Le traitement de l information olfactive - article ; n°1 ; vol.94, pg 99-121
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Le traitement de l'information olfactive - article ; n°1 ; vol.94, pg 99-121

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Description

L'année psychologique - Année 1994 - Volume 94 - Numéro 1 - Pages 99-121
Résumé
L'article présente une revue de travaux abordant le traitement de l'information olfactive. Les expériences examinées concernent, successivement, la détection de la simple présence d'une odeur, la reconnaissance d'odeurs préalablement présentées, à court et à long terme, l'identification des odeurs et leur dénomination au moyen du langage, et enfin, le rôle des stimuli olfactifs comme indices de récupération d'items autobiographiques. La détection mise à part, le sujet humain semble peu outillé pour traiter l'information olfactive aussi efficacement que l'information visuelle; des problèmes se posent tant au niveau de l'encodage en mémoire que de la dénomination verbale. En revanche, les traces épisodiques paraissent particulièrement résistantes aux interférences et stables dans le temps. Les raisons possibles de cet état de choses sont discutées, d'un côté en termes d'architecture cérébrale, relativement spécifique pour ce qui est de l'olfaction, d'un autre côté en termes fonctionnels. Une attention insuffisante accordée couramment à l'information olfactive pourrait en effet défavoriser le développement d'une grille de référence conceptuelle dans ce domaine, avec des répercussions négatives sur les stratégies perceptives et sur le langage.
Mots clefs: olfaction, reconnaissance, identification, détection.
Summary: Human processing ofolfactory information.
The present paper aims to review experiments related to the processing of, olfactory information. The following topics are investigated: the simple detection of an odor presence; the recognition of odors previously smelled; the identification of odours and their naming; finally, the influence of odors in the retrieval of autobiographical memories. It has been observed that humans have a keen sense of smell, able to detect very diluted odours. If we compare with the processing of visual information, olfactory information seems more difficult to process; difficulties arise when encoding as well as when labelling. On the other hand, episodic memories strongly resist interference and last a long time. The use of odors as cues to complex memories is questioned. Possible reasons for those observations are discussed. The difference in brain architecture, quite specific for olfaction, is suggested, but a functional explanation cannot be discarded. Indeed, the weak and rare interest given to olfactory information might thwart the building of a conceptual grid in this field, leading to negative effects on perceptual strategies and on the development of a stable lexicon.
Key words: olfaction, recognition, identification, detection.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

P. Beguin
J. Costermans
Le traitement de l'information olfactive
In: L'année psychologique. 1994 vol. 94, n°1. pp. 99-121.
Citer ce document / Cite this document :
Beguin P., Costermans J. Le traitement de l'information olfactive. In: L'année psychologique. 1994 vol. 94, n°1. pp. 99-121.
doi : 10.3406/psy.1994.28740
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1994_num_94_1_28740Résumé
Résumé
L'article présente une revue de travaux abordant le traitement de l'information olfactive. Les expériences
examinées concernent, successivement, la détection de la simple présence d'une odeur, la
reconnaissance d'odeurs préalablement présentées, à court et à long terme, l'identification des odeurs
et leur dénomination au moyen du langage, et enfin, le rôle des stimuli olfactifs comme indices de
récupération d'items autobiographiques. La détection mise à part, le sujet humain semble peu outillé
pour traiter l'information olfactive aussi efficacement que l'information visuelle; des problèmes se posent
tant au niveau de l'encodage en mémoire que de la dénomination verbale. En revanche, les traces
épisodiques paraissent particulièrement résistantes aux interférences et stables dans le temps. Les
raisons possibles de cet état de choses sont discutées, d'un côté en termes d'architecture cérébrale,
relativement spécifique pour ce qui est de l'olfaction, d'un autre côté en termes fonctionnels. Une
attention insuffisante accordée couramment à l'information olfactive pourrait en effet défavoriser le
développement d'une grille de référence conceptuelle dans ce domaine, avec des répercussions
négatives sur les stratégies perceptives et sur le langage.
Mots clefs: olfaction, reconnaissance, identification, détection.
Abstract
Summary: Human processing ofolfactory information.
The present paper aims to review experiments related to the processing of, olfactory information. The
following topics are investigated: the simple detection of an odor presence; the recognition of odors
previously smelled; the identification of odours and their naming; finally, the influence of odors in the
retrieval of autobiographical memories. It has been observed that humans have a keen sense of smell,
able to detect very diluted odours. If we compare with the processing of visual information, olfactory
information seems more difficult to process; difficulties arise when encoding as well as when labelling.
On the other hand, episodic memories strongly resist interference and last a long time. The use of odors
as cues to complex memories is questioned. Possible reasons for those observations are discussed.
The difference in brain architecture, quite specific for olfaction, is suggested, but a functional
explanation cannot be discarded. Indeed, the weak and rare interest given to olfactory information might
thwart the building of a conceptual grid in this field, leading to negative effects on perceptual strategies
and on the development of a stable lexicon.
Key words: olfaction, recognition, identification, detection.psychologique, 1994, 94, 99-122 L'Année
REVUE CRITIQUE
Département de Psychologie Expérimentale1
Université Catholique de Louvain
LE TRAITEMENT
DE L'INFORMATION OLFACTIVE
par Philippe Béguin et Jean Costermans
SUMMARY : Human processing of olfactory information.
The present paper aims to review experiments related to the processing
of olfactory information. The following topics are investigated: the simple
detection of an odor presence; the recognition of odors previously smelled;
the identification of odours and their naming; finally, the influence of odors
in the retrieval of autobiographical memories. It has been observed that
humans have a keen sense of smell, able to detect very diluted odours. If we
compare with the processing of visual information, olfactory information
seems more difficult to process; difficulties arise when encoding as well as
when labelling. On the other hand, episodic memories strongly resist inter
ference and last a long time. The use of odors as cues to complex memories
is questioned. Possible reasons for those observations are discussed. The
difference in brain architecture, quite specific for olfaction, is suggested, but
a functional explanation cannot be discarded. Indeed, the weak and rare
interest given to olfactory information might thwart the building of a
conceptual grid in this field, leading to negative effects on perceptual stra
tegies and on the development of a stable lexicon.
Key words: olfaction, recognition, identification, detection.
1. Unité de Psychologie Cognitive, Voie du Roman Pays 20, B 1348, Lou-
vain-la-Neuve, Belgique. Philippe Béguin et Jean Costermans 100
La modalité olfactive fut longtemps négligée dans les recher
ches en psychologie cognitive, et on peut considérer qu'elle
l'est encore dans une large mesure. Les raisons de cet état de
choses sont probablement multiples : l'ignorance de ce qui dé
clenche exactement la sensation olfactive ; l'extrême difficulté
à établir un lien entre la structure physico- chimique des molé
cules olfactives et leurs caractéristiques perceptives (Engen,
1982, p. 6); le caractère rarement verbal et rarement con
scient des comportements induits par un stimulus olfactif; la
réduction du rôle de l'olfaction dans la survie de l'espèce
humaine au cours de notre évolution phylogénique ; le peu
d'intérêt que notre époque et notre culture occidentale portent
aux odeurs, etc. Pourtant, l'étude de l'olfaction peut jeter une
nouvelle lumière sur d'autres fonctions cognitives, car l'olfac
tion n'est pas une modalité sans intérêt: c'est un sens à di
stance au même titre que la vision ; elle précède la vue dans la
phylogénie, et le nombre des cellules sensorielles olfactives
s'approche du nombre nécessaire à la vision. Par conséquent,
les processus de traitement de l'information olfactive sont pr
obablement d'une richesse et d'une complexité similaires à ce
qui est observé pour la vision ou pour l'audition.
Nous passerons en revue un certain nombre de travaux sur
l'olfaction, et nous le ferons dans l'ordre suivant. Nous parle
rons d'abord de la détection, c'est-à-dire de la capacité à déce
ler la simple présence d'une odeur. Nous traiterons ensuite de
la reconnaissance: comment discerne-t-on les odeurs ancien
nes (déjà «vues») des odeurs nouvelles. Suite à cela, nous pré
senterons des recherches traitant de l'identification des odeurs
et, finalement, nous examinerons la question de l'odeur com
me indice de récupération d'autres informations en mémoire.
1 . La détection des odeurs
Le sujet humain apparaît comme doté d'un sens olfactif
particulièrement aiguisé, à tout le moins lorsqu'il s'agit de
détecter la simple présence d'une odeur. Comme le montre
Engen (1982, p. 4), un sujet moyen peut détecter une odeur
d'œuf pourri quand on lui présente 10 millilitres de sulfide
d'hydrogène dilués dans 10 000 litres d'air; pour un parfum
d'ail, un millilitre suffit. L'homme apparaît cependant moins
sensible que certains mammifères tels que le chien et le rat, Le traitement de l'information olfactive 101
mais plus sensible que le pigeon (Walker et Jennings, 1991),
encore que de telles comparaisons soient difficiles à établir et
n'aboutissent pas toujours aux mêmes conclusions. Notons que
la détection peut être inconsciente, comme le montrent Van
Toller, Kirk-Smith, Wood, Lombard et Dood (1983), et appar
aître seulement sous la forme d'une réponse électrodermale
ou par des modifications dans les potentiels évoqués.
La capacité du sujet à détecter une odeur est influencée par
divers facteurs. Ainsi en va-t-il pour une exposition préalable à
d'autres odeurs: plus les odeurs précédentes sont olfactive-
ment proches, plus élevé sera le seuil de détection (Engen et
Bosack, 1969; Le Magnen, 1948; Zwaardemaker, 1900); ceci
a pris le nom d'« adaptation croisée». D'autre part, on a mont
ré, chez la femme, que le cycle hormonal influence le seuil de
détection (Doty, Snyder, Huggins et Lowry, 1981; Koelega et
Köster, 1974; Velle, 1987), celui-ci étant plus bas en période
d'ovulation et plus élevé en période de règles. Par ailleurs,
l'âge réduit la sensibilité olfactive (Cain, Gent, Goodspeed et
Leonard, 1988; Cain et Gent, 1991), la perte semblant s'accé

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