Les conditions physico-chimiques du fonctionnement des centres nerveux - article ; n°1 ; vol.13, pg 308-325
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Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 308-325
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Léon Fredericq
Les conditions physico-chimiques du fonctionnement des
centres nerveux
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 308-325.
Citer ce document / Cite this document :
Fredericq Léon. Les conditions physico-chimiques du fonctionnement des centres nerveux. In: L'année psychologique. 1906
vol. 13. pp. 308-325.
doi : 10.3406/psy.1906.1303
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1303XIX
LES CONDITIONS PHYSICO-CHIMIQUES
DU FONCTIONNEMENT DES CENTRES NERVEUX
§ 1. — Signes chimiques du fonctionnement
des cellules nerveuses.
Combustion organique. — La vie et le des
tissus vivants sont liés à la production de phénomènes ch
imiques exothermiques. Ces réactions chimiques, qui sont la
base et la source de toutes les manifestations d'énergie vitale,
impliquent une consommation incessante d'oxygène et de
matériaux combustibles. Le tissu nerveux ne fait pas exception
à cette règle. Mais il y a sous ce rapport une différence quanti
tative énorme entre les fibres et les cellules nerveuses.
On a souvent comparé les nerfs périphériques aux fils du
télégraphe, et les cellules des centres nerveux aux bureaux qui
envoient les dépêches (cellules motrices) ou qui les reçoivent
(cellules sensibles). Dans un réseau télégraphique, l'usure et
la dépense sont presque nulles et pratiquement négligeables
dans les conducteurs, les fils télégraphiques. Les stations ou
bureaux télégraphiques, au contraire, impliquent une dépense
considérable pour l'entretien et le fonctionnement des appar
eils et du personnel.
La comparaison peut être poursuivie sur ce terrain entre le
télégraphe et le système nerveux. L'usure est presque nulle
dans les conducteurs nerveux : la consommation d'oxygène
est si faible dans la substance blanche et dans les nerfs pér
iphériques, qu'il faut des artifices expérimentaux spéciaux
pour la déceler. Pratiquement, on peut considérer les nerfs
comme n'étant pas soumis aux phénomènes d'usure et de
fatigue. Les besoins de nutrition des nerfs doivent être bien
restreints, si l'on songe à leur faible vascularisation et aux
longs arrêts circulatoires qu'ils sont capables de supporter,
sans que leurs fonctions paraissent compromises.
Par contre, les stations centrales du système nerveux repré- FREDERICQ. — LES CONDITIONS PHYSICO-CHIMIQUES 309 L.
sentées par les cellules * ne peuvent fonctionner qu'au prix
d'une dépense considérable. La substance grise, c'est-à-dire la
partie des centres nerveux qui contient les corps des cellules
nerveuses, est le siège d'une consommation incessante et très
importante d'oxygène et de matériaux nutritifs. Baglioni [4]
a montré par de nombreuses expériences exécutées sur des
poissons, des mollusques, des vers, des échinodermes et des
méduses, que chez tous ces animaux les échanges gazeux
de la respiration atteignent, dans les éléments du système
nerveux, un degré d'intensité plus grand que dans n'importe
quel autre tissu.
Circulation. — Chez les mammifères, le sang qui revient
des centres nerveux est noir. Et l'on peut admettre que l'acti
vité psychique a pour effet d'augmenter l'absorption d'oxy
gène et l'exhalation de l'anhydride carbonique par les pou
mons.
L'extrême richesse en vaisseaux de la partie grise des centres
nerveux contraste avec la faible vascularisation de la substance
blanche et des nerfs périphériques. L'étroite dépendance qui
existe entre le fonctionnement des centres nerveux et leur
irrigation sanguine est un fait connu depuis longtemps et sur
lequel il serait banal d'insister.
On peut constater directement, à l'œil nu, sur les mammif
ères à boîte crânienne trépanée, ou sur les patients humains
dont une partie de l'écorce cérébrale a été mise à découvert
par suite de pertes accidentelles de substance de la paroi du
crâne, que l'activité cérébrale s'accompagne d'une dilatation
locale des petits vaisseaux nourriciers, d'une hyperémie fonc
tionnelle, comparable à celle que montrent les muscles et les
glandes lorsque ces organes entrent en action.
La fameuse balance de Mosso permet de constater le même
phénomène d'une façon tout aussi démonstrative et de le sou
mettre à la mesure. Le sujet en expérience se couche à plat
sur une planche longue et étroite placée horizontalement et
maintenue en équilibre instable sur l'arête supérieure hori
zontale d'un barreau prismatique à section triangulaire. Il
faut que le centre de gravité du système soit placé exactement
au-dessus de cet appui linéaire, le côté de la tête faisant
1. Dans l'exposé qui va suivre, l'auteur continue à admettre la doctrine
classique qui assimile les cellules nerveuses à des stations centrales, rem
plissant des fonctions différentes de celles des fibres nerveuses (doctrine
combattue par Bethb, Apathy, etc.). 310 MÉMOIRES ORIGINAUX
équilibre au côté des pieds. L'appareil peut osciller librement;
dès que le sujet se livre à une opération mentale plus ou
moins compliquée, l'équilibre se trouve rompu et la planche
s'incline du côté de la tête, parce que les vaisseaux du cerveau
se dilatent et reçoivent un supplément de sang. Ce supplé
ment peut être mesuré par la valeur des poids qui rétablissent
l'équilibre, quand on les ajoute du côté des pieds.
Si, à l'exemple de Kussmaul et Tenner, on lie les carotides et
les vertébrales chez un lapin, l'anémie brusque du cerveau
qui en résulte produit une syncope pour ainsi dire fou
droyante, une perte de connaissance accompagnée de convul
sions. On observe des symptômes analogues chez l'homme par
la compression digitale des carotides à la région du cou.
Scheven (37) a montré que la suppression des fonctions des
centres psycho-moteurs n'était définitive dans ces expériences
que si la durée de la privation de sang dépassait 20 minutes. Si
après 15 minutes d'interruption de la circulation, on relâche les
ligatures, on verra reparaître successivement les mouvements
respiratoires, puis les réflexes locomoteurs et enfin les fonc
tions cérébrales.
Franz Müller et Ott (30) ont essayé chez un lapin de remplacer
l'irrigation sanguine des carotides et des vertébrales par une
circulation artificielle de liquide physiologique de Ringer
(solution saline). Le résultat est le même que si on avait
simplement arrêté la circulation dans la tête. Le liquide de
Ringer est incapable de nourrir les cellules nerveuses de
l'écorce cérébrale et toutes les fonctions de cette écorce sont
brusquement supprimées.
En limitant l'anémie expérimentale à la moelle lombaire
(expérience dite de Sténon) chez le chien, on se trouve dans
de bonnes conditions pour étudier l'ordre de disparition des
fonctions des différents groupes de cellules nerveuses. A un
certain stade de l'expérience il y a dissociation complète des
propriétés motrices et sensitives de la moelle épinière, les
premières disparaissant deux minutes environ avant les
secondes. Voici par exemple les détails d'une expérience très
démonstrative.
Je réalise chez un grand chien l'arrêt brusque de la circu
lation sanguine dans l'arrière-train par le moyen d'un obtura
teur spécial introduit dans l'aorte, au niveau du diaphragme.
L'anémie aiguë de la moelle provoque au bout de 15 à 20
secondes une excitation très vive des centres nerveux moteurs FREDERICQ. — LES CONDITIONS PHYSICO- CHIMIQUES 311 L.
des cornes antérieures, se traduisant par un accès de con
tractions tétaniques envahissant tous les muscles de l'arrière-
train; la queue est raide; les pattes, dans l'extension forcée,
sont prises d'un tremblement convulsif. Cet accès tétanique
ne dure guère qu'un quart de minute et fait bientôt place au
relâchement musculaire de l'arrière-train. La paralysie motriee
est complète 30 à 40 secondes environ après la suppression de
la circulation dans la moelle lombaire. En ce moment, la
sensibilité de Tarrière-train est encore intacte. L'animal crie si
on lui marche sur la queue ou su

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