Les effets d âge et de génération sur le niveau et la structure de la consommation
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La population française ne cesse de vieillir et l'accent est souvent mis sur le rôle que pourrait tenir, à l'avenir, la consommation de ceux que l'on nomme désormais les « nouveaux seniors ». En effet, le passage à la retraite n'est plus, en général, synonyme de perte de niveau de vie : déjà en 1990, le niveau de vie des ménages de plus de 60 ans était, en moyenne, de 10 % plus élevé que celui des ménages de moins de 60 ans. Or jusqu'à présent, les études sur la consommation suggèrent que celle-ci diminue avec l'âge. La déformation de la structure de la population au profit des catégories de niveau de vie élevé, mais a priori sous-consommatrices, fait donc peser de fortes incertitudes sur le niveau de la consommation des ménages au cours des décennies à venir. Toutefois, ces études comparent des générations différentes à une même date. Suivre des échantillons des mêmes cohortes de ménages au fur et à mesure de leur vieillissement permet, en revanche, de bien différencier l'effet propre de l'âge de celui de l'appartenance à une génération spécifique. L'effet du vieillissement de la population sur la consommation apparaît alors plus faible. Une déformation notable de la structure de la consommation avec l'âge est la croissance de la part de consommation de loisirs après la retraite.

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Langue Français

Extrait

CONSOMMATION
Les effets d’âge et de génération
sur le niveau et la structure
de la consommation
Marceline La population française ne cesse de vieillir et l’accent est souvent mis sur le rôle
Bodier* que pourrait tenir, à l’avenir, la consommation de ceux que l’on nomme
désormais les « nouveaux seniors ». En effet, le passage à la retraite n’est plus, en
général, synonyme de perte de niveau de vie : déjà en 1990, le niveau de vie des
ménages de plus de 60 ans était, en moyenne, de 10 % plus élevé que celui des de moins de 60 ans. Or, jusqu’à présent, les études sur la consommation
suggèrent que celle-ci diminue avec l’âge. La déformation de la structure de la
population au profit des catégories de niveau de vie élevé, mais a priori
sous-consommatrices, fait donc peser de fortes incertitudes sur le niveau de la
consommation des ménages au cours des décennies à venir.
Toutefois, ces études comparent des générations différentes à une même date.
Suivre des échantillons des mêmes cohortes de ménages au fur et à mesure de leur
vieillissement permet, en revanche, de bien différencier l’effet propre de l’âge de
celui de l’appartenance à une génération spécifique. L’effet du vieillissement de la
population sur la consommation apparaît alors plus faible. Une déformation
notable de la structure de la consommation avec l’âge est la croissance de la part
de consommation de loisirs après la retraite.
n 1998, les plus de soixante ans représen- n’aurait vu son niveau de vie moyen baisser
* Au moment de la ré- E taient 20,4 % de la population, contre après le passage à la retraite (Legris et Lollivier,daction de cet article,
Marceline Bodier appar- 16 % en 1946. La population française ne cesse 1996). D’une part, les changements démographi-
tenait à la division
de vieillir au fur et à mesure que l’espérance de ques à l’intérieur des ménages (départ des
Conditions de vie des
vie à la naissance augmente : elle est passée, enfants, veuvage) compensent, en partie, l’éven-ménages de l’Insee.
pour les hommes, de 63,4 ans en 1950 à 74,1 tuelle baisse de ressources, et d’autre part, le
ans en 1996, et, pour les femmes, de 69,2 ans à rendement du capital de rapport se trans-
82,0 ans (Insee, 1999). forme : il est davantage versé sous forme d’in-
térêts, alors qu’il était plutôt capitalisé avant la
Même s’il faut tenir comptedelavariété retraite. Ainsi, on estimait déjà en 1990 que le
des situations individuelles, le passage à la niveau de vie des ménages de plus de 60 ans
Les noms et dates entre retraite n’est plus en moyenne synonyme de était, en moyenne, de 10 % plus élevé que celui
parenthèses renvoient à
perte de niveau de vie : si on suit les généra- des ménages de moins de 60 ans (Hourriez et
la bibliographie en fin
tions, aucune de celles nées depuis 1896 Legris, 1995).d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 324-325, 1999 - 4/5 163Encadré 1
ISOLER L’EFFET DU VIEILLISSEMENT SUR LA CONSOMMATION
Pour évaluer comment évolue la consommation appartiennent les ménages. Or on suit les cohortes
d’un ménage lorsqu’il vieillit, il faudrait pouvoir sui- au travers d’enquêtes qui ont eu lieu à des dates où
vre au cours du temps la consommation des la conjoncture et l’environnement économique, ins-
mêmes ménages (1), c’est-à-dire disposer de don- titutionnel, social, étaient sans doute à chaque fois
nées de panels. Or, en France, on ne dispose que différents. Plusieurs cohortes qui ont des âges dif-
de données transversales sur la consommation, cel- férents coexistent à chaque date, et il est possible
les des enquêtes Budget de Famille. Quatre que le même événement (par exemple, un change-
enquêtes quinquennales, dont les données sont com- ment de législation sur la TVA, ou encore, une
parables entre elles, ont été réalisées depuis 1979. hausse du niveau de vie) vienne modifier les com-
Elles ne permettent pas de suivre des ménages ; en portements de toutes les générations qui le vivent à
revanche, on peut dans chaque enquête identifier la même date, mais à différents moments de leur
des ménages appartenant à la même « cohorte ». cycle de vie.
Des cohortes de ménages Or il est impossible de séparer les influences res-
pectives de l’âge, de la cohorte et de la date. En
Une cohorte de ménages est un groupe de ména- effet, si on dispose de données de cohortes tempo-
ges définis par des critères qui ne changent jamais relles Y mesurant le phénomène y pour lesct
au cours de leur cycle de vie : le critère le plus évi- cohortes c l...C , aux dates t l...T ,et qu’on
dent est la date de naissance, c’est-à-dire la suppose que Y dépend d’une constante ,de lact
génération ; mais aussi le niveau de diplôme de fin cohorte c, de la date t et de l’âge a de la cohorte
d’études de la personne de référenceduménage, cà la date t, avec donc par définition t c a,on
puisqu’il est défini une bonne fois pour toutes écrit :
(Cardoso et Gardes, 1996). Nous appellerons donc
« cohorte » un groupe de ménages de même géné- Y ct a c t ct
ration (définie en plages quinquennales de dates de
naissance) et de même diplôme de fin d’études (en où , , sont les coefficients d’indicatrices res-a c t
quatre niveaux : pas de diplôme ou CEP ; CAP, pectivement d’âge, de cohorte et de date ;
BEP, BEPC ; baccalauréat;supérieur au baccalau-
réat). est le terme d’erreur.ct
Constituer des pseudo-panels Il s’agit d’un modèle d’analyse de la variance à trois
facteurs;mais,enraisondelarelationexacteen-
Dans chaque enquête Budget de Famille, il est possi- tre les trois dimensions étudiées, on ne peut pas
ble d’identifier les représentants de ces cohortes, et, les identifier les trois effets avec les seuls choix habi-
échantillons d’enquêtes étant suffisamment grands (en- tuels de situations de référence.
viron 9 000 ménages à chaque enquête), chacune
d’entre elles génère des échantillons aléatoires succes- Séparer les effets d’âge, de cohorte et de date
sifs de ménages de chaque cohorte. L’idée est que
suivre le comportement moyen d’une cohorte revient à On rencontre dans la littérature différents moyens
suivre le comportement d’un ménage représentatif de pour séparer les effets d’âge, de cohorte et de date.
la cohorte : en utilisant les données moyennes pour
chaque cohorte calculées sur quatre enquêtes succes-
sives, on a alors des données temporelles qui 1. Si tant est que l’on admette que l’on peut suivre des ménages
permettent de suivre des cohortes, comme on suivrait dans le temps, cequi est impossiblepardéfinition.Habituellement,
des ménages dans un véritable panel. Cette façon de on résout partiellement le problème en repérant les ménages par
suivre le comportement moyen de cohortes de ména- leur personne de référence : c’est ce que nous ferons. Ainsi, lors-
que nous parlerons de l’âge ou du diplôme du ménage, nous nousges au travers d’enquêtes aléatoires successives,
référerons à l’âge ou au diplôme de la personne de référence.plutôt que des ménages au travers d’un panel, se
2. À l’instar des vrais panels, et d’ailleurs de toutes les enquêtesnomme « pseudo-panel ».
auprès des ménages, demeure l’attrition « naturelle » résultant
des décès au fur et à mesure de l’avancée en âge. En particulier,
On utilise les pseudo-panels pour suppléer l’ab-
une partie des effets mis en évidence peuvent être dus au fait que
sence de panels, mais leurs données ne sont pas plus les générations sont anciennes, et plus on estime des effets
nécessairement de moins bonne qualité : en parti- sur un échantillon tiré au hasard dans une population dont une part
culier, ils échappent aux inconvénients des est décédée, et une autre part est logée dans des institutions ne
abandons des ménages interrogés au fur et à me- faisant pas partie des « ménages ordinaires » ; du fait de la plus
grande espérance de vie des femmes, cel

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