Les anciennes coiffures masculines à Madagascar - article ; n°2 ; vol.35, pg 283-316
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1965 - Volume 35 - Numéro 2 - Pages 283-316
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Raymond Decary
Les anciennes coiffures masculines à Madagascar
In: Journal de la Société des Africanistes. 1965, tome 35 fascicule 2. pp. 283-316.
Citer ce document / Cite this document :
Decary Raymond. Les anciennes coiffures masculines à Madagascar. In: Journal de la Société des Africanistes. 1965, tome 35
fascicule 2. pp. 283-316.
doi : 10.3406/jafr.1965.1395
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1965_num_35_2_1395ANCIENNES COIFFURES MASCULINES LES
A MADAGASCAR
PAR
Raymond DECARY
Dans l'art de la parure, M. Mause a distingué une forme particul
ière, la « cosmétique », qui comprend les artifices de beauté ajoutés
au corps, tatouages, coiffure, etc. Nous cantonnant dans l'île de Madag
ascar, nous avons déjà autrefois étudié les tatouages \ L'art de la
coiffure, création esthétique, fruit de la coquetterie qui peut se ren
contrer dans un sexe comme dans l'autre, a pour but de séduire et de
conquérir. Dans les anciennes coutumes malgaches, il était l'apanage
des hommes autant que des femmes ; chez les uns comme chez les
autres, l'arrangement des chevelures présentait une gamme de varié
tés étonnante, et chacun mettait son orgueil dans leur présentation
artistique. Actuellement, si les femmes se montrent heureusement
encore assez rétives aux influences européennes et conservent en génér
al les taovolo ou dispositifs capillaires traditionnels, les hommes au
contraire ont complètement abandonné les anciens usages, et portent
dans toute l'île les cheveux courts.
Bien avant la guerre de 1914, les Merina du sexe masculin avaient
totalement abandonné les anciens modes de coiffure (nous reviendrons
plus loin sur ce sujet) ; il en était de même pour la plupart des Bet-
sileo, mais ceux des autres groupes ethniques restaient fidèles aux habi
tudes anciennes, et on pouvait plus d'une fois, sans grand risque
d'erreur, déterminer la tribu à laquelle ils appartenaient, en se basant
sur la seule coiffure, ainsi qu'on pouvait aussi le faire sur l'examen
des tatouages.
Vint la guerre. Il fut procédé partout à un intense recrutement de
tirailleurs, à destination de la métropole. Ils furent concentrés dans
des camps, souvent pendant plusieurs mois, en attendant leur embar
quement. Dès leur arrivée dans ces lieux de rassemblement où ils
1. R. Decary, Les tatouages chez les indigènes de Madagascar. Journ. Soc. Africanistes, t. V,
fasc. 1, 1935, p. 1-40. 284 SOCIETE DES AFRICANISTES
recevaient un rudiment d'instruction, il leur fallut subir l'ablation
d'une chevelure dont ils étaient fiers, et ce fut pour eux un choc d'au
tant plus cruel que cette « opération » se fit sans ménagement ni expli
cation. L'application rigoureuse du règlement militaire qui exige que
le soldat ait la tête rasée entraîna une conséquence inattendue :
les désertions furent très nombreuses, particulièrement au camp de
Tamatave qu'occupaient surtout des originaires des régions côtières x.
Quand plus tard ces jeunes gens qui, au nombre de plus de 45 000,
étaient allés en France, revinrent à Madagascar avec leur titre d'an
ciens miaramila, quand ils se furent réinstallés au milieu des leurs, ils
conservèrent l'habitude de porter les cheveux courts, ainsi que le fa
isaient les Blancs parmi lesquels ils avaient vécu. D'autre part, les che
veux courts étaient aussi imposés à partir de 1926 au contingent de
travailleurs qui, chaque année, fournissait le S. M. 0. T. I. G. (Ser
vice de la main-d'œuvre des travaux d'intérêt général) 2. Ceci donna
chez les jeunes le coup de grâce aux anciennes coiffures : elles dispa
rurent quasi totalement. Seuls les hommes d'âge mûr maintinrent la
tradition, qui s'éteignit progressivement à mesure qu'ils disparais
saient. Aujourd'hui les coiffures traditionnelles appartiennent au
passé, on ne peut plus les connaître que par des photographies ou des
anciennes descriptions dispersées chez divers auteurs. C'est à elles
que sont consacrées les pages qui suivent.
* * *
Les recherches de M.-C. Chamla ont montré que, chez les Malgaches,
la forme des cheveux va du type droit des xanthodermes au type
crépu des mélanodermes, en passant par les formes ondulées et frisées.
Le type droit se rencontre le plus fréquemment sur les hauts plateaux,
en Imerina ; les autres groupes n'en présentent que peu ou pas du tout.
Le type ondulé ne se voit également que chez les Merina. Les formes
frisées se révèlent encore assez importantes chez tous les groupes, mais
ce sont les types crépus qui dominent chez les populations autres que
les Merina et les Betsileo 3.
La terminologie malgache fournit pour la chevelure ou volondoha
les termes suivants :
1. Les déserteurs de Tamatave, quand ils étaient retrouvés, ce qui n'était pas toujours le cas,
car ils évitaient de retourner dans leur village d'origine, étaient jugés par le Conseil de guerre de
Tananarive dont je faisais alors partie. La désertion en temps de guerre est un acte rigoureusement
réprimé, mais le tribunal tenait compte des circonstances ; il connaissait la raison réelle de la déser
tion, que les accusés n'osaient pourtant pas invoquer ; la peine était de six mois de prison.
2. En 1928, le S. M. O. T. I. G. comptait 8 000 hommes.
3. Marie-Claude Chamla. Recherches anthropologiques sur l'origine des Malgaches. Mém. Mus.
Hist, nat, nouv. série, Série A, Zoologie, t. XIX, 1958, p. 99. LES ANCIENNES COIFFURES MASCULINES A MADAGASCAR 285
Volo malina, cheveux fins et lisses ; volo tsotra, cheveux lisses, plats ;
volongisa ou volongita, cheveux crépus, laineux ; volo oly, cheveux
bouclés, frisés ; volo rano, fins et soyeux. Le terme de ngita,
qui signifie crépu, laineux, est parfois donné en surnom chez les Merina.
Déjà les anciens auteurs avaient été frappés par la similitude des
coiffures masculines et féminines. Les quelques citations suivantes
concernent les premières qui, répétons-le, sont seules étudiées ici.
Pour les Betsimisaraka du Nord, l'amiral Van Neck écrit en 1609 :
« Les hommes... portent les cheveux, les uns en petit nombre (ceux qui
étaient en deuil) épars, d'autres tressés en une foule de petites nattes,
et d'autres en forme de deux cornes tombants \ »
En 1625, Bontekoe signale, au sujet des habitants de la baie de
Sainte-Luce (Antanosy), que « quelques-uns ont les cheveux longs,
d'autres les ont frisés comme la laine des moutons ; les femmes les
portent attachés sur leur tête par petites tresses, et elles les graissent
avec de l'huile, ce qui fait qu'ils reluisent au soleil. La plupart des
hommes en usent de la même façon 2 ».
Sur les Antanosy, Flacourt écrit : « Leurs cheveux, aux Grands et
aux Rohandrians, sont longs et droits, qu'ils nomment tsonsavoulou
(tsotsa volo) et ils ne les tressent jamais mais seulement les huilent et,
avec de la cire, les empèsent d'une façon assez bizarre, en les réduisant
en forme de couronne. Les nègres (les indigènes) les tressent assez
proprement. Il est difficile de distinguer par la tête un homme d'avec
une femme, car les hommes portent et accommodent leurs cheveux
ainsi que les femmes 3. »
Dans sa description générale de l'île, écrite au milieu du xvne siècle,
Boothby, qui fut « facteur » au service de la Compagnie anglaise
des Indes, signale que « hommes et femmes portent les cheveux coupés
à peu près suivant la mode que nous nommons aujourd'hui en Anglet
erre Cavalier fashion, c'est-à-dire courts en avant, longs sur les côtés
et surtout en arrière, et ils les tressent comme le font nos femmes de
condition, de manière à former trois nattes : ce mode de coiffure est
en parfaite harmonie avec leur physionomie. Sur le sommet de la tête,
ils ont un chignon haut de presque un demi-pied, qui se tient droit, et
qu'ils forment en enroulant tout autour, pour l'attacher, un cordon ou
un lien quelconque 4 ». En fait, l'auteur semble n'avoir connu person-
1. Van Neck. Le second Livre, Journal ou Comptoir contenant le vray discours... Amsterdam,
1609. Coll. Ouvr. anc concern. Madag., t. VI, p. 7.
2. Relâche de Guillaume Bontekoe dans la baie de Sainte-Luce (Manafiafy) en 1625, relatée par
Thévenot : Relations de divers voyages curieux, t. I, 1673. Coll. Ouvr. anc, t. II, p. 372.
3. Flacourt. Histoire de la grande isle de Madagascar. Paris, 1661. Coll. O

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