Les Aveugles possèdent-ils le « Sens des Obstacles - article ; n°1 ; vol.31, pg 1-51
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Description

L'année psychologique - Année 1930 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 1-51
51 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Wladimir Dolanski
I. Les Aveugles possèdent-ils le « Sens des Obstacles
In: L'année psychologique. 1930 vol. 31. pp. 1-51.
Citer ce document / Cite this document :
Dolanski Wladimir. I. Les Aveugles possèdent-ils le « Sens des Obstacles. In: L'année psychologique. 1930 vol. 31. pp. 1-51.
doi : 10.3406/psy.1930.30000
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1930_num_31_1_30000L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME XXXI
MÉMOIRES ORIGINAUX
LES LÉ « AVEUGLES SENS DES OBSTACLES POSSÈDENT-ILS i ? »
Par Wladimir Dolanski
INTRODUCTION
La tradition qui consacra l'existence des cinq sens de l'homme
repose actuellement dans l'oubli du passé, car la science a dé
montré que nous possédons des sens très nombreux comme ceux
de la température, de la pression, de la douleur, etc. L'existence
d'un sens des obstacles est donc possible, d'autant plus que les
faits témoignent, dans certains cas exceptionnels, d'un pouvoir
de perception de l'obstacle non seulement chez les aveugles
— les plus intéressés en la matière — mais encore chez les
voyants. Il ne s'agit plus à présent de découvrir un organe
spécial permettant aux aveugles de recevoir les sensations
qui les avertiraient des objets placés devant eux, néanmoins
on parle de ce sens, comme de celui du temps, du sens qui per
met d'apprécier la distance, de s'orienter, etc.
1. Etude de psychologie expérimentale, faite dans le laboratoire de ^Inst
itut pour les Aveugles, à Laski, près de Varsovi«.
l'année psychologique, xxxi. 1 2 MEMOIRES ORIGINAUX
Le présent travail, résumé français d'un ouvrage à paraître
prochainement en polonais, va s'efforcer d'éclairer l'ensemble
de la question, en résumant dans un ordre chronologique tout
ce qu'on a écrit à ce sujet, en citant ensuite les théories qui
ont pour but d'expliquer le phénomène, les observations faites
de longue date par l'auteur lui-même, ainsi que les résultats
de ses recherches expérimentales.
Diderot fut le premier à attirer l'attention du monde scienti
fique — dans sa célèbre publication « Lettres sur les Aveugles »
— sur la capacité de percevoir les obstacles chez les aveugles.
Lorsque dans le dernier quart du xvnie siècle Valentin Haüy
entreprit à Paris l'instruction systématique des aveugles et que
tous les états de l'Europe l'imitèrent successivement, des agglo
mérations nombreuses d'aveugles se formèrent et l'on eut la
faculté de constater la vérité des paroles de Diderot. On remar
qua notamment que les aveugles savent s'arrêter devant
l'obstacle au moment où le choc semblerait inévitable, que,
grâce à cette capacité de percevoir les objets placés sur leur
route, ils arrivent à les éviter, ce qui leur permet de se déplacer
dans l'espace avec une certaine liberté.
Ce phénomène éveilla un intérêt considérable durant le
xixe siècle, et jusqu'à nos jours de nombreux auteurs, et parmi
eux des aveugles, essayent d'éclaircïr la question.
Tous les aveugles s'accordent à dire qu'ils perçoivent
l'obstacle par la figure et, en particulier, au moyen du front,
des tempes et des joues ; il semblerait que la question fût claire
et ne présentât aucune difficulté, grâce à la localisation exacte
des sensations perçues, cependant il se forme tout un chaos de
jugements contradictoires et inextricables pour le chercheur. La
faute en retombe sur les auteurs qui ont publié avec trop de viva
cité les témoignages des aveugles, sans approfondir la nature
du phénomène qui possède une base psychique.
Certains aveugles exagèrent le phénomène afin d'acquérir
auprès de leur entourage une auréole de supériorité, d'autres
— quoique de bonne foi — lui donnent une fausse interpréta
tion.
Historique
Le problème ne possède encore aucune monographie spéciale
qui l'ait étudie sous tous ses aspects, en s'appuyant sur des
observations objectives, justifiées par des expériences. Tout nOLANSKl. LES AVEUGLES POSSÈDENT-ILS LE SENS DES OBSTACLES 3 W.
ce que l'on a écrit à ce sujet n'est constitué que par des notices
détachées, des publications, des tentatives d'explication du
phénomène ou de petits ouvrages de compilation. Les auteurs
qui ont essayé d'éclaircir la nature du sens de l'obstacle sont :
Zeune (1808) 1 estime que les aveugles perçoivent au moyen
de la tête la proximité des objets. Le fait que les aveugles
marchent en avançant la tête prouve que le front et les joues
leur servent d'une manière de tentacules, comme cela a lieu
chez les organismes inférieurs.
Knie (1821) 2 croit que la perception des obstacles est engen
drée par la pression atmosphérique.
Luzardi 3 estime que les aveugles sont obligés de concentrer
leur attention et il remarque que cela contribue à augmenter
leur faculté de mémoire. Le manque d'un sens ne lui paraît pas
devoir augmenter les capacités des autres. Les aveugles ne pos
sèdent pas d'avantage spécial sur les voyants et la sensibilité de
leur toucher n'est due qu'à un exercice continuel et à la nécess
ité de remplacer la vue. La cécité excite les autres sens à une
activité plus marquée et provoque en eux, de la sorte, une agilité
plus grande qui pourtant n'est pas innée mais acquise. L'aigui
sement des sens est basé sur des prémisses psychiques et appar
aît en un degré individuel.
Sergei (1867) 4 définit « Ferngefühl » comme une capacité
de percevoir à distance des objets qui, à un certain degré d'attent
ion, peuvent être également perçus au moyen du visage, sans
l'aide des impressions acoustiques sonores, lumineuses ou ther
miques. Il trouve que le sens de la distance est le plus aigu dans
les environs de l'oreille et de l'œil, plus faible sur les tempes et
le front, encore plus faible sur les joues et le plus faible sur les
lèvres. Il dit que la présence d'une toile suspendue agit tout
comme un arbre, une pierre, du fer à égales distance, situation
et grandeur de la surface tournée vers l'aveugle. L'allée pro
voque une sensation particulière et trouble ; l'auteur perçoit
les arbres ordinaires à une distance de 8 pieds, dans la rue, la
main, à une distance de trois pouces. Il est impossible de pré
ciser les dimensions du corps ; on ne peut non plus définir la
1. Zeune, Blinden- Psychologie, von Prof. Dr Kar] Bürklen. Direktor der
N. O. Landes-Blindenanstalt in Purkersdorf bei Wien. 1924, Leipzig. Verlag
von Barth ; p. 45, Der Fernsinn.
2. Knie, K. Bürklen. Blinden- Psychologie, p. 45. Der Fernsinn.
3. Luzardi, K. p. 54.
4. Sergel, K. Bürklen. Blinden- pp. 45 et 46. Der Fernsinn. 4 MEMOIRES
form© dtes objets, mais seulement leur présence; la grandeur
d'une surface fermé© ne peut être déterminée que d'une manière
superficielle.
Quand un individu dont l'attention est dispersée s'approche
rapidement de l'objet, le sens de l'obstacle n'apparaît point,
au contraire, lorsqu'on approehe lentement il devient plus, aigu.
En pleine lumière le sens s'affaiblit et devient trouble, surtout
si la clarté tombe directement sur la figure de l'aveugle. Le son
qui fait percevoir les objets se trouvant à la portée du sens de
la distance sert le mieux à aiguiser ce dernier. Aussi lorsque les
aveugles veulent trouver la situation d'un lieu ont-ils recours
aux Wiissements. Un son fort n'aide pas davantage qu'un son
faible, au contraire un son très fort et plein gêne.
Dans ce domaine de la réception des sensations il peut aussi
y avoir des illusions.
Il trouve avec justice que: les aveugles se servent du sens de
l'obstacle; à leur propre insu et que c'est le voyant qui, en les
observant, attire leur attention sur cette faculté.
Se*gel définit le sens des obstacles comme un moyen spécial
de perce-voir les sensations et de les distinguer des autres, telles
que les sensations acoustiques qui contribuent à l'orientatioia de
l'aveugle.
Lévy (1872):1 assure que le sens de l'obstacle n'est nullement en
1. Lévy, K. Bürklen. Blinden-Psychologie^p. 51. Dr. Emile Jav ai,, Entre
Aveugles. Conseils à l'usage des person

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