Les connaissances morphologiques dérivationnelles et l apprentissage de la lecture chez l apprenti-lecteur français du CP au CE2 - article ; n°4 ; vol.104, pg 701-750
52 pages
Français

Les connaissances morphologiques dérivationnelles et l'apprentissage de la lecture chez l'apprenti-lecteur français du CP au CE2 - article ; n°4 ; vol.104, pg 701-750

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
52 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 2004 - Volume 104 - Numéro 4 - Pages 701-750
Le rôle de la structure morphologique des mots dans l'apprentissage de la lecture a été peu étudié. On constate également que les rares modèles de l'apprentissage de la lecture qui intègrent cette dimension, décrivent son intervention de façon tardive dans le processus d'acquisition, c'est-à-dire une fois que l'apprenti-lecteur maîtrise le recours à la médiation phonologique (au CE2).
Nous présentons des données issues d'une recherche longitudinale conduite du CP au CEI et incluant un groupe contrôle de lecteurs de CE2, qui montrent que dès le CP, le niveau de lecture atteint par les apprenti-lecteurs est associé au niveau de développement des connaissances morphologiques implicites. À partir du CEI et au CE2, on observe une influence des connaissances morphologiques explicites de ces lecteurs sur leur niveau de lecture, répliquant pour partie des résultats déjà observés.
Une discussion de l'ensemble de ces résultats est proposée autour de la dimension implicite/explicite des tâches morphologiques utilisées dans cette recherche et de l'influence des connaissances morphologiques qui devrait être intégrée plus précocement dans les modèles de l'apprentissage de la lecture.
Mots clés : apprentissage de la lecture, connaissances morphologiques.
Summary : Derivational knowledge and reading acquisition for French beginning readers front grade 1 to grade 3
The role of the morphological structure of words in reading acquisition has not been sufficiently investigated. The very few reading acquisition models which include this language dimension consider that morphology intervenes quite laid in the acquisition process, after the child masters the phonological mediation of written words (third grade).
We present some longitudinal data from first through second grade, including data from a third-grade control group, which shows that the reading level reached by beginning first graders is associated with their implicit morphological knowledge. In second and third grades, we observed an interaction between explicit morphological knowledge and reading level, which partially corroborates previous findings.
The discussion focuses on the implicit/explicit dimensions of the tasks used, and the importance of incorporating morphological knowledge in the early stages of reading acquisition models.
Key words : reading acquisition, morphological knowledge.
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 194
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Pascale Colé
C. Royer
C. Leuwers
S. Casalis
Les connaissances morphologiques dérivationnelles et
l'apprentissage de la lecture chez l'apprenti-lecteur français du
CP au CE2
In: L'année psychologique. 2004 vol. 104, n°4. pp. 701-750.
Citer ce document / Cite this document :
Colé Pascale, Royer C., Leuwers C., Casalis S. Les connaissances morphologiques dérivationnelles et l'apprentissage de la
lecture chez l'apprenti-lecteur français du CP au CE2. In: L'année psychologique. 2004 vol. 104, n°4. pp. 701-750.
doi : 10.3406/psy.2004.29686
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_2004_num_104_4_29686Résumé
Le rôle de la structure morphologique des mots dans l'apprentissage de la lecture a été peu étudié. On
constate également que les rares modèles de de la qui intègrent cette
dimension, décrivent son intervention de façon tardive dans le processus d'acquisition, c'est-à-dire une
fois que l'apprenti-lecteur maîtrise le recours à la médiation phonologique (au CE2).
Nous présentons des données issues d'une recherche longitudinale conduite du CP au CEI et incluant
un groupe contrôle de lecteurs de CE2, qui montrent que dès le CP, le niveau de lecture atteint par les
apprenti-lecteurs est associé au niveau de développement des connaissances morphologiques
implicites. À partir du CEI et au CE2, on observe une influence des
explicites de ces lecteurs sur leur niveau de lecture, répliquant pour partie des résultats déjà observés.
Une discussion de l'ensemble de ces résultats est proposée autour de la dimension implicite/explicite
des tâches morphologiques utilisées dans cette recherche et de l'influence des connaissances
morphologiques qui devrait être intégrée plus précocement dans les modèles de l'apprentissage de la
lecture.
Mots clés : apprentissage de la lecture, connaissances morphologiques.
Abstract
Summary : Derivational knowledge and reading acquisition for French beginning readers front grade 1
to grade 3
The role of the morphological structure of words in reading acquisition has not been sufficiently
investigated. The very few reading acquisition models which include this language dimension consider
that morphology intervenes quite laid in the acquisition process, after the child masters the phonological
mediation of written words (third grade).
We present some longitudinal data from first through second grade, including data from a third-grade
control group, which shows that the reading level reached by beginning first graders is associated with
their implicit morphological knowledge. In second and third grades, we observed an interaction between
explicit knowledge and reading level, which partially corroborates previous findings.
The discussion focuses on the implicit/explicit dimensions of the tasks used, and the importance of
incorporating morphological knowledge in the early stages of reading acquisition models.
Key words : reading acquisition, morphological knowledge.L'année psychologique, 2004, 104, 701-750
Université de Savoie
Laboratoire de Psychologie et Neurocognition
(UMR 5105 du CNRS)1*
Université de Lille 3
Laboratoire URECA (UPRES 1059)**
LES CONNAISSANCES MORPHOLOGIQUES
DÉRIVATIONNELLES
ET L'APPRENTISSAGE DE LA LECTURE
CHEZ L' APPRENTI-LECTEUR FRANÇAIS
DU CP AU CE2
Pascale COLÉ*, Carine ROYER*,
Christel LEUWERS* et Séverine CAS ALIS**
SUMMARY : Derivational knowledge and reading acquisition for French
beginning readers from grade 1 to grade 3
The role of the morphological structure of words in reading acquisition has
not been sufficiently investigated. The very few reading models
which include this language dimension consider that morphology intervenes
quite late in the acquisition process, after the child masters the phonological
mediation of written words (third grade) .
We present some longitudinal data from first through second grade,
including data from a third-grade control group, which shows that the reading
level reached by beginning first graders is associated with their implicit
morphological knowledge. In second and third grades, we observed an
interaction between explicit morphological knowledge and reading level, which
partially corro- borates previous findings.
The discussion focuses on the implicit/ explicit dimensions of the tasks
used, and the importance of incorporating morphological knowledge in the early
stages of reading acquisition models.
Key words : reading acquisition, morphological knowledge.
1. Correspondance : Pascale Colé, Université de Savoie, Laboratoire de
Psychologie et Neurocognition (UMR 5105 du CNRS), Campus de Jacob Bellecom-
bette, BP 1104, 73011 Chambéry Cedex, E-mail : Pascale.Cole@univ-savoie.fr. 702 Pascale Colé et al.
INTRODUCTION
La morphologie renvoie à un domaine de la grammaire qui
étudie la façon dont les morphèmes (unités minimales de sens) se
combinent pour former des mots. Ainsi, on peut distinguer les
mots morphologiquement simples des mots morphologiquement
complexes (que nous appellerons par la suite mots complexes).
Ces derniers sont composés d'au moins deux morphèmes, définis
traditionnellement comme la plus petite unité de sens de la
langue (Gardes-Tarmine, 1990 ; Huot, 2001). Ainsi, le mot élé-
phanteau se compose des deux morphèmes éléphant- et -eau ; le
premier désignant un animal particulier et le second un diminut
if, ce qui permet d'obtenir le sens du mot complet « le petit de
l'éléphant ».
Selon Nagy et Anderson (1984)1, dès l'école primaire, la
majorité des mots que nous lisons sont complexes. Néanmoins,
jusque très récemment, la recherche dans le domaine de
l'apprentissage de la lecture ne s'est que très peu intéressée au
rôle des connaissances morphologiques dans les débuts de cet
apprentissage. En effet, la majorité des chercheurs (Perfetti,
1985 ; voir aussi Rieben et Perfetti, 1989) considère que la prin
cipale tâche que doit résoudre l'apprenti-lecteur consiste à
développer une habileté à reconnaître les mots écrits et plus
particulièrement à développer une procédure de médiation
phonologique des mots écrits. Cela suppose au préalable la com
préhension du principe alphabétique et l'apprentissage des co
rrespondances grapho-phonologiques (Adams, 1990 ; Sprenger-
Charolles, Siegel et Béchennec, 1997 et 1998).
De nombreuses recherches ont montré que la compréhension
du principe alphabétique est, en partie, liée au développement de
capacités linguistiques particulières dénommées capacités méta-
phonologiques (Liberman et Shankweiler, 1985 ; Perfetti, Beck,
Bell et Hugues 1987 ; Hoien, Lundberg, Stanovich et Bjaalid,
1995 ; Duncan, Seymour et Hill, 1997 ; Wesseling et Reitsma,
1. Il n'existe pas d'équivalent de cette étude pour le français. On peut
néanmoins inférer que cette observation peut s'appliquer également à ce cas ; le
système dérivationnel du français étant au moins aussi développé que celui de
l'anglais. Connaissances morphologiques et apprentissage de la lecture 703
2001 ; Windfuhr et Snowling, 2001) et qui sont définies par
Gombert (1992) comme la capacité que possède l'enfant à manip
uler consciemment et intentionnellement les unités phonologi
ques de la langue (syllabe, rime, phonème). Cependant, un cer
tain nombre de travaux ont montré que c'est la capacité
métaphonémique qui constitue le meilleur prédicteur de la réuss
ite en lecture1 (Muter, Hulme, Snowling et Taylor, 1997 ;
Nation et Hulme, 1997 ; Snider, 1997 ; Hulme, 2002 ; Hulme,
Hatcher, Nation, Brown, Adams et Stuart, 2002). En effet,
lorsque l'apprenti-lecteur prend conscience que les mots parlés
sont constitués d'unités élémentaires appelés phonèmes, il peut
alors comprendre que ces unités sont codées par le système
alphabétique via les symboles visuels que représentent les let
tres. L'apprenti-lecteur est alors en mesure d'apprendre les asso
ciations lettres-sons et de les utiliser pour décoder et reconnaître
les mots écrits. Ce décodage des lettres en sons est généralement
appelé médiation phonologique (ou encore traitement phonolo
gique/assemblage phonologique). L'apprenti-lecteur doit donc
apprendre à reconnaître les mots écrits en les décodant grâce au
recours à la procédure phonologique qui doit à terme être
automatisée.
Les connaissances phonologiques sont donc précocement sol
licitée

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents