Le travail mental sans mouvements - article ; n°1 ; vol.32, pg 30-48
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Description

L'année psychologique - Année 1931 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 30-48
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marcel Foucault
II. Le travail mental sans mouvements
In: L'année psychologique. 1931 vol. 32. pp. 30-48.
Citer ce document / Cite this document :
Foucault Marcel. II. Le travail mental sans mouvements. In: L'année psychologique. 1931 vol. 32. pp. 30-48.
doi : 10.3406/psy.1931.5027
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1931_num_32_1_5027ÎI
LE TRAVAIL MENTAL SANS MOUVEMENTS
Par Marcel Foucault
J'ai déjà publié plusieurs articles sur le Travail mental,
principalement dans V Année psychologique (tomes XIX, XXI,
XXV, XXVII), mais aussi dans la Revue Philosophique (1915,
tome 1) et dans le Journal de Psychologie (tome XVII).
A l'occasion des premières de ces publications, M. Poyer,
dans le Traité de psychologie de Dumas (tome II, page 621)
écrit : « On peut,... reprocher à la méthode suivie d'étudier
en réalité un phénomène mixte, car dans ces exercices, il faut
écrire les résultats obtenus, ce qui entraine un travail muscul
aire presque aussi considérable que le travail mental même. »
D'autre part, à l'occasion d'une communication que j'ai faite,
en 1930, à la Société d'Etudes philosophiques de Marseille,
l'un des auditeurs, M. Bourgarel, m'a fait la même critique.
L'un et l'autre faisaient la critique au sujet de la fatigue mentale.
Mais ils auraient pu la faire également au sujet de l'exercice.
Ils avaient d'ailleurs raison, car il est très vrai que la plupart
de mes expériences portaient sur le travail qui consiste à faire
des additions sur un cahier de Kräpelin, et, dans la technique
que j'ai suivie, les sujets doivent écrire le dernier chiffre de la
somme qu'ils ont trouvée en additionnant deux nombres d'un
chiffre. Dans certaines expériences, il est vrai, j'ai employé
seulement le travail de lecture, et alors les sujets n'écrivaient
rien, mais ils lisaient à haute voix, et par conséquent leur
travail mental s'accompagnait de mouvements d'articulation.
Dans d'autres expériences, le travail consistait à apprendre par
cœur une série de mots, français ou artificiels : alors encore, ils
n'écrivaient rien, mais ils devaient parler, soit pour lire les mots M. fOUCAULT. — LÉ TRAVAIL MENTAL SANS MOUVEMENTS cil
sur un appareil, soit pour réciter ceux dont ils se souvenaient.
Le travail comprenait donc toujours des éléments muscul
aires.
A la critique de M. Bourgarel, je me suis contenté de répondre
que je reconnaissais la nécessité de distinguer les éléments
mentaux et les éléments musculaires du travail, et que je ne
croyais pas qu'il fût très difficile de les isoler par un moyen
expérimental. Je pensais d'ailleurs que la même séparation
pouvait être faite pour l'exercice, et même que c'était par
l'exercice qu'il fallait commencer la recherche. C'est cette r
echerche que j'ai faite cette année, sur l'exercice et sur la fatigue,
et dont j'apporte ici le résultat.
L'organisation de l'expérience a consisté à comparer le travail
d'addition avec un travail plus simple, dans lequel la partie
du travail d'addition qui n'est pas musculaire fût éliminée :
le de copie m'a paru remplir cette condition. En effet,
puisque le sujet qui fait cette expérience doit, dans le cas de
l'addition écrite, écrire un chiffre, il suffit, pour savoir de
combien de temps il a besoin pour faire la partie mentale du
travail d'addition, de lui faire écrire un chiffre sans qu'il fasse
le travail mental d'addition : la différence entre le temps
d'addition écrite et le temps d'écriture sera le temps d'addition
mentale. Elle ne le sera peut-être pas d'une façon exacte s'il
s'agit d'une seule addition écrite et de l'écriture d'un seul chiffre,
mais elle le sera, avec une erreur négligeable, s'il s'agit d'une
colonne entière d'additions écrites et d'une colonne entière de
chiffres copiés. Les différences qui pourraient provenir de ce
que les différents chiffres ne demandent pas, aux mêmes sujets,
des temps rigoureusement égaux, se compenseront réciproque
ment, II faut remarquer, d'ailleurs, que, même dans le travail
de copie, il existe une opération mentale, à savoir la perception
visuelle du chiffre qui doit être copié. Mais cette
existe aussi dans le travail de l'addition écrite, de sorte que la
différence entre le temps de écrite et le temps de copie
représente seulement un travail mental, le travail qui consiste
à trouver la somme des deux nombres d'un chiffre, et à él
iminer le chiffre des dizaines pour garder seulement celui des
unités.
Toutefois, dans la réalisation de l'expérience, il faut que le
sujet commence, ou par une colonne d'additions écrites ou par
une colonne de copie. S'il commence par la copie, on peut suppos
er qu'il en résultera pour lui un peu d'exercice, qui pourra 32 MÉMOIRES ORIGINAUX
diminuer son temps d'addition écrite. S'il commence par l'addi
tion écrite, il en résultera un peu d'exercice dans l'écriture,
lequel diminuera légèrement son temps de copie pour l'expé
rience comparative. Il y a là une petite difficulté. On pourrait
la négliger en disant qu'il s'agit là de temps qui ne peuvent être
que très courts, et que par suite il est permis de n'en pas tenir
compte. Mais il est possible de résoudre la difficulté par l'orga
nisation de l'expérience, et pour cette raison, j'ai cru devoir le
faire. J'ai donc groupé mes sujets par deux, l'un commençant
par l'addition écrite et faisant les dix colonnes d'une page avec
les repos ordinaires, l'autre commençant par la copie et copiant,
avec les mêmes repos, les dix colonnes de la même page, c'est-à-
dire d'une page portant le même numéro de pagination dans le
cahier. Puis, dans une séance ultérieure, celui des deux qui avait
fait les additions écrites a fait la copie sur une autre page du
cahier et celui qui avait fait la copie à la première séance a fait
les additions à la séance suivante sur la même page du cahier où
le premier venait de faire ou allait faire les additions écrites.
En fait, tous les sujets qui ont pris part à cette expérience ont
commencé par faire, ou la copie de la cinquième page, ou les
additions de la sixième page.
Voici enfin un autre détail de technique qui n'est pas sans
importance. Autrefois, au cours des premières expériences que
j'ai utilisées pour des travaux déjà anciens, mes sujets com
mençaient toujours leurs additions à la première colonne de
l'une des feuilles du cahier de Kräpelin. Ils écrivaient d'abord
le premier chiffre de la colonne, puis additionnaient ce chiffre
avec le chiffre suivant, écrivaient la somme si elle était infé
rieure à dix, ou bien le chiffre des unités, si elle était supérieure
à dix, ou le zéro si elle était égale à dix, et continuaient ainsi
jusqu'au bas de la colonne. Alors ils s'arrêtaient : je notais le
temps qu'ils avaient employé pour faire la colonne, et ils conti
nuaient à se reposer, jusqu'à ce qu'il se fût écoulé un temps de
deux minutes depuis le commencement de la première colonne.
Puis, je leur donnais le 'signal de commencer la deuxième
colonne, je mettais en marche le compteur à secondes au
moment où leur crayon touchait le papier, j'arrêtais lecompteur
au où le quittait le papier au bas de la colonne,
et le travail se continuait ainsi jusqu'à ce que la page fût ter
minée. J'ai suivi la même méthode dans les expériences de cette
année. J'y ai cependant introduit une modification. J'avais
remarqué que les diverses colonnes d'une même page ne pré- FOUCAULT. — LE TRAVAIL MENTAL SANS MOUVEMENTS 33 M.
sentent pas tout à fait la même difficulté, c'est-à-dire que, dans
les cas où il semblait que l'on pût faire abstraction de l'exercice
ou de la fatigue, des temps qui auraient dû être à peu près
égaux montraient des différences qui n'étaient point négligeables.
Alors j'ai employé la même méthode dont je m'étais déjà servi
pour" trouver la loi de l'exercice dans

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