Les échelles subjectives directes en psychophysique - article ; n°1 ; vol.69, pg 247-264
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Description

L'année psychologique - Année 1969 - Volume 69 - Numéro 1 - Pages 247-264
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

C. Bonnet
Les échelles subjectives directes en psychophysique
In: L'année psychologique. 1969 vol. 69, n°1. pp. 247-264.
Citer ce document / Cite this document :
Bonnet C. Les échelles subjectives directes en psychophysique. In: L'année psychologique. 1969 vol. 69, n°1. pp. 247-264.
doi : 10.3406/psy.1969.27659
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1969_num_69_1_27659LES ÉCHELLES SUBJECTIVES DIRECTES
EN PSYCHOPHYSIQUE
Recherches méthodologiques
par Claude Bonnet
Laboratoire de Psychologie expérimentale
et comparée de la Sorbonne associé au C.N.R.S.
Partant des idées de Fechner, la psychophysique s'est principalement
attachée à mesurer les grandeurs psychologiques pour aboutir à la
construction d'échelles. Plusieurs types d'échelles ont été proposés qu'il
est possible de résumer grossièrement en trois classes : les échelles de
discrimination obtenues par cumulation d'échelons différentiels, les
échelles de partition basées sur des jugements de catégories que l'on
considère généralement comme subjectivement équidistantes et enfin,
les échelles de rapport basées sur des directs de l'intensité
ou de la grandeur des stimulus.
S. S. Stevens (1957) a voulu faire de ces dernières l'instrument quasi
unique de la psychophysique arguant des faits suivants. Étant obtenues
par des jugements directs, les échelles de rapport seraient supérieures
aux échelles de discrimination puisque ces dernières ne comportent pas
d'échelons subjectivement égaux au moins en ce qui concerne les
continuums dits prothétiques1. Elles seraient, d'autre part, supérieures
aux échelles de partition, puisqu'elles permettent non seulement de
dire quelle entité psychologique est plus grande qu'une autre, mais
encore de combien. De plus, une échelle de rapport contient une échelle
de partition. Enfin, elles représentent le plus haut niveau de mesure
en ce qu'elles supposent un isomorphisme entre la structure des nombres
et celle du système de réponses du sujet.
L'utilisation d'échelles de rapport a conduit Stevens à proposer
comme loi fondamentale de la psychophysique une fonction de puissance
reliant l'échelle des sensations aux intensités stimulatrices :
1. Les continuums prothétiques (Stevens) sont ceux pour lesquels le pro
cessus sensoriel repose sur un mécanisme physiologique additif. 248 REVUES CRITIQUES
où S désigne les intensités du stimulus ; <p(S) l'échelle correspondante
des sensations ; ß, l'exposant, une quantité reproductible qui, selon
Stevens, serait caractéristique d'une modalité donnée ; et où a est un
paramètre libre dont la valeur dépend à la fois des unités de l'échelle
physique et de celles de l'échelle des réponses. L'approximation obtenue
avec cette fonction n'est pas toujours satisfaisante, ce qui a conduit
Ekman (1958) à suggérer l'addition d'une nouvelle constante y qui
pourrait être reliée au seuil absolu. La fonction prenant alors la
forme :
Cette nouvelle constante sera souvent négligeable, elle pose en tout cas
des problèmes méthodologiques qui seront traités plus loin.
Il semble qu'actuellement le problème de savoir si cette fonction
de puissance est la loi psychophysique ou bien seulement une des lois
possibles ne se pose plus en ces termes. En effet, de même que la fonction
logarithmique de Fechner n'est trouvée qu'à partir d'échelles de discr
imination, de même cette fonction de puissance n'est une bonne approxi
mation que des résultats obtenus avec des méthodes d'estimation directe
des grandeurs. L'ambition de cette revue est limitée à la présentation
d'un certain nombre de recherches dont la plupart ont été effectuées au
Laboratoire de Psychologie de l'Université de Stockholm1. On trouvera
chez Piéron (1963), une revue assez large et très critique des travaux
antérieurs. L'exposé des méthodes peut être trouvé dans le livre de
Torgerson (1958) et chez Bonnet (1969).
Quatre principaux problèmes vont être présentés, que nous consi
dérons comme différents types de validation. En premier lieu, nous nous
demanderons dans quelle mesure l'exposant de la fonction de puissance
reste invariant au regard de modifications non essentielles de la procédure
expérimentale, ce qui conférerait à cette fonction le statut de loi psycho
physique. Nous avons dit que les échelles d'estimation directe étaient
considérées comme des échelles de rapport. En fonction du modèle de
mesure utilisé, il sera important de tester dans quelle mesure les échelles
observées ont les caractéristiques d'échelles de rapport. Puis nous nous
demanderons à la suite de certaines inconsistances qui vont apparaître,
si l'échelle moyenne est représentative des échelles individuelles ou si
elle n'est qu'un artefact. Enfin, il sera important de faire apparaître
des liaisons entre ce domaine et les domaines connexes en présentant
des recherches qui permettent de faire des hypothèses sur le « comment »
de la fonction de puissance, c'est-à-dire sur son insertion dans le domaine
de la psychophysique.
1. De nombreuses informations ont été recueillies au cours d'une mission
que nous avons effectuée dans ce laboratoire. C'est pourquoi les exemples
seront principalement choisis parmi ces travaux auxquels nous avons éven
tuellement collaboré. Qu'il nous soit permis de remercier ici le Pr Ekman
pour son accueil. CL. BONNET 249
A) Invariance de l'exposant
On a vu que pour Stevens l'exposant était caractéristique d'une
modalité. En conséquence, si la fonction de puissance doit avoir valeur de
loi il est nécessaire que cet exposant, mesuré pour une modalité donnée,
reste invariant au regard de modifications de l'expérience telles que
l'étendue de la distribution des stimulus physiques, de leur nombre ou
de la position de l'étalon à l'intérieur de la série des stimulus. Une relation
mathématique entre deux variables doit avoir un caractère d'invariance
pour être considérée comme loi, comme c'est le cas pour les lois de la
physique auxquelles il est souvent fait référence. Bernyer (1963),
Mikkonen (1965), par exemple, ont étudié la manière dont les effets de
contexte affectent les évaluations de rapport. Comme ces effets sont en
très grand nombre, nous nous bornerons ici à présenter quelques-uns
d'entre eux sans préjuger de leur importance relative.
1) Variation de V exposant en fonction de V étendue de la distribution. —
Björkman et Strangert (1960) font estimer à 5 groupes de 8 sujets des
longueurs de lignes. Les stimulus étaient présentés par paires et le sujet
devait estimer la longueur de la ligne la plus courte en pourcentage de la
longueur de la plus longue. Ils construisent 5 ensembles différents de
7 lignes chacun, chaque groupe de sujets jugeant un seul ensemble de
lignes. Dans chaque ensemble le stimulus médian avait toujours la
même longueur (90 mm) ; d'un groupe à l'autre l'étendue de la distr
ibution variait. Les résultats sont présentés dans le tableau I.
TABLEAU I
Groupe Valeur de l'exposant Si s4 S7
1 90 159 1,07
2 21 15 9 90 165
3 90 171 0,93
4 6 90 174 0,84
5 3 90 177 0,78
On voit que l'exposant a tendance à diminuer quand la distribution
des stimulus devient plus étendue. Cependant une analyse plus fine
montre que cette diminution est entièrement due à la plus courte lon
gueur de chaque série, car si on calcule l'exposant en ne tenant compte
que des 6 valeurs les plus élevées, aucune tendance systématique n'appar
aît et l'exposant varie aléatoirement avec comme valeurs extrêmes
1,15 et 1,09.
La variation de l'exposant en fonction de l'étendue des stimulus
est obtenue par les mêmes auteurs sur des estimations de surface de
cercles ; Künnapas (1960) la mentionne sur des jugements de distance
et Rachlin (1966) sur des jugements de vitesse. Cependant, dans ces
recherches en variant l'étendue de la distribution, on varie du même 250 REVUES CRITIQUES
coup l'intervalle entre deux stimulus adjacents. Pour étudier systéma
tiquement les différents aspects de l'influence de la distribution des
stimulus sur l'exposant, il faut é

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