Les erreurs du socialisme selon Hayek - article ; n°2 ; vol.24, pg 141-153
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1993 - Volume 24 - Numéro 2 - Pages 141-153
L'article est un exposé des idées-forces du dernier ouvrage de Friedrich A. Hayek, mort en 1992. L'intérêt du livre réside dans le fait qu'y est exprimé ce que Hayek retient d'essentiel de son entreprise intellectuelle majeure : montrer que l'« ordre du marché » étant un « ordre spontané », on ne saurait sans risque de déclin, de recul de la civilisation, lui substituer un ordre construit par ce qu'on croit être la raison. L'article essaie de répondre également à certaines questions qui se posent sur l'évolution de la pensée de Hayek à la fin de sa vie : le libéralisme hayekien s'est-il mué en « vitalisme » ? Mettant l'accent, dans son dernier livre, sur ce que nous devons à la tradition, et en particulier aux religions monothéistes, Hayek serait-il devenu conservateur ?
The errors of socialism, according to Hayek.
This article is an account of the key-ideas in the last work of Friedrich A. Hayek, who died in 1992. The book's interest lies in the fact that it embodies what Hayek saw as the essence of his major intellectual undertaking : demonstrating that the « market order » is a « spontaneous order », which cannot, without risking a decline, a retreat of civilization, be replaced by an order based on what is believed to be reason. This article also tries to answer certain questions which arise on the development of Hayek's views at the end of his life : was Hayek's liberalism transmuted into « vitalism » ? By accentuating, in his last book, what we owe to tradition, and particularly to monotheistic religions, could Hayek be said to have become a conservative ?
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Serge Metais
Les erreurs du socialisme selon Hayek
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 24, 1993, N°2. pp. 141-153.
Résumé
L'article est un exposé des idées-forces du dernier ouvrage de Friedrich A. Hayek, mort en 1992. L'intérêt du livre réside dans le
fait qu'y est exprimé ce que Hayek retient d'essentiel de son entreprise intellectuelle majeure : montrer que l'« ordre du marché »
étant un « ordre spontané », on ne saurait sans risque de déclin, de recul de la civilisation, lui substituer un ordre construit par ce
qu'on croit être la raison. L'article essaie de répondre également à certaines questions qui se posent sur l'évolution de la pensée
de Hayek à la fin de sa vie : le libéralisme hayekien s'est-il mué en « vitalisme » ? Mettant l'accent, dans son dernier livre, sur ce
que nous devons à la tradition, et en particulier aux religions monothéistes, Hayek serait-il devenu conservateur ?
Abstract
The errors of socialism, according to Hayek.
This article is an account of the key-ideas in the last work of Friedrich A. Hayek, who died in 1992. The book's interest lies in the
fact that it embodies what Hayek saw as the essence of his major intellectual undertaking : demonstrating that the « market order
» is a « spontaneous order », which cannot, without risking a decline, a retreat of civilization, be replaced by an order based on
what is believed to be reason. This article also tries to answer certain questions which arise on the development of Hayek's views
at the end of his life : was Hayek's liberalism transmuted into « vitalism » ? By accentuating, in his last book, what we owe to
tradition, and particularly to monotheistic religions, could Hayek be said to have become a conservative ?
Citer ce document / Cite this document :
Metais Serge. Les erreurs du socialisme selon Hayek. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 24, 1993, N°2. pp.
141-153.
doi : 10.3406/receo.1993.2612
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1993_num_24_2_2612Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1993, 2 (Juin)
pp. 141-154 - Serge METAIS
Les erreurs du socialisme selon Hayek
Serge METAIS*
A la fin des années soixante-dix, Hayek conçut l'idée d'organiser, à Paris
un débat public, entre socialistes et libéraux, sur le thème : « Le socialisme
a-t-il été une erreur ? ». Le texte qu'il rédigea en vue de cette confrontation
- qui n'eut finalement pas lieu - constitua le point de départ de son dernier
ouvrage, La présomption fatale, qu'il acheva alors qu'il allait allègrement
vers ses quatre-vingt-dix ans \ Le livre a été traduit par Raoul Audouin, l'un
des doyens de la « Société du Mont Pèlerin » 2. Maintenant disponible en
français 3, il a suscité les commentaires et réflexions qui suivent sur l'évolu
tion de la pensée de Hayek.
Le débat théorique que proposait Hayek, il y a une quinzaine d'années,
et qui ne put se tenir, faute de combattants, paraît aujourd'hui, alors que le
socialisme « réellement existant » s'est effondré, définitivement tranché.
L'Histoire a manifestement donné son verdict. La supériorité du marché sur
le plan n'est plus sérieusement discutée. L'œuvre de Hayek, particulièrement
depuis La route de la servitude - qui date de 19444, est fondée sur le projet
de démontrer que l'« ordre du marché » étant un « ordre spontané », on ne
saurait sans risque de déclin, de recul de la civilisation, lui substituer un
ordre construit par ce qu'on croit être la raison. La trilogie, Droit, législation
et liberté5, avait bien montré que, chez Hayek, le socialisme est d'abord une
erreur intellectuelle, celle du « rationalisme constructiviste » (ou « naïf ») qui
croit que les règles morales qui fondent la civilisation ont été voulues, sont
* Maître de conférences à l'Université du Maine.
1 . F.A. Hayek, The Fatal Conceit. The Errors of Socialism, edited by W.W. Bartley III,
Routledge, London and New York, 1988. Friedrich August von Hayek est né à Vienne
en 1899. Il est mort à Fribourg-en-Brisgau en 1992.
2. En 1947, Hayek invite une quarantaine d'intellectuels prestigieux à une conférence
à Mont Pèlerin, en Suisse, pour discuter des principes d'un ordre libéral et des moyens de
le préserver. Parmi les invités, on note la présence de Maurice Allais, Milton Friedman,
Bertrand de Jouvenel, Ludwig von Mises, Karl Popper, etc. De cette réunion est née la
Société du Mont Pèlerin qui compte environ 400 membres dans une trentaine de pays.
3. F.A. Hayek, La présomption fatale. Les erreurs du socialisme, PUF, coll. « Libre-
échange», 1993.
4. Friedrich A. Hayek, La route de la servitude, Quadrige, PUF, 2e éd., 1985.
5. F.A. Hayek, Droit, législation et liberté, coll. Libre échange, PUF, T. 1 : « Règles et
ordre », 1980 ; T. 2 : « Le mirage de la justice sociale », 1981 ; T. 3 : « L'ordre politique
d'un peuple libre », 1983.
141 Serge Metais
affaire de raison, et que, le Savoir et le progrès technique aidant, un système
moral supérieur pourrait être conçu, la société pourrait être reconstruite
rationnellement, dirigée consciemment. L'homme de science qui préconise
une attitude d'humilité à l'égard du processus social pouvait-il apporter des
arguments nouveaux à l'appui de cette thèse ? Le libéral, qui ne croit pas que
le marché soit source de paradis sur terre (car il récuse l'idée de justice
parfaite), n'avait-il pas déjà suffisamment mis en garde contre les consé
quences funestes de l'usage prétentieux de la raison (la « présomption
fatale ») qui conduit à penser que l'homme a les moyens de construire la cité
idéale ?
De fait, le dernier ouvrage de Hayek n'apporte aucun argument vérit
ablement nouveau qui ne soit contenu dans ses écrits antérieurs, en particul
ier, dans Droit, législation et liberté. La lecture de La présomption fatale ne
saurait toutefois être suffisamment recommandée. Il s'agit de l'aboutiss
ement d'une œuvre. L'auteur y exprime ce qu'il retient d'essentiel de son
entreprise intellectuelle majeure. Le caractère synthétique de l'ouvrage exige
cependant une lecture attentive. Certaines innovations sémantiques peuvent
surprendre. L'insistance sur ce que nous devons à la tradition pourrait
donner à penser que l'auteur est devenu conservateur. Certains de ses
adversaires d'hier, socialistes « repentis » ou non, qui le désignaient comme
un réactionnaire, seront peut être tentés de refermer rapidement l'ouvrage,
considérant que, sur ses vieux jours, le libéral intransigeant est devenu un
« traditionaliste ». Enfin, l'accent mis sur la vie, la reproduction et la
multiplication de l'espèce humaine, pourrait laisser croire que la liberté est
devenue secondaire, que le libéralisme hayekien s'est mué en « vitalisme » 6.
LES REGLES DE LA MORALE NE RELÈVENT NI DE L'INSTINCT
NI DE LA RAISON
Voici comment, lors d'une conférence en 1983, Hayek présenta le thème
de son dernier ouvrage : « La présomption fatale, qui est le sujet du livre sur
lequel je travaille, est consacrée précisément à réfuter la croyance erronée
selon laquelle, l homme s'est fait lui-même»1. Cette idée avait déjà été
6. Cf. Bernard Manin, La prétention fatale selon Hayek, Commentaire, Printemps
1991.
7. « The Origins and Effects of our Morals : A Problem for Science », conférence
prononcée le 1er novembre 1983 à la Hoover Institution ; in C. Nishiyama et K.R. Leube
(eds), The Essence of Hayek, Standford, California, Hoover Institution Press, 1984, p. 328.
Hayek fait référence au titre d'un ouvrage d'un anthropologue socialiste, Gordon Childe,
qui a connu un grand succès : Man Makes Himself, New York, Oxford University Press,
1936.
142 Les erreurs du socialisme selon Hayek
combattue dans Droit, législation et liberté, en particulier à travers la critique
du positivisme juridique. Hayek y expliquait que si l'ordre dans lequel nous
vivons est le résultat de l'action humaine, il n'est pas, pour autant, le fruit
d'un dessein, il n'a été ni voulu ni construit rationnellement. Il est ni
« naturel »

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