une zone d'apparence homogène, comparée sou
vent à une culotte excessivement collante (2). Celle-ci peut des
cendre à mi-mollet, voire à la cheville, et se prolonger sur le
tořee jusqu'au niveau du nombril. Des tatouages de cette sorte
ont été figurés, entre autres, dans l'album pittoresque de la
mission Doudart de Lagrée (3). On y trouve deux au moins des
types de décor traditionnels, d'une part, imbrication d'écaillés
de poisson, de l'autre, animaux (éléphants, singes, lions, tigres,
Bock (C). Le tatouage au Laos Occidental. Rev. d'ethnographie^. Ill, 1884, pp. 259-
261. — Id. Les populations du Laos Occidental. Mémoires Soc. Anthropologie de
Paris, séance du 5 avril 1883, t. III, 2e série, pp. 104-136. — Scott (Sir G.). Gazeieer
of Upper Burma, and the Shan States, Rangoon, 5 vol., 1900-1902 (vol. 2). — Id.
sous le pseudonyme de Shway Yoe. The Burman, his life and notions, Londres, 1910.
(1) Voir p. 524. -
(2)

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