Les doctrines de population des Encyclopédistes - article ; n°4 ; vol.6, pg 609-624
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Description

Population - Année 1951 - Volume 6 - Numéro 4 - Pages 609-624
Deux siècles ont passé depuis la publication des premiers volumes du Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, plus connu sous le nom d'Encyclopédie méthodique de Diderot et d'Alembert.
Dans le cadre des manifestations de ce Ы-centenaire, il est particulièrement opportun de souligner la part importante prise par les encyclopédistes dans l'évolution de la pensée démographique.
L'intérêt porté aujourd'hui aux pays sous-développés donne en outre un regain d'actualité à ces doctrines établies sur les économies sous-déieloppées de l'ancien régime.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anita Fage
Les doctrines de population des Encyclopédistes
In: Population, 6e année, n°4, 1951 pp. 609-624.
Résumé
Deux siècles ont passé depuis la publication des premiers volumes du Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des
Métiers, plus connu sous le nom d'Encyclopédie méthodique de Diderot et d'Alembert.
Dans le cadre des manifestations de ce Ы-centenaire, il est particulièrement opportun de souligner la part importante prise par
les encyclopédistes dans l'évolution de la pensée démographique.
L'intérêt porté aujourd'hui aux pays sous-développés donne en outre un regain d'actualité à ces doctrines établies sur les
économies sous-déieloppées de l'ancien régime.
Citer ce document / Cite this document :
Fage Anita. Les doctrines de population des Encyclopédistes. In: Population, 6e année, n°4, 1951 pp. 609-624.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1951_num_6_4_2609LES DOCTRINES
DE POPULATION
DES ENCYCLOPÉDISTES
des volumes Deux Métiers, siècles du Dictionnaire plus ont connu passé sous raisonné depuis le nom la des publication d'Encyclopédie Sciences, des premiers Arts métho et
dique de Diderot et d'Alembert.
Dans le cadre des manifestations de ce Ы-centenaire, il est
particulièrement opportun de souligner la part importante
prise par les encyclopédistes dans l'évolution de la pensée
démographique.
L'intérêt porté aujourd'hui aux pays sous-développés
donne en outre un regain d'actualité à ces doctrines établies
sur les économies sous-déieloppées de l'ancien régime.
Introduction. Pendant le xvn* siècle et la première partie du xviii*,
l'opinion publique française ne se préoccupe guère
des questions touchant à la population. Les ouvrages de Vauban
et de Boisguillebert, les mémoires des Intendants, ne dépassent
pas les limites d'un certain cercle, William Petty est à peine
connu en France.
L'état déplorable de l'agriculture, l'exode rural dans certaines
provinces, l'émigration protestante, les pertes de guerre à la fin du
règne de Louis XIV, contribuent à renforcer la croyance en la
dépopulation de la France, affirmée par Montesquieu, dans les
« Lettres Persanes » .
A partir de 1750, c'est une véritable irruption d'idées : une
abondante littérature suit la publication, en 1755, de Г « Essai sur
la nature du commerce » de Richard Cantillon (1) et, en 1756, de
« L'Ami des hommes ■» du Marquis de Mirabeau (2). « La popul
ation était devenue à la mode », rapporte le Marquis de Chastel-
(1) Cantillon (Richard). Essai sur la nature du commerce en général. A Londres chez
Fletcher Gyles, 1755.
(2) Mirabeau (Victor Riquetti, Marquis de). L'ami des hommes ou Traité sur la
population. Avignon, 1756. (510 LES DOCTRINES DE POPULATION DES ENCYCLOPÉDISTES
lux (1). Le terme « population » vient d'ailleurs de faire son appar
ition dans la langue française. Ce serait, d'après Schône (2), un
emprunt direct à la langue anglaise, effectué un peu antérieurement
à 1750 et dont le premier exemple encore connu provient des
réflexions de Maurice de Saxe. Expilly le confirme dans son Grand
Dictionnaire des Gaules (1762-1768), où il définit la population
comme une dénomination qui n'est « rien moins qu'ancienne dans
la langue française. On n'a guère commencé d'en faire usage, que
depuis que l'on s'est occupé de recherches sur le nombre et sur le
progrès de l'espèce humaine, et cette époque n'est pas fort éloignée ».
D'Amilaville, qui rédigea la rubrique « Population » dans
l'Encyclopédie, ne nous éclaire guère sur la signification qu'il attr
ibue à ce terme. C'est, selon cet auteur, « le produit de tous les êtres
multipliés par la génération, car la terre est peuplée non seulement
d'hommes, mais aussi des animaux de toute espèce qui habitent
avec eux. La reproduction de son semblable est dans chaque indi
vidu le fruit de la puissance d'engendrer; la population en est le
résultat. Mais cette expression s'applique plus particulièrement à
l'espèce humaine, et, dans le cas particulier, elle désigne le rapport
des hommes au terrain qu'ils occupent en raison directe de leur
nombre et inverse de l'espace » .
La définition qu'en donne le dictionnaire de Trévoux, en 1771,
est plus explicite : « C'est un terme nouveau qui se dit particuli
èrement des moyens les plus propres pour la multiplication de l'e
spèce humaine ». Ainsi la signification originelle aurait été « action
de peupler ъ, et, seule, l'évidence de la nécessité de cet accroiss
ement aurait imposé le sens actuel de « nombre des habitants » .
Les doctrines des encyclopédistes ont, très généralement, été
étudiées sous l'angle économique ou social, politique ou religieux.
Ce faisant, les commentateurs ont justement traduit les réactions
des contemporains de l'ouvrage. Ce furent en effet sur ces différents
aspects que portèrent les violentes critiques qui accueillirent sa
parution. Sans retracer pour autant l'orageux historique de l'Ency
clopédie, citons l'épigramme de M. de Bonneval qui traduit, sans
indulgence, les sentiments d'une partie de l'opinion :
« Voici donc l'Encyclopédie;
Quel bonheur pour les ignorants !
Que cette docte rapsodie
Fera naître de faux savants.
Ainsi nous reverrons en France
Pour l'esprit et pour le savoir,
Ce que Law nous avait fait voir
Pour le commerce et la finance».
De même Palissot, malgré la médiocrité des traits qu'il ménage
aux collaborateurs de l'Encyclopédie, obtiendra un certain succès
(1) de Chastellux. De la félicité publique. Amsterdam, 1755.
(2) Schône (Lucien) Histoire de 1я population française. Paris, Arthur Roussea'i
1893. LES DOCTRINES DE POPULATION DES ENCYCLOPÉDISTES 611
avec sa pièce, « Les philosophes » (1). En 1765 seulement, quatorze
ans après la publication du tome I, Voltaire, dans une lettre
adressée à d'AMiLAViLLE, pourra enfin écrire : « Est-il vrai que
l'Encyclopédie est débitée dans tout Paris, sans que personne ne
murmure ? Dieu soit loué, on s'avise bien tard d'être juste ».
Dans ces attaques, aucune critique, aucune allusion n'est émise
sur les doctrines de population, soutenues par les encyclopédistes.
Elles ne peuvent néanmoins être séparées des doctrines politiques
et économiques. Si, pour certains auteurs, en effet, l'aspect démo
graphique n'est qu'une des résultantes d'un état de fait économique,
pour d'autres encyclopédistes, au contraire, la population est le
fondement de toute analyse, de son évolution dépend le devenir
politico-économique d'une nation.
La matière. La raison de cette omission peut être attribuée au
fait que l'exposé des thèses démographiques ne revêt
nullement dans l'Encyclopédie, un aspect systématique. L'on y
chercherait vainement, comme dans une encyclopédie moderne,
des développements à « natalité », « mortalité », « fécondité »,
moins encore à « malthusianisme », bien entendu ! Il nous faut
chercher çà et là, dans des articles économiques et juridiques à
des mots parfois inattendus, comme le montrent les titres des
rubriques analysées : Abondance, Agriculture, Arithmétique poli
tique, Célibat, Colonie, Commerce, Communauté, Concurrence, Eco
nomie politique, Enfant exposé, Fausse-couche, Fermier, Fondat
ions, France, Genève, Grains, Homme, Hôpital, Hôtel-Dieu, Impôts,
Industrie, Laboureur, Luxe, Manufacture, Mariage, Milieu, Monast
ère, Moraves, Politique arithmétique, Population, Rentes viagères,
Taille, Durée de la vie, Vingtième.
L'ABONDANCE est, pour M. Béguillet, la source de toutes les
jouissances des citoyens et de l'accroissement de la population. Sa
source unique est dans l'AGRICULTURE, affirme-t-il avec Diderot.
C'est à Diderot « premier artisan » de l'Encyclopédie, qu'i
ncombe la rédaction ď ARITHMETIQUE POLITIQUE (2). Il y pré-
(1) Vers médiocres, plu

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