Les fluences verbales : aspects théoriques et nouvelles approches - article ; n°2 ; vol.104, pg 331-359
30 pages
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Description

L'année psychologique - Année 2004 - Volume 104 - Numéro 2 - Pages 331-359
Résumé
Les fluences verbales permettent d'évaluer l'intégrité du stock lexico-sémantique et les processus stratégiques de récupération des mots en mémoire à long terme en considérant le nombre de mots produits appartenant à une catégorie sémantique ou commençant par une lettre donnée dans un temps limité. Toutefois, les seules données quantitatives ne rendraient pas suffisamment compte de la complexité des processus cognitifs mis en jeu dans ce type de tâche. Pour ces raisons, Troyer et al. (1997) ont proposé une nouvelle méthode d'analyse des fluences verbales basée sur les aspects qualitatifs. L'objectif de cet article est de faire un état des lieux des connaissances actuelles sur les fluences verbales, de présenter la méthode développée par Troyer et collaborateurs, ainsi que les limites de cette méthode. L'accent est mis sur l'apport des données neuropsychologiques dans la compréhension des mécanismes cognitifs et neurobiologiques sous-jacents.
Mots clés : fluence verbale, analyse qualitative, regroupement, switching.
Summary : Verbal fluency: Theoretical considerations and new approaches
Verbal fluency tasks are frequently used in neuropsychological examinations in order to assess semantic storage integrity and strategic word retrieval in long term memory. Performance is usually analyzed in terms of the total number of correct words belonging to a given semantic category or beginning with a given letter generated in a limited time. However, a quantitative analysis of performance may not fully capture the complexity of the underlying cognitive processes. To address this issue, Troyer et al. (1997) proposed a qualitative analysis method based on the distinction between two dissociable components of fluency performance : « clustering » and « switching ».
The aim of the present paper is to review the literature about verbal fluency and to present the method elaborated by Troyer and colleagues, as well as its limitations. The contribution of recent neuropsychological findings in understanding the cognitive and neurobiological mechanisms underlying these tasks is emphasized.
Key words : verbal fluency, qualitative analysis, clustering, switching.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 158
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

F. Gierski
A-M. Ergis
Les fluences verbales : aspects théoriques et nouvelles
approches
In: L'année psychologique. 2004 vol. 104, n°2. pp. 331-359.
Résumé
Les fluences verbales permettent d'évaluer l'intégrité du stock lexico-sémantique et les processus stratégiques de récupération
des mots en mémoire à long terme en considérant le nombre de mots produits appartenant à une catégorie sémantique ou
commençant par une lettre donnée dans un temps limité. Toutefois, les seules données quantitatives ne rendraient pas
suffisamment compte de la complexité des processus cognitifs mis en jeu dans ce type de tâche. Pour ces raisons, Troyer et al.
(1997) ont proposé une nouvelle méthode d'analyse des fluences verbales basée sur les aspects qualitatifs. L'objectif de cet
article est de faire un état des lieux des connaissances actuelles sur les fluences verbales, de présenter la méthode développée
par Troyer et collaborateurs, ainsi que les limites de cette méthode. L'accent est mis sur l'apport des données
neuropsychologiques dans la compréhension des mécanismes cognitifs et neurobiologiques sous-jacents.
Mots clés : fluence verbale, analyse qualitative, regroupement, switching.
Abstract
Summary : Verbal fluency: Theoretical considerations and new approaches
Verbal fluency tasks are frequently used in neuropsychological examinations in order to assess semantic storage integrity and
strategic word retrieval in long term memory. Performance is usually analyzed in terms of the total number of correct words
belonging to a given semantic category or beginning with a given letter generated in a limited time. However, a quantitative
analysis of performance may not fully capture the complexity of the underlying cognitive processes. To address this issue, Troyer
et al. (1997) proposed a qualitative analysis method based on the distinction between two dissociable components of fluency
performance : « clustering » and « switching ».
The aim of the present paper is to review the literature about verbal fluency and to present the method elaborated by Troyer and
colleagues, as well as its limitations. The contribution of recent neuropsychological findings in understanding the cognitive and
neurobiological mechanisms underlying these tasks is emphasized.
Key words : verbal fluency, qualitative analysis, clustering, switching.
Citer ce document / Cite this document :
Gierski F., Ergis A-M. Les fluences verbales : aspects théoriques et nouvelles approches. In: L'année psychologique. 2004 vol.
104, n°2. pp. 331-359.
doi : 10.3406/psy.2004.29670
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_2004_num_104_2_29670L'année psychologique, 2004, 104, 331-360
Laboratoire de Psychologie Clinique et de Psychopathologie* L
Université René ( Descartes, Paris V,
Service de Psychiatrie des Adultes, Hôpital Robert- Debré**2
Centre Hospitalier Universitaire de Reims
LES FLUENCES VERBALES :
ASPECTS THÉORIQUES
ET NOUVELLES APPROCHES
Fabien GlERSKI*1- **2 et Anne-Marie ErGIS*3
SUMMARY : Verbal fluency: Theoretical considerations and new
approaches
Verbal fluency tasks are frequently used in neuropsychological
examinations in order to assess semantic storage integrity and strategic word
retrieval in long term memory. Performance is usually analyzed in terms of the
total number of correct words belonging to a given semantic category or
beginning with a given letter generated in a limited time. However, a
quantitative analysis of performance may not fully capture the complexity of the
underlying cognitive processes. To address this issue, Troyer et al. (1997)
proposed a qualitative analysis method based on the distinction between two
dissociable components of fluency performance : « clustering » and
« switching ».
The aim of the present paper is to review the literature about verbal fluency
and to present the method elaborated by Troyer and colleagues, as well as its
limitations. The contribution of recent neuropsychological findings in
understanding the cognitive and neurobiological mechanisms underlying these
tasks is emphasized.
Key words : verbal fluency, qualitative analysis, clustering, switching.
1. Institut de Psychologie, 71, avenue Edouard-Vaillant, 92100 Boulogne-
Billancourt.
2. Avenue du Général-Koenig, 51092 Reims Cedex.
3. E-mail : ergis@psycho.univ-paris5.fr. 332 Fabien Gierski, Anne- Marie Ergis
1. INTRODUCTION
Les tâches de fluences verbales sont couramment utilisées en neuropsyc
hologie, elles permettent d'évaluer de façon rapide l'intégrité du stock
lexico-sémantique et les processus stratégiques de récupération des mots en
mémoire. La procédure habituelle consiste à demander au sujet la produc
tion du plus grand nombre de mots possible obéissant à un critère en un
temps limité.
On distingue classiquement deux types de tâches : les tâches de fluen
ces littérales et les tâches de fluences sémantiques. Les premières, égal
ement appelées phonémiques, phonologiques ou formelles, requièrent du
sujet de donner le plus possible de mots de la langue commençant par une
lettre donnée. Le sujet réalisant ce type de tâche doit dpnc rechercher act
ivement des mots qui commencent par cette lettre et inhiber les autres
mots. Dans les tâches de fluences sémantiques ou catégorielles, on demande
au sujet d'évoquer le plus possible de mots appartenant à une catégorie
sémantique donnée. Ces deux types de tâches se distingueraient sur de
nombreux points. De nombreuses données issues de la psychologie cogni
tive indiquent qu'elles ne sont pas sensibles aux mêmes manipulations
expérimentales. De plus, des données obtenues auprès de patients d'étio-
logies diverses et en imagerie cérébrale fonctionnelle tendent à montrer que
la performance dans les tâches de fluences littérales serait davantage
dépendante du lobe frontal, alors que la performance dans les tâches de
fluences sémantiques serait davantage dépendante du lobe temporal. Tout
efois, il semble que cette simple dichotomie ne rend pas suffisamment
compte de la complexité des processus impliqués. C'est pourquoi des études
récentes se sont intéressées non plus aux tâches uniquement, mais aux pro
cessus cognitifs mis en jeu dans la réalisation de ces tâches. Parmi celles-ci,
les travaux réalisés par Troyer et ses collaborateurs constituent vraisem
blablement l'approche la plus aboutie. Selon Troyer, Moscovitch et Wino-
cur (1997) seul un examen qualitatif des productions permet de clarifier la
nature précise d'un déficit. Ces auteurs ont donc proposé l'utilisation d'une
méthode d'analyse qualitative des fluences verbales portant sur deux pro
cessus : le « clustering » ou regroupement, correspondant à la production
de mots appartenant à des sous-catégories sémantiques ou phonémiques et
le « switching », correspondant à la capacité de passer d'un regroupement à
l'autre. Le regroupement impliquerait des processus temporaux tels que la
mémoire verbale sémantique et le lexique phonologique, alors que le swit
ching impliquerait des processus dépendant du lobe frontal tels que la flexi
bilité mentale, les processus stratégiques de recherche et le « shifting ».
Cet article se propose de faire le point sur les connaissances actuelles
sur les fluences verbales, de présenter la méthode développée par Troyer et Les ßuences verbales 333
collaborateurs ainsi que les résultats des travaux venus la valider, mais
aussi de soulever les limites de cette méthode. L'accent est mis sur l'apport
des données neuropsychologiques dans la compréhension des mécanismes
cognitifs et neurobiologiques sous-jacents.
2. FACTEURS EXPÉRIMENTAUX
ET FLUENCES VERBALES
Critères de production sémantique et littérale
Habituellement, dans les tâches de fluences littérales, les auteurs
anglophones utilisent consécutivement les lettres F, A et S (Tombaugh,
Kozak et Rees, 1999). Ils additionnent généralement les performances des
trois critères afin de déterminer un score global. Cela n'est pas le cas dans la
plupart des études francophones où les auteurs utilisent, par exemple, les
lettres P, R et V isolément (Cardebat, Doyon, Puel, Goulet et Joanette,
1990). L'utilisation de différentes lettres permettrait de déterminer le
niveau de difficulté de la tâche, le nombre de mots produits dans un temps
donné pouvant être différent selon la lettre proposée. Cet effet avait été mis
en évidence t

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