Les conséquences du refus de l école, chez les populations musulmanes du Tchad au XXème siècle - article ; n°1 ; vol.73, pg 7-22
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Les conséquences du refus de l'école, chez les populations musulmanes du Tchad au XXème siècle - article ; n°1 ; vol.73, pg 7-22

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Description

Journal des africanistes - Année 2003 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 7-22
Les populations musulmanes du Tchad et particulièrement celles du Ouaddaï ont manifesté de diverses manières leur refus du pouvoir colonial et de ses institutions. La scolarisation en français s'est heurtée à l'hostilité des élites politico-religieuses qui ont préféré envoyé leurs enfants poursuivre leurs études dans les universités des pays arabes. La non reconnaissance de la validité de leurs diplômes dans un Tchad indépendant et exclusivement francophone est à l'origine d'une opposition politique des diplômés en arabe regroupés à l'intérieur de divers mouvements politiques luttant contre le parti unique et le développement économique exclusif du Tchad méridional. Les populations, en majeure partie sara qui y vivaient avaient, quant à elles, mieux accepté l'école et le christianisme et avaient par conséquent 'investi' les sphères du pouvoir étatique à l'octroi de l'indépendance. Depuis 1982 l'arabe est devenu langue nationale avec le français et des musulmans sont au pouvoir. La 'criminalisation de l'État' qui selon l'expression de JF Bayart caractérise de nos jours la situation de plusieurs pays africains dont le Tchad . On y assiste à une volonté des élites politiques de rattraper le retard scolaire par tous les moyens y compris la corruption. L'émergence d'une démocratie paraît difficile à envisager dans un tel contexte.
The muslim populations of Chad particularly those of Ouaddaï refused by different means the colonial power installed by France. Parents were opposed to schools and prefered send their children in Arabs countries to study. When Chad became independent in 1960 french language was the sole to be officially utilized. This situation encouraged muslims peoples who could not access to state employs to rebelion. The southerners especially 'sara' populations had differents attitudes and accepted french domination (schools and catholic institutions).Thus they were given the power to administrate the country. Since 1990 muslims replaced them at this function and try to make up for lost time by all means including corruption. Consequently the emergence of democracy seems very difficult in this context.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Claude Arditi
Les conséquences du refus de l'école, chez les populations
musulmanes du Tchad au XXème siècle
In: Journal des africanistes. 2003, tome 73 fascicule 1. pp. 7-22.
Citer ce document / Cite this document :
Arditi Claude. Les conséquences du refus de l'école, chez les populations musulmanes du Tchad au XXème siècle. In: Journal
des africanistes. 2003, tome 73 fascicule 1. pp. 7-22.
doi : 10.3406/jafr.2003.1325
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_2003_num_73_1_1325Résumé
Les populations musulmanes du Tchad et particulièrement celles du Ouaddaï ont manifesté de diverses
manières leur refus du pouvoir colonial et de ses institutions. La scolarisation en français s'est heurtée à
l'hostilité des élites politico-religieuses qui ont préféré envoyé leurs enfants poursuivre leurs études
dans les universités des pays arabes. La non reconnaissance de la validité de leurs diplômes dans un
Tchad indépendant et exclusivement francophone est à l'origine d'une opposition politique des diplômés
en arabe regroupés à l'intérieur de divers mouvements politiques luttant contre le parti unique et le
développement économique exclusif du Tchad méridional. Les populations, en majeure partie sara qui y
vivaient avaient, quant à elles, mieux accepté l'école et le christianisme et avaient par conséquent
'investi' les sphères du pouvoir étatique à l'octroi de l'indépendance. Depuis 1982 l'arabe est devenu
langue nationale avec le français et des musulmans sont au pouvoir. La 'criminalisation de l'État' qui
selon l'expression de JF Bayart caractérise de nos jours la situation de plusieurs pays africains dont le
Tchad . On y assiste à une volonté des élites politiques de rattraper le retard scolaire par tous les
moyens y compris la corruption. L'émergence d'une démocratie paraît difficile à envisager dans un tel
contexte.
Abstract
The muslim populations of Chad particularly those of Ouaddaï refused by different means the colonial
power installed by France. Parents were opposed to schools and prefered send their children in Arabs
countries to study. When Chad became independent in 1960 french language was the sole to be
officially utilized. This situation encouraged muslims peoples who could not access to state employs to
rebelion. The southerners especially 'sara' populations had differents attitudes and accepted french
domination (schools and catholic institutions).Thus they were given the power to administrate the
country. Since 1990 muslims replaced them at this function and try to make up for lost time by all means
including corruption. Consequently the emergence of democracy seems very difficult in this context.ARDITI*
Claude
Les conséquences du refus de l'école
chez les populations musulmanes
du Tchad au XX?me siècle
Résumé
Les populations musulmanes du Tchad et particulièrement celles du Ouaddaï ont
manifesté de diverses manières leur refus du pouvoir colonial et de ses institutions. La
scolarisation en français s'est heurtée à l'hostilité des élites politico-religieuses qui ont
préféré envoyé leurs enfants poursuivre leurs études dans les universités des pays arabes. La
non reconnaissance de la validité de leurs diplômes dans un Tchad indépendant et
exclusivement francophone est à l'origine d'une opposition politique des diplômés en arabe
regroupés à l'intérieur de divers mouvements politiques luttant contre le parti unique et le
développement économique exclusif du Tchad méridional. Les populations, en majeure
partie sara qui y vivaient avaient, quant à elles, mieux accepté l'école et le christianisme et
avaient par conséquent 'investi' les sphères du pouvoir étatique à l'octroi de l'indépendance.
Depuis 1982 l'arabe est devenu langue nationale avec le français et des musulmans sont au
pouvoir. La 'criminalisation de l'État' qui selon l'expression de JF Bayart caractérise de
nos jours la situation de plusieurs pays africains dont le Tchad . On y assiste à une volonté
des élites politiques de rattraper le retard scolaire par tous les moyens y compris la
corruption. L'émergence d'une démocratie paraît difficile à envisager dans un tel contexte.
Mots-clefs
Ecole, islam, État, corruption.
Abstract
The muslim populations of Chad particularly those of Ouaddaï refused by different
means the colonial power installed by France. Parents were opposed to schools and prefered
send their children in Arabs countries to study. When Chad became independent in 1960
french language was the sole to be officially utilized This situation encouraged muslims
'sara' peoples who could not access to state employs to rebelion. The southerners especially
populations had différents attitudes and accepted french domination (schools and catholic
institutions).Thus they were given the power to administrate the country. Since 1990
muslims replaced them at this function and try to make up for lost time by all means
including corruption. Consequently the emergence of democracy seems very difficult in this
context.
Keywords
School, islam, State, corruption.
Anthropologue (UPRES- A 8038 EHESS PARIS), e-mail : arditi @ehess.fr.
Journal des Africanistes 73-1, 2003 : 7-22 Claude ARDITI 8
"Sans nul doute, le nord a souffert de son "refus
de l'école" qui l'a marginalisé dans l'État. Les
conséquences politiques de cette attitude ont été
et restent considérables. Il y eut certes, avant
1975, une participation importante du nord dans
les organes politiques encore que l'on puisse
s'interroger sur la représentativité des élus de
cette région. Le poids du "différentiel" de
l'administration." scolarisation continue à se faire sentir dans
B.Lanne, 1986:263
Notre propos est de montrer comment les populations musulmanes du
Tchad et particulièrement celles du Ouaddaï ont manifesté de diverses
manières leur refus du pouvoir colonial et de ses institutions. En particulier
la scolarisation en français s'y est heurtée à l'hostilité des élites politiques et
religieuses qui ont préféré envoyer leurs enfants poursuivre leurs études
dans les universités des pays arabes (Soudan, Egypte et Arabie). Par la suite,
la non reconnaissance de la validité de leurs diplômes dans un Tchad
indépendant et exclusivement francophone est à l'origine d'une opposition
politique des lettrés en arabe, regroupés à l'intérieur de divers mouvements.
Ceux-ci luttaient contre le parti unique dirigé par les sudistes, le choix du
français comme seule langue nationale et le développement économique
exclusif du Tchad méridional, qualifié d'utile. Les populations, en majeure
partie 'sara' qui y vivaient avaient, quant à elles, bien mieux accepté le
christianisme et l'école car elles disposaient, eu égard à leur organisation
sociale de type segmentaire, à leur culture et à leur langue, d'une moindre
capacité de résistance à l'ordre colonial. A l'octroi de l'indépendance en
1960 elles avaient par conséquent pu 'investir' les sphères du pouvoir
étatique grâce à leur connaissance du français et à leurs diplômes. L'arabe,
bien que très répandu, n'est devenu seconde langue nationale1 que beaucoup
plus tard en 1982, sous la présidence d'Hissène Habré, originaire du BET,
après une longue période de luttes politiques et de guerres, menées par des
opposants musulmans, qui s'est achevée en 1979. Des hommes originaires
du Borkou-Ennedi-Tibesti (BET) dirigent désormais le pays. Ils ont
manifesté, surtout depuis les années 1990, la volonté de rattraper
l'important retard scolaire, consécutif au refus de l'école des générations
précédentes, qui caractérise les ethnies auxquelles ils appartiennent. Pour y
parvenir tous les moyens sont bons y compris la corruption qui a envahi
progressivement de nombreux secteurs de la vie sociale et tout
particulièrement celui de l'éducation nationale. Dans un tel contexte la
formation de citoyens démocrates et l'émergence d'une société civile
Sans que ne soit d'ailleurs précisé s'il s'agissait d'arabe dialectal ou littéraire.
Journal des Africanistes 73-1, 2003 : 7-22 CONSEQUENCES DU REFUS DE L' ECOLE 9 LES
fondée sur un &

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