Les artisans malades de leur travail - article ; n°5 ; vol.32, pg 993-1006
15 pages
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1977 - Volume 32 - Numéro 5 - Pages 993-1006
Using as a basis for the study the manuscripts of the Société royale de médecine dealing with diseases of craftsmen in the 18th century, it is interesting to pick out in the language of both the doctors and the work inspectors of the time the ambiguous articulations which establish a link between the needs for order in the city, for efficient work and for an enlightened humanism. The style of speech, which begins to take form as early as 1768, already contains all of the elements which underly the dominant 19th-century ideology concerning the worker's body, his mores, his production capacity and what his family life should be. The 18th-century humanist already dreamed of well-lighted work-shops; everything that is opaque was easily blamed on the worker; he must therefore be educated in order to be saved from himself
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Arlette Farge
Les artisans malades de leur travail
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 32e année, N. 5, 1977. pp. 993-1006.
Abstract
Using as a basis for the study the manuscripts of the Société royale de médecine dealing with diseases of craftsmen in the 18th
century, it is interesting to pick out in the language of both the doctors and the work inspectors of the time the ambiguous
articulations which establish a link between the needs for order in the city, for efficient work and for an enlightened humanism.
The style of speech, which begins to take form as early as 1768, already contains all of the elements which underly the dominant
19th-century ideology concerning the worker's body, his mores, his production capacity and what his family life should be. The
18th-century humanist already dreamed of well-lighted work-shops; everything that is opaque was easily blamed on the worker;
he must therefore be educated in order to be saved from himself
Citer ce document / Cite this document :
Farge Arlette. Les artisans malades de leur travail. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 32e année, N. 5, 1977. pp.
993-1006.
doi : 10.3406/ahess.1977.293875
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1977_num_32_5_293875LES ART/SANS MALADES DE LEUR TRAVAIL
Un corps au travail est un corps qui se dépense et se fatigue qui accomplit
une suite routinière de gestes et de déplacements dans un lieu particulier il
agit artisans et ateliers au xvine siècle on devine aisément les conditions
rudes précaires et insécures dans lesquelles accomplit le travail Malaises bles
sures maladies incurables font partie du paysage quotidien aussi habituels que
le sont les salaires insuffisants les ateliers mal aérés et instabilité de emploi
De ce sujet les médecins du temps ont finalement relativement peu parlé
Par rapport la masse de documents encore peu exploitée qui concerne épidé
mies maladies des femmes césariennes ou topographies médicales de tel ou tel
village les livres ou manuscrits attachant décrire les maladies professionnel
les restent rares est cette rareté qui éveille entre autres esprit du chercheur
il trace un nouvel objet médical il faut tenter en décoder les significa
tions de comprendre il agit de apparition une sensibilité nouvelle ou de
nécessaire intérêt Il faut lire les documents en repérant au-dessous ou en
de des mots les registres divers qui ont servi fabriquer le texte Reconnaître
entrelacement constant de ces niveaux où pour décrire puis pour conclure
auteur il soit médecin ou membre de élite éclairée comme les inspecteurs
de manufactures) utilise la fois des sentiments humanitaires une indignation
profonde devant un trop-plein de malheur évident un besoin de convaincre de
mêler hygiène morale et santé et une soumission quasi naturelle devant ordre
inévitable des choses celui de homme pauvre au travail
Si les documents ne sont pas innombrables ils ne sont pas introuvables loin
de là Tout le monde connaît existence du livre de Italien Bartolomeo Ramaz-
zini Essai sur les maladies des artisans ouvrage paraît pour la première
fois Moden en 1700 Quelques années après il est traduit et publié en Alle
magne Et en 1713 il est réimprimé une nouvelle fois Padoue Une édition
fran aise paraît chez Moutard en 1777 bien tard dans le siècle
Il semble que Ramazzini ait été un précurseur en la matière Bien sûr les
médecins avaient déjà eu occasion observer quelques maladies particulières
aux artisans Fernel par exemple raconte une sage-femme pour avoir ac
couché la maison une femme atteinte de maladie vénérienne souffrit un
993 PRATIQUES ET DISCOURS DICAUX
ulcère Dans les recueils des différentes académies on trouve quelques observa
tions du même type Ainsi dans les Transactions philosophiques de la Société
royale de Londres en 1665 peut-on relever une note concernant les mineurs de
Fréjus
En revanche les auteurs qui ont traité de toutes les maladies des artisans
comme Hecquet2 ou le Dr Buch et quelques autres ont jamais fait que
reprendre les différentes classifications et notations de Bartolomeo Ramazzini
leurs publications doivent tout au travail et la réflexion de cet Italien Certains
autres ont publié de fa on plus novatrice sur des maladies de quelques classes
particulières artisans comme la colique des peintres ou les maladies des gens
de mer mais ils sont peu nombreux
Au début du xixe siècle le Dictionnaire des sciences médicales de Pan-
ckoucke traitera abondamment des maladies des artisans soit dans un article
il leur consacre soit en analysant un un certains métiers Au mot pro
fessions auteur de la note terminera en disant il faudra encore attendre un
certain temps pour que soit fait un traité complet Ceci confirme il en était
besoin la nouveauté du sujet au cours du xvine siècle
Les archives manuscrites de la Société royale de médecine contiennent elles
aussi assez peu de lettres ou de rapports médicaux sur ce problème Sept docu
ments ont pourtant retenu notre attention ils sont tous datés de la fin du siècle
Colombot médecin Besan on envoie la Société en 1780 un précis histori
que servant aux maladies En quelques pages il traite des bonnetiers et des hor
logers La même année Beerenbrock de Montpellier fait une contribution
rapide sur les maladies des doreurs tandis que le médecin Chevandier de la
ville de Serres en Gapen ois écrit un très court mémoire sur les maladies de
quelques artisans Plus intéressants parce que très détaillés les quatre mémoires
de Pajot des Charmes tranchent par la précision et abondance des notations
auteur est sous-inspecteur des manufactures il est pas médecin Ses travaux
le feront cependant nommer correspondant de la Société Son regard est celui
une élite chargée du développement harmonieux des manufactures fran aises
la fin un siècle où se décèle déjà une pré-industrialisation massive est
étude de ce regard que nous privilégierons ici Deux démarches se compléte
ront pour appréhender le discours de Pajot des Charmes et travers lui celui
un monde dominant se penchant sur la couche laborieuse de son pays en un
premier moment chercher analyser comment lieu de travail et gestes profes
sionnels dont certains condamnent inévitablement la blessure et la maladie
sont décrits en un temps suivant lire travers les pleins et les creux du texte
un ensemble sous-jacent idéologies et de sensibilités
En quelque sorte ne pas se limiter exposer pour nous hommes du
xxe siècle les maladies professionnelles aper ues au xviue mais restituer autant
que faire se peut la conscience des élites de la fin de Ancien Régime attentives
des couches laborieuses ils savent indispensables ne serait-ce leur
propre richesse
Un espace violent et mortifère atelier
époque nul ne songe nier importance et la nécessité des recherches
liant travail et maladies est un terrain nouveau dont on se glorifie plutôt
994 LES MALADIES DES ARTISANS FARGE
non seulement il est de intérêt de chacun de remédier aux maladies des arti
sans mais encore cela prouve une honorable disposition favoriser le bien de
humanité Pajot des Charmes insiste sur ce point quand il conclut son mémoire
sur les maladies des ouvriers de la draperie
II point de doute il ne soit très possible de trouver des préservatifs il
serait en conséquence digne de la Société royale de médecine de proposer des
prix ou autres récompenses aux personnes auxquelles la noble envie de concou
rir aux vues humanité qui animent un corps de savants aussi distingués aurait
suggéré des moyens propres éloigner des maux qui astreignent la classe nom
breuse
Et les rapporteurs membres de la Société savent reconnaître en Pajot des Char
mes un humaniste sensible et en ses mémoires des idées directement utilisables
De pareils ux annoncent une âme sensible et portée au bien de huma
nité ses observations nous paraissent devoir être insérées en abrégé dans le
volume de la Société elles seront des matériaux précieux pour servir histoire
des maladies des artisans la collation de laquelle la Société occupe 10
Quand Fourcroy traduit le livre de Ramazzini il souligne dans son introduc
tion intérêt une telle étude par rapport aux recherches sur les épidémies
En note au bas de page il écrit II serait souhaiter que la S.R.M dont les
travaux étendent sur tout ce qui est utile voulut bien charger les médecins de
province qui correspondent avec elle de faire des

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