Les Allemands à la Louisiane au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.16, pg 1-17
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1924 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 1-17
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Le Conte
Les Allemands à la Louisiane au XVIIIe siècle
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 16, 1924. pp. 1-17.
Citer ce document / Cite this document :
Le Conte René. Les Allemands à la Louisiane au XVIIIe siècle. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 16, 1924. pp.
1-17.
doi : 10.3406/jsa.1924.3757
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1924_num_16_1_3757LES ALLEMANDS A LA LOUISIANE
AU XVIIIe SIÈCLE,
. Par René LE CONTE.
Si la question de l'immigration des Allemands à la Louisiane au
xvni* siècle est restée fort mal connue jusqu'à ce jour, les raisons en sont
multiples. Tout d'abord le terme d'Allemands mérite d'être expliqué. Il
englobe, avec les ressortissants du Saint-Empire, les Alsaciens, les
Suisses, les Lorrains, les Baltes et les Germano- Américains. La national
ité exacte de ces emigrants n'est pas toujours facile à déterminer : la
forme du nom, même quand elle est suffisamment réconnaissable, n'est
trop souvent que d'un faible secours. Ensuite, beaucoup de colons de
race germanique prenaient un nom français dès leur départ de France,
et étaient inscrits sur les listes des passagers sous ce nouveau nom.
Enfin, la plupart des historiens, tant Français qu'Américains, et même
Allemands, qui ont parlé du peuplement de la Louisiane à l'époque de la
Compagnie des Indes, n'ont pas consulté les Archives du Ministère des
Colonies françaises et ont attaché trop d'importance к des traditions
orales, trop souvent inexactes; quant aux autres, ils ont ordinairement
négligé l'histoire des engagés et des colons allemands. M. Heinrich et le
baron de Villiers du Terrage, notre savant collègue de la Société des
Américanistes de Paris, sont les seuls auteurs français, qui aient utilisé
sérieusement les dites archives. Le premier en a donné un catalogue
• détaillé au début de sa thèse ; le second nous a fourni d'excellentes indi
cations et des conseils, dont nous tenons a le remercier ici. Mais tous
les deux n'ont parlé qu'accessoirement des Allemands. Par contre, l'Amér
icain Deiler en a fait l'objet d'une étude spéciale.
Les dossiers que nous avons utilisés sont les suivants : nos 5, 6, 7,
8 et 15 de la série C13 A, n° 1 de la série С13 В; n° 464 de la série
G1. Les sept premiers sont déposés aux Archives Nationales ; le
huitième est resté au Ministère des Colonies, Deiler a eu communicat
ion de copies de pièces du dossier G1 464 faites en 1904 pour le compte
de la Louisiana historical Society, de la Nouvelle-Orléans, copies
prises d'ailleurs assez négligemment. Mais il a ignoré G13 A nos 5, 6, 7,
Société des Américanistes de Paris. 1 .
.
.
SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS 2
8, 15 et G13 В n° 1. Son travail présente de ce chef de graves lacunes. . >'
En revanche, il a tiré un excellent parti du peu de documents qu'il a h
pu découvrir à la Louisiane.
l Les difficultés, que présente la lecture de ces dossiers, sont de diff
érentes sortes. Tout d'abord, les écritures sont généralement peu lisibles 5
ensuite, les fautes d'orthographe et de syntaxe y fourmillent ; enfin, les
noms proprés, surtout quand ils sont étrangers, sont littéralement mas- x 4
sacrés. On arrive facilement à retrouver la Garonne dans la Garenne et
même VAdour dans La Dour, mais comment reconnaître de prime abord
Carlstein dans les Calstaings, Hoffen dans Wen, Augsbourg dans
Hauxbourg, von der Hecke. dans Wanderek ? Ce n'est qu'en comparant
plusieurs textes entre eux que l'on peut y arriver. La philologie fournit :
aussi d'utiles indications sur les déformations d'origine graphique ou
d'origine phonétique. Mais il est des qui posent des pro
blèmes insolubles : Freudénuel est-il Freudenmuhl, Galisburg est-il
Salsburg, forme archaïque de Salzbourg, ou Phalsbourg ou Carlsbourg ?
Ces erreurs proviennent en très grande partie de ce que le dossier
G1 464 est composé de copies de pièces, aujourd'hui perdues, et non pas
d'originaux. : •
En outre, ces dossiers présentent de nombreuses lacunes ; nous n'avons
pas par exemple la liste complète d,es navires partis de" France en 1721
et en 1722, non plus que celle des navires revenus en avec des
emigrants désenchantés. Les indications sur la mortalité dans les ports
français d'embarquement et louisianais de débarquement, air^si que sur
les transports pendant la traversée, sont également très vagues. ■
Dans ces conditions, notre étude laisse dans l'ombre quelques points,
dont certains ne pourront jamais être élucidés. C'est le cas par exemple
des morts de maladie à Lorient beaucoup de pièces des archives de cette ".
ville ayant disparu. "
Lorsqu'en 1717 le sieur Crozat, concessionnaire de la Louisiane depuis
1712, eut renoncé a ses droits, qui passèrent à la Compagnie d'Occident,
la colonie ne. comptait qu'environ 40.0 habitants de race blanche, disper
sés sur un territoire s'étendant du confluent du Mississippi et de la rivière
des, Illinois jusqu'aux côtes du golfe du Mexique.
- C'étaient en partie des Canadiens, venus avec les frères Le Moýne
(d'Iberviile, de Bienville, etc..) et pour le surplus dés Français de'
France et même quelques-uns des Antilles (Saint-Domingue). Presque
tous sont venus par mer ; seuls quelques trappeurs canadiens sont arri"..'.••' ..." vés par voie de terre. .■.'■"'., . ■


.
-


'
.
ALLEMANDS A LA LOUISIANE AU XVIIIe SIÈCLE 3 LES
^ ' La Compagnie d'Occident (devenue plus tard Compagnie des Indes ou
du Mississippi) résolut de fournir avant tout à ces immenses territoires la
population européenne nécessaire à leur développement. Mais elle ne
voulut s'adresser tout d'abord qu'à la mère-patrie et à ses possessions
des Antilles. L'idée né lui vint pas au début de faire appel à des étran-
gers. ■.• ■:.."' .;';. ■'' * ; '• .. ; •■. .-■■ .'■ -■'■■■■-■
Cette politique était d'ailleurs traditionnelle en France, depuis le début
du xvue siècle. Sans doute, au xvie siècle, les huguenots français avaient
emmené avec eux des Genevois au Brésil, des Alsaciens et des Hessois
aux Carolines *, mais le pouvoir royal n'avait pas pris part à ces tenta
tives éphémères de colonisation qui n'ont rien laissé derrière elles. Le
seul essai d'implantation de colons étrangers par le gouvernement du
Roi eut lieu sous Louis XIV ; en 1668, 200 colons suisses allemands et
quelques Portugais, les uns et les autres catholiques, furent débarqués à
Québec. Ils se fondirent rapidement dans la population française, ainsi
que des soldats suisses licenciés à différentes reprises au Canada.
Dès 1717, un Suisse de Neufchâtel, appelé Jean-Etienne Purry 2, adress
ait au Régent un mémoire, où il proposait de transporter en Louisiane
plusieurs années de suite quelques centaines d'émigrants allemands et
suisses, de bonne conduite et de religion catholique romaine en majorité.
Le texte de ce mémoire paraît être perdu, mais le sens nous en est connu,
grâce à des mémoires postérieurs du même auteur 3. La proposition fut
d'ailleurs rejetée pour différents motifs, dont le plus caractéristique est
le danger que ces étrangers feraient courir à la domination française;
l'impression du mémoire fut refusée. Purry passa outrevet le fît paraître à
ses frais en Hollande.
Ce travail ne fut d'ailleurs pas perdu. Law, lui-même étranger et pro
testant, fit venir son auteur en France en 1718 ou 1719 et l'attacha au
service de la Compagnie des Indes. Lorsque « Monseigneur le Contrô
leur Général», au mois de mai 1719, se fit accorder par la Compagnie des
Indes des concessions en Louisiane, il dut recourir aux bons offices de
Purry pour recruter des' emigrants allemands et suisses. Des brochures
de propagande furent alors envoyées en Allemagne et en Suisse. En
1720, paraissait à Leipzig la seconde édition de Г Ausfuhrliche historische
und geographische Beschreibung des an dem grossen Flusse Mississipi
1. Fondation de Fort Caroline en 1565.
2. Celui-là même, qui fonda plus tard Purrysburgh dans l

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