Les enfants anormaux - article ; n°1 ; vol.18, pg 503-519
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Description

L'année psychologique - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 503-519
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Aug. Ley
Les enfants anormaux
In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 503-519.
Citer ce document / Cite this document :
Ley Aug. Les enfants anormaux. In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 503-519.
doi : 10.3406/psy.1911.3867
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1911_num_18_1_3867XIX
LES ENFANTS ANORMAUX
Méconnus pendant de longues années, niés par les uns,
considérés comme nombreux par les autres, déclarés inédu-
cables par ceux-là, indéfiniment perfectibles par ceux-ci, suc
cessivement traités de paresseux, de distraits, de « mauvais
bougres » et punis en conséquence, puis, lorsqu'on eut
recherché et reconnu le déterminisme de leur anomalie, mis à
part dans des asiles, des écoles et des classes spéciales, le
squelles furent trop souvent des lieux où s'amassait pêle-mêle,
le déchet intellectuel et moral, le rebut informe et mal classifié
des écoles ordinaires, telles furent les vicissitudes que subirent
après bien d'autres, mais contingentes celles-là à leur indivi
dualité, les enfants anormaux.
Peu de questions firent en un temps aussi court des progrès
plus marqués que celle de l'enfance anormale et nous avons le
souvenir très exact du chaos qui régnait il y a quelque quinze
années en cette matière; actuellement pédagogues, médecins,
sociologues et juristes en ont reconnu l'importance, ils l'étu-
dient, la discutent et il est peu de congrès pédagogiques,
psychologiques, psychiatriques, anthropologiques ou sociolo
giques qui, sous une forme ou sous une autre, ne voient surgir
le problème de l'anomalie mentale et morale de l'enfant. Au
fur et à mesure qu'on la creuse et qu'on l'étudié on voit les
bornes de cette question s'élargir de façon tout à fait inat
tendue; elle porte en elle non seulement des problèmes psychol
ogiques, pédagogiques et philosophiques intéressants, mais
encore des notions toutes concrètes sur la genèse des anomalies
morales, et elle retentit de façon inattendue et impérieuse sur
nos conceptions de la délinquance et de la criminalité.
Le travail le plus complet sur la classification des anormaux
est encore actuellement celui de Decroly * ; il y discute les clas-
1. Congrès international de psychologie, Genève, 1909. 504 MÉMOIRES ORIGINAUX
sifications diverses et arrive dans ses grandes lignes à relever
les quatre classes suivantes : anormaux sensoriels, moteurs,
mentaux et affectifs. Les deux premières catégories, très import
antes à reconnaître et à traiter, peuvent toutefois former un
groupe spécial; moins fréquentes de façon absolue que les
autres, elles peuvent souvent, lorsqu'elles ne sont pas traitées,
amener secondairement l'anomalie mentale vraie. Les végéta
tions adénoïdes qu'on néglige d'enlever peuvent, après des
années surtout, amener une anomalie mentale des plus manif
estes et un mode de réaction lent et torpide des plus nuisible
à l'évolution normale de l'enfant. Cette anomalie peut devenir
permanente et la rétraction physiologique des végétations avec
l'âge ou leur ablation tardive n'amènent plus d'amélioration.
La myopie, la surdité qu'on néglige de traiter peuvent de
même, si cette négligence se prolonge, amener un véritable
arrêt de l'évolution mentale. De même les troubles moteurs
non soignés avec vigilance et ténacité, peuvent amener une
évolution anormale de la mentalité sur laquelle Féré a, l'un
des premiers, insisté à diverses reprises. Mais les deux grandes
classes d'anormaux auxquelles nous aurons affaire seront tou
jours, d'une part, les anormaux psychiques proprement dits,
d'autre part les anormaux affectifs (Decroly) ou du caractère
(de Sanctis); ces derniers sont les anormaux moraux des
auteurs français et anglais.
Ce sont finalement toujours ces deux grands groupes qui
dominent dans toutes les classifications.
La question des arriérés dits « pédagogiques )) (Demoor) ou
occasionnels (Schreuder) est tout à fait secondaire au point de
vue d'une classification scientifique mais pratiquement elle est
fort importante. Ces retardés scolaires lorsqu'ils sont réell
ement purs de toute anomalie mentale, s'en tirent généralement
en prolongeant le séjour à l'école ou en embrassant une pro
fession manuelle dans laquelle l'instruction scolaire a peu
d'application; il est cependant indéniable que, dans certains
cas, le fait d'être un simple retardé pédagogique par cause occa
sionnelle peut amener, par l'excitation de la tendance au vaga
bondage et par l'impossibilité d'acquérir un niveau d'instruc
tion suffisant, qui empêchera ultérieurement l'enfant de gagner
convenablement sa vie, des tares morales et sociales qui pré
pareront le chemin à la criminalité juvénile. Il est donc impor
tant de s'occuper sérieusement des retardés pédagogiques,
même de ceux tout à fait normaux qui, par suite d'une maladie AUG. LEY. — LES ENFANTS ANORMAUX 505
infectieuse prolongée, ont simplement abandonné leurs études
pendant quelques mois ; il ne faut pas que ces enfants puissent
être négligés, amenés au découragement/ qu'ils se
sentir inférieurs, avoir la tendance à s'ennuyer et à fuir l'école
pour vagabonder, en pâture aux suggestions mauvaises si
pernicieuses à certains esprits faibles. 11 ne faut point cepen
dant verser dans Terreur de bien des pédagogues, qui dénom
ment « pédagogiques » tous les anormaux scolaires légers. Dès
que l'enfant n'a pas un faciès idiot ou imbécile, des tics et de
grosses anomalies mentales, c'est un arriéré pédagogique. On
voit en effet souvent ces enfants avoir une fréquentation sco
laire déplorable, avoir été négligés chez eux, avoir un milieu
familial des plus mauvais, n'avoir pas été conduits à l'école ou
en avoir été repoussés par les moqueries des camarades et par
la sensation de leur impuissance à progresser de concert avec
les autres enfants. Mais de là à croire que le régime pédago
gique normalement suivi eût été capable de corriger les ano
malies mentales qu'on leur découvre et de parer au retard
intellectuel, il y a un monde...
Cela ressemblerait un peu à la naïveté du médecin qui croi
rait pouvoir, par une hygiène appropriée, supprimer toutes les
tares constitutionnelles que les individus apportent à leur
naissance. De même que bien des maladies encore évoluent
malgré les médecins, bien des anomalies mentales
sans que le pédagogue puisse y apporter une modification bien
grande et ce serait une grave erreur de croire que- si tel enfant
était venu régulièrement à l'école, si les conditions de son
éducation avaient été meilleures, il eût été modifié profondé
ment et ne fût pas devenu anormal.
Nous avons d'ailleurs trop souvent l'exemple d'enfants placés
dans les meilleures conditions familiales et pédagogiques qui
cependant évoluent mal et restent des arriérés psychiques.
Leur anomalie remonte loin, souvent à l'ovule ou au spermat
ozoïde.
Ces anomalies psychiques légères, mais rebelles et portant
un cachet de permanence, sont en réalité des réductions de ce
que nous constatons dans l'idiotie et l'imbécillité qui sont les
lésions graves de l'insuffisance mentale, tandis que les cas
d'arriération simple en sont les degrés légers.
C'est pourquoi il est important, pour les pédagogues comme
pour les médecins, d'avoir vu, étudié, et éduqué ces cas graves
d'anomalie mentale, et que, dans la préparation du personnel 506 MEMOIRES ORIGINAUX
des écoles pour anormaux, il faut songer à un stage dans un
asile-école bien organisé.
Il ne faut surtout pas que la classification, d'ailleurs si subt
ile à cause de la complexité étiologique des arriérés, en pédago
giques et médicaux, devienne un motif de division entre péda
gogues et médecins. Leur collaboration est indispensable de
part et d'autre. Il n'y a pas d'arriéré qui ait plus besoin des
soins du médecin que l'arriéré pé

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