Les cache-sexe du Centre-africain. - article ; n°1 ; vol.2, pg 103-112
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1932 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 103-112
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 117
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

G. Muraz
Les cache-sexe du Centre-africain.
In: Journal de la Société des Africanistes. 1932, tome 2 fascicule 1. pp. 103-112.
Citer ce document / Cite this document :
Muraz G. Les cache-sexe du Centre-africain. In: Journal de la Société des Africanistes. 1932, tome 2 fascicule 1. pp. 103-112.
doi : 10.3406/jafr.1932.1528
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1932_num_2_1_1528LES CAGIIE-SEXE DU CENTRE-AFRICAIN,
MÉDECIN le. L'-COI.ONEL Docteur I1FS G. TRUITES MURAZ, COLONIALES.
(Planches II-VII)
Le Musée des Offices, à Florence, a le bonheur de posséder le geste
humain le plus exquis que dans le cours des siècles la pudeur ait ordonné
à la femme : ses salles abritent la splendeur émue de la Vénus de Médicis.
Si dans l'Afrique centrale je n'ai jamais rencontré cette forme harmon
ieuse, ce canon à type sesquialtère qui, selon Richer, reste le fin du fin
de notre périssable dépouille^ j'ai constaté chez des primitifs presque
nus, et sous des aspects assez variables, l'existence de ce trouble si par
ticulier qui naît brusquement sous le regard violateur de l'intimité sexuelle4.
Il n'y a pas que le mot. La chose existe. Roumsioloum, disent les Saras
du Moyen-Chari : la pudeur, la honte. Et combien curieux est chez eux
le siège, si je puis dire, de ce sentiment suivant le sexe. Si la femme est
callipyge, ou, cas plus fréquent, stéatopyge, on le saura. Rien ne voile
ses formes opulentes. L'homme, par contre, a toujours les fesses cachées
par une peau de chèvre pendante. Mais rien devant (fig. i). Rencontre-
t-il quelqu'un, femme ou homme', rentre-t-il de la brousse au village?
Prestement sa main gauche1 repousse pénis et testicules dans la région
périnéale et ses adducteurs assurant fermement leur rôle physiologique,
il va, il marche, n'offrant vraiment aux yeux qu'un féminin pubis (fig. L2).
Dans ce custodi nos imprévu, la striction des cordons, parfois d'une
longue durée, n'est pas sans retentissement pathologique. L'hydrocèle,
l'orchite chronique, l'ectopie testiculaire sont les banalités de la consul
tation médicale au pays Sara.
Mais pourquoi, chez l'homme seulement, ce souci de protection, vif
pour son postérieur, à peu près nul pour son anatomie sous-pubienne ?
On peut remarquer, mais cela n'éclaire pas tout, que sa peau de bouc ou
1. La main droite, qui sert à manger, n'est jamais employée à cela. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 104
de chèvre (appelée communément par nous peau-de-cabrî) lui sert de
siège et, détachée lorsqu'il pleut, de parapluie. Je crois plus juste de
penser qu'elle est destinée à absçondre, au moment de la petite manœuvre
que je viens de dire, la masse testiculaire, fortement pressée par le jeu
des adducteurs, qui apparaît au-dessous du pli interfessier sous la forme
d'une indécente hernie.
Mais comme tout cela est plein d'insaisissable contradiction, est variable
d'une race à l'autre ! Si les Sara du Sud tchadien voilent ces bourses qui.
ne peuvent- trouver comme la verge un refuge momentané sous le plan
périnéal, les Kirdi* de Iloum se contentent de placer précautionneuse
ment le pénis seul dans un étui de paille tressée (fig. 3 et 4). Le méca
nisme de cette intromission est curieux, line main enfouit sous la peau
du scrotum la verge tout entière. L'autre main place l'ouverture de l'étui
sur cette invagination temporaire. La première main ôtée, le pénis se
loge de lui-même dans cette gaine et, par sa rénittence, la maintient en
place pendant les mouvements de la marche (fîg. 5 et в).
Cette coutume en rappelle une autre que m'a signalée un confrère.
Dans certaines îles de la Malaisie, les hommes, — en nombre peu élevé
par rapport à celui des femmes, - — enfermeraient leur verge dans un étui
de peau garni de piquants. Ceci, non plus par pudeur, mais pour donner
sans doute un démenti au proverbe en évitant que le fourreau n'use la
lame.
Une courte digression me permettra, h propos de la peau-de-cabri sara,
de dire quelques mots sur la nécessité, — quoi qu'en pensent nos mis
sions/ catholiques ou protestantes, — de ne pas trop habiller, dans nos
colonies, des autochtones qui se sont toujours bien portés sans nos vêtures
européennes. C'est le cas des Sara employés sur les chantiers du chemin
de fer Congo-Océan, dans le Moyen-Congo. Nous devons les habiller pour
les préserver des pneumococcies, et c'est tout. Car c'est là un entraîne
ment, contre le froid, que ne possède pas le Sara. Dans son village, à la
saison fraîche ou lorsqu'il pleut, il reste dans sa case, se chauffe accroupi
auprès du feu central et attend, pour se mettre ou se remettre au travail,
une meilleure température.
Habiller continuellement- le Noir, c'est le vouer à la gale, à la récur
rente à poux, cette épidémie qui en ces dernières années faucha des mil-
1. « Le Kirdi (du plateau Mandara, au Cameroun) est l'élément autochtone -pur; il
a un vif sentiment de son indépendance et, comme il n'a aucunement besoin des
gens de la plaine, on ne peut agir sur lui parla contrainte ; pour se faire écouter, le
sultan doit faire appel non à la force, d'ailleurs dérisoire, des soldats de sa cour,
mais aux traditions communes, à son prestige propre, et aussi à des arguments d'ordre
surnaturel toujours puissants sur ces âmes de primitifs. » (La' Conquête du Cameroun-
Nord, /3/Í-/9/5, par le Lt-Colonel .1. Ferrandi. Ch. Lavauzelle et Cie, éditeurs.) LES CACHE-SEXE DU CENTRE-AFRICAIN 103
liers d'Arabes tchadiens habillés et ne s'arrêta, vers le Sud, que devant
le barrage de l'adamisme Sara. C'est surtout le vouer, par inévitable pénur
ie vestimentaire, à la saleté corporelle.
Dans la Revue de Médecine et d'Hygiène tropicales (1931, № 4) et dans
Y Hygiène Sociale (1931, № 62), le D1' Fougerat de Lastours a longuement
étudié le problème de l'ensoleillement dans les pays chauds. Dans
Hygiène, Nudité, Soleil aux Colonies, il nous apprend qu'à la suite de sa
communication aux « Journées médicales » de l'Exposition « et des très
intéressantes précisions sur le vêtement des indigènes, spécialement sur
les chantiers du chemin de fer Congo-Océan, données le 1er août 1931,
par M. l'Inspecteur Général du Service de Santé des Colonies Lasnet et
par le Docteur Gaston Muraz, inspecteur de la Maladie du sommeil en
A.E.F., le vœu suivant a été adopté à l'unanimité en séance plénière de
clôture » :
Le Congrès de Médecine Coloniale, réuni à Voccasion de V Exposition Inter
appelle" V attention des Pouvoirs Publics, métropolitnationale, Paris 1931,
ains' et coloniaux, sur les avantages que présente l'utilisation rationnelle du
soleil comme hygiène et, tout spécialement, sur les graves dangers de Vhabil-
tement, systématique et obligatoire, des populations indigènes qui, si elles
peuvent souvent avoir besoin de protection pour les nuits fraîches, doivent pou
voir sHnsoler largement dans la journée selon leurs salutaires coutumes sécu
laires.
Voyons maintenant comment la femme primitive dérobe aux regards
son pôle sexuel, quand elle en a souci.
Je dirai d'abord que la Noire fétichiste ou naturiste n'est pas toujours
adamienne par nécessité. Si elle ne dispose pas partout d'étoffes de traite,
elle pourrait user largement des feuilles d'arbustes, dont elle est comb
lée. La région sara n'est pas dans la zone saharienne, pas même dans
la zone sahélienne. La nature y est prodigue de verdure. Dans la forêt de
la Haute-Sangha, les femmes Baya portent devant et derrière d'énormes
touffes de feuilles minutieusement imbriquées et cousues.
Mais cette mode n'a jamais tenté la Sara-Madjinngaye, la Sara-Kaba,
la Sara-Daï, la Sara-M'Baye. Et je vais analyser la simplicité de leur
vêtement en allant du bouquet de feuilles au rang de perles, du tablier
de perles aux crins de cheval, des petits anneaux de cuivre et d'étain au
gol, cette extraordinaire ceinture de chasteté.
Voici donc [fig. 7) le petit bouquet de feuilles des fillettes et des femmes
Sara. Chevauchant une ceinture de perles bleues et blanches (ceinture
appelée en arabe tchadien souk-souk ; en sara, médé ou bangdien), la
touffe verte se niche au creux pubien. Vite flétrie com

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