- Les fonctions corticales dans la sensation chromatique - article ; n°1 ; vol.50, pg 145-158
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Description

L'année psychologique - Année 1949 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 145-158
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

J. Segal
V. - Les fonctions corticales dans la sensation chromatique
In: L'année psychologique. 1949 vol. 50. pp. 145-158.
Citer ce document / Cite this document :
Segal J. V. - Les fonctions corticales dans la sensation chromatique. In: L'année psychologique. 1949 vol. 50. pp. 145-158.
doi : 10.3406/psy.1949.8438
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1949_hos_50_1_8438V
LES FONCTIONS CORTICALES
DANS LA SENSATION CHROMATIQUE
par J. Segal
Laboratoire de Physiologie des Sensations,
Collège de France, Paris.
Les théories a « pattern ».
Dans la plupart des cas, les théories de la vision des couleurs
se contentent d'analyser les conditions dans lesquelles l'œil peut,
à partir d'une multitude de rayons lumineux de différentes
longueurs d'onde, réaliser l'excitation sélective de trois types
de récepteurs chromatiques et acheminer leurs potentiels d'action
respectifs vers l'écorce cérébrale par des voies séparées. Ceci
laisse ouvert le problème principal à savoir par quel mécanisme
le cerveau synthétise ces trois excitations distinctes pour réa
liser un mode de fonctionnement différencié pouvant servir de
support matériel à la sensation de couleur.
Il ne saurait, en effet, être question de trois aboutissements
indépendants, par exemple de trois couches de l'écorce striée
formant respectivement une image paraissant violette, une autre
verte et une troisième rouge, qu'un acte psychique nous ferait
apparaître comme une unité organique. Il se peut qu'effectiv
ement la stratification de l'écorce visuelle représente l'homologue
de la du corps genouillé, et que ses diverses couches
servent d'étape aux trois voies chromatiques. Mais une telle
conception ne ferait que déplacer le problème. La couleur pro
voque des réactions affectives, elle détermine un comportement,
elle peut former des réflexes conditionnés. On ne peut admettre
une transmission de la triple image à travers tous les centres
A. P. VOL. JUIl 10 146 PSYCHO -PHYSIOLOGIE
corticaux, et même si cela était imaginable, il resterait toujours
à expliquer comment ces trois excitations peuvent produire dans
un neurone des effets différents suivant leur proportion. Bref,
quelle que soit la manière d'aborder le problème, en un point
quelconque de l'écorce cérébrale les trois voies chromatiques
doivent converger vers un neurone commun et y créer des états
différentiels, corrélatifs à la nature du stimulus lumineux.
A côté de solutions s'inspirant du principe de spécificité de
Johannes Müller, reliant la qualité chromatique de la sensation
à l'identité du récepteur cortical atteint par l'influx afférent,
la tendance s'accentue actuellement à considérer chaque esthé-
sioneurone comme capable de donner lieu à des sensations
qualitativement différentes suivant les modalités de son exci
tation. On sait que, dans le domaine de l'audition, certains
auteurs considèrent que le rythme des influx afférents détermine
la hauteur tonale et le timbre; la sensibilité vibratoire et l'a
ppréciation des qualités tactiles de surfaces semblent également
liées à la cadence plus ou moins rapide et plus ou moins régulière
à laquelle les influx nerveux parviennent aux centres corticaux.
Il n'est donc pas étonnant que l'on ait tenté d'appliquer le même
principe à la discrimination des qualités chromatiques.
Les théories de ce type abandonnent le principe trop rigide de
la spécificité et admettent que les modalités de fonctionnement
d'un neurone peuvent donner lieu à des sensations qualitativ
ement différentes. La convergence des influx de trois éléments
récepteurs peut donner lieu à des interférences complexes, pro
duisant des figures typiques pour chaque rapport des excitations
élémentaires, donc pour chaque nuance chromatique. Faute de
terme français approprié, nous retiendrons pour cette résultante,
caractéristique d'une qualité, le terme anglais pattern.
Troland (10) semble être le premier à avoir envisagé une
théorie aspécifique de la vision des couleurs. Fry (1) a désigné
un dispositif complexe pouvant produire des sensations chro
matiques à partir de stimuli blancs, en présentant la lumière
sous la forme d'un rythme complexe. Son idée est qu'une fr
équence de base, déterminée par l'intensité du stimulus et rel
ativement constante, est modulée par des intermittences à période
complexe et devient semblable aux trains d'onde complexes que
reçoivent les neurones corticaux lors d'excitations chromatiques.
D'autres théories de ce type ont été présentées par Segal (9),
Gebhard (2) et Gehrke (3). Chacun de ces auteurs décrit un
autre dispositif permettant de réaliser le phénomène de couleurs SEGAL. — - LES FONCTIONS CORTICALES 147 J.
subjectives, sans apporter d'éléments d'appréciation nouveaux.
C'est à Granit (4) que nous devons une première théorie de ce
genre s'inspirant de données physiologiques. Cet auteur admet
que c'est le rythme afférent de récepteurs à large sensibilité
spectrale, dénommés dominateurs, qui fournit la fréquence fon
damentale, et que cette fréquence est modulée par les influx de
trois types de récepteurs, appelés modulateurs, doués d'une
sensibilité spectrale sélective et correspondant aux diverses
sensations fondamentales. En explorant la rétine avec une
microélectrode, il met effectivement en évidence des éléments
nerveux correspondant à ces caractéristiques.
La nature du pattern chromatique.
En ce point s'arrêtent pour l'instant les hypothèses les plus
hardies. Cette prudence résulte d'un manque presque complet
de données précises en ce qui concerne le fonctionnement des
esthésioneurones et de la conscience qui en résulte que toute
hypothèse hasardée dans ce domaine serait rapidement dépassée
par le progrès de notre connaissance des faits.
Pourtant, une théorie de la vision des couleurs doit expliquer
comment, à partir d'une multitude de qualités du stimulus, naît
une multitude de qualités de la sensation, en passant par un
mécanisme intermédiaire inapte à transmettre directement toute
cette complexité. Notre rôle est de définir les modalités du pas
sage du complexe au simple et de la reconversion du simple au
complexe. En arrêtant notre raisonnement à mi-chemin, nous
abandonnerions la partie essentielle du problème et nous trahi
rions la tâche essentielle de la physiologie sensorielle, à savoir
d'être le pont vivant entre le physique et le psychique et de nous
ouvrir des voies d'accès à l'étude des processus mentaux par des
méthodes physiologiques. D'ailleurs, nous allons voir qu'en abor
dant le « no man's land » de la sensation chromatique nous
disposons d'éléments d'appréciation suffisants pour nous guider
dans le choix des hypothèses et nous permettre des vérifications
expérimentales.
Nous avons, a priori, le choix entre deux mécanismes. La
modulation peut se former au niveau de l'écorce, dans le neurone
sensoriel même, par convergence des trois voies chromatiques.
Elle peut aussi se produire encore dans la rétine, par convergence
au niveau de la cellule ganglionnaire, et alors la fibre optique
transporterait des influx à fréquence modulée. 148 PSYCHO-PHYSIOLOGIE
Cette deuxième conception rencontre certaines difficultés. Pre
mièrement, nous savons par les travaux de Le Gros Clark (6)
qu'il y a dans le corps genouillé latéral trois voies chromatiques
distinctes. Deuxièmement, dans l'hypothèse d'une modulation
rétinienne, la transmission de l'excitation modulée se ferait à
travers toute la longueur du nerf optique, donc sur une distance
où les potentiels locaux ne peuvent intervenir et où la loi du
« tout ou rien » est rigoureusement valable. Les influx provenant
des modulateurs auraient tous les mêmes caractéristiques, et
on obtiendrait, à partir d'une couleur donnée, le même change
ment de nuance en accentuant l'excitation de n'importe lequel
des trois modulateurs. Toute nuance spectrale serait donc repro-
duisible

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