Les classes moyennes mexicaines et la conjoncture économique actuelle - article ; n°101 ; vol.26, pg 103-117
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Description

Tiers-Monde - Année 1985 - Volume 26 - Numéro 101 - Pages 103-117
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Soledad Loaeza
Les classes moyennes mexicaines et la conjoncture
économique actuelle
In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°101. pp. 103-117.
Citer ce document / Cite this document :
Loaeza Soledad. Les classes moyennes mexicaines et la conjoncture économique actuelle. In: Tiers-Monde. 1985, tome 26
n°101. pp. 103-117.
doi : 10.3406/tiers.1985.3464
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1985_num_26_101_3464CLASSES MOYENNES MEXICAINES LES
ET LA
CONJONCTURE ÉCONOMIQUE ACTUELLE
Texte de Soledad Loaeza*
Traduction de M. D. Sabalcagaray**
II y a plus de quarante ans que s'est amorcé au Mexique le processus
accéléré d'industrialisation qui est à la base de ce qu'on appelle le miracle
mexicain. La combinaison de la croissance économique rapide1 et de la
stabilité sociale a pu se maintenir sur une très longue période (1940-
1982) dans un cadre politique formellement démocratique, bien qu'en
réalité le trait dominant de cette structure institutionnelle ait été la
concentration des pouvoirs politique et économique2. Un des résultats
les plus remarquables de cette expérience est celui de l'expansion des
groupes sociaux situés entre les très riches et les très pauvres. Ce phéno
mène a permis de masquer une structure économique profondément
inégalitaire, tout comme l'essence autoritaire du système politique;
il a également contribué à la croissante stratification de la structure
sociale.
Le développement des classes moyennes au Mexique a sans doute pu
entraîner une certaine stabilité, mais absolument pas la démocratie.
* Enseignant-chercheur du Centre d'Etudes internationales du Colegio de Mexico.
** Assistante à l'Institut de Géographie, Université de Toulouse-Le Mirail.
1. « Si l'on prend 1940 comme année de référence on observe que de cette date à 1983
le produit interne brut a augmenté à un taux moyen annuel de 6,3 %. » Carlos Bazdresch,
Distribución y crecimiento, Dialogos, 110, marzo-abril de 1983, p. 47-54, p. 47.
2. La concentration du revenu au Mexique est l'une des plus élevées du monde. En 1977,
5 % des familles aux plus hauts revenus recevaient 25 % du revenu, alors que 40 % des
familles aux plus bas revenus n'obtenaient pas 12 %. Cf. Gabriel Vera, Carlos Bazdresch y
Graciela Ruiz, Algunas hechos sobre la distribución del ingreso en Mexico, Dialogos, 110,
marzo-abril de 1983, p. 34-41.
Revue Tiers Monde, t. XXVI, n° 101, Janvier-Mars 1985 SOLED AD LOAEZA IO4
Dans ce cas pour le moins, on n'a pas pu observer la relation directe que
la théorie classique de la modernisation aime à établir entre classes
moyennes et démocratie.
Actuellement, le pays traverse une situation inédite qui se traduit
par la convergence d'une récession économique, de l'inflation et du
discrédit des institutions politiques. Cette coïncidence forme un cadre
social sans précédent dans le Mexique contemporain, et offre une
excellente occasion pour l'analyse des classes moyennes à travers leurs
contradictions et leurs relation au système politique.
Les caractéristiques sociologiques des classes moyennes mexicaines
Les grands traits caractéristiques de l'ensemble des classes moyennes
du Mexique se retrouvent dans celles d'autres sociétés. Ces similitudes
s'expliquent par des positions socio-économiques semblables ; cependant
les particularités des structures de la société et du système politique
mexicains leur confèrent une personnalité propre.
Bien qu'il existe des désaccords considérables en ce qui concerne
les critères de définition des groupes intermédiaires, nous pouvons tirer
des discussions méthodologiques quelques points communs qui per
mettent d'établir deux conditions nécessaires mais non suffisantes
à l'identification d'une catégorie sociologique dénommée « classe
moyenne » : le travail autre que manuel et le milieu urbain.
Dans tous les cas, ce qui distingue en premier lieu les groupes sociaux
occupant une position intermédiaire dans la structure économique,
c'est qu'ils ne travaillent pas de leurs mains. Ce critère permet de regrou
per une grande variété de catégories qu'on peut cependant subdiviser
entre salariés et non-salariés, ou si l'on préfère entre dépendants et
autonomes. On compte parmi les salariés : les employés, fonctionnaires
et cadres moyens de l'armée indépendamment du montant de leurs
salaires ; et parmi les non-salariés : les professions libérales, petits et
moyens commerçants et industriels, petits propriétaires et artisans.
Par conséquent, il existe au sein des classes moyennes des situations très
diverses quant aux revenus, à la qualification professionnelle, et au
statut social3.
3. « La notion de classe moyenne seule et unique apparaît comme sociologiquement
absurde », Nonna Mayer et Françoise Vincent-Santarel, Les classes moyennes et la politique enjeu,
Association française de Science politique, Table ronde des 27, 28, 29 novembre 1980, Paris,
miméo p. 3. LES CLASSES MOYENNES MEXICAINES 105
La croissance économique mexicaine soutenue pendant quarante ans
a permis d'accentuer l'hétérogénéité interne de ces groupes. De plus, le
développement d'une structure de l'emploi très complexe, tout comme
le processus d'urbanisation et l'amplification des services sanitaires et
scolaires permettent de supposer qu'un important processus de mobilité
sociale4 a eu lieu, et que, par conséquent, le volume des classes moyennes
s'est accru en chiffres absolus et relatifs.
Les rares études réalisées sur la composition interne des classes
moyennes5 indiquent une tendance constante à la supériorité numérique
des salariés, tendance qui s'explique par la concentration du revenu
comme par l'étendue des activités de l'Etat. La participation de l'Etat
aux travaux d'infrastructure, aux industries stratégiques et aux services
sociaux, principalement l'éducation et la santé, a réduit le poids des
catégories autonomes par excellence que sont les professions libérales.
L'exercice tout à fait indépendant d'une profession libérale a été très
peu fréquent pendant les années de croissance. Rares ont été les médecins
exerçant exclusivement dans le privé; de la même manière, de nombreux
ingénieurs et architectes travaillent pour l'Etat par le biais de contrats
ponctuels ou d'emplois spécialisés; inutile de mentionner le cas très
connu des avocats qui sont devenus le noyau de la bureaucratie. Cette
particularité nous conduit à souligner le fait que, dans un certain sens,
l'Etat mexicain a été le principal promoteur de ces groupes sociaux6.
La seconde condition nécessaire qui ressort des débats généraux
sur les classes moyennes est leur localisation dans le milieu urbain.
Bien que la structure sociale à la campagne comprenne également des
secteurs intermédiaires, dans un pays comme le Mexique c'est l'oppos
ition ville-campagne qui prime sur tout autre critère de différencia
tion7. Les groupes intermédiaires de la campagne mexicaine sont restés
très peu importants, avant comme après la Révolution de 1920; avant
parce que la structure foncière était dominée par le latifundio, après
4. Le processus de mobilité sociale s'est vu contrecarré par un taux annuel de croissance
démographique de plus de 3 %. En 1940, il y avait 20 millions de Mexicains, ils sont aujour
d'hui plus de 70 millions.
5. Voir par exemple : José Calixto Rangel Contla, Lm pequeňa burguesia en la sociedad
mexicana, iSpj a i960, Mexico, Instituto de Investigaciones sociales, unam, 1972.
6. Cette tendance historique pourrait s'inverser à moyen terme ; en effet, un des buts
essentiels du gouvernement actuel du président Miguel de La Madrid (1982-1988) est préci
sément la réduction des activités de l'Etat. Si cet objectif est atteint, la relation entre secteurs
dépendants et autonomes pourrait se modifier. Les effectifs de ces derniers augmenteraient
corrélativement à la baisse de possibilités d'emploi dans la bureaucratie de l'Etat.
7. Maurice Halbwachs, Les caractéristiques des classes moyennes, in Raymond Aron,
Maurice Halbwachs, E. Vermeil, Inventaires III, classes moyennes, Paris, Lib. Félix- Alcan, 1939,
p. 28-52, 34. I об SOLED AD LOAEZA
à cause de l'at

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